[Début Mai 553] Des impressions dans l’air, avant que ne débute l’expédition. [PV Tumaini]

Les messagers grisonnants se sont envolés ; le départ est imminent. Contemplant les colonnes de marbre, l’attachée aux pigeons se remémore les points abordés durant la réunion. Les visages aux apparences familiers sèment le doute dans son esprit, à commencer par cette pythie qui lui ressemble. L’impertinence en moins, peut-être. Les prémices d’un sourire s’étirent : s’il s’avère véridique, alors au moins reste-t-il la rassurance de le savoir en vie. Une confirmation en suspens, le temps qu’elles mènent leurs missions à bien. D’ailleurs, sa partenaire, alertée par les pigeons, ne devrait pas tarder à se montrer par-delà les escaliers aux dalles blanches de la Basilica Santa Petri.

C’est ici que débutera leur voyage pour Francia, puis le détour qu’Asenath envisage. Pour ce dernier point, cependant, une discussion est nécessaire, car elle ne souhaite pas embarquer sa partenaire, ni la forcer à la suivre plus que les ordres ne le font déjà. Le cas échéant, elle s’y rendra seule, dans ces contrées qui lui sont inconnues. Les amandes dorées se dressent vers le ciel azurés et les paupières se plissent au contact brûlant du soleil ; elle hume les odeurs et le brin de vent qui parvient jusqu’à elle. C’est plaisant, cette chaleur, rassurant, même si cette dernière n’est en rien comparable à celle qui, en Égypte, caresse d’ordinaire sa peau. En outre, la jeune femme n’a pas le mal du pays, mais ses pensées se tournent un instant vers ceux qui ont été laissés derrière : proches et enfants, qui se retrouveront bien assez tôt.

Xoana devrait se présenter d’ici peu.

Citation :

Tu peux partir du principe que tu as reçu la visite de pigeons, qui sont venus te porter un message. Tu es donc attendue à la Basilica Sancti Petri pour un départ imminent en mission. Je pense que tu peux partir du principe également que tu connais le gros de la mission, si tu le souhaites. On en discute en PV si tu veux

Une douce mélodie s’extirpe de ses rêveries. Ces notes, l’enfant d’Égypte ne les connaît que trop bien, elle-même bercée dans ces travers. Pour toutes ces raisons, Asenath ne la blâme pas, au contraire, l’accueillant d’une risette timide, prise d’affection pour cette sœur cadette. Aussi, ses prunelles dorées rencontrent le soleil, qui les obligent à plisser les paupières. Pour elle, le temps s’arrête, temporairement ; le temps de profiter des rayons chaud sur sa peau, l’air paisible. En définitive, son attention visuelle dérive sur la jeune fille, rejoignant l’ouïe qui, pour sa part, ne l’avait pas quitté. Ses mains sont alors secouées, guidées par la gêne, puis elle s'exprime enfin :

— Oh non, ne vous inquiétez pas, Tumaini, vous êtes en avance… Je suis celle qui devrait présenter des excuses, pour vous avoir contacté de la sorte. J’espère que les pigeons ne vous ont pas trop importunés…

Des pigeons, à l’image de celui qui virevolte autour des deux demoiselles. Il plane, attend le moment où il pourra entamer la descente et se poser sur l’épaule de son amie et ancienne représentante. Dès lors, le volatile donne des coups de becs légers dans ses mèches blanches comme neige, lui arrachant un rire étouffé en passant ; chacun s’amuse à sa manière et Asenath a toujours pris cela comme une marque d’affection.

— Est-ce que vous connaissez l’objectif de notre mission ? Si cela vous convient, j’aimerais que nous fassions un détour par la Grèce en revenant. N’hésitez pas à me dire si cela ne vous arrange pas, dans ce cas, je vous raccompagnerais directement à la Tour...

Tumaini, Tumaini : cette impression se manifeste encore, comme lorsque l’Intendant s’était présenté à la grande réunion ; une impression que des éléments sont manquants. De manière inconsciente, elle fixe cette enfant aux yeux sombres, sans la voir pour autant, avant de s’empourprer l’instant suivant.

— Désolée, je ne voulais pas vous dévisager…

Ce madame engendre les prémices d’un sourire ; Asenath se sent bête, mais rassurée, que les pigeons voyageurs ne l’aient pas trop dérangée. Derechef, ses joues s’enflamment d’un rouge discret. Aussi, ses mains s’agitent pour lui signifier ce qu’il en est, avec toute la maladresse qu’on lui connaît : il n’est pas nécessaire de la traiter de la sorte, parce que l’amie des volatiles ne vit que de simplicité. Imposer une manière de communiquer avec elle la rendrait davantage mal à l’aise.
Peu nombreux sont ceux qui les aperçoivent, sur les terres de sable, ce qui n’empêche en aucun cas leur présence. Depuis toujours, ils la guident, comme le font la Lune et le Soleil. Ils veillent de loin, apportent des messages, mais n’oublient jamais d’où ils viennent, eux et leurs plumes grises. En un sens, ils constituent une extension ou, plutôt, une part d’Asenath elle-même.

— En Francia, exactement. Là-bas, nous rencontrerons de nouvelles personnes, créerons des liens…

Sa voix s’interrompt, suspendue dans ses réflexions. Ces liens, il faudra les entretenir, les améliorer qu’importe leur nature, mais, ce qui l’inquiète davantage réside en l’absence d’Oracles pour assurer la protection de la Tour. Les sourcils froncés, la lèvre pincée, la jeune femme ne trouve toutefois aucune solution viable, si ce n’est espérer. La confiance en sa précieuse famille, quoi qu’on en dise.

Subito, ses paupières s’arrondissent tandis que Tumaini s’étonne de son comportement. Dévisager quelqu’un signe un mauvais départ, seulement, pas la moindre trace de méchanceté illumine son regard. Au contraire, elle ne cherche qu’à rassembler les morceaux. Alors, elle s’agite de nouveau, se confondant en excuses, pour finalement ajouter :

— Pas du tout, désolée. Vous me rappeliez ma ville natale, cela m’a un peu surprise. Je me demandais juste si les enfants allaient bien…

Les enfants, les parents, frères et sœurs, sans oublier cette prêtresse qui, comme l’épervier, guide ses pas. Une pensée au-delà de l’entourage ; une pensée adressée à la population de ce qui, au final, n’est sans doute qu’un petit village. Si l’on omet le reste, tout du moins.

— Que diriez-vous de prendre la route… ?

La provenance est une question difficile pour Asenath, qui peine à imaginer une réponse convenable. Partout, sans doute, affirmerait-elle, car l’endroit n’a aucune importance pour l’enfant du monde ; les différentes régions sont reliées par une multitude de fils : des liens, comme elle aime les nommer. Tenir compte des origines ne l’aide pas plus, puisque ces dernières se distinguent toutes en fonction d’une pensée centrale : de quelles sources parlent-on ?

— Je… suis née près de Karnak, en Égypte.

Ses premiers contacts humains se trouvent là-bas, à bien y réfléchir. Probablement est-ce la tournure qu’attend Tumaini. De son regard, sa gestuelle et ses joues, tout indique qu’elle hésite à poser cette même question en retour. Cependant, l’oiseau, une fois de plus, se restreint. De toute manière, la troupe d’artisans chargée de les accompagner arrive enfin, prête à prendre la route avec elles, conformément à la demande de l’Intendant.

— Que diriez-vous de passer par la mer ?

Le trajet n’en sera que plus rapide, reposant et facile pour ceux qui transportent leur matériel. De plus, une certaine familiarité s’installera à la vue des navires ; cette fois, elle ne prend pas la même direction, mais certainement y fera-t-elle un arrêt à l’occasion. Plus qu’une proposition, à travers cette remarque, Asenath cherche avant tout l’approbation de ses compères. L’un des membres coupa toutefois sa rêverie d’un coup net, s’approchant d’un air embêté. Dans ses mains : un message qu’il transmet sans piper mot ; un message que le Pigeon s’empresse de lire, à l’abri des regards, puis de refermer.

— … Désolée, je… Il semblerait qu’il y ait un contretemps… Est-ce que cela ira pour vous, de vous y rendre seule avec la troupe… ?

Si non, l’Égyptienne prendra son mal en patience, mènera cette mission à bien en priorité. Toutefois, la situation n’est guère reluisante, si une telle demande parvient entre ses mains. Si bien que la gêne s’empare derechef de ses joues, tiraillée entre les deux rôles qui lui incombent ; elle souhaite faire tout ce qui est en ses capacités pour satisfaire mais, parfois, les meilleures intentions du monde ne sont pas suffisantes. Cela, Asenath s’y attend.

Citation :

Concernant le détail de la mission et la troupe, tu peux consulter le dernier message de Rudjek dans le sujet avec les Éminences.
Du reste, Asenath quittera le sujet au prochain tour, après la réponse de Tumaini.

Les joues empourprées, Asenath dévoile toute son inquiétude et son malaise à l’idée de manquer à l’engagement pris à l’égard de Xoana, de Rudjek et de la Tour des Vents. L’annonce serrée entre ses doigts, elle attend que la demoiselle confirme ses craintes, prête à s’excuser autant de fois que nécessaire. Pourrait-elle seulement faire abstraction de cette note ? Son cœur s’effrite à l’intérieur, fragilisé par ce choix inhumain. Entre famille et famille, que devrait-elle prioriser ?

Une tentative pour éjecter ses pensées noires de son esprit ; ses prunelles s’écarquillent lorsque Tumaini comprend la situation, bien qu’elle n’en connaisse pas les tenants ni les aboutissants. Pourtant, elle aurait été dans le droit d’exiger des informations complémentaires, des raisons, des détails. Alors, la surprise brille dans ses yeux, un brin rassurés. Malgré tout, une ombre demeure et l’Épervier s’inquiète de la laisser partir seule. La compagnie sera présente, tente-t-elle de se rassurer, et la mission ne prévoit aucun combat. Elle gigote pour cacher ce qu’il lui reste d’inquiétude.

— Le plaisir est partagé Tumaini !

Une hésitation, encore, même si l’heure n’est plus à cela.

— … Et, j’espère que nous pourrons discuter de nouveau quand nous reviendrons de nos obligations respectives… D’ici là, mes pigeons voleront par-delà les terres et les mers pour vous guider…

Pour guider et protéger Tumaini, d’une part, mais également les Oracles à la Tour des Vents, en voyage ou qu’importe l’endroit où ils se trouvent au moment dit. Sur ses mots, Asenath accroche un message à la patte du volatile gris qui, jusqu’à présent, volait au-dessus d’eux ; il préviendra Rudjek, l’intendant de la Tour, et s’excusera à sa place, à défaut d’être dans la capacité de le faire elle-même.

Une dernière fois, elle couve la jeune fille du regard, tandis que la troupe s’éloigne. Elle aussi, prendra la direction du large dès lors qu’elle récupérera de maigres affaires. Un murmure doux indique à l’Épervier de rester sur place, de veiller sur la Tour pour elle.

Elle, veillera de loin, depuis l’Égypte. Comme lors de l’itinérance, et même avant cela, ses pigeons traverseront les régions du Monde pour livrer leurs messages, pour guider ceux qui en ont besoin.

Un Pigeon protège les siens, qu’importe sa localisation.

Citation :

Sujet terminé. Merci pour ce sujet, le plaisir est partagé
Départ pour l'Égypte.
Note : Des pigeons vont voir Rudjek pour le prévenir de l'absence d'Asenath et du changement dans la mission.