[545] Roses dangereuses... (Chryséis et Amadeus)

Le regard fixe. J'observais l'horizon en me demandant quoi faire... Les entraînements quotidiens étaient rudes, n'ayant pas découvert mon potentiel aussi naturellement que les autres Evêques du Palatin. Mon corps semblait flotter sur du presque rien, ma main se tendait pour sentir le repos du vent entre mes doigts. Rien n'avait de sens, rien n'allait si ce n'était cette indifférence que j'avais pour ce Monde. Pendant des années, je l'avais honni, détesté à un point que bien des gens ne pouvaient comprendre. Soudain, un frisson parcourut mon échine pour venir par bercer une douleur dans mon ventre. Ma tête tourna lentement vers l'une des collines de Rome. Une chose posait problème, manifestement, une révolte se levait...

Je fis signe à un enfant d'approcher et lui chuchotais quelques mots aux oreilles innocentes qui me faisaient face. Il repartit en courant. Puis, levant les bras tel le Christ, mon corps tombait dans le vide pour sentir tout le plaisir de l'air sur ma peau mat. Ma robe dansait dans tous les sens. Un magnifique oiseau sortit alors de la tour pour crier de joie, il explosa brutalement dans une étrange gerbe de sang et recouvrit sa maîtresse de ses atours écarlate et d'ébène. Des ailes s'ouvrirent dans le dos pour frapper le vent de Notos et la jeune femme relevait la tête pour partir dans la direction de cette colline. Tel un oiseau de proie, je me posais élégamment sur la corniche d'un toit pour voir que l'Aventin - car c'était la colline dont on parlait en ce moment - devait faire face à une révolte de Goths contre les autorités de la Sainte Eglise. Non pas que cela me dérange, j'avouais que l'Eglise des Chétiens n'étaient pas ma panacée mais elle était nécessaire pour la nouvelle Ere qui se préparait sous l'égide d'Apollon.

Un enfant pleurait. Mes prunelles le regardaient avec une indifférence réelle, avais je perdu toute innocence ? Non, j'avouais que cela me peinait mais je ne comptais pas le sauver, il devait choisir de vivre ou de... mourir seul face à ses ennemis. C'était le moment choisi pour les rebelles pour entrer dans les maisons afin de trouver quelques maigres buttins. Pacotilles. Je me foutais des détresses, le temps passerait d'une certaine manière. Les angoisses des gens, leurs amours, j'étais devenu si morbide et j'étais bien la représentation de l'Automne et de ce soleil couchant dans le Monde. Puis, alors que je comptais laisser les autorités nettoyer la colline, une aura se fit sentir dans mon dos. L'Histoire venait à moi pour me crucifier sur un autel de roses empoisonnées. Ma tête tourna pour voir à ma droite une femme en habit noir. Il était de bel allure mais quelque chose de sombre s'en échappait.

- Qui êtes vous ?

- La question peut se poser dans l'autre sens. Mon nom n'a pas d'importance...

Fixant son armure, je comprenais que c'était un chevalier noir, un traître à son rang. Surprise de voir une telle personne dans le coin, je comprenais soudainement qu'elle était la cause de tout ceci. Pourquoi ? La question n'avait pas le temps d'être poser que des chevaliers atterrissaient autour de moi alors que l'étrangère s'en allait comme une malpropre. Mon devoir était de l'arrêter mais j'en étais sûr, elle portait l'armure noire des Poissons. Mes études dans mon temple à la Tour des Vents portaient enfin leurs fruits mais ma question n'avait pas eu de réponses et cela m'agaçait. Soudain, un cri me fit lever la tête, un gerfaud venait de se poser au centre de l'assemblée. Un sourire aux lèvres, je comprenais que le gamin avait bien fait son travail ! Mais les questions ne faisaient que commencer !