[Juin 550] O'Bannon [Bélisaire / Lesath]

Les choses prenaient un tournure tout à fait inattendue. D'abord, il y avait eu cette entrevue entre Liao et le Grand Pope durant laquelle Nimuë dû, une fois encore, se confronter à son passé. Ensuite, il y avait eu cette déconvenue dans le jardin du Temple du Lion, qu'elle avait, par désespoir de cause, détruit, ravagé. De ces événements, la Sainte des Poissons en ressentaient grandie, elle commençait à le comprendre et à le ressentir au fond d'elle-même. Ne restait plus qu'un pan sombre qui semblait se révéler moins houleux qu'elle ne l'avait suspecté de prime abord. Coincée entre passé et futur, la Sainte des Poissons avait décidé de vivre l'instant présent, et de mettre de côté ses démons. Prête à combattre l'un d'entre eux qui avait prit la forme humaine en la personne d'Arbhaal, ancien Juge des Enfers, Nimuë se félicitait de ne pas en être arrivée jusque là. Ça aurait été une grossière erreur de sa part de camper sur ses positions et de se laisser happer par la main belliqueuse de cette sourde colère qui l'avait étreinte.

Aussi avait-elle promit au jeune homme d'être sa porte parole auprès du représentant de la Sagesse. Le constituer prisonnier était selon elle, la meilleure option possible pour lui. Quand bien même il s'était présenté sans armure, il demeurait toujours lié à Arès, d'une façon ou d'une autre. Aussi n'avait-elle voulu prendre aucun risque.

Certaine de sa décision, la jeune O'Bannon s'était donc rapidement rendue dans le Temple du Scorpion, à la recherche de Satine, qu'elle allait évidemment prévenir. Le bruit de ses pas qui martelaient le sol en marbre de la maison de Lesath se répercutèrent partout et très vite, une petite silhouette se faufila jusqu'à elle. Dans ses yeux, dansaient une lueur d'espoir et de crainte.

- Il est ici ?

La petite femme-enfant avait murmuré ces paroles dans un souffle presque inaudible. Quand Nimuë opina du chef, sa petite-fille poussa un long soupir de soulagement. Puis, se contorsionna, à la recherche de quelque chose, ou plutôt de quelqu'un.

- Où est-il ? Fit-elle alors qu'elle courrait sur le parvis du temple zodiacal, le cœur battant. - Il a été fait prisonnier, j'ai dû prendre cette décision par...

La jeune femme ne put aller plus avant dans ses explications. Comme l'autre fois, Satine fit montre d'une colère bien plus virulente que la sienne, d'une impulsivité si étonnante, qu'il fallait bien croire que c'était là un trait propre à la famille O'Bannon ! Réagissant au quart de tour, Nimuë fit crisser la lame contre son fourreau, juste assez pour pouvoir parer le propre sabre que Satine venait de faire apparaître comme par enchantement. Redevenue cette femme redoutable d'autrefois, l'ancienne Sirène Maléfique ne fit pas de quartier. Aucun état d'âme. Jouant sur l'effet de surprise, celle-ci avait fait danser une seconde lame recourbées entre sa main libre et avait frappé. Brisé en deux, le masque déjà abîmé de Nimuë alla choir contre le sol dans un tintement métallique.

- Hmph ! Cette cicatrice ne te vas pas aussi bien que moi ! Se moqua t-elle alors qu'un flot de sang s'échappait de son front, son œil et la fin de son menton. Nimuë avait instinctivement bondit en arrière, paume plaquée contre son œil blessé. En essayant de rouvrir sa paupière, la belle se rendit compte qu'elle ne voyait plus rien, juste un rideau sanguinolent. - Qu'est-ce qui te prends ?! Tu es complètement folle !

Satine éclata de rire, se mit dans une posture mi-agressive, mi-défensive.

- C'est toi qui est bien naïve ma parole ! Et Arbhaal a été tout aussi con de se laisser faire … Putain ! Ils vont l'exécuter, tu ne comprends pas ?!

Une fois encore, ce fut elle qui brisa sa position pour aller au contact. Une nouvelle joute, violente éclata entre la grand-mère et sa petite-fille. En pleine possession de ses moyens, cette dernière était bien plus puissante que la dernière fois où elles avaient dû s'affronter ! Sans doute bien plus qu'elle. Plus rapide, et jusqu'ici, personne n'avait été plus rapide que les Poissons. Nimuë récolta une nouvelle estafilade sous l'aisselle, assez profonde pour faire pendre mollement son bras armé contre son flanc. Un dernier soubresaut de préservation la garda d'une blessure mortelle mais le craquement sinistre des os ne laissait aucun doute sur l'importance des dégâts portés à ses côtes. Le souffle court, elle riposta, avec autant de virulence que Satine, se fendant tout à coup en faisant voler son épée dans les airs pour l'attraper avec son autre main, valide. Un hurlement éclata, suivit d'un rugissement rageur.

Elles allaient s’entre-tuer.

- Je vais te tuer, sorcière bleue ! Avait lancé la guerrière, toute nimbée d'un cosmos étranger et familier tout en même temps pour Nimuë. Cette dernière comptait bien répliquer et ne pas se laisser emporter par cette tempête. Au risque de sombrer à son tour, prête à user des pires extrémités. - Scarl …

Une rose en main, projectile sur le point d'être lancé, la Sainte ressentie brutalement un changement dans l'air. Un troisième cosmos faisait son apparition, surplombant les deux autres, projetant une onde douloureuse sur les deux femmes. Celles-ci, sonnées par l'impact et la nature même de l'attaque, cessèrent leur joute macabre. L'une des combattante, frappée par un trait carmin, s'affaissa même dans un grognement rageur. Satine lança au gardien du huitième temple, un regard lourd de sens. Pourquoi semblait-il si triste en cet instant ? Trop drapée dans sa folie vengeresse, l'ancienne Sirène Maléfique n'y fit pas attention, mais lâcha, sèchement :

- Occupes-toi donc de ton cul Lesath ! Je te pensais moins con que ça ! Tu sais pertinemment quel sort lui sera réservé. Elle l'a envoyé à la mort !

Nimuë répliqua à son tour, non sans prendre le temps de s'asseoir, se sentant mal tout à coup.

- Tu vas fermer un peu ta gueule … oui ? Elle essayait de reprendre son souffle, gardant sa main plaquée contre son œil ensanglanté. - Essaye de te calmer, Lesath à raison, je suis probablement la seule à pouvoir l'aider. Me tuer serait stupide en plus d'être dangereux pour toi. Réfléchis. Sans moi, tu n'existerais même pas. Tu y as pensé à ça ? Idiote.

Satine se rembrunit, s'empara de la bande couverte d'un onguent mal odorant et ne se fit pas prier pour l'appliquer sur sa blessure. Le Scorpion avait raison, la douleur engendrée par la technique s'estompa peu à peu. Dans l'air, flotta une nouvelle fragrance plus entêtante que celle des roses des Poissons, celle du sang. D'un sang empoisonné. Nimuë avait beau se concentrer sur ses blessures, celles-ci ne se refermaient pas. Elle vit sa petite fille sur le point de tourner de l'oeil.

- Tu devrais t'éloigner Satine, je pourrais te tuer en quelques secondes. Mais … tes lames … elles sont imprégnées de … quoi ?

Très fugacement l'expression du visage de Satine changea et, sans répondre, la belle se défila pour rejoindre Lesath qu'elle prit à parti, faisant mine de l'aider à chercher du fil et une aiguille.

- Lesath je crois que j'ai fais une grosse connerie. Je ne pensais pas que … mes lames, elles possèdent un pouvoir particulier. Elle … elle va aller mal, très mal et je ne suis pas sûre que son propre poison pourra la sauver. J'ai été … Prêtresse d'Amphitrite et ah … bordel, faut que tu l'aides. Le pouvoir de ces lames vont peu à peu l'affaiblir, saper sa force en se nourrissant de sa propre essence vitale. Il faut …

Soudainement, la jeune femme fut prise d'un autre vertige.

- Je peux pas rester là, son poison est trop fort pour moi, je suis désolée.

Elle s'éloigna, laissant les deux chevaliers d'Or tout seul. La voix, faible de Nimuë lui parvint alors qu'il lui présentait toujours son dos.

- Lesath … je n'arrive pas à faire … guérir mes … blessures.

Tandis qu'elle luttait pour garder les yeux ouverts, appuyant avec force contre la plaie à son aisselle dans le but d'en stopper le flot incessant de sang, la jeune femme tenta de se redresser. La souffrance qui irradia subitement dans tout son corps la fit ployer l'échine. Les mâchoires crispées à l'extrême, la Sainte des Poissons luttait tant bien que mal et ne se rendit pas compte que ses anciennes blessures réapparaissaient dans son dos, sur ses bras nus et ses jambes. Autant de cicatrices que le don des premiers Poissons avaient effacé dans un souci de perfection. De beauté. Mais ce qu'elle avait montré sciemment au Lion, Nimuë dévoilait cette monstruosité à Lesath, sans le vouloir, sans le savoir. Une horrible vérité qui portait le nom de son ancien maître : Lucius.

La situation, selon toute vraisemblance, était désespérée. Luttant contre l'inconscience, la jeune femme vit s'éloigner Satine. Elle comprit à l'instant même où cette dernière prenait la fuite, qu'elle n'avait jamais tant frôler les bras de la Mort. Si sa petite-fille avait, pendant sa vie, aimé danser au bord du gouffre, prenant des risques aussi inutiles qu’inconsidérés, ce n'était pas le cas de Nimuë. La jeune femme aimait certes la compagnie du danger, seulement, pas au point de mettre la vie des autres et la sienne en péril. Elle regarda Lesath avec des yeux débordants d'un désespoir et d'une peur indescriptible qui se bousculaient en elle. La jeune femme avait de plus en plus de mal à respirer tant la douleur était grande et qu'elle appuyait contre son cœur, comme un étau. Cette horrible sensation d'une main griffue enserrant ce dernier lui arracha un gémissement plaintif. Aide-moi ! parut crier son regard posé sur le Scorpion.

Si il ne faisait rien maintenant, la pirate était perdue.

Lesath finit par réagir, promptement et de la seule façon qui lui était possible. Ce ne fut que lorsqu'il glissa son doigt dans la plaie que Nimuë comprit que le pire était sur le point de se produire. Au début, la belle serra les dents, après tout, elle était habituée à la souffrance, comme son homologue. Non, pas comme lui. Elle avait été très loin du compte, de suspecter que son ami souffrait autant. Son cosmos parlait pour lui et ce qu'elle ressentit la fit tressaillir d'effroi. Sa main valide cherchait celle du huitième gardien, mais il était trop occupé, trop concentré dans sa tâche pour remarquer ce premier signe, évident, qu'elle arrivait à sa limite.

La souffrance engendrée était tellement insupportable qu'elle finit par pousser un hurlement de douleur, déchirant, plaintif, qui monta dans tout le temple. Elle avait tant pâlie que l'on aurait pu la croire morte en cet instant. Ses yeux fiévreux, suppliaient Lesath.

- Arrêtes ! Je t'en supplie, arrêtes ça !Se lamentait-elle en essayant de se défiler. Un nouveau cri passa outre la barrière de ses lèvres. - Pitié … Faites que ça s'arrête !!

Elle commençait à divaguer, arrivée aux portes de la folie. Un voile opaque se posa sur ses iris d'ordinaires si pleines de vie et de malice. La flamme qui l'animait venait d'être soufflée. Haletante, la respiration sifflante, les lèvres craquelées, la gorge sèche et serrée, la fille O'Bannon s'affaissa légèrement, les paupières mi-closes. Aussi incroyable que cela puisse être, elle ne s'était pas évanouie. N'importe qui l'aurait fait, mais la jeune femme avait été assez forte pour surmonter cette épreuve.

- Je veux voir … la mer … je veux revoir … Atlantis … murmura t-elle faiblement dans un souffle. - Je t'y emmènerais.

Satine s'extirpa des ténèbres mais garda une certaine distance. Entendre son ancêtre souffrir de la sorte l'avait déchiré. Elle culpabilisait mais il était bien trop tard pour ça. Alors que Nimuë tentait de rester assise, l'autre rouquine s'avança un peu plus pour tendre à Lesath, un gobelet plein de cette décoction dont il avait le secret.

- On aurait peut-être dû commencer par là, non ? Donne-lui un peu de ton opium, elle va en avoir besoin pour surmonter tout ça. Sans vouloir te commander, bien sûr.

Le Grand Pope n'avait pas mit longtemps pour arriver à son tour, en plein cœur du huitième temple qui était le théâtre d'une nouvelle et triste intrigue. Satine O'Bannon restait en retrait, ne fit rien quand Belisaire la héla. Son regard pers était accroché dans celui de son ancêtre, devenu si terne, débordant d'une souffrance comme elle n'en avait jamais lu jusqu'à présent. La culpabilité la prenait à la gorge mais comme elle le disait souvent, ce qui est fait, est fait. Et même si elle aurait voulu revenir en arrière, elle ne l'aurait pas pu. Sombrement, l'ancienne Sirène Maléfique observa les gestes consciencieux de Lesath. Par sa faute, il se pourrait que Nimuë ressorte de cette épreuve complètement changée. L'inquiétude du Scorpion à ce sujet était aisément lisible, même pour Nimuë qui s'efforça, au travers ce voile de souffrance qu'elle portait devant son visage ravagé, de lui offrir un petit sourire qui se voulait réconfortant.

Tandis que sa petite fille réfléchissait, emmurée dans son silence, ce fut elle qui prit la parole après s'être humectée les lèvres, goûtant au passage et pour la toute première fois, à l'opium.

- Je vais … m'en sortir. Articula t-elle avec peine avant de fermer les yeux un instant. - Satine n'est pas … à blâmer.

C'était faux et Satine allait la contredire quand tout à coup, elle referma la bouche, voyant Lesath s'allonger avec lenteur sur le sol en marbre, suivie par Nimuë qui ne pouvait de toute façon pas tenir assise et encore moins debout. Rapidement, sa grand-mère s'était laissée emporter par l'inconscience. L'atlante se mordit la lèvre, étouffa un juron qui lui arrivait aux lèvres. Par contre, elle ne comprit pas le sens des derniers mots du Scorpion, mais s'abstint de l'interroger sur le sujet.

- Une querelle de famille, Grand Pope et contrairement à ce que Nimuë dit, je suis à blâmer. Je n'aurais jamais dû diriger ma colère contre elle. Lesath a raison. J'ai peur que tous les efforts d'Arbhaal ne soient vains. Je connais votre sens de la « Justice ». Mes inquiétudes sont fondées, mais je regrette amèrement ce qui vient de se passer.

Elle marqua une courte pause, fit quelques pas pour faire face à Belisaire. Sous son véritable jour, Satine apparaissait comme étant une femme certes magnifique, mais redoutable. Son cosmos parlait pour elle, son regard aussi. À travers eux, le Pope pouvait lire l'étendue des épreuves qu'elle avait dû traverser, les nombreux sacrifices d'une vie qui ne l'avait jamais épargnée. Et un immense regret, pour ce qu'elle venait de commettre.

- Néanmoins, la réponse à votre question est des plus simples. Je suis évidemment prête à tous les sacrifices. J'en ai déjà fait, pour lui, pour d'autres. Je suis prête à recommencer. Surtout si, comme vous le dites, nous sommes coincés dans cette ère. Je veux simplement le retrouver et mener une vie … normale. Sans dieux, sans cosmos, sans fatalité. Je veux vivre simplement, en toute liberté. Avec lui.

Ses yeux se portèrent vers la silhouette des Poissons.

- Mais je voudrais aussi l'aider. Non pour me racheter, mais parce que je le veux vraiment. Je pense qu'elle aura besoin de moi pour se relever. Elle l'a fait pour moi … et elle est … la seule famille qu'il me reste.

Plus jamais elle ne pourra revoir son père Jack, ni sa sœur jumelle Ann. Elle comprenait trop tard que tout acte irréfléchi, ou non, pouvait avoir de lourdes conséquences. À elle d'en payer le prix à présent. Pas Arbhaal, pas Nimuë ni Lesath, juste elle.

- Bien, mais elles ne sont plus dangereuses, la « bénédiction » de ma Déesse n'est donnée qu'une seule fois. Cependant, je consens à vous les donner, preuve de ma bonne foi. Elles ne me sont de toute façon plus d'aucune utilité.

De bonne grâce, donc, Satine fit apparaître ces armes recourbées qu'elle tendit à Belisaire. Ainsi donc, la glorieuse Mary Red rendait les armes ?

- Néanmoins ne soyez pas surpris, je connais « vos » règles. J'espère seulement qu'elles ne sont pas aussi … futiles et grotesques que celles appliquées en mon temps. Une chance pour les Saints et votre Déesse que Shion du Bélier soit devenu un Pope avisé et magnanime.

Elle paraissait s'exprimer en toute connaissance de cause. Et bien que toujours inquiète au sujet d'Arbhaal, Satine n'avait pas vraiment d'autres choix que de s'en remettre au jugement du Sage. Son bien-aimé avait une lourde bataille à mener et elle espérait, en son for intérieur, que celle-ci soit la dernière. L'ancienne marina aspirait à une vie calme, paisible. Alors, si la Voix d'Athéna était en mesure de la lui accorder …

- J'accepte vos conditions, seulement et seulement si, Arbhaal m'est rendu sans qu'aucun mal ne lui soit fait. Si une goutte de son sang venait à être versé … alors considérez que notre accord est brisé. Mais je n'ai pas de soucis à me faire … non ?

Les conditions étaient posées, la situation était limpide. Restait plus qu'à essuyer le sang et les larmes. Les yeux de jades de la voyageuse du temps futur se posèrent sur Nimuë, calmée par les effets de la drogue. Satine savait que ce n'était qu'une question de temps avant que la douleur ne revienne. Elle-même avait connu les effets du poison empoisonné et elle savait que très vite, ce dernier aurait effacé toutes traces du pavot.

- Nous allons nous occuper d'elle. Soyez-en assuré. Lesath ? As-tu trouvé ce fil et cette aiguille ? Nous ne pouvons pas laissé cette plaie ouverte, c'est un vrai nid à merde.

Elle souffla au Grand Pope.

- Une chance qu'il soit … immunisé à son poison. Mais … l'est-il véritablement ?

Sur cette interrogation, Satine tourna les talons pour aller dans la cuisine et chercher un peu d'eau qu'elle ferait chauffer. Doucement, Nimuë reprit connaissance. La douleur qui la traversa la fit grincer des dents.

- Je vous remercie, Belisaire. De lui laisser cette dernière chance. Je sais que vous ne le faites pas … pour elle. Alors, merci … Et … accordez cette même chance à Arbhaal même si … ce jugement … est …

Elle ne termina pas sa phrase, prise par un nouvel assaut douloureux qui lui coupa le souffle. Pourtant, elle continuait de sourire, bercée pour quelques minutes encore par l'étreinte de l'opium.

Spoiler:

- Tant … mieux, dans ce cas. J'y … veillerais, Grand Pope. Articula t-elle avant que Satine ne revienne avec un peu d'eau qu'elle présenta à Nimuë. - Si tu …

Avec mille précautions, Satine O'Bannon aida son ancêtre à boire un peu. La fraîcheur du liquide lui fit le plus grand bien et, de nouveau elle se laissa aller quelques instants, alors que la douleur se tenait plus tranquille. Supportable. Pour autant, elle suivit du regard Belisaire qui s'essaya lui aussi à soigner les maux du nouveau Scorpion. Peine perdue. Une fugace lueur de tristesse passa dans les prunelles claires de Nimuë, constatant avec amertume que même le représentant de la Sagesse ne pouvait rien y faire. Rien changer. La malédiction que portait Lesath était bien lourde, elle le sentait à présent et comprenait.

Lesath parvint à se remettre sur ses deux pieds, approchant à son tour de Nimuë. Satine se recula pour le laisser faire. L'intéressée obéit sur l'instant quand, mystérieusement, le Scorpion lui demanda de regarder son doigt, de fermer sa paupière et … ne pipa mot quand il commença son œuvre. D'un calme à tout épreuve malgré la morsure de l'aiguille sur sa chair à vif, Nimuë se contenta de fermer les poings et braver une nouvelle fois la douleur qui l'assaillait.

- Oui ! Fit Satine en obtempérant de bonne grâce pour chercher le pot qui sentait très mauvais. Son nez se fronça de dégoût. - Pouah mais c'est quoi ton truc ?! Ça pue …

Satine aida Lesath à achever son œuvre, après quoi elle se recula, observant d'un œil inquiet, le duo complètement éreinté. Après un moment, la jeune femme se tourna vers le Grand Pope, le visage sombre. Rongé par la culpabilité et l'inquiétude.

- J'ai peur que dans son état, elle ne soit pas transportable. Et Lesath n'est pas au meilleur de sa forme. Si vous me le permettez, j'aimerai rester avec eux le temps que Nimuë se sente un peu mieux.


Nimuë, qui rouvrit son œil, ajouta d'une fois faible.

- Je ne … voudrais pas … te déranger … Lesath …

Satine prit doucement sa grand-mère entre ses bras pour la soulever, l'aider à se remettre sur ses deux pieds. Si elle tenait sur ces derniers, cela tenait plus du miracle qu'autre chose tant ses jambes étaient faibles et peinaient à la soutenir.

- Je vais l'allonger sur mon lit, tu devrais aller te reposer Lesath. Grand Pope …

Glissa t-elle en hochant légèrement de la tête dans sa direction. Après quoi, elles se retirèrent toutes les deux dans les profondeurs du huitième temple, là où Nimuë pourrait trouver un peu de repos. Et une compagnie de tous les instants. Satine avait de quoi faire et de quoi penser. Sa crainte la consumait à chaque seconde passée. Qu'allait-il donc advenir d'Arbhaal ? Si un malheur devait lui arriver, elle ne s'en remettrait pas. Que ferait-elle alors ? Si ce n'est tenter de le rejoindre.