[1ers jours de juillet 550] Un trio infernal à la recherche d'un duo atypique

Sanctuaire

Par les enfers, ce sentier n'avait-il donc aucune fin ?!
Pour des individus capables de se déplacer à la vitesse de la lumière, comme Lesath, le lion ou moi même, atteindre le pied des montagnes de Jamir n'avait pas été un réel problème. Mais maintenant, il nous fallait trouver Jamir, cette minuscule petit tour coincée dans les hauteurs de ces monts imprenables et dangereux.
Bien décidé à retrouver la trace de Silas et de Rahi le plus rapidement possible, je m'étais hâté pour tenter d'escalader ces satanées montagnes. En effet, plus vite ma première mission serait accomplie, plus vite je retrouverais ma Satine.
Je repensais brièvement aux ordres du Grand Pope : ramener ces deux hommes morts ou vifs. Étais-ce une simple menace envers eux ou une directive réelle ? J'avais du mal à croire que Belisaire avait pu souhaité le trépas de deux saints, même d'un déchu. A priori le lion d'or partageait mon sentiment, et ce "brave" garçon avait bien pris soin de me menacer dans le cas où je viendrais à suivre les ordres du Grand Pope à la lettre. Bref, cette capture risquait d'être drôle...

L'un de vous deux ne connaitrait-il pas l'emplacement précis de Jamir ? Parce que je me vois mal cheminer de la sorte pendant des jours...

Non que je n'en eu le potentiel physique, mais j'avais envie de régler cette affaire avant que d'autres chevaliers noirs ne tombent sur le Sanctuaire. Dépeuplez son domaine de trois guerriers de notre trempe était un pari risqué pour Belisaire, mais bon... C'était lui le chef.
Pour tout dire, je comprenais parfaitement les raisons du départ précipité de Silas. J'en aurais probablement fait autant si quelqu'un avait enlevé Satine. Mais quelle idée de partir sans au moins prévenir la hiérarchie... Avec un peu de chance, un autre chevalier d'or aurait été en mesure de l'aider.
Perdu dans mes pensées, je faillis trébucher lorsque mon pied se perdit dans le vide. Vif comme l'éclair, je parvins à reprendre mon équilibre de justesse et écarquillais les yeux devant le sol couvert d'un étrange brouillard.

C'est bien notre veine... Attention vous deux. Cette brume cache un ravin béant. Et nul doute qu'une chute ne nous fera pas du bien. L'un de vous sait-il voler ou sait-il comment dissiper ce brouillard sans trop éveiller son cosmos ? Il ne faudrait pas prévenir nos deux fuyards de notre présence trop tôt.

L'espace d'un instant, mon surplis et mes ailes de dragon me manquèrent. Pourtant, ce fut sans mauvais esprit ni nostalgie déplacée que j'attendis une réponse de mes compagnons d'infortune.

 

Rapidement, le trio pris son envol. Les kilomètres se dévorèrent sous leurs pieds, et quelques heures à peine plus tard, ils foulaient le sol de Jamir. Le Scorpion d’Or se rappelait de la seule fois où il était venu sur ces terres, quelques mois auparavant. Il avait du rencontrer Hélène pour une histoire d’armures. Il gardait de cette rencontre un profond respect pour cette femme, même si son tempérament était une faille, à ses yeux. Il s’était entaillé les veines et avait laissé couler son sang sur l’armure du Scorpion, afin que la réparatrice officielle du Sanctuaire puisse réaliser son œuvre. Au final, il était resté presque un mois en sa compagnie, la réparation de son armure demandant plus de travail que prévu. Depuis, il n’était pas revenu dans ce coin de l’Asie…

« Le ravin. »

L’épreuve qui protégeait Jamir des inconnus était simple, mais efficace. Secouant la tête, il regarda le remue ménage que causaient le Lion et Arbhaal, mais se priva bien d’intervenir. S’ils désiraient se retrouver au fond du trou, embrochés sur des stalagmites, c’était leur problème. Il croisa les bras sur son torse et regarda Childéric lancer l’ancien Spectre comme un javelot, en esquissant un sourire. Celui la ne changerait jamais, et ce malgré les dernières épreuves qu’il semblait avoir pu traverser. Alors qu’il entendait le départ donné par Childéric, il vit enfin apparaître les gardiens du passage.

Devant lui une armée d’anciens chevaliers, ou du moins, ce qui l’en restait. Lors de son premier passage ils lui avaient expliqué qu’ils étaient les chevaliers morts qui n’avaient pu passer l’épreuve qui l’attendait, et ils l’avaient provoqué en duel. Comme à l’époque, Le Scorpion resta stoïque devant ces créatures d’outre-tombe. « Nous sommes les garants de ces lieux et … » Commença l’un des squelettes en armure, avant de se faire rabrouer immédiatement par Lesath. « Fermez-la. » L’interrompit-il, traversant la silhouette comme si elle n’était formée que de volutes de fumée. L’illusion était puissante, mais il connaissait les lieux autant que les épreuves d’Hélène.

L’Ibère avança droit devant, se lançant sans sourciller dans le vide, ou dans ce qui semblait l’être. Sous ses pieds, un pont en pierre venait de se révéler, alors que le brouillard désigné par Arbhaal se dissipait, laissant voir aux trois compères des abysses d’un noir profond.

« Tu es incorrigible. Vous auriez pu finir au fond du gouffre. Enfin bon, ce qui est fait est fait. » Dit-il alors qu’il dépassait les deux hommes. « Il va falloir faire le reste du chemin à vitesse régulière. Nous ne devons pas informer des hypothétiques gardiens que nous sommes sur les terres de Jamir. Ce n’est pas notre place. » Les informa-t-il. Le repère d’Hélène se trouvait en amont dans la montagne, à presque une heure de route à pied, en marchant normalement, au bout d’un chemin sinueux à flanc de montagne. « Oh. Et évitez d’énerver Hélène quand nous arriverons chez elle. Il est clair que Silas est venu chercher de l’aide de sa part pour localiser son ancienne élève. Elle a un certain … tempérament. »

Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah !!!!!!!

Lancer comme un vulgaire sac de patates, je franchis en volant le ravin pour atterrir sur mon auguste fessier de l'autre coté. Sonné et en colère, je saisis néanmoins la main du lion qui m'aida, aimablement, à me relever.
Bougon, j'époussetais ma chemise blanche.

La prochaine fois, préviens moi, manière que je puisse au moins me réceptionner sur mes jambes.

Pas rancunier, et au final de deviner un début de complicité dans le précédent geste de Childéric, je me tournais vers Lesath pour écouter ce qu'il avait à dire. Autant profiter de son expérience au maximum. La zone semblait baignée dans d'étranges illusions, assez puissantes pour tromper des guerriers aussi aguerris que nous. Fort heureusement, le scorpion eut tôt fait d'y mettre un terme.

J'avoue que je n'ai jamais eu l'occasion de mettre les pieds ici. Suivons ton conseil mais accélérons le pas. Plus vite cette mission sera menée à bien, plus vite nous serons de retour au Sanctuaire.

C'était assez étrange au final de révéler cette pensée sincère, mais j'avais tant à faire au sein de mon nouveau foyer pour montrer patte blanche. Et puis, si nous voulions retrouver la damoiselle en détresse, autant mettre la main rapidement sur Silas pour entamer de vraies recherches.
Je suivis donc Lesath, attentif à notre environnement.

Au fait, qui est cette Hélène ? L'actuelle gardienne de Jamir ? A t-elle un lien avec Saadyr ?

Soudain, de plus en plus agacé par le froid ambiant, je laissais légèrement mon cosmos s'amplifier pour m'entourer dans un mince halo de flammes silencieuses. De quoi faire augmenter la température pour nous trois. Même si je doutais que deux hommes vêtus d'armure d'or ressentent le froid de ces montagnes, je n'étais pas mon cas. Sans cuirasse, armure ou surplis, mon corps ne possédait plus d'autres protections que les effets de mon cosmos.