Quelques mouvements un peu timides au début. Pas de douleur. Plus amples. Ca va toujours. Finalement, de grands arcs de cercle et autres mouvements plus larges encore pour confirmer mon impression. Toujours rien. Hm. Ca me semble enfin bon cette fois-ci.
Ainsi, c'en serait fini de cette attente ? Douleur, tiraillements, déplacements difficiles, blessures qui se rouvrent. Puis plus rien. Un mince sourire qui se dessine à mes lèvres en guise de réaction. Ca approche. Lentement mais sûrement, la lame Berserker se rapproche de la gorge de celle qui se prétend Sagesse. La Sagesse aux mains rouges, froide et calculatrice, belliqueuse, avide de s'imposer partout où elle passe. Une Sagesse teintée folie guerrière, d'avarice, d'esprit de conquête. Se prétendre un aspect plus sage de la Guerre... Quelle douce arrogance. Une douce et naïve arrogance.
Bientôt, la guerre dans tout ce qu'elle a d'injuste, de démesurée et de vaine viendra frapper à vos portes. Et vous verrez. Vous verrez comme il n'y a rien d'honorable dans ces flots de sang versé.
Pour ça, il faut ceci dit veiller à ne pas se reposer sur ses lauriers. Kiev et ses événements m'ont fait réaliser qu'il m'était nécessaire renouer avec l'entraînement et les suées qui aiment l'accompagner. Et j'en ai besoin. Se dépenser, oublier ces semaines captives à l'étreinte de mes draps. Trop longtemps avec trop rien à faire, trop de temps à penser plutôt qu'à agir. À penser ce que j'aimerai plutôt mettre de côté. Alors me voilà ici, à gambader d'un pas leste dans une des nombreuses salles dédiées à l'entraînement dans l'enceinte du Dédale. Toujours, ce savant mélange d'organique et de construit, ces murs qui respirent, murmurent et battent. Plus encore qu'auparavant, à bien y regarder. Le Dédale le sait. Lui et tous ses occupants tant cela avait fait soufflé ce vent de rage dans nos rangs.
Il est de retour.
Moi plus que quiconque le sait, hélas. Un sourire un peu jaune se dessine sur mes lèvres à y repenser. Bien loin des préoccupations du Dieu de la Guerre que d'interrompre quelques discours mielleux au détour d'une convalescence, hm ? Heh, tu m'étonnes. Au moins a-t-il réussit à entretenir la flamme. Ca remonte, depuis son arrivée. Je le sens parmi nos troupes, mes troupes, mes semblables, même dans ces murs... Tout réclame le sang. Le sang des Saints. Moi aussi, moi plus encore, j'en bave d'avance de le voir couler. Ca me fait peur. Ca me fait peur ce moi qui hurle à l'intérieur, ce duel entre conscience et vengeance. Ce duel perdu d'avance. Que sont quelques principes face à ce tout qui ronge ? Rends-toi à l'évidence, Zvez. Tu vas marcher sur le Sanctuaire. Et ça va te soulager. Peu importe les éventuels regrets d'après coup, tu vas pas y couper.
C'est là ta malédiction à toi, non ?Et plus encore contre leur armures émiettées. Contre leur visages gonflés d’hématomes, leur corps brisé. Comment ne pas l'entendre...
Ca fait écho aux mots entendus plus loin, sans même je ne jette un regard à la scène, à laquelle je n'accorde l'attention que de mes oreilles. Du reste, le regard droit devant, à continuer mes routines, tenter de reprendre des habitudes trop longtemps oubliées. Une pensée pour ma dague, et quand j'y pense, un jeu qui s’installe avec le dernier vestige de l'arme brisée collé à mon cou en un pendentif qui y danse au rythme de mes gestes. Je triture l’emblème familial d'un geste nerveux, Puis finit par me tourner vers l'autre Cardinal présent.
Salut à toi, Famine. Mieux, oui. Etre capable de se mouvoir sans aide ni difficulté n'a jamais semblé si salvateur à mes sens, à vrai dire !
Comme je me suis lassé de cette attente, cloué à mon lit. Mais je suis là, en forme, envieux de dépenser cette énergie qui sommeille depuis des jours.
Je me souviens, oui. Zvezdan, ça n'a pas changé non plus depuis. Ne me reste plus qu'à espérer que mes quartiers ne soient pas imprimés comme salle de réunion régulière dans quelques esprits...
Un sourire discret se fige à mes lèvres, précédé par l'idée qu'Arès serait capable de tel raisonnement. Ce serait bien ma veine... Heh. Le sourire se transforme en second hoquet de rire. « Mouvementée », oui. C'est le très juste mot. Et la bêtise abyssale de Borya n'y est pas étrangère. Abruti fini...
Mal. Et c'est là l'exacte leçon qu'il mérite. Quoique connaissant personnellement l'intéressé, j'émets de très forts doutes sur la question. S'il devait en plus apprendre de ses erreurs...
Non, c'est trop lui en demander. Il foirera, encore, d'une façon ou d'une autre. Ca fait son charme en un sens, j'imagine. Oui, tournons donc ça comme ça.
Bon point pour lui : Ce que son peu de jugeote lui apporte, sa formidable constitution lui permet de l'encaisser. Au moins devrait-t-il s'en sortir... En tout cas aux dernières nouvelles.
Et tandis que les mots partent, mon regard lui par contre reste fixe, concentré sur cette lame au flanc d'Oropher. Hm. Intéressant.
Ca m'a l'air d'être une bien belle arme, ça. Avide de se ficher dans l'or des armures de Dame Sagesse, semblerait-il ? Je ne vois pas plus beau dessein à l'acier d'une lame, très personnellement
Mes dents s'étirent en un long sourire carnassier, le regard clairement amusé, habité d'une lueur guerrière qui y briller quelques instants. Oooh oui. Jamais je ne cherche à cacher mon aversion pour ces cancrelats dorés, aucun ici ne le fait, mais... Mais ça va plus loin que le simple conflit divin. Rien d'aussi insipide, pas sans motivation autre derrière. Pour vos actes, pour ce que vous protégez, ce que vous défendez, représentez... Vous, Saints, ne pouvez que vous attirer mon courroux.