[Grande Salle de Bal] Yeux pour œil, dents pour dent

Mains croisée dans mon dos sous ma cape, je longe les fresques avec un regard curieux, intéressé. Impressionné par la qualité de l'oeuvre, et ce quelque chose de mystique qui s'en dégage. Cette impression de mouvement, presque dérangeante. Comme si les murs avaient des yeux et des oreilles, eux aussi... Et peut-être que ça n'est pas seulement une impression ? Cet endroit a quelque chose d'hors de ce monde, après tout. Cette cité toute entière, et ses lieux clé plus encore.

Alors je marche doucement, j'observe. J'enregistre. Je pourrais danser, mais je réserve ça à un peu plus tard. Avant ça... autre chose à gérer.

De nouveau, je lance un regard dans sa direction, pour voir s'il est seul ou non. Et cette fois-ci, je ne vois aucune nuisances alentours. Parfait.
D'une marche tranquille, je m'approche. Tête haute, regard perçant, le genre de regard scrutateur, qui jauge et analyse, le regard de quelqu'un de préparé. Dans son angle, il m'entendra avant de me voir, une fois à portée.

Faenor, disent-ils tous autour. La voix calme, claire, je me présente devant lui avec un sourire particulier. Un sourire de miel, des les yeux doucement en amande, quelque chose de trop mielleux pour être totalement sincère... Pour réellement être un sourire. Est-ce donc une habitude que de changer de nom, Coronado de l'Ombre de la Vierge?

Des représailles à fuir, peut-être ?
J'ai écouté, innocemment, quelques conversations ça et là. Faenor, oui. C'est le noms qu'ils utilisent tous, pour parler de toi. Peu importe, au final. Je me fiche de ton nom. Seuls m'intéressent les mots que tu pourrais avoir, pour t'expliquer.

Et le sang que tu pourras couler, si tes explications ne me conviennent pas.

Adossé à un mur, l'homme observait les gens qui allaient et venaient, telles des marionnettes dans un jeu pour enfants. Faenor n'aimait guère ce genre de festivités, bien loin de ses propres préoccupations. Soudain, il sentit comme un regard, un fauve regardait dans sa direction et il ne fut pas difficile d'en peser la source. Il se tourna lentement vers l'inconnu et se demandait la raison de cette légère intrusion dans son propre espace. Avait il rêvé ? Ou était il trop méfiant en cet instant ? Il ne saurait le dire lui même.

L'homme s'approchait enfin et se présentait. Non, il ne le fit pas, il connaissait son ancien nom, son ancien titre. Qui était il ? La Voix. Oui, la Voix. Comme un soupçon dans ses souvenirs lointains, elle lui revint en mémoire. Zvezdan. Carthage. Arès. Soupçons d'incrédulité. Une tour faisait aussi mirage dans un recoin de son esprit perdu. Il se tourna alors vers l'homme et le salua.

C'était ainsi qu'on m'appelait autrefois, tel n'est plus le cas. Zvezdan, c'est cela ? Guerre... C'est ce qui me revient à l'esprit. Ai je tort ?

Le ton de la voix de Faenor était comme cassée, comme si elle suivait un rythme différent de ce monde. Son regard se porta sur celui qui lui faisait face désormais. Qu'avait il fait depuis lors ? Pourquoi était il ici ? Il ne posa pas la question, le temps n'était pas venu. Question. Oui. Il avait posé une question et il avait oublié de répondre, dans un moment de vertige il répondit.

Habitude non. La vie est différente selon le nom que l'on porte. On peut être Nebojša comme on peut être Berserker, les deux sont antinomiques mais la vie fait que les deux font un.

La voix était soufflante, difficile. Il n'aimait pas parler, il détestait ça. Depuis ce jour, il n'était plus le chevalier noir de la Vierge, depuis ce jour, il était le Tuathas du Tertre solaire. Son regard observait les moindres réactions de cet homme, aussi rude que civilisé. Encore une antinomie dans le coeur de cet homme.

- Hélas, effacer son nom, ce n'est pas effacer les conséquences des actes passés. Pas avec moi. Ça ne sera pas si simple, bien loin de là. C'est ça.

Je confirme mon nom, sans le quitter du regard. Je le jauge, silencieusement, fixement. Il est ailleurs. Son esprit, au moins. Mais il ne va pas avoir indéfiniment le luxe d'être ailleurs. Encore que... Dépendamment de comment les choses tournent, peut-être que si. Et tu sais quoi ? On pourrait jouer à ce petit jeu-ci et tourner autour du pot un moment, s'amuser à mettre des habits de chat et de souris. Mais pour être tout à fait honnête, j'ai pas la patience. Ni la patience, ni l'envie, ni rien de tout ça.
J'ai à faire, ce soir. Alors réglons ça vite, tu veux ?

Je plisse les yeux quand il utilise ce nom. Tout le monde ne le connaît pas, même s'il a circulé en ville avant le bal... Même si c'est comme je me suis présenté aux dignitaires et nobles locaux. Seigneur de Transylvanie, telle a été ma couverture, mon mensonge qui n'en est pas un. Puisque après tout, tant de ces seigneurs de Transylvanie sont sous mon influence... ça fait de moi l'un d'eux, en quelque sorte, non ?
Celui au-dessus de tous.
Et pourtant. J'ai l'impression que ce nom utilisé ici n'est pas totalement anodin.

- Ce nom, ce n'est que celui d'un jeune Seigneur venu de loin pour profiter du Bal, à l'oreille de tous ou presque en ville. Le regard d'analyse devient un regard inquisiteur. Qu'est-ce qu'il peut bien être de plus pour toi, hm?

Tôt, bien assez tôt, l'on parlera de Jamir, et de ce sang de Cardinal que tu as sur tes mains.
Et l'on parlera de ce que tu peux faire pour remédier à ça. Mais d'abord, cette curiosité à assouvir.

Je suis curieux, oui. Dis m'en donc plus, toi qui change de nom comme de vie.

Dilemme. L'homme était en proie au dilemme, sinistre et impassible. Faenor ne fit rien pour retirer cette pensée; Conséquences des actes passés ? La tour reprit ses droits dans ses pensées, il n'en savait pas plus. Pourquoi cette tour ? Elle avait un lien avec cet homme ? Les minutes mortelles de l'oubli gagnaient sans tricher, c'était la loi et il ne pouvait s'y soustraire. Soupirant, il entendit la question.

Nebojša. Ancien nom d'une illustre famille qui s'illustra pendant bien des siècles au sein de l'antique Carthage. On raconte que le premier à porter ce nom fut celui que l'on appelait le Fléau de Zagréus. Mais là ce sont des histoires anciennes, des histoires d'une autre Ere que l'Humanité doit oublier. Laissant quelques secondes passées. Mon âme me commande de penser que vous n'êtes pas ici pour cela, n'est ce pas ? Enfin, vous n'êtes pas devant moi pour connaître le passé de votre Famille ?

Il le sentait. Cet homme dégageait une forme de rage, comme celle des volcans qu'on ne voyait pas venir. Le temps était venu de donner le "La" à cette discussion, Faenor ne comptait pas dire plus que ce qu'il venait de dire, il n'avait pas menti, juste donner un fait. Rares étaient ceux qui connaissaient son ancien nom, il l'avait extrait de son âme afin d'obéir à la nouvelle loi.

Zvezdan Nebojša, qui étais tu finalement ? La question se posait pour le Tuatha, il n'avait pas de réponse.

J'étais venu pour des explications, je suis reçu avec du non-sens.
Et pourtant il a l'air sûr de soi. Et pourtant je ne vois pas pourquoi il s'amuserait à me mentir. Alors à partir de là, les possibilités sont nombreuses.

Peut-être qu'il cherche à m'embrouiller pour gagner du temps.
Peut-être qu'il n'y a plus la lumière à tous les étages, dans l'esprit de ce type qui a tant l'air ailleurs.
Peut-être qu'il dit la vérité.
Va savoir.

Au final... au final, ça n'est ni le lieu ni le moment. J'étais curieux, je le suis plus encore. Mais cette curiosité-ci, je la réserve à plus tard. Tu sais des choses sur le passé de ma famille ? Ou tout du moins, tu penses en savoir ? Très bien. Plus loin, sans ces murs pleins d'oreilles et ces invités indiscrets, peut-être qu'on abordera le sujet plus avant. Pour l'instant... Pour l'instant oui. Je viens pour autre chose, comme tu dis. Alors ces yeux plissés, cette incrédulité qui reste quelques secondes, je les chasse pour reprendre une mine fermée.
Tu me parles d'un passé qui se compte en siècles.
Je vais te parler d'un passé qui se compte en quelques années à peine. Quelque chose de plus concret.

- Depuis Jamir, tu as le sang d'un Cardinal sur les mains. Un sang coulé chez nous, parait-il pour les exactions d'un autre. Hypnos, avait-il dit. Hypnos leur a pris trois guerriers, c'était ses mots. Ce sang, tu l'as coulé au nom d'Apollon, selon tes propres dires.

Et c'est tout. Un haut gradé des armées d'Arès, tué sur quelques motifs paresseux et flous.

- Aujourd'hui, ce n'est plus Guerre qui te parle. C'est la Voix d'Arès. Et aujourd'hui, je te donne le choix entre deux solutions : payer le sang par le sang, ou payer le sang par quelques explications dues.

Éventuellement les deux.

Maintenant tu sais. Et si tu vois la lueur dans mes yeux, alors tu sais que je ne plaisante pas le moins du monde. Maintenant, tu as les cartes en main.
Sois sûr de comment est-ce que tu les joue.

Le sujet était donc cela. Souviens toi ! Il voulait la repentance et mourrait de ne pas l'obtenir, était il trop tard ? Quelque chose le tiraillait... Lentement, son visage illustra ses tourments par une suite de mouvements nerveux qui passaient sur ses traits. Soudain, l'air devenait lourd. Les gens passaient à côté d'eux alors qu'ils avaient la sensation que tout changeait. Magie de Zvezdan ? Il se demandait.

Lentement, l'air changea. Les convives disparaissaient les uns après les autres. Comme si leurs âmes entraient dans une eau puissante et retorse. Le sac et le ressac passèrent. En quelques instants, ils étaient sur un promontoire rocheux. Le sang coulait, la guerre, une tour était visible au loin. Jaspar, Cardinal de la Mort, était là, face à celui que l'on appelait Coronado. L'image se grésillait comme un songe qui se brisait. Un mirage ? L'air était lourd, un murmure se fit entendre. Jaspar était mort. Cruelle ironie de l'histoire. Zvezdan, comme Faenor, pouvaient voir des hommes autour d'eux. Ils étaient habillés comme ces hommes du nord, de peaux de bête et d'armes runées selon les lois nordiques.

Un vent froid passa. Zvezdan put voir brutalement de la neige autour d'eux. Un immense champ de bataille se dessinait sous ses yeux. Il y avait le corps de Jaspar à ses pieds mais l'homme qui lui faisait face n'était pas Faenor, non, c'était un géant paré d'une armure sacrée. Deux têtes de dragon noir étaient visibles. Silence. On n'entendait au loin que les bruits de la bataille, des cris, de la rage et l'âme des deux hommes étaient dans l'eau.

Zvezdan avait l'esprit lourd. Lentement, il vit quelque chose qui attira son attention, une étoile rouge qui dansait dans les airs, puis une autre et encore une autre... C'était comme si elles dansaient autour de lui, des âmes égarées ? Dur à dire. Puis, il vit cinq ombres aux couleurs évanescentes qui marchaient sur les cadavres des soldats du Dédale et des gens du nord. L'absence de sentiments était présent dans l'aura qu'ils dégageaient en cet instant.... Lentement, l'air se fit plus léger, et tout revint à la normale.

Soufflant, Faenor s'était adossé contre le mur. Il ne comprenait pas tout ce qu'il venait de voir. Etait il le seul ? Etait ce cette folie qui le brisait lentement depuis ce jour à la Tour de Jamir ? Il ne savait pas. Les soins des Sidhes n'avaient jamais pu soigner son mal et la rencontre avec ce Zvezdan avait réveillé ses pires tourments, ses pires inquiétudes. Il savait se contrôler physiquement pour ne pas tomber. Il laissait juste l'impression d'une ivresse passagère.

Par un léger tremblement, il prit la parole.

Encore, toujours, encore... Je n'ai jamais tué la personne dont tu parles mais mon esprit me dit que oui en même temps. Je n'ai pas de vérité. Lorsque j'ai été investi par la Déesse comme chevalier de la Vierge, j'ai eu mes premières visions en voyageant entre les mondes et j'ai vu des choses que je ne comprenais pas. L'irréel dansait avec le réel. Le Pope ne m'a pas cru. Pséma m'a cru.

Il était encore abasourdi par cette vision plus réelle que les précédentes. Il ne savait pas si Zvezdan avait été témoin de tout cela, il était peut-être fou après tout... Il ne savait plus.

Sale impression.
Familière, mais différente à la fois. L'impression de quitter ce monde pour un autre. De voir le voile de la réalité se déchirer, pour présenter une autre réalité. Sauf que cette fois-ci, je ne suis pas l'origine. Spectateur plutôt que créateur, je suis emporté sans trop comprendre l'origine du phénomène.

Putain, dans quoi est-ce que je me suis embarqué encore.

Neige. La Neige, et un ancien Cardinal de la Mort, sans vie à mes pieds. Autour, des hommes du Nord, des habits et visages qui me font penser aux gens d'Asgard. Ces étoiles, ces trucs rouges... Autour, de la guerre. Guerre et Neige. Un mariage que je croise un peu trop souvent à mon goût, dernièrement.

Je vois. Je vois l'homme du Nord, non loin du cadavre... Et je le reconnais. Ce n'est pas un simple homme du Nord anonyme, sans nom ni rien, rien si ce n'est cette lourde armure et ce côté guerrier. Non, lui, je sais qui il est. J'ai son nom. C'est ce Toryald. L'ami d'Haldor.
Qu'est-ce qu'il vient foutre ici celui-là, aussi...

Confusion. C'est finalement le maître-mot, dans ce que je vois autour. Je vois les cinq ombres, je vois le décor. Je vois tout ça. Puis, la salle de Bal revient, tout revient. Le froid s'en va, remplacé par la chaleur des murs. Plus de bataille, juste les bruits des convives. Et l'homme que j'étais venu voir, face à moi, étourdi.

Moi, je ne perds pas l'équilibre. Habitué à ce genre d'expérience, le corps et l'esprit ne sont pas secoués... Enfin. Pas comme ça. L'esprit est secoué, mais pour d'autres raisons. Qu'est-ce que c'était supposé être, ce truc ? Ça n' pas l'air de venir de lui. Il a l'air aussi perdu que moi en fait... Et les mots qui suivent ne font que confirmer ça.

'Chier. J'étais venu chercher un règlement de compte, je trouve des énigmes et un amnésique possiblement manipulé.

- Pséma? Sourcil haussé. Le nom ne me dit rien, alors j'ai cette interrogation sur le visage. Puis... Puis cet agacement. Agacé, parce que je viens pour obtenir des réponses, et que je repars avec plus de questions. Et que ça devient une putain de constante, comme schéma. Pourtant... Pourtant j'ai mes théories. Ça ne peut pas être anodin, que je retrouve ce Toryald dans cette vision-ci. Que de nouveau, les hommes du Nord soient au centre d'un songe étrange. Je me méfie depuis le début, de ces reclus des montagnes... Tseh. Plus j'y creuse, plus je me dis que j'ai raison. Je percerais vos secrets, tôt ou tard, Asgardiens. Pour l'instant... Hmpf. Un soupir grogné, mes paupières se ferment, et je me masse la tempe dans un moment pour me recomposer. Cette conversation. Ce n'est ni le lieu ni le moment, mais j'ai assez attendu pour l'avoir. On a quelque chose qui date de deux ans à régler, et visiblement, on a autre chose aussi. Mais pas là. Pas au milieu des rats de cour et des curieux.

Une œillade alentours, pour balayer la salle du regard.
J'aime autant que je déteste ce genre d'événements. Là maintenant, il m'agaçe.

- Au finir de ces festivités, On reprendra là où on s'est arrêté. Ailleurs, plus tranquilles, avec tout le temps qu'on veut, sans personne pour nous emmerder.

Des choses plus grandes que nous se jouent tout autour. Cette vision... C'en faisait partie, non ? J'en mettrais ma main en feu.

Et je ne compte pas laisser à n'importe qui l'occasion d'en apprendre sur ça. Ou de savoir ce que je sais. Savoir Que je sais. Je ne vais pas non plus vous faciliter la vie, Asgardiens. Ça serait trop simple, hm ?

- Viens me voir à l'auberge investie par les miens, demain. On causera là-bas. Est-ce qu'on est d'accord ?

J'espère qu'on l'est. Je n'ai pas envie de me compliquer la vie plus longtemps...

Esseulé, ailleurs, le Tuathas cherchait des réponses. Encore une vision, encore lui. Pourquoi lui ? Il ne comprenait pas et le regard du Pontifex exprimait une lassitude. Avait il déjà été témoin de cette folie qui l'emparait de plus en plus souvent ? Le temps n'était pas aux questions visiblement.

Je ne nie pas le passé, je le questionne. Je ne suis plus sûr de rien. Mais oui, j'ai "tué" votre compagnon, enfin, je pense, je ne sais.... Il posa un silence salvateur afin de récupérer quelques forces. Zvezdan... Oui, nous devons parler. Je crois comprendre que tout cela ne vous est pas étranger. Il faut que l'on parle entre nous.

D'un hochement de tête, il opina à la suggestion du Pontifex. Il savait que les Berserkers étaient soumis, tout comme lui, aux lois des Ligures. Se battre dans la cité pourrait être mal vue et l'ancien Carthaginois n'était pas un imbécile qui guerroyait sans raison. Arès ou Mars, pendant un instant l'ancien chevalier d'or sentait que l'homme devant lui était le représentant de l'un ou de l'autre, mais lequel ?

Puis, il quitta les lieux pour s'aérer un peu. Il aurait le temps de revenir.

Citation :

Faenor quitte la Grande Salle de Bal