Round 2 : Combat n°2 - Zvezdan vs Kilian

La suite d'un long cauchemar.
Je n'avais pas fermé l'oeil de la nuit, tant la douleur se plaisait à meurtrir autant mon corps que mon esprit. De ma fenêtre, j'avais vu naître le jour, l’œil morne, avant de trouver la volonté de me lever pour prendre un bain. L'eau chaude m'avait brièvement apaisé, mais la souffrance multipliée n'était pas partie bien loin.
Pas une once de ma chair qui n'était pas amoindrie par les afflictions des miens.
Pourtant, j'avais un combat à mener aujourd'hui. Et je demeurais avant tout un chevalier. Hors de question de déclarer forfait malgré la malédiction d'Athéna.
Non sans mal, évitant de croiser tout compagnon manière d'éviter des questions gênantes, j'avais gagné l'arène, pour monter les marches qui devaient me mener au balcon. Un véritable chemin de croix.
Pâle comme la mort, je parvins à adresser un vague signe de la main au public déchaîné, avant de concentrer mon cosmos sur le pantin, qui prit aussitôt mon effigie.
Il ne restait plus qu'à attendre mon adversaire du jour : le redoutable Pontifex en personne.
Entre l'expérience de cet homme et mon état actuel, mes chances de victoire étaient bien minces. Mais l'important n'était pas là. Ce combat serait l'occasion de me prouver, que je pouvais surmonter le châtiment imposé par ma déesse, et me transcender.
Ma vie devait se poursuivre, sans être freinée, brouillée, par le boulet que je traînais désormais au pied.
Si Morwenna, Lesath, Silas, Childéric et les autres parvenaient à vivre au quotidien avec leurs afflictions respectives, il me fallait en faire de même. Les dominer chacune, pour que mon esprit combatif s'exprime.
Par défi envers la douleur, je laissais mon cosmos s'embraser, illuminant ma propre personne, ainsi que le pantin à mon image. J'étais prêt.

Maudit soit ce sombre individu !
S’il pensait me déstabiliser avec son attitude provocatrice et ses paroles, il allait en être pour ses frais. Au moins la malédiction d’Athéna aurait cet avantage… J’allais avoir du mal à être sensible à autre chose qu’à sa morsure.
Sur de lui, à tort ou à raison, le Pontifex me laissa porter le premier coup, alors que son pantin de ténèbres prenait la pose de son maître. Désinvolte. Une insulte faite à mon rang, mais qui me laissa de marbre.
Hors de question de laisser passer une opportunité pareille.
Pour l’avoir vu à l’œuvre, lors de notre précédent combat, je savais que Zvezdan misait principalement sur une force de frappe redoutable. Chacun de ses coups était décisif, précis, brutal, prompt à semer la destruction face à un adversaire à la défense trop légère.
Nous avions donc une approche similaire… Car en tant qu’assassin de nature, quoique ce titre ne vaille plus guère aujourd’hui, je m’orientais vers la doctrine : la meilleure défense est l’attaque.
Porter le premier coup serait donc, potentiellement, ma seule chance de briser ce suppôt d’Arès avant qu’il ne fasse de même.
Une pensée et l’air ambiant autour de ma proie se changea instantanément en épieux de givre. Une seconde et les armes improvisées foncèrent vers le Berzeker, alors que ma silhouette se floutait.
A peine la morsure de la glace pouvait-elle se faire sentir sur la chair inerte de son pantin, je ne fus derrière lui, bras recouverts de lames de givre. Et j’entamais mon ballet martial le plus mortel. Pour ne lui laisser aucun répit, nul repos. Et au final de ce combo, je ponctuais mon œuvre par l’activation d’un pentagramme alchimique, avant de bondir en sécurité.
Mais à peine mon pantin eut-il posé pied à terre, que je sentis un liquide chaud couler de mes lèvres de chair sur ma gorge. Du sang… Une vive douleur au torse me paralysa l’espace d’une seconde, mais je parvins de justesse à ne pas y porter une main tremblante.
Concentré… Je devais rester concentré…
Ce duel allait se jouer sur l’endurance, la force, mais surtout la volonté. Athéna m’imposait une terrible épreuve, et il m’était impossible de ne pas la surmonter.
Face à un adversaire de ce niveau, je ne pouvais pas me permettre de laisser la souffrance me distraire.

Tour de Combat n°1 :

Spoiler:

Il s’amuse. Il se gausse. Il s’introduit brièvement dans mon esprit pour m’adresser un message moqueur. Et amplifie le son pénible de ses doigts qui forment l’écho d’une sombre mélodie.
Le duel sera donc autant mental que physique.
Et ironiquement, la malédiction qui m’assaille m’oblige à ne céder à aucune autre diversion. La douleur interne est si forte que rien d’autre que sa morsure lancinante ne peut trouver un passage vers une faille de mon âme.
Le sang a coulé, et il l’a remarqué, bien évidemment. Qu’importe. Je n’ai pas de temps à perdre à tenter de sauver des apparences. J’ai déjà bien assez de mal à maintenir le lien entre mon corps martyr et mon esprit aiguillé par les enjeux.
Mon pantin subit les assauts du sien, et je serre les dents pour encaisser le choc.
Ce duel sera à l'image du contentieux qui lie nos deux factions : violent, brutal, sanglant. La défense n'aura pas sa place. Seul celui qui écrasera l'autre en premier en sortira vainqueur.

Athéna...

Ce nom sonne l'heure de la riposte. Mon esprit combatif s'embrase, alors que le sol gèle de nouveau autour de nos deux pantins au corps à corps. Il veut rivaliser en température avec moi ? Parfait, nous sommes sur mon terrain de jeu.
Ma figure saisit le poignet de la sienne, la repousse de sa gorge et la frappe d'un coup de pied assez puissant pour briser le métal et fracasser la roche. De la glace qui recouvre ses membres se mêle un poison de ma création. La moindre blessure et il se fera un plaisir de corrompre sa structure interne.
Je pousse alors un cri de pur défi, de rage envers le mal qui me ronge. Et de sa paume tendue, mon image fait déferler la poussière de diamant sur notre adversaire commun.
Le temps m'est compté, je le sais. Déjà mes sens se brouillent, tant la souffrance cherche à s'imposer. Mon salut ne se fera donc que par la vélocité. Tuer avant de sombrer dans l'inconscience. Tel est mon défi.

Tour de Combat n°2 :

Spoiler:

C'est bien ce que je craignais.
Face à un adversaire de cette trempe, mon état est un terrible handicap. Mais je ne baisse pas les bras. Jamais.
Son pantin esquive, mais souffre aussi. Mes coups ne sont pas totalement vains. Et je puise dans ce maigre réconfort la force de repousser la douleur qui me nargue. Je n'affronte pas un, mais deux terribles combattants.
Athéna avait-elle conscience de ce qu'elle m'imposait ? Qu'importe, au final. Car je ne peux plus reculer. Mon honneur est en jeu. Qu'il se moque donc, qu'il pianote, foudroie, flambe, se gausse. Je serre les dents et transforme la douleur en esprit combatif. Si je dois tomber, autant le faire en ayant tout donner.
La vision de la nuit dernière me revient aussitôt. Le visage inexpressif, sévère de ma déesse, me jugeant à l'aune de ses exigences. Fouillant mon âme, la mettant au supplice pour trouver l'essence de mes torts, et probablement pour chercher un soupçon de valeur, digne d'un futur et hypothétique pardon.
Le verrou posé sur mon esprit. L'ouverture à un monde de sévices, de tourments, aux cris silencieux de mes frères et sœurs d'armes. Mon cosmos qui vacille avant de s'embraser pour m'aider à supporter cette malédiction. Une sorte de porte ouverte vers une connexion quasi divine. Les immortels sont-ils donc aussi détachés de leurs émotions, afin de se protéger de ce qu'ils pourraient ressentir ? S'ils entendaient les clameurs d'une humanité dont chaque respiration est un mélange de sensations, de perceptions, de souffrance ? La folie n'est qu'à un pas d'un tel lien avec le monde des éphémères.
Je vois son regard. Je lutte contre la déception qu'elle me communique. Je m'élève contre la fatalité et le désespoir. Que ce soit dans ce duel terrible, ou face aux épreuves qui m'attendaient, je ne céderais pas.
Écho de ma volonté, mon pantin se volatilise, et réapparaît sur le coté de son ennemi pour le frapper de nouveau d'une série de coups véloces et meurtriers. Autour de lui, le froid devient immobilisme. La glace surmonte tout et congèle le sol et l'air sur la surface de l'arène.
Et la poussière de diamant revient meurtrir le pantin adverse, paralysant assez ses membres pour amoindrir la mainmise de Zvezdan sur sa structure.
Tout donner. Tout sacrifier. Foncer pour oublier le risque, la souffrance, les remords, la peur aussi.
La terreur que l'enfer de ce quotidien devienne ma nouvelle réalité. A jamais.

Tour de Combat n°3 :

Spoiler:

La vision est atroce.
Un mauvais présage né de l'esprit perverti de l'homme et non du pantin qu'il manipule.
L'aspect festif du tournoi n'est plus, depuis le départ. Face à un tel monstre, je sais me battre pour autre chose que la gloire.
Sans m'en rendre compte, je me relève, le regard focalisé sur nos deux émissaires, qui prennent les coups à notre place. Le sang coule sur mes lèvres, mon menton, mon torse. Mais je l'ignore. La chaleur s'intensifie, et j'y oppose le froid de mon cosmos... Jusqu'à ce qu'une vive douleur ne me saisisse la poitrine, me faisant vaciller sur mes appuis. L'espace d'un instant, je reste paralysé par l'agression, venue du chœur muet mais tangible des miens.
Un traumatisme amplifié par cette vision du Sanctuaire, de mon, de notre maison en proie aux flammes. La culpabilité me heurte, avec la force d'un tsunami. Serais-je le responsable de cet avenir possible, probable ? Mes erreurs, cette peur de perdre ma sœur qui émoussa ma prudence sonnera t-elle la réalisation de ce futur promis par ce triste sire ?
Je tente de me reprendre, mais l'inattention est fatale. Et l’œil éteint, je vois cette image de ma personne imploser, dans un ultime éclat de givre, qui monte vers les cieux.
Je suis défait, vaincu. Mais pas brisé, pas encore.
Ma main s'avance vers mon visage et essuie les traces de sang les plus récentes. Mes yeux se posent sur le liquide carmin qui orne désormais ma paume. Et je la referme. Sans un mot.
Vaincre deux adversaires aussi redoutables était impossible. Je le savais dès le départ.
Étrangement, je ne ressens ni honte, ni déception. Le véritable combat n'est pas pour aujourd'hui. Et s'il advient demain, il ne tient qu'à moi de m'y préparer.
Dans un seul but : protéger les miens de tout mal. Ils souffrent bien assez, je le ressens plus que jamais.
Mon regard empli de détermination finit par se poser sur mon adversaire du jour. Qu'il savoure donc sa victoire. Il ne l'a certes pas volée. Mais elle sera bien la seule que je lui concéderais.
Et alors que mon armure revient se poser sur mon corps, je me détourne et parvient à quitter les lieux d'une démarche assurée, nécessitant toute ma volonté.