Round 2 : Combat n°3 - Endymion vs Célestia

Vous posterez à la suite pour le combat.

Les gradins résonnaient du brouhaha d'un public curieux et allègrement demandeur de spectacle. Les rumeurs avaient fait état d'un duo plus qu'original en matière de combat lors de la première manche, lequel devait maintenant s'opposer dans ce qui promettait d'être un divertissement passionnant.

A l'annonce de leurs noms, Célestia avait grimpé les marches menant à son balcon d'une démarche digne et concentrée. Si l'incident avec la lance d'Aoife l'avait laissée songeuse, voire même amère et sa victoire sans éclat, rien n'y paraissait sur son visage. Sa résolution était toujours la même : briller, pour que les Oracles en fissent autant. Gagner ou perdre n'avait aucune importance tant que l'Art faisait partie intégrante du combat, et Merhelyn pourvoirait à merveille à ce poste.

De l'autre côté de l'arène cette fois, elle aperçut le Marina. Elle salua Endymion d'un signe puis se dirigea vers le pantin qui serait aujourd'hui son seul partenaire. Comme la première fois, elle y imprégna son cosmos et dessina la silhouette de l'homme grand, agile et puissant paré de ses plumes comme d'une chevelure, le regard d'or pétillant de malice.

Spoiler:

"Heureuse de te revoir, mon ami.
-Et moi donc, maîtresse !"

Une fois équipé de la chlamyde de l’Été, le pantin entra dans l'arène, dansant presque d'impatience d'un pied sur l'autre, avant de s'incliner devant le maître des cartes.

"Un plaisir de vous revoir, Général ! Mais malgré la sympathie que nous vous portons, nous ne pouvons nous permettre de vous faire de cadeau. Nous espérons que vous comprenez et... que vous partagerez avec nous la victoire ou la défaite, autour d'un bon repas ce soir. Qu'en dites-vous ?"

Combat amical

Ah, enfin le second tour !
Après une nuit de pure débauche, manière d'évacuer le non-stress, j'avais rapidement gagné les gradins de l'arène, quelques cernes sous les yeux, mais un sourire radieux aux lèvres.
Déjà mes groupies scandaient mon nom, avant de me gratifier de moult œillades, jets de fleurs et sifflements d'encouragement. Je m'inclinais devant eux, avant de leur envoyer un baiser dans le vent.
Mon adversaire du jour était déjà présente, et me salua avec bienveillance.
Après un duo parfait, espérons un duel de même qualité.
Je la saluais d'un rictus charmeur, avant d'expédier mon cosmos dans le pantin, qui prit aussitôt mon apparence.

Oh, mais quelle délicieuse idée ! De toute manière, vous comme moi ne souffrons d'aucun mauvais esprit, et nous saurons faire la part des choses. Que le ou la meilleure gagne ! Offrons un spectacle inoubliable à notre public !

L'enjeu était de taille, que ce soit du point de vue de Celestia ou du mien.
L'oracle avait besoin de prouver à tous que son peuple n'était pas aussi affaibli qu'on le pensait, et que bien mal avisé serait celui qui sous-estimerait les enfants d'Apollon.
De mon coté, la priorité était plus personnelle... Les Atlantes n'avaient pas besoin de moi pour bénéficier d'une réputation solide. Mais j'avais nécessité de montrer mes talents, pour obtenir une faveur attendue. Et éviter qu'on me poignarde dans le dos.

Entrons dans la danse

Cher petit ange, il est temps de te confronter à ta destinée…
Il était bien plus agréable d’affronter une personne estimable, dans ce type de tournoi, plutôt qu’un ennemi viscéral. Moins de passion, de colère, de rage. Et davantage de spectacle et surtout de plaisir !
Je connaissais déjà les indéniables talents martiaux de Celestia, et j’allais donc devoir la prendre au sérieux pour espérer l’emporter. Premier avantage : ma réactivité.
En l’espace de quelques secondes, je choisis ma stratégie, parmi celles que j’avais visualisé au préalable, et portais le coup initial.
Maître de mon art, homme d’apparence et bien décidé à en mettre plein les yeux au public, je déployais mes tendres amies, qui vinrent sur mon claquement de doigt, danser autour de ma personne.

Entrons dans la danse… Quel sort te réservent donc les astres ?

Frapper vite et fort n’entrait pas dans mon intérêt. Foncer tête baisée risquait d’épuiser mes forces inutielement. Car je savais que Celestia disposait de solides défenses. Et que la moindre erreur me serait renvoyée plus durement encore. Face à elle, je devais jouer sur le long terme, l’épuisement. Tant moral que physique ou cosmique. Et c’était là un domaine dans lequel j’excellais.
Une pensée, un rictus narquois et deux arcanes jaillirent de la valse pour prendre forme, à mes cotés. Et alors qu’ils déployaient leurs forces respectives, une troisième carte, nimbée de ténébres, vint se ficher entre mes doigts.

Par respect pour toi, je n’ai pas user de cet atout lors de notre précédent affrontement… Mais maintenant que nous sommes adversaires, je ne vais pas m’en priver.

Retournant la figure face à Celestia, pour qu’elle puisse en discerner le motif, j’embrasais la noirceur contenue en son sein. Aussitôt, une sinistre faucheuse apparut dans un recoin de l’arène. Sinistre, délicieusement glauque lorsqu’elle pointa de son doigt cadavérique ma cible.

Nul ne peut se soustraire à l’appel de la mort…

Et une atmosphère pesante vint ponctuer ma sentence. A toi de jouer, ma belle Oracle…

Tour de Combat n°1 :

L'avatar observa avec un certain amusement les cartes se déployer sous l'impulsion du Général, comme un magicien jouant de son habileté pour faire croire à son public que certaines disparaissaient et qu'il les retrouvait. Il s'accroupit sur le sol, dans une posture presque animale qui lui permettrait, dès le moment où il repèrerait une ouverture, de se déployer et engager le corps à corps. Mais en attendant, il était attentif aux noms et aux symboles sur les cartes. Il devait faire attention au Chariot, par exemple.

"Ce ne sont pas les astres qui décident si c'est toi qui les manipules."

Devant les deux formes se dessinant face à lui, Merhelyn fit son choix. La première eut tout bonnement affaire à une image rémanente de lui-même tandis qu'il s'élançait comme une flèche en ignorant la deuxième : l'ouverture lui laissait peu de temps d'action, alors il s'engouffra dans la fenêtre sans perdre de temps.

Sans fioritures, il plaça pieds et poings en un enchaînement allant à l'essentiel. Le coup final, parce qu'il fallait aussi penser au public et à la vitesse des coups portés, vit ses deux paumes plaquées sur le torse du pirate, puis une décharge d'énergie lui traversant le corps pour le repousser en arrière sur une bonne distance, manière de se remettre en garde. Il s'inclina dans l'une de ces révérences que le Dragon des mers aimait tant adresser à ses fans, puis remarqua que la Mort avait réussi à s'enrouler autour de lui dans la mêlée.

***Qu'est-ce ?
-On dirait comme une sorte de filet de cosmos qui aspire doucement mon énergie.***

L’Éminence de l’Été acquiesça pour elle-même sur son balcon. De ce qu'elle pouvait percevoir, cette présence s'étendait à toute la zone de combat. S'il l'avait utilisée précédemment, il était possible que même en tant qu'équipière elle eut été touchée. Donnant ainsi une opportunité supplémentaire à Silas et Aoife. Voilà qui était intéressant, il s'était bien gardé de lui dévoiler tous ses atouts, mais elle aussi.

"Merci de votre prévenance Endymion, j'apprécie grandement. En tant qu'alliée ou en tant qu'adversaire : pour m'avoir évité un handicap, et pour me prendre au sérieux maintenant. Nous ferons au mieux pour vous rendre la pareille."

Destinée

Spoiler:

Le combat commence à peine que déjà le public nous gratifie de moult cris d’encouragements et autres acclamations. Autant pour l’un que pour l’autre.
Tout sourire, je vois le pantin adverse profitait d’une brève fenêtre d’action pour se ruer sur le mien, avec une vélocité digne du talent de Celestia.
Aussitôt, quelques cartes viennent s’interposer afin de me protéger un minimum, et malgré la projection en arrière, mon autre moi entame une gracieuse roulade pour revenir se planter sur ses pieds.

Oh, oh, cela devient électrique entre nous ! J’aime ça ! Pimentons un peu le jeu...

Un signe de main envers ma faucheuse et cette dernière plante son arme de mort au sol, manière d’amplifier la morsure de son aura délétère. De quoi affaiblir un peu plus mon adversaire, alors que je me renforce moi même.

Allons… Je ne manipule pas les messages des astres, mais uniquement leurs images. La destinée est immuable. Et mes chers esprits me fournissent ses échos.

Un claquement de doigts et deux nouvelles figures viennent s’interposer entre le pantin de Celestia et le mien. Alors que le magicien projette un rayon de sorcellerie pure, le pendu se volatilise pour saisir le premier membre venu de ma proie, et l’attirer dans les ténèbres. Un voyage dont on ressort rarement indemne.
Pour avoir bravement combattu côte à côte, Celestia et moi connaissons bien les arcanes et atours de chacun. Du moins, une partie… La surprise ne sera donc pas le facteur déterminant de ce combat. La stratégie, l’endurance, et le mental, par contre…
Avant de rejoindre sa carte, le thaumaturge me baigne d’une aura obscure, prélude aux coups à venir. Le ballet ne fait que commencer…

Tour de Combat n°2 :

"La destinée..."

Elle secoua la tête avec un sourire. Si un peuple pouvait changer la destinée, n'était-ce pas précisément celui des Oracles ? Grâce au regard d'Apollon, ils avaient déjà agi sur l'Histoire, et ils recommenceraient. Il s'agissait là d'un fardeau que portaient les Pythies depuis des centaines d'années à en croire les mythes, et avoir vu Esmelia à l’œuvre confortait le Héron dans cette hypothèse. D'autant plus que sa propre existence, loin des contingences humaines, n'aurait même pas dû se poursuivre si longtemps. Marcus avait été clair sur ce point : les homonculi ne devaient pas durer. Et pourtant elle était là. Et pourtant les Oracles continuaient de se battre, d'explorer les futurs pour encourager ceux où les Hommes brilleraient le plus, longtemps, et s'élèveraient.

"Nous n'aurions pas de choix si tout était déjà écrit. Je pense pourtant que nous en avons. Et que les échos de tes cartes sont des messages que les dieux veulent bien te laisser écouter."

Les plumes de Merhelyn volaient en tous sens tandis qu'il dansait à sa manière avec le Magicien et le Pendu, se rapprochant inexorablement de leur maître tout en offrant une prestation de pur athlète aux spectateurs. Parvenu à son niveau, il les utilisa comme des lames afin de découper les cartes apparues jusque-là, bien qu'il soupçonnait Endymion de pouvoir les recréer à sa guise -preuve que "la destinée" n'avait besoin que de cosmos pour avoir l'air réelle.

***Il n'utilise que ses cartes. A ce rythme il...
-Je sais, doux ami. Il te prive d'une partie de ton art volontairement.
-Il faut lui faire jouer les deux autres, c'est bien cela ?
-Fais au mieux. Je sais que je te demande beaucoup.***

L'avatar sourit, déploya les ailes du Héron et décolla d'une unique extension des jambes pour se retrouver au-dessus de l'arène. En quelques secondes il se mit à luire d'énergie, puis piqua vers le sol. Le point d'impact de ses poings souleva le sable dans toutes les directions, et il espérait que la Lumière finirait par anéantir la carte de la Mort, lui laissant les mains libres pour un assaut continu par la suite.

***Merhelyn...
-Oui ?
-Je suis fière de toi, depuis le début. Ne te soucie pas de perdre ou de gagner. Tu sais que ce n'est pas l'objectif.***

Hello par ici, petite intervention pour se pencher sur un léger souci à revoir.

Monde des esprits

Plumes contre cartes.
Le duel reste avant tout esthétique pour le public, mais les coups échangés sont assurément mortels.
Et nous dansons au rythme d'une musique composée de nos pas, de nos esquives, du tumulte des assauts cosmiques. Son et lumière garantis !

Même les dieux ne peuvent se soustraire au fil du destin... Ta vision du libre arbitre est séduisante, j'en conviens. Mais pour moi, qui suis spectateur de bien des futurs depuis que je maîtrise cet art, je reste convaincu que notre seul mouvement reste dans la limite de la chaîne qui entrave nos membres.

Renoncer, c'est choisir.
Choisir, c'est aller là où le vent nous pousse. Et très rares sont celles et ceux assez téméraires pour se risquer à aller contre son souffle. Les individus, dieux ou mortels, capables de défier le destin sont des exceptions. Et j'en connais assez pour savoir la teneur des sacrifices que leur vaut ce choix.
Je me revois allongé sur le pont d'un navire que je peine à considérer comme le mien, en cet instant. La nuit est le linceul de mes larmes, le roulis des vagues me berce. En vain. La mort a frappé l'éclat le plus ardent de mon existence, me privant de son rire, de ses cris, de l'espoir qu'elle portait. Du sel qu'elle savait répandre sur une existence parfois trop fade. La destinée était à ce point cruelle ? Ses mauvais choix étaient-ils réellement de son initiative ? Son lien avec un saint, leur enfant impur... Tout cela l'avait mener au trépas. Me laissant seul et abandonné sur ce bâtiment dont je pouvais légitimement pendre possession. Autour de moi, mes cartes volaient pour me délivrer mille messages obscurs. Et dans un accès de rage dû au deuil insoutenable, j'avais laissé embraser mon cosmos, lançant un appel dans les tréfonds du monde des esprits. En vain. Et cette colère muette est encore ardente en moi.
L'ange s'approche, prêt à frapper, s'élève, luit d'énergie et fonce en piquet sur moi. Quelle beauté... Esquiver n'est pas envisageable. Mais... D'un appel de ma main, mes fidèles amies viennent former un bouclier de papier cosmique, qui absorbe une bonne partie de l'assaut. Alors que mes forces se régénèrent encore, sous l'effet des astres.
Et la Mort commence à faiblir. Elle frappe un dernier coup de sa faux et se volatilise. Elle a parfaitement accompli sa tâche.

Je me régale... Brille, brille, brille encore ! Montre-moi si ton éclat surpassera mes ténèbres, avant de se faner !

Un mouvement de bras, et Justice flanquée de mon étoile fusent à nouveau. Un rayon obscur, une course étincelante se conjuguent pour frapper le héron magnifique. Et déjà, je sens mes blessures se refermer.
Plus que nos corps, ce sont nos cosmos qui feront la différence. Les brûlures de lumière céleste me consumeront-elles avant que leur effet ne soit réduit à néant par l'essence de mon lien avec le monde des esprits ?

Tour de Combat n°3 :

La Mort avait enfin fini par s'effacer tandis que sans surprise la Tour de Babel était intervenue pour éviter des dégâts trop importantes.

***Et d'une.***

A sa pensée résonna l'écho d'une satisfaction toute enfantine. La tactique de l'être ailé pour pousser son vis-à-vis à utiliser ses atouts fonctionnait, atteignant petit à petit son nouvel objectif. Libéré de la peur de la décevoir, il retrouva un sourire éclatant que le visage de porcelaine de la nymphe refléta sous le soleil tamisé de Camelot.

Visiblement Endymion s'amusait tout autant et savait lui aussi ce que cherchait à faire l’Éminence. Ils étaient comme deux joueurs autour d'un plateau d'échecs, à essayer de faire durer la partie sur le nombre de coups plutôt que de prendre directement le roi adverse. Une Reine face à un Roi, maniant respectivement leurs Cavalier et Fou.

***Vous souviendrez-vous de moi, après ?
-Si je ne puis emporter ce corps qui t'a servi de base, j'aurais au moins toujours ces souvenirs avec moi. Et tu peux me croire, je n'oublie pas facilement.***

Il y avait, après tout, plusieurs mémoires dans son esprit. Celles des Gardiens et Gardiennes qui l'avaient précédée, créés, comme elle, des propres mains d'Apollon. La sienne qui se contruisait encore au fil des jours et des années. Même si les détails s'estompaient, elle se souvenait par exemple de Lytès, de Liao, ses premiers Eveillés, de la villa romaine où le jardinier l'avait trouvée un beau matin recroquevillée dans l'herbe alors que sa texture de statue avait été remplacée par la chair et le sang d'une humaine, pas si humaine.
Elle se souvenait de coups reçus à la force des poings, sur le tranchant d'une lame ou les explosions de cosmos. De larmes versées pour des amis et des proches. De la joie d'un moment simple partagé dans les jardins de la Tour, au port d'Ostie ou sous le regard des pauvres dans une église. Elle se souvenait des arbres qu'elle avait plantés et aidé à pousser en toutes saisons, des bêtes qui venaient se nicher dans les replis de robe pour l'écouter chanter.
Un jour Adalrik avait même placé une part de ces souvenirs, sous la forme d'une écorce dont elle s'était aidée pour pallier à son mutisme, à l'intérieur du diamant qu'il lui avait offert longtemps avant. Pour que toujours elle se rappelât qu'il fallait prendre soin des bourgeons parfois loin de leurs branches natales. Et ce diamant, aujourd'hui brillait sur la chlamyde du Héron, que son pantin arborait.
Merhelyn était en quelque sorte une somme de ces souvenirs, tout en étant un reflet d'elle-même, choisi entre plusieurs possibles, plusieurs nuances, plusieurs "destinées" qu'aurait pu apercevoir le Général en face d'eux. Alors, comment l'oublier ?

***J'essaierai de te dessiner. Ou je demanderai à Esmelia de le faire si elle regarde ce combat. De cette façon, tu ne disparaîtras jamais vraiment. Et j'encadrerai ce dessin à la nouvelle Tour.***

Un frisson parcourut les plumes de Merhelyn pendant qu'il suivait le fil de leurs pensées. Le bonheur d'avoir pu naître, seulement quelques heures, d'une main aussi lumineuse. Le même bonheur que Célestia éprouvait à l'encontre de son dieu, de son père.

Alors, galvanisé, il s'élança une nouvelle fois vers la Justice, laissa la pluie d'Etoile le frôler sans jamais le toucher, puis dansa avec le cartomancien dans un ballet tranchant. Cette fois, son ouverture se traduisit par une flexion nette des jambes, dont il utilisa la puissance motrice pour remonter sous la garde d'Endymion et faucher ses appuis. Au sol, il l'immobilisa à califourchon et projeta une nouvelle décharge de pouvoir à travers son corps.

"Je vais briller, et te faire ressentir ma Lumière jusque dans tes os ! Si seulement tu en avais."

Un sourire, moqueur, joueur. Rayonnant.

Tic-Tac

Spoiler:

Le dos contre le sol sableux de l'arène, mon double offre un rictus hilare à son vis-à-vis angélique.

Tic-tac... Tic-Tac...

Et la lumière ne rencontre que des volutes d'ombres, alors que mon clone se fond dans les ténèbres, comme happé par la main d'un cavalier, dont le cheval lance un hennissement sonore, en guise de moquerie.
Le sinistre attelage libère ma copie, qui vient flotter légèrement au dessus du terrain.

Comme le temps passe, n'est-il pas ?

Tels les anneaux sinueux d'un serpent de papier, mes cartes viennent former une sinistre figure autour de ma copie, avant de prendre l'apparence d'un cadran, dont l'aiguille se dirige dangereusement vers minuit.

Tu t'épuises, mon bel ange de lumière ? J'espère que non, car je suis encore loin d'avoir mordu la poussière. Les âmes me nourrissent... Et je pourrais danser toute la nuit durant en ta si belle compagnie ! A moins que tu ne songes à... disparaître ?

D'un regard délicieusement empli de tendresse, je vois le magicien et le pendu retourner à l'assaut. Sans que l'aura régénératrice qui me nimbe ne baisse en intensité. Car ainsi va la perfidie de ma force. Vampiriser l'énergie du monde des esprits pour mieux me préserver de la morsure des coups des vivants.
Je ne suis pas qu'un cartomancien, victime de la nuée d'aléas des discours obscurs des astres. Je suis un pont entre eux et nous. Les ténèbres sont mon terrain de jeu, mes compagnes. Depuis toujours, elles rodent dans mon cœur, et me gardent de tout mal. Ce qui ne m'empêche pas d'apprécier la clarté de si beaux êtres. Celestia m'éblouit par la pureté de son âme. Mais cela ne suffira pas à repousser l'ombre que je suis.

Tour de Combat n°4 :

Et voilà que le Chariot arrivait, après s'être fait attendre comme un prince. L'avatar ne put empêcher son regard de devenir féroce. Les cartes se déployaient encore et encore, mais l'illusionniste avait choisi là un terrain qui n'était pas le sien.

"Je ne suis pas encore vaincu non plus, Dragon ! Tu as du talent, je l'avoue, mais dans le ciel tu ne pourras terrasser un oiseau !"

Il ne demanda pas la permission, parce qu'il savait l'avoir.
Il ne demanda pas le pardon, parce qu'elle pardonnait déjà.
Il ne demanda rien, car ce que son bref temps de vie lui permettait, il en ferait le plus beau spectacle que ces gens aient jamais vu.

Le Marina reconnaîtrait sans mal le halo d'énergie qui l'enveloppait à nouveau, accompagnant une hausse de cosmos significative. Vu d'en haut, l'effet en était encore plus saisissant avec le sable qui semblait fuir loin de Merhelyn, comme repoussé par sa simple présence. Il déploya les ailes de sa chlamyde en grand, offrant aux regards mille reflets de lumière d'or et d'or blanc courant de plume en plume. Déjà les deux cartes fusaient vers lui, sans réaction de sa part.
Depuis le balcon, Célestia se préparait à l'impact qu'elle savait rude. Mais elle tiendrait bon, encore, ainsi qu'elle l'avait fait à chaque mission jusque-là. Elle donna mentalement le signal du décollage, très exactement quand les cartes seraient sur le point de disparaître et avant que le pirate pût en former de nouvelles. Et son avatar disparut.

Personne ne sut où regarder, jusqu'à ce que le pantin d'Endymion se mît à exécuter de drôles de gestes, ponctués par moments d'éclats lumineux. En vérité, déjà à l'ouvrage, la création aviaire le propulsait vers le haut, de plus en plus, interdisant toute occasion de retomber sur ses pieds ou de se concentrer sur une carte. Bientôt les spectateurs devinrent à leurs yeux aussi petits que des rongeurs, mais ils n'y voyaient rien, pas plus que les Dormeurs à l'extérieur de l'arène, tant la vélocité de l'avatar avait crû de façon démesurée. Lacérant à l'aide ses cheveux-plumes ou écrasant à la force de ses poings et ses pieds, Merhelyn causait des dommages que même le lien ténébreux du cartomancien mettrait du temps à soigner.
Ils ne réapparurent un bref instant que lorsque le pantin sentit le sort arriver à son terme, et fut contraint de retourner vers le sol afin de pas attirer une attention extérieure. Il joignit les mains et frappa de toutes ses forces sur la pauvre carcasse, avant de la suivre pour venir l'écraser encore sur la surface du terrain, faisant trembler celui-ci au passage.

En se relevant, il constata que de nombreuses plaies le couvraient, que son sang coulait abondamment, même s'il disparaîtrait avec sa propre existence à la fin du temps imparti. Il jeta un oeil vers le balcon où Célestia avait été forcée par la douleur de poser genou à terre. L'empathie de leur lien l'avait mise à mal, mais elle le rassura d'une pensée sur son état de santé, avant de se relever et prenant appui sur la rambarde.

"Pas d'ombre sans lumière, Endymion. Si je tombe, toi aussi. Ce n'est qu'une question de temps, comme tu dis."

La faim du dragon

Spoiler:

Oui, c'est ça ! Frappe, donne tout ce que tu as avant de t'éteindre !
Offre moi ce spectacle auquel j'ai droit, avant que je ne souffle sur tes cendres...
Hilare, ébloui par la riposte, je laisse mon pantin goguenard encaisser le choc, qui le propulse plusieurs mètres en arrière, creusant même un petit cratère dans le sol de l'arène. Il ne fait pas les choses à moitié, et c'est un faciès, copie du mien, abîmé mais toujours diablement souriant qui s'adresse à mon adversaire fictif mais aussi de chair.

A mesure que les secondes passent, tes forces s'amenuisent. Je le sens... Ta lumière brille de mille éclats mais commence à vaciller... Une chandelle prête à être soufflée par mes bons soins. Alors que mes ténèbres, eux...

Sans retenue, je laisse mon cosmos s'intensifier, pour répandre un brouillard de mort dans l'enceinte stricte de notre terrain de jeu. Que Celestia ou sa créature tende l'oreille, et les voix étouffées des chants de mes esprits retentiront dans le lointain. La sombre mélopée des âmes damnées, prisonnières de ma toile.
Et déjà, le combat touche à sa fin. Moi qui n'ait même pas eu l'occasion d'offrir la quintessence de mon art à la vue du public... Quel dommage.

Tu as combattu vaillamment. Et je n'en attendais pas moins ! Mais... Même toute l'ardeur de ta lumière n'aura su me faire vaciller, aujourd'hui. Tu n'as pourtant pas démérité... Vraiment, quel plaisir de combattre un tel talent !

Je m'amuse comme un petit fou. Et je tiens à ce que Celestia le sache. Ses qualités sont réelles, et je défie quiconque d'en douter. Pourtant, le dragon des mers est encore vigoureux.

Une dernière valse, mon bel ange ?

Chef d’orchestre, je tends les mains et amplifie le mugissement des vents ténébreux, alors que l'étoile et la Justice reprennent le chemin du combat. L'usure, telle est mon credo. Et une nouvelle fois, cette tactique a porté ses fruits. La créature de Celestia va t-elle user une dernière fois de sa vélocité pour se soustraire à mes bons sires ? Ou donnerait-elle un ultime coup ? Dans les deux cas, ma régénération se poursuit insidieusement. Chaque seconde est source de vitalité. Car le Dragon a toujours faim.

Il y avait eu des erreurs, oui. L'exercice de canaliser son énergie, et un fragment d'âme en quelque sorte, dans ce pantin avait été fort enrichissante pour la fille d'Apollon. Mais plus que se battre pour gagner, elle avait atteint bien d'autres objectifs en participant à ce tournoi. Rencontrer plusieurs combattants émérites, d'allégeances différentes. Décharger un peu de la colère et du trop-plein de puissance qui commençaient à écraser son âme depuis plusieurs semaines. Montrer au monde que le Soleil était loin d'avoir fini de briller. En apprendre plus sur le lien créateur-création, indirectement, pendant que son regard couvait un Merhelyn éphémère.

"Aussi petite soit la chandelle, elle brûle toujours."

Elle avait entendu, en se renseignant sur les résultats des combats précédents, que certains pantins avaient explosé ou été abattus avant la fin du temps imparti, de la même façon qu'Aoife avait volontairement infligé des dégâts létaux au sien pour mettre fin à la joute. Au moins pouvait-elle se targuer ici que Merhelyn tenait bon jusqu'au bout. Une victoire en soi.

"Merhelyn, il est temps que tu cesses de souffrir. Il est temps pour nous de créer un sanctuaire qu'aucune ténèbre ne pourra ébranler. Regarde bien Endymion."

L'atmosphère changea, sans qu'on sut dire exactement comment ni pourquoi. Toujours, cette nymphe qui rayonnait de sa lumière solaire. Toujours, le pantin qui en était le destinataire privilégié. Mais cette fois-ci l'énergie dégageait une pure sensation de paix et de bienveillance, et elle s'étendit non pas vers le Dragon des mers, mais plutôt dans le sol, dans l'air, dans le cosmos des cartes elles-mêmes.

"Ô Muses, voici votre dû."

Dans un accord harmonique absolument parfait, Célestia et son double aux yeux d'or entonnèrent le même chant, dansèrent les mêmes mouvements, véritable hymne à la vie et à la sérénité.

You are the ocean's gray waves, destined to seek
Life beyond the shore just out of reach
Yet the waters ever change, flowing like time
The path is yours to climb

In the white light, a hand reaches through /// In endless dreams, countless realms collide
A double-edged blade cuts your heart in two /// Hope falls only to rise like the changing tide
Waking dreams fade away, /// But all dreams come to an end,
Embrace the brand-new day /// Just whispers on the wind.
Sing with me a song of birthrights and love /// Sing with me one last time, for light's sacrifice,
The light scatters to the sky above /// Endless dawn came but not without a price,
Dawn breaks through the gloom, white as a bone /// Lost in the waves there glimmers a pale blue stone.
Lost in thoughts all alone /// I think of you, all alone.

You are the ocean's gray waves, destined to seek
Life beyond the shore just out of reach
Yet the waters ever change, flowing like time
The path is yours to climb

Sous les pas du pantin, on vit peu à peu apparaître un cercle d'herbe et de fleurs, grandissant à vue d’œil. Le sol que l'on pensait stérile, du fait de tout le sable dont on avait recouvert l'aire de combat, se mit à déborder de fertilité. C'était une tache de printemps au milieu des derniers vents d'hiver, qui s'étendait un peu plus au fil des mesures et des pas de danses. A l'extrémité de l'arène, une partie de cette végétation prit la forme de lierre grimpant, enroulé autour des colonnes de soutènement, dont les bras se tendaient vers la belle nymphe déjà debout sur la rambarde pour les accueillir.
En l'espace d'un chant, la flore avait envahi près d'un tiers de la surface de combat et pacifié les dernières cartes, l'aura ténébreuse qui tourbillonnait autour d'Endymion réduite à peau de chagrin. Ainsi qu'elle l'avait annoncé, Célestia venait de créer une zone neutre, dévolue à faire cesser la violence et le sang versé. Une manœuvre qu'il lui avait été impossible d'entreprendre auparavant, Silas et Aoife arborant des auras bien trop différentes pour pouvoir façonner une réponse à leurs envies d'en découdre.

Lorsque les plantes cessèrent de pousser et le chant de résonner, Merhelyn s'inclina largement. Les Ligures venaient de sonner la fin du combat, le temps pour les derniers élans de s'achever. Le public se leva pour applaudir, avant même de savoir qui gagnait.

"Félicitations. Ce fut un plaisir et un honneur. Et n'oubliez pas la promesse à Célestia. Ce dîner bien mérité."

Endymion est qualifié pour le Tour 3 du Tournoi !

Re: Round 2 : Combat n°3 - Endymion vs Célestia

» Round 1 : Combat n°3 - Celestia & Endymion vs Silas & Aoife
» Round 2 : Combat n°1 - Liv vs César
» Round 2 : Combat n°4 - Niddhog vs Yvan
» Round 2 : Combat n°2 - Zvezdan vs Kilian
» Round 1 : Combat n°1 - César et Liv vs Taym et Paros

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