Round 1 : Combat n°3 - Celestia & Endymion vs Silas & Aoife

Le moment d’entrer en scène était finalement venu. Autour de l’organisation du tournoi, le plus grand mystère avait été laissé. Tout au plus les participants savaient-ils que les premiers combats verraient se confronter deux binômes. Quant à savoir qui seraient ces derniers, aucune information n’avait fuité, jusqu’au moment de se présenter dans ces balcons singuliers où chacun verrait s’animer une marionnette pour harmoniser la puissance de chacun. D’évidence que l’adresse martiale était préférée à la puissance brute pour décider d’un vainqueur. Une particularité qu’Aoife ne dénigrait pas, car elle pouvait avoir intérêt à ne pas découvrir aux yeux du monde ses facultés. Cet homme en particulier ne devait pas observer son évolution…

Une personne venait expliquer le fonctionnement de ces poupées de combat. Ainsi, il était possible d’y donner une forme originale ? Une possibilité qui n’intéressa pas Aoife outre-mesure. Aussi donna-t-elle à sa marionnette une forme la plus fidèle à son apparence originelle. Ainsi, sur le sable de l’arène, les spectateurs verraient-ils apparaître une femme à la longue chevelure de jais, les prunelles noires. Une profonde cicatrice marquait son visage, comme si dans sa vie, elle avait manqué d’être coupée en deux. Elle portait des habits conciliant légèreté et résistance, le tout recouvert par un ample manteau encapuchonné. À sa main droite, elle tenait une lance dont la lame était aussi longue qu’une épée courte.

Jetant des œillades sur son environnement, elle ne trouva aucun élément de décor permettant d’en jouer pour prendre l’avantage. En cela, les conditions de combat étaient bien éloignées de la réalité, adaptées pour le grand divertissement. Chose qui lui passait par-dessus l’épaule. Se tournant vers le partenaire qui lui avait été attribué, elle lui adressa quelques mots.

– Mon nom est Aoife. Ici, nos vies sont liées.

Lacunaire, il était inutile d’en dire plus pour le moment. L’espace de ce combat, peu importe l’allégeance de l’un et de l’autre, les deux combattants devraient se faire confiance. Serrant la poigne sur son arme, quelque chose couvait en elle. Si elle échouait ici, alors contre lui, elle n’aurait jamais aucune chance…

Spoiler:

Tandis que son allié du tour s’occupait de discuter avec les adversaires, Aoife prenait le temps de jauger ces derniers. Le premier homme avait une allure exotique, dénudé et emplumé, à se demander d’où il venait. Célestia était son nom, d’évidence. Celui qui l’accompagnait avait son élégance, mais donnait moins l’impression d’être présent pour combattre. À bien y regarder, les deux s’étaient avancés avec la plus grande légèreté, donnant à voir des signes d’amusement. Prenaient-ils cela pour un jeu ?

En parallèle, son partenaire signifia clairement qu’il connaissait leurs opposants. Des amis ? Le monde s’était décidément fort assagi depuis cette époque… En outre, rien qui ne mérite particulièrement d’attention, jusqu’à ce que le nom de Cathbad fut énoncé. Sitôt, la jeune femme éleva vélocement sa lame au niveau de la gorge de cet « allié ». Pendant un instant, les spectateurs crurent que ces deux personnes étaient en fait des ennemies, et qu’une décapitation suivrait. Pour ainsi dire, un rien avait retenu Aoife dans son geste, jetant sur Silas un regard enragé, le visage glacial.

– Peu m’importe ce tournoi… si tu profères à nouveau pareille injure, je viens te chercher dans ta loge pour te trancher les membres et t’arracher les viscères jusqu’à ce que tu te vides de ton sang ! C’est bien clair ?!

Les prunelles noires tremblant dans ses orbites, du sang commençait à perler de sa balafre au visage. Serrant son arme de toutes ses forces, la lancière se contenaitt au possible. Fermant les paupières, elle finit par prendre une grande bouffée d’air afin de sortir de sa crispation et recouvrer un peu de son calme. En même temps, elle baissait son arme. Cela avait laissé le temps à un animateur du tournoi d’annoncer les noms des différents participants. De ses dires, Aoife représentait le Connaught. Rouvrant les yeux, elle adressa un regard plus tranquille sur Silas.

– Je me suis emportée, mes excuses. Cela ne se reproduira plus. Concentrons nous sur nos adversaires, si vous voulez bien.

Revenant sur ses opposants, il ne restait plus qu'à attendre le signal censé déclarer le début des hostilités. Aussitôt que cela fut fait qu’Aoife avait déjà disparu de sa position pour arriver à toute vitesse en direction des deux opposants. Son adresse à la lance faisait que la trajectoire ne saurait être anticipée de manière intrinsèque, d'autant plus qu'une onde de choc l'accompagnait dans sa charge qui la portait directement sur Endymion. Une attaque si redoutable que Célestia pouvait se rassurer de ne pas être ciblée. Hors, tandis que le tranchant de sa lance atteignait déjà Endymion, le geste horizontal d'Aoife ne s'arrêtait pas et continuait en direction de l'homme emplumé. Ce dernier pouvait entendre un sifflement à l'oreille, signe d'un danger imminent.

Tour de Combat n°1 :

Endymion - Attention, les valeurs d'attaque dans l'onglet sysco à droite de la page du forum ne sont pas à jour ! Petit oubli de notre part, on y remédie sous peu, mais en attendant, référez vous directement aux topic dans la partie Système pour tout, elle est 100% à jour de son côté.

Un petit edit rapide de ce côté pour appliquer les nouvelles valeurs s'il-te-plaît Endy, et vous pourrez enchaîner. Désolé pour le manque de vigilance de notre part !

Jetant un regard sur sa main armée, Aoife ne remarqua pas de changement, signe que le nommé Endymion ne s’était pas laissé avoir par sa charge surprise. Non pas qu’il en soit sorti indemne, mais cette copie de papier avait eu le mérite de la prendre de court. Quant à la provocation qui avait précédé ce mouvement audacieux, elle n’était pas tombée dans l’oreille d’une sourde. Sitôt, le Marina de se précipiter en direction du suivant d’Athéna. Partant de son commentaire galant pour justifier qu’il ne rende pas le coup qu’elle venait de lui adresser, il investit beaucoup d’énergie à frapper son ami avec ses cartes.

Alors quoi, il jugeait qu’elle était trop faible pour mériter qu’il réplique à son offensive ? Cette attitude pouvait l’agacer à juste raison. Mais, prenant sur elle, son attention s’attarda cette fois sur le nommé Célestia qui était resté en retrait pendant ce cours échange. Selon toute vraisemblance, le duel s’était dessiné de lui-même. Ce qu’elle crut. Seulement, sa charge visait un endroit qui permit à Aoife d’anticiper un coup dévastateur. Si tous ici semblaient la mésestimer, ils regretteraient de négliger son expérience du combat qui l’avait tenue en vie si longtemps. Aussi, d’un bond véloce, se déporta-t-elle entre l’homme emplumé et son allié.

Bien consciente que la déflagration qui suivrait ne lui permettrait pas de dévier le coup, elle ne chercha pas à outrepasser la lumière pour se protéger parfaitement. D’un geste vif, Aoife planta sa lance au sol pour constituer autour d’elle un dôme défensif qui empêcherait à cet homme d’intervenir dans la confrontation entre Endymion et Silas. Des brûlures venant mordre sa chair, la femme taciturne serra les dents, se refusant à lâcher prise. En cet instant, une rage enfouie remontait pour lui donner l’énergie de tenir bon, ce qui passait par un hurlement de fureur.

Quand prit fin cette explosion de puissance, la balafré ne se reposa pas sur sa vision devenue trouble. Toute entière concentrée sur le relâchement de cosmos que produisait Célestia dans ses déplacements, elle se rendit compte que la cible qu’il choisit était une fois de plus ce Saint. Grimaçant, Aoife se précipita de plus belle pour s’interposer et prendre les coups à la place de son allié de fortune. Des craquements pouvaient s’entendre à chaque frappe. Une douleur qui n’était que vétille à côté de ce que cette ordure lui avait infligé ce jour là…

– Ainsi, c’est à ce jeu là que vous voulez jouer…

Assez de ces moqueries… Sa patience venait d’être brisée. D’évidence qu’ils cherchaient à abattre le plus rapidement un seul de leurs adversaires pour remporter le plus rapidement ce premier tour. Une stratégie qui allait bientôt se retourner contre eux, en témoigne la lueur verdâtre s’animant autour de sa lame. Mais, plutôt que de viser la personne lui faisant face, la guerrière de se retourner et de chercher à trancher brutalement le nommé Endymion. Dans son enchaînement de mouvements frénétiques, la lancière de glisser un mot à l’attention de ce Marina présomptueux.

– Clairvoyant que vous êtes, vous aviez raison… Vous êtes perdu.

Son dernier coup porté, Aoife se recula d’un bond pour ensuite diriger son arme vers Célestia. Lui renvoyant un regard noir, il était évident qu’elle n’était pas ici pour le divertissement.

– Faut-il que je me jette sous vos coups pour trouver un adversaire de valeur ? Quelle mauvaise blague…

Selon toute vraisemblance, sa réplique avait eu l’effet d’outrager profondément sa cible, l’injuriant sur son caractère. N’en avait-il pas eu assez pour encore en redemander ? Définitivement, cet homme avait un talent pour agacer la jeune femme. Il pensait encore avoir une chance de s’en sortir ? Très bien, elle le prendrait au mot. Mais en attendant, elle ne répondrait rien de plus pour ne pas avoir à supporter une autre de ces répliques qui n’avaient pas leur place dans un combat. Ce qu’elle se dit, mais c’était sans compter sur la volée de cartes qui vint l’assaillir. Si la guerrière put en esquiver quelques unes avec une agilité rare, l’essentiel de l’assaut lui ferait serrer les dents.

Ainsi, plusieurs de ces projectiles étaient entrés dans sa chair, des gouttes de sueur témoignant de la douleur qui la rongeait. Car plutôt que de choisir une marionnette inerte comme les autres, Aoife avait fait en sorte d’attribuer à son vrai corps les mêmes souffrances que celles subies par cet artefact. Bien sûr, la destruction de la marionnette n’entraînerait pas sa mort, mais elle pouvait ainsi approcher de plus près des vraies conditions d’une lutte mortelle.

Adressant un sommaire signe de tête à son allié tandis qu’il la remerciait de l’avoir défendu plus tôt, Aoife préférait prendre le temps de retrouver son souffle. Il laissait de fait le nommé Silas enchaîner une nouvelle salve d’attaques sur cet importun d’Endymion, et elle l’aurait certainement suivi dans la foulée si l’homme emplumé ne l’avait pas interpellée. Sa maîtresse ? Levant les yeux vers le balcon, la lancière put effectivement remarquer que l’un de ses adversaires était une femme. Et elle s’excusait pour le verbe provoquant de son partenaire. L’intention eut l’effet d’au moins l’apaiser un peu, dans la colère sourde qui la rongeait depuis que cette vermine s’était acharnée à se moquer d’elle.

Ceci dit, elle voulut réagir aussitôt que l’emplumé se précipita sur Silas, mais voyant ce qu’il fit, la lancière s’interrompit dans son mouvement, prudente. Qu’est-ce que ce simulacre d’homme venait de lui faire, à l’instant ? Sur ses gardes, elle recula d’un bond plutôt lent alors que son opposant la chargeait. Ce dernier, arrivant à son niveau, avait pu percevoir de manière très discrète que la lance de sa cible avait fait trembler l’atmosphère dans son environnement proche, l’atteignant. Malgré tout, aucune douleur ni quoi que ce soit qui suivit. Peut-être d’ailleurs que sa détermination féroce ne lui avait pas permis de remarquer ce changement quasi imperceptible.

Ce qui s’ensuivit, ce fut les coups puissants qui vinrent à nouveau frapper la femme taciturne ; au front, sur son flanc, sans parler de ces envolées de plumes qui rappelaient par certains aspects les cartes du Marina. Chaque fois qu’un nouvel enchaînement était exécuté, brisant les os et déchirant la chair d’Aoife, le guerrier pouvait être saisi d’une impression étrange. Dans les secondes qui suivirent, il put comprendre pourquoi, la silhouette malmenée de sa cible se voyant disparaître. Quelques mètres plus loin, la combattante l’observait, indemne des coups qu’il venait de lui porter.

– J’accepte ces excuses. Je vais vous donner une chance de me prouver votre valeur, Célestia.

Pour accompagner ses paroles, Aoife de retourner en mêlée. Cet homme emplumé avait montré qu’il était un combattant hors pair en corps-à-corps. Mais avait-il montré toute l’étendue de ses capacités ? Capable de mener des assauts dévastateurs, la lancière commençait à comprendre son style de combat. Quand bien même, son œil expérimenté lui avait fait voir que la puissance investie derrière ces coups puissants avaient sensiblement fatigué son vis-à-vis. Pouvait-elle l’épuiser assez pour le laisser impuissant pour la suite du combat ? Progressivement, la guerrière imposait son rythme. Sa lance lui permettait de le tenir à distance tout en l’assaillant de coups qui se feraient de plus en plus véloces et puissants. Alternant coups d’estocs et mouvements circulaires visant à le trancher, elle le forcerait à dépasser ses limites pour rivaliser avec ses enchaînements.

Alors même qu’Aoife échangeait moult coups envers ce guerrier emplumé, elle adressa fugacement un regard sur le côté, là où combattait son allié. Ce qu’elle y vit eut l’effet de lui attirer une grimace. Ce Marina avait clairement l’ascendant dessus, et à ce rythme là, leur duo se retrouverait rapidement en difficulté. Une seconde d’inattention qui faillit lui coûter cher, car à cet instant, la combattante sentit une résistance sur son arme. Revenant vers son adversaire, elle vit qu’il venait d’immobiliser sa lance. Quelle idiote…

Se faisant attirer par la force de cette marionnette, elle n’allait pas succomber pour autant à la confusion, maintenant fermement sa poigne sans chercher à contrer cette manœuvre dangereuse. Au contraire, forte de son adrénaline, la balafrée allait suivre le mouvement afin de se donner la propulsion nécessaire à une acrobatie la faisant passer par-dessus cette marionnette sans lâcher prise. Ce balancement rotatif allait favoriser une torsion au poignet qui scellait le manche de son arme, si bien qu’avec assez de dextérité, il lui serait possible de l’en libérer.

Seulement, ce geste dangereux l’empêcherait de se mettre hors de portée du prochain coup. Elle faillit même être soumise à une prise plus dangereuse encore, son assaillant lui attrapant l’avant bras pour tenter une clef. Ce qu’il parvint, pendant quelques secondes, lui donnant l’espace pour insuffler dans sa chair artificielle une électrocution de nature à lui faire serrer les dents. Il faudrait endurer assez longtemps cette douleur pour finalement trouver l’opportunité d’enfin se libérer de cette immobilisation qui lui avait été imposée. Reprenant son souffle, son adversaire lui accorda ce temps par un remerciement. Lui renvoyant un sourire, elle lui répondit :

– Je reconnais que vos capacités sont dignes d’intérêt.

Haletante, elle commençait à ressentir les restrictions imposées par cette marionnette. Cependant, il était encore trop tôt pour la mettre hors course. Ce qu’elle crut, quand une voix en dehors de cette scène de combat vint la sortir de sa concentration. Sur le balcon où elle avait laissé son enveloppe charnelle, Silas l’interpella vivement. Il ne le contrôlait pas ? Désorientée, elle ressentit une vive chaleur lui brûler la chair en son dos. Serrant à nouveau les dents, la lancière ne put réprimer cette fois un gémissement afflictif tandis qu’elle ploya un genou au sol. Cette douleur qui s’insinuait en elle et gagnait en intensité… corrodait lentement son esprit. Cette sensation si particulière…

Portant la main sur sa cicatrice, sa vieille plaie s’ouvrait doucement, faisant glisser sur son visage plusieurs filets de sang. Le regard enragé, des réminiscences du passé venaient nourrir cette fureur. Silas, de son vrai corps depuis le balcon, pouvait entendre un murmure de haine quitter les lèvres d’Aoife.

– Assez… J’ai assez de fois enduré cette douleur… Qu’il meurt… Qu’il disparaisse de ma vue… Je ne le supporte plus…

Sa marionnette figée sur le sable de l’arène, il lui faudrait quelques secondes pour se remettre. Le temps pour Silas de retourner sa rancœur envers celle qui l’avait manipulé. Quant à la lancière, son regard était devenu creux, encore sonnée par les souvenirs qui l’avait saisie. Semblant redécouvrir le contexte de l’affrontement en cours, elle observait qu’Endymion avait été laissé seul. Aussi, laissa-t-elle Célestia en prise avec Silas.

Levant au ciel sa lance, quelque chose d’ineffable s’en échappa, atteignant Endymion dans les couloirs les plus enfouis de son âme. Il venait d’être étreint là où il ne l’aurait jamais dû. Pour autant, outre cette sensation inquiétante, rien de plus ne semblait l’embarrasser. En parallèle, Aoife s’avançait de quelques pas, laissant glisser nonchalamment sa lance derrière elle. Les pellicules de sables soulevées par sa lame l’empêchait de saisir la lueur qu’elle venait d’emprunter. Progressivement, elle accélérait le pas, jusqu’à se précipiter en sa direction avec une vélocité inhumaine dont il devait être habitué. Seulement, cette fois, un bruit d’accompagner sa cavalcade. La lame de sa lance s’enfonçait si profondément dans le sol qu’il tranchait la terre dessous. Une résistance qui ne ralentit aucunement les déplacements de la balafrée. Cette dernière, arrivant à portée de sa cible, fit montre d’une force physique que l’on n’aurait pas prêté à une femme de sa silhouette. La lame quittant la terre voyait à sa libération obtenir un regain de puissance et de vitesse que sa proie peinerait à éviter. Un assaut partant du bas vers le haut, pour l’ouvrir en deux. Venait-elle de répéter un schéma qu’elle avait déjà subi ?

Sur son expression, nulle hostilité ou signe d’antipathie. Elle tranchait froidement son ennemi, comme elle avait été habitué à le faire pendant longtemps. Pour un peu, cette guerrière taciturne en oubliait que tout ceci n’était qu’un tournoi censé divertir les spectateurs éminents de ce tournoi.

Cette fois, sa lame venait d’atteindre la chair artificielle de ce pantin, comme un rappel que ce combat n’en était pas vraiment un. Une fois de plus, hélas, cet homme s’était défait d’une partie de son attaque. Que ce soit Endymion ou Célestia, tous deux glissaient entre ses coups pour mieux la submerger derrière, laissant Silas démuni dans cet affrontement où on ne lui avait d’évidence pas reconnu la dignité de combattant. Jetant son regard noir sur la silhouette de sa cible qui avait été projetée dans les airs, la lancière se préparait à lui infliger une nouvelle frappe puissante. Cependant, il sut se tenir en suspension, défiant ainsi les lois de la gravité qui auraient dû le rendre vulnérable à son prochain enchaînement.

À en juger sa réplique, ce général de Poséidon devenait enfin sérieux. Plutôt qu’une autre moquerie, aurait-elle enfin droit à quelque chose d’intéressant ? Sur la défensive, un nouveau jeu de carte dansait autour de son vis-à-vis. Jaugeant son cosmos, la guerrière expérimentée pressentit que l’offensive à venir se ferait en deux coups, et que le second serait le plus dangereux. Aussi prit-elle le parti de laisser cette projection de magicien l’affecter de ses tours ésotériques. Déjà amochée, le moindre erreur de jugement lui serait fatal. Ironiquement, l’allégorie de cette justice adresserait à son endroit une colonne de ténèbres. D’un coup d’estoc, Aoife chercha à dissiper cette offensive, ce dont elle ne parvint que partiellement, à en juger les rémanences de ce pouvoir qui la transperçaient superficiellement de parts et d’autres.

Ailleurs, sur le balcon, son allié l’intima d’apaiser sa rage, sur le prétexte que cet affrontement n’en était pas vraiment un. Vétille que cette tentative… Ayant veillé à s’assurer de cristalliser dans sa marionnette toutes les conditions lui permettant de vivre ce combat comme une expérience authentique qui imposaient à ses sens l'ombre réelle de la mort, une pareille injonction ne pouvait l’atteindre. Au moins, ce chevalier d’Athéna prit-il l’initiative d’apaiser cette brûlure qui lui mordait jusqu’alors le dos. Un geste bien plus efficace que ses mots pour l’aider à recouvrer son calme. De son côté, ce Saint engagea le duel avec l’homme emplumé, afin de régler leurs comptes. Mais plutôt que de répondre au défi, cette nommée Célestia de mépriser son opposant pour se mettre au niveau de la lancière déjà bien assez mise en difficulté par ce Marina.

Le toisant froidement de ses prunelles de jais, ce guerrier l’interrompait dans son offensive pour lui adresser quelques compliments déplacés au regard de ses actions. La soigner après l’avoir défaite ? Cette gamine était donc de ceux blessant d’une main pour soigner de l’autre ? Que cherchait-elle à faire en agissant ainsi ? À l’apprivoiser ? Le regard glacial, la balafrée ne répondrait qu’en se mettant sur la défensive, martiale. À la guerre, les tactiques les plus lâches ne devaient attirer nul reproche. À la fin, ceux qui tombaient devant ces pièges pervers ne pouvaient s’en prendre qu’à eux-mêmes. Ce pourquoi, précisément, Aoife ne leur donnerait pas le plaisir de tomber à leurs pieds.

Les spectateurs virent dans un premier temps tout autre chose que ce que cette promesse intérieure laissait entendre. En effet, une nouvelle fois, les coups pleuvaient envers cette combattante démunie. Les os craquaient, le sang giclait, la sueur ruisselait. Mais à l’instar de cette fois où ce guerrier avait eu un pressentiment étrange en s’acharnant sur cette silhouette à l’apparence fragile, cette dernière disparut à nouveau, pour montrer le corps de sa cible intacte.

Son attention, déjà, était revenu sur la proie qu’elle avait choisi initialement. Son environnement, d’emprunter une lueur noirâtre ne cessant de gagner en intensité. Endymion, qui avait canalisé la fureur de la lancière, n’était pas au bout de sa peine. Cet homme pouvait entendre alentours les hurlements stridents d’esprits d’outre-tombe se voyant consumer pour alimenter cette lance affamée. Cette capacité ne pouvait être un simple artifice permis par ces marionnettes étranges. Non… pour bafouer si brutalement la balance entre la vie et la mort, cette attaque était certainement plus dangereuse que l’imposaient les règles de ce tournoi.

Était-ce si surprenant que cette femme n’ait jamais eu aucune considération pour les précautions qu’avaient pris les organisateurs afin qu’aucun des participants ne se trouvent à mettre en jeu leur vie ? D’un bond puissant faisant exploser le sable sous ses pieds, la lancière chargeait le général des mers de toutes ses forces. L’accompagnaient ces cris d’agonie qui risquaient bien de happer l’âme de ce combattant s’il la prenait trop à la légère. Un coup d’estoc qui risquait davantage de blesser l’essence profonde d’Endymion plutôt que ce pantin insignifiant. Heureusement pour lui, son état lui permettrait certainement de tenir bon en dépit de la menace. Et plutôt que de chercher à l’achever immédiatement, la trajectoire d’Aoife la porta brusquement jusqu’à la gorge de l’homme emplumé, que le tranchant de sa lame menaçait. À cela, d’ajouter un murmure que Célestia seul pourrait entendre.

– Il faudra plus que ce subterfuge de bravoure pour me faire tomber, Célestia.