[Mi-mars 553] Et que se passe-t-il quand on heurte les glacier ? [PV : Silas & Kaleb]

Un serviteur s’était présenté à l’auberge des saints, une missive adressée au Pope, que ce dernier avait envoyé aux deux chevaliers d’or qu’il avait choisi pour assurer cette mission diplomatique. La missive était simple, elle invité le Pope ou les personnes choisit pour le représenter à se rendre dans la demeure occupée par la délégation d’Asgard. L’emplacement de la maison était bien indiqué et aucun des deux guerriers n’auraient de problèmes pour la retrouver. L’endroit où aurait lieu cette entrevue se trouvait au coeur d’un quartier habité par la mystique de la cité, celui où la nuit, les âmes des feu-follets s’éveillent. Le rendez-vous avait lieu dans l’après-midi, les saints étaient attendu au alentour de quinze heures par Asgard.

Une fois sur place, les deux guerriers se trouveraient face à une grande propriété, n’ayant rien à envié à celle des riches locaux. Entouré d’une longue grille, protégeant la propriété du petit jardin extérieur qui semblait avoir connu des jours meilleurs, comme s’il n’avait pas été entretenu pendant longtemps et qu’on s’y intéressait seulement là. La maison était grande. On aurait probablement pu y loger toute la délégation du Sanctuaire. Un serviteur, portant une livrée noire, viendrait alors leur ouvrir. Puis, les menant à l’intérieur de la maison. Un grand hall alors, décoré de meubles d’excellentes factures et de quelques tapisseries locales ouvrait ses bras aux chevaliers d’or. Puis, le serviteur conduirait les deux chevaliers d’or dans une grande salle, au sein de laquelle il y avait une très longue table d’un bois sombre, parfaitement vernis, sur laquelle un grand arbre était gravé. Laissant les chevaliers seuls, le serviteur se retira d’une révérence.

Ils n’eurent pas longtemps à attendre, cinq minutes, peut-être un peu moins, avant de voir arriver trois personnes. Deux femmes ou du moins, deux silhouettes féminines, vêtues d’une armure d’azur et d’argent et l’autre d’argent et d’améthyste. La femme bleutée portait à la ceinture une épée semblable à celle de son armure, une longue écharpe dans le dos, volant au rythme de ses pas. La femme à l’amure violacée, elle, portait dans son dos, caché par une élégante cape, un arc. Dont le carquois dépassé dans son dos. L’homme, qui semblait mener cette danse était un peu plus grand que les deux femmes. Un peu sec et ô combien élégant. Une livrée noir et argenté, semblable à celle des serviteurs mais beaucoup plus sophistiqués et précieuses. Ses cheveux de cendres sur un regard perçant venaient parfaire le tableau de celui qui se présenta rapidement, après avoir pris place à la tête de la table, les deux femmes dans son dos.

« - Bien, je vous remercie d’avoir répondu à l’invitation adressée aux vôtres. Je suis le Grand-prêtre d’Asgard, voix des dieux du nord. Soyez les bienvenus en notre demeure, chevaliers. À qui ai-je l’honneur ? »

Le Grand-prêtre regarda les chevaliers d’or avec amusement. Décidément, les Grecs aimaient se donner des grands airs avec leurs armures brillantes et leur cape. Enfin, les deux femmes immobiles derrière lui devaient sûrement leur faire le même effet. Mais il garda tout ça pour lui et son visage ne leur offrit qu’un masque d’où aucune émotion ne se dégageait. Juste un petit sourire, difficilement identifiable en tant que tel, donnant juste ce qu’il fallait d’émotion. Il reprit d’abord, après que les deux invités se furent présenté.

« - Kaleb de la vierge. Vous devez servir l'ordre depuis peu n’est ce pas ? Votre nom ne brille pas encore. »

Il regarda ensuite l’autre chevalier.

« - Silas des Gémeaux, pas contre, n’est pas un nom inconnu. Un nom sur lequel je peux finalement mettre un visage. »

Il adressa alors un sourire au troisième gardien, avant de reprendre :

« - Je vois que votre Pope a bien choisi, un nouveau et un ancien. L’un dont on sait tout ou presque et l’un dont on ne sait rien. Je vous présente Vali et Narfi. Elles sont là disons… pour ma sécurité. »

Il tapa ensuite sur la table, comme s’il frappait à une porte, et un serviteur apparu alors en quelques instants seulement. Pas celui qui avait fait rentré les deux guerriers d’Athéna, mais il portait la même tenu, il s’avança près de l’homme aux cheveux couleurs de cendres qui lui glissa quelques mots à l’oreille. Il s‘inclina et sorti rapidement.

« - Vous le savez, nous avons eu autant d’alliances que de mésentente. Mais rien de bien gênant, des petites brouilles tout au plus. Loin de votre relation avec les guerriers d’Arès ou les oracles n’est ce pas ? Impressionnant d’ailleurs, ce que vous leur avez fait. Sont-ils toujours vos ennemis d’ailleurs ? »

Après sa question le serviteur fit son entrée avec un plateau et une carafe transparente dans laquelle se trouvait un liquide que les deux hommes du Sanctuaire n’auraient absolument aucun mal à reconnaître tant ils en consommaient : du vin.

« - Mais je vous en pris, buvez, les discussions sont toujours plus simple avec quelque chose à boire. »

Et le serviteur posa le vin et les verres devant les deux chevaliers d’or, s’inclina vers eux et se retira immédiatement.

Impassible, le Grand-prêtre scrute les deux chevaliers d’or. Plus que son visage d’où ne perce aucun élan d’émotion, presque comme s’il était vide ou mort, c’est l’immobilisme des deux femmes dans son dos qui est frappant. Pourtant, une sensation d’observation, comme si une meute de loup avait posé ses yeux sur eux et les guettaient dans les ombres ne quitteraient pas les chevaliers d’Athéna. Rien d’agressif, mais on ne passe pas impunément sur le territoire de ses bêtes de même qu’on ne leur montre pas de signe de faiblesse. L’homme aux cheveux de cendres s’enfonça un peu dans son siège et commença par répondre à Kaleb quand il fut fini sa première phrase :

« - Vous savez, la longévité ne fait pas parti de nos prérogatives. Vivez aussi longtemps que votre camarade au service de votre déesse et vous serez connu de tous. Défier l’inévitable si longtemps, ça force le respect. »

Il se saisit à son tour de son verre de vin et le porta à ses lèvres avant de reposer la coupe devant lui. La réplique suivante du chevalier de la vierge lui arracha enfin une bride d’émotion. Un petit sourire amusé qui mourut sur son visage aussi vite qu’il était apparu.

« - Rien n’interdit votre Pope d’être une femme, pourtant, il s’agit quasiment toujours d’un homme n’est-ce pas ? Et bien, il en va de même pour nous. Souvent, mon rôle et occupé par une femme, mais parfois, c’est un homme qui prend la couronne. Mais voyez-vous, mon nom, seigneur Silas, n’est plus vraiment le mien. Je suis le Grand-prêtre d’Asgard. Rien de plus. Ma fonction prend le pas sur mon moi, pour ainsi dire. »

De nouveau, une expression brève passa sur son visage avant disparaître de nouveau. Visiblement, il s’était fait un avis sur les deux chevaliers d’or en face de lui et difficile pour eux d’en apprendre plus. Difficile en effet, de lire les émotions d’une statue de glace. Et le représentant du nord répondit alors d’une voix froide et cassante :

« - Trois. Vous n’êtes pas sans savoir que ce traître sert maintenant les armées d’Arès ? »

Et bien des guerriers servant la sagesse avaient péri sous la lame du traître à Odin lors de la bataille final de la campagne d’Italie. Il était parmi les atouts ramenés dans la manche de cet éphémère mais ô combien utile Pontifex.

« - Et bien, il a pris sa retraite il y a quelques années déjà. S’il n’est pas mort d’un delirium ou rossé par ses débiteurs, et qu’il daigne lever le nez pour parler à un être humain plutôt que de le lécher, je transmettrais le message de votre Pope. »

Un silence s’installa alors dans la sale et l’atmosphère devient un peu plus tendu.

« - Vous devriez également mieux choisir vos mots ou vous taire, Silas des Gémeaux. Je ne quémande rien. Si c’est ainsi que vous et votre Pope voyez les choses, vous pouvez partir sur-le-champ. Vous essayez d’aller droit au but, mais vous n’êtes qu’un rustre qui n’a rien à faire dans ce genre de rencontre. Alors réfléchissez, pesez bien vos prochains mots, car ils pourraient bien mettre fin à cette rencontre. Vous parlez à une puissance étrangère et tout ce qu’elle représente, pas votre inférieur. »

Le Grand-prêtre avait employé la même voix froide et cassante qu’il avait utilisé pour décrire le guerrier divin évoqué par le troisième gardien. Ce dernier qui, par maladresse sûrement, mettait en péril les relations entre le Sanctuaire et Asgard. Parfois, une guerre se déclare sur trois fois rien… Et Silas avait évoqué trois sujets fâcheux vis-à-vis de la diplomatie : un traître, un incapable et une insulte…

Enfoncé dans son siège, la voix d’Asgard regarde les deux chevaliers d’or comme un faucon tournant autour de lapin ignorant sa présence. Il attendait les mots et les réactions de ses invités et ne laisserait rien passé au hasard. Il se tourna d’abord vers le chevalier d’or de la vierge, qui fût le premier des deux à prendre la parole. Puis, une fois que ce dernier eut terminé, toujours silencieux, ses yeux se plantèrent sur le chevalier des gémeaux et le faucon, cette fois, avait choisi celui qui serait, s’il devait avoir lieu, la cible de son ire. Néanmoins, si ce n’est le froid de la prédation, c’est tout ce qui émane de l’homme aux cheveux de cendres. Ni colère, ni rage, ni haine ni émotion. Celui qui s’apprête simplement à prendre une décision, peut être difficile, mais une décision quand même.

Les deux femmes bougèrent un peu, comme si les premiers mots de Silas avaient été une insulte envers elle. Moins douée que leur chef pour cacher leur émotion, les compliments lâchés envers celui qui dans le nord est considéré comme un traître ne semblait pas avoir trouvé écho dans le coeur des hommes du nord. Un mouvement de la main de la voix du nord, très léger, les ramena au calme. Elles reprirent alors leur devoir immobile pendant que le gémeau continuait de parler.

« - Alors vous devriez simplement apprendre à vous taire, Silas des gémeaux. »

Les mots sifflèrent comme une gifle, froid, encore et toujours. Il laissa le troisième gardien terminé et laissa planer un silence pesant qui dura quelques instants. Pas trop longtemps, une vingtaine de secondes, peut être un peu plus et il reprit alors :

« - Bien, alors continuons cette conversation. Mais peut-être devriez vous laisser votre jeune compagnon mener la conversation. »

Il sourit ensuite, presque amusé, et ne put retenir plus longtemps un rire.

« - Votre vin a intérêt a être bon, très cher. Très bon ! Je vois que malgré tout, vous savez marcher sur des œufs et vous rattraper aux branches. C’est un talent rare chez les diplomates. Vous avez pris au sérieux mes menaces et ne vous êtes pas cachés. »

Et le sourire en coin du prêtre en disait long sur le petit tour qu’il venait de jouer aux deux chevaliers d’or.

« - Vos questions sont néanmoins légitimes. Asgard a eu à faire face à quelques soucis internes, qui ne regarde que nous. Nous avons donc du… couper les ponts et nous reconstruire. Et depuis, nous prospérons ! Comme jamais nous n’avons prospéré. Loin des guerres et du chaos, dans la paix ! Nous entendons bien sur, que cela reste ainsi mais… il est impossible de rester isolé pour toujours et pour rester tranquille, il faut négocier la paix. »

Plus détendu cette fois, dans une atmosphère presque chaleureuse, il posa ses yeux sur les deux chevaliers observant alors leur réaction.

La voix du nord quitta légèrement le confort de son siège dans lequel il s’était enfoncé pour s’avancer un peu. Il posa alors ses coudes sur la table, joignant ses deux index l’un contre l’autre et les plaça devant sa bouche, silencieux pendant que les deux chevaliers d’or brassaient beaucoup, beaucoup d’air. Leurs questions étaient cependant légitime mais pour des gens qui désiraient vouloir aller droit au but, ils faisait beaucoup de détour. Oh, il ne faut pas comprendre politesse et efficacité, ce qu’avait oublié plus tôt le troisième gardien, mais tout ça, c’était du passé. Alors c’est un petit sourire amusé aux coins des lèvres que l’homme aux cheveux de cendres repris la parole :

« - Vous avez oublié une partie de ce que je vous ai dit. Alors laissez-moi vous le rappeler. Notre nation grandis plus qu’elle ne l’a jamais fait, loin de vos guerres, vos conflits, vos intérêts. Vous joindre dans des guerres à venir voilà les seuls vous que vous avez à la bouche, votre intérêt véritable. Le sort des oracles est toujours dans l’esprit de tous et le sera longtemps. Vous hurlez ainsi à la face du monde : joignez-moi ou mourrez. »

L’impérialisme byzantin en somme. Qu’ils en aient conscience ou non, ces deux guerriers étaient les produits bruts de leur monde : celui de la conquête sans arrêt. De la machine de guerre qui ne savait jamais s’arrêter et Rome, comme Byzance, suivait le même chemin, à la virgule près. Le jour où la guerre ne pourra plus permettre à l’empire de s’étendre, de progresser, alors, inévitablement, quand il perdra sa force, il stagnera, et mourra. Ce n’est qu’une question de temps avant que l’histoire de se répète. Et faire tapis sur cette certitude était tout sauf une bonne manœuvre politique. Il espérait que les chevaliers d’or avait au moins conscience de ça. Surtout quand on voit le sort réservé aux ennemis d’Athéna. Il ne voulait pas de ça pour le nord et encore moins la laisse qu’une telle alliance viendra apposer aux siens. Il fit doucement pivoter ses coudes et écarta ses doigts de bouche.

« - Néanmoins, je vous l’ai dit, je suis disposé à collaborer avec vous, dans une certaine mesure. Un accord de non-agression, que vous aviez évoquée, semble plus proche en réalité de ce qui nous serait profitable. Voir même peut être une autre forme de collaboration. Vous avez, il y a d’autres biens qui ont plus de valeur dans un conflit qu’une force armée ou qu’une alliance. Mais nous avons besoin de nous faire confiance pour en arriver là. Alors je vais faire un premier pas vers vous. Je dispose d’information sur les oracles. Des choses disons… importantes, très importantes ! Qu’avez-vous à mettre sur la table messieurs ? Si nous arrivons peut-être à tomber d’accord sur ça, sûrement nous pouvons construire une collaboration pacifique plus… profitable pour tous. »

Une fois fini, il reprit place dans son siège et attendit simplement la réaction des deux chevaliers d’or. Il saisit même sa coupe et bu une petite gorgée de vin.

Un rictus s’étira sur le visage du Grand-prêtre après qu’il eût terminé. Certes, Narsès semblait ne pas faire l’unanimité chez les siens et les rapports qui venaient de l’endroit où le vieux général avait fait sa demeure en disaient long, mais il est toujours amusant de voir comment la vérité peut-être détournée par ceux qui pensent servir un objectif. Les faits, fatalement, tout comme le bien ou le mal, ne sont, après tout, que d’éléments qui dépendent de la personne qui regarde.

« - Vous voulez dire que la destruction complète de la Tour des vents et le fait de brebis égaré et que la volonté de Narsès est allé jusque-là ? Pourtant, d’après les rumeurs, l’ordre d’or y a pris part. Peut-être même vous, Silas, pourriez, vous nous dire si la chute de la tour des vents et l’exemple que vous avez ainsi fait à tout ceux qui auraient l’audace et l’idiotie de se dresser contre vous ? Athéna et Arès, pourtant, tous deux représentent la guerre. Et les guerriers d’Arès n’ont pas réduit à néant de domaine sacré… du moins récemment. »

Il guetta un petit temps la réaction de Kaleb. Mais c’était plus pour le plaisir de la conversation qu’autre chose. Il aurait, à sa place, sûrement tourné les choses de la même façon. Pour le reste, il fut amusé de voir le troisième gardien du Sanctuaire faire des mystères et des ronds de jambes de pas grand-chose.

« - Les Tuatha. Rien de bien complexe à trouver là encore. Même si, cette information en effet, n’est pas à la portée du premier venu. Mais vous savez, si vous ne trouvez pas d’information ou ne savez pas ce vous pouvez dire, nous pouvons convenir d’une autre monnaie d’échange. Mes informations, contre un service. Je voudrais que vous traquiez quelqu’un pour moi. »

Le mot traque fit tressaillir la femme à l’armure bleutée dans son dos, comme quand on promet à un chien de le sortir et qu’il s’agite en entendant le mot promenade. Un regard de la forme rose et voilà l’ombre d’argent calme de nouveau. Mais son regard s’est maintenant animé, difficile à jaugé, derrière le masque qui la couvre entièrement, mais ses yeux sont rivés vers les chevaliers d’or, comme un loup observant de loin, couvert pas la forêt.

Le grand-prêtre ne répondit pas tout de suite. L’une de ses gardiennes, celle a l’armure bleutée se pencha alors vers lui pour lui murmurer quelque chose. Impossible d’entendre pour les chevaliers d’or et quand bien même, impossible pour eux de comprendre. Seulement, vous pourrez voir son souffle sortir de sous son masque, comme s’il faisait froid, pourtant, la température de la pièce est agréable. Bien qu’elle vous semble baisser d’un petit cran. Puis, se fut au tour de la jeune femme rose de se pencher pour lui murmurer quelques mots. L’homme aux cheveux de cendre de rester silencieux quelques instants encore, une trentaine de seconde tout au plus, vous fixant chacun votre tour.

« - Bien, il semblerait que je vous doive des excuses. Je pensais avoir affaire à des diplomates, capable de s’adonner à l’art subtil du compromis, mais j’ai en face de moi des soldats alors je vais m’adresser à vous comme tel. »

Sa voix s’était faite plus dure, plus tranchante. Comme celle d’un chef, habitué à commander des troupes et à s’adresser à des guerriers.

« - Vous pourrez tourner la chose comme vous le souhaitez pour vous donner le beau rôle ou celui de la fidélité, vous avez exterminé les oracles. Enfin, vous avez tenté de les exterminer. Narsès n’a fait que finir le travail commencé par vos armées et votre déesse. La sagesse n’est-elle pas sensée guider vos pas, vous apporter recule et esprit critique ? À se demander fatalement qui d’Arès ou d’Athéna incarne le carnage. Pensez-vous qu’après cette guerre, vous êtes en état de grâce dans notre monde ? Dois-je donc vous faire la liste de vos alliés ? Pas besoin, elle est déjà terminée. Vous n’en avez pas. »

Puis, se tournant vers Kaleb :

« - Votre respect pour mes guerrières est touchant, s’il ne cachait pas votre méfiance et votre mépris. Je peux presque vous entendre cracher quelque expression puérile pensant avoir là trouvé un beau mot. Un diplomate aurait accepté mon offre pour d’une part me soutirer les informations et aurait pu sous-peser les choses le moment venu, pour voir où allait le vent de son intérêt. Mais vous êtes un soldat et avez réfléchit en soldat. Alors soit. Je retire mon offre, puis qu’elle semble si avilissante à vos yeux. »

Se fut la guerrière bleue qui bougea un peu à ce moment. Comme si elle éprouvait une forme de contentement aux mots que venait d’employer son maître, presque fier d’avoir réussi son coup, d’avoir attrapé sa proie. Sous la glace et l’azure, se cache bien des secrets. Puis, Asher se tourna vers Silas cette fois :

« - Japeth, Eole, Abraxxes, Feanor et Pséma. Sans compter les Sidhes qui continuent d’accompagner l’ordre, bien que cela soit un peu plus flou. Ces informations, seigneur Silas, ont peut-être de la valeur ailleurs, mais à Camelot… Enfin, je peux même vous donner leur adresse, si d’aventure vous désirez aller discuter avec l’un d’entre eux. Ce sont après tout, d'importantes figures locales.»

Puis, après un nouveau silence extrêmement bref, il s’adressa cette fois aux deux chevaliers d’or :

« - Asgard désire la paix. Dois-je vous rappeler que la personne qui vous a adressé ces lettres, sur lesquelles vous basez votre jugement sur nous, et celle qui a dirigé nos armées contre vous à Jamir. Je suis certain que vous vous souvenez de cette bataille, seigneur Silas. J’y ai moi-même participé. C’est là son ultime nuisance et voyez, comme nous en sommes réduits à jouer son jeu. »

Sa voix s’était faite plus triste, plus empathique que celle froide du chef militaire qui avait énoncé simplement des faits et qui avait parlé à des soldats. Il était de nouveau le diplomate, près justement, à jouer le jeu du compromis :

« - Alors, dans l’esprit de la diplomatie, je vais faire un pas vers vous et pratiquer le compromis. Si Asgard a été silencieuse si longtemps, c’est qu’elle était et est toujours tournée vers elle-même. Quelques changements… sociaux. Nous avons aboli l’esclavage et c’est une nouvelle coutume qui a fait naître le chaos et la guerre civile. Du temps, c’est dont nous avons eu besoin pour nous reconstruire. Et maintenant, et bien, nous voulons la paix à nos frontières. Une faiblesse certaine, que deux soldats sauront exploité à sa juste valeur. »

Dit-il en vous adressant un signe de tête respectueux.

« - Alors, soit vous êtes près maintenant, à faire ce pas vers moi, soit vous n’avez plus rien à faire ici et ne vous étonnez pas de voir les armées du nord accompagné celles de vos ennemis pour se protéger du sort que vous avez réservé aux oracles. Car laissez moi vous dire quelque chose. Vous avez gagné la guerre contre une armée désorganisé, mais maintenant, les chiens de guerre ont trouvé leur chef… »

De nouveau, la femme à l’armure d’argent azuré se pencha pour glisser quelques mots à son supérieur. Un manège parfaitement huilé, car une fois qu’elle eut terminé, c’est sa vis-à-vis qui glissa à son tour quelques mots à son supérieur qui esquissa un sourire légèrement amusé en vous fixant l’un puis l’autre. Comme s’il avait constaté quelque chose de prévisible, quelque chose d’attendu qui semblait le distraire dans cette rencontre diplomatique plutôt tendue. Il vous écouta parler, l’un après l’autre. Et son sourire s’effaça rapidement à certaines paroles, peut être maladroites, que venait de nouveau d’avoir le chevalier d’or des gémeaux.

« - Le Sanctuaire n’a jamais dominé Asgard. Il a certes battu nos armées, mais jamais il n’a posé un pied dans le Nord. Les mots ont un sens seigneur Silas, et vous devriez vraiment, vraiment y faire attention. J’excuse une nouvelle fois vos… maladresses, qui commencent plus à relever de l’insulte, mais il n’y aura pas de troisième fois. Pensez-vous vraiment que la vie d’un guerrier pèse si lourd dans la balance ? Non, ces tributs étaient une erreur politique, je pense que vous en conviendrez avec moi. Après tout, ils n’ont laissé le temps qu’à vos ennemis, dont je ne fais pas parti, du moins pour le moment, le temps de se reconstruire. »

Son visage alors avait plus l’air de celui d’un oiseau de proie près à fondre sur sa cible et peut être, pour la première fois, c’était-il montré sérieux et véritablement courroucé par les mots qui venaient d’être dit ici. Même s’il s’était montré moins incisif sur la fin de sa phrase et avait repris le ton presque sympathique du reste de la conversation. Puis, se renfonçant dans son siège.

« - Bien, je suis content de voir que vous avez tous les deux joué le jeu du compromis. Alors je vais vous donner le nom de la personne que je veux traquer et vous comprendrez bien pourquoi je ne peux m’en charger, pas plus que mes guerriers. Je veux que vous retrouviez celle qui occupé cette place avant moi, l’ancienne Grande-prêtresse, celle qui vous a fait parvenir ce message et fait naître ces rumeurs, cette animosité entre nous. Bien sûr, je me dois d’appuyer une exigence primordiale. Elle ou les traîtres l’accompagnant ne devront pas être blessé ou attaqué. Votre rôle et simple : les retrouver. »

Il bu alors à son tour un peu de vin avant de finir :

« - Pour le reste, isolé ne veut pas dire aveugle. Savoir ce que prépare ceux qui pourront être vos ennemis, c’est se préparer au pire. Alors, oui, je sais beaucoup, beaucoup de chose. Et disons que pour les Thuathas, comme je vous ai dit, ils ont… pignon sur rue ici, ils ne sont vraiment pas difficiles à trouver, il suffit, seigneur Silas, d’écouter ce que les gens ont à dire, pour en apprendre beaucoup. D’ailleurs, ma proposition d’échange d’informations sur les oracles tient toujours, si d’aventure vous venez à tomber sur quelque information de valeur… »

Et rien ne sembla répondre à la phrase que Kaleb prononça pour lui-même. Comme si, fatalement, personne ne semblait lire ses pensées. En s’y penchant même avec un peu plus de soin, cherchant à communiquer avec un éventuel intrus, il s’apercevrait sans mal qu’il était… seul. Comme il se doit dans un esprit sain après tout. Néanmoins, tourné vers la jeune femme, cette dernière semble glousser presque, amusée par ta réaction. Elle ne lit pas tes pensées, mais semble te comprendre avec subtilité d’une autre façon. Qui ne semble impliquer ni cosmos, ni violation de ta personne et ton intimité.

Le Grand-prêtre ensuite te regarder Kaleb en hochant sa tête, il laissa ensuite le soin à Silas de faire ses propres commentaires, pour répondre aux deux d’une traite, leur question, après tout, étant quasiment identique, la formulation changeant la chose quelque peu.

« - J’espère que vous n’êtes pas ignorant des choses de la politique, mais, un ancien souverain est un point de ralliement pour ceux qui défendent les anciennes pratiques auquel j’ai mis un terme et j’aimerais éviter que cette cristallisation ne se produise. Le reste, c’est en effet la justice divine d’Asgard qui décidera de son sort, pas moi. »

Puis, son regard se tourna vers le chevalier d’or des gémeaux qui avait eu le mérite de soulever quelques points pratique qu’il était bon de régler.

« - Je ne voudrais pas que votre sang soit versé. La prendre vivante, n’implique pas de ne pas vous battre. Je doute de toute façon qu’elle se rende sans rien dire, peut-être l’avez vous vu se battre à Jamir seigneur Silas ? Mais j’insiste vraiment. Elle doit être maintenue en vie à tout prix. Sa mort viendrait briser son accord et placer Asgard parmi les ennemis du Sanctuaire. Pour le reste, si d’aventure vous devez vous aventurer sur nos terres… Circulez comme bon vous semble en Germanie, si vous désirez d’approcher d’Asgard, fait vous annoncer par un messager et un de mes hommes viendra en effet vous escorter. »

Et, un nouveau soupir de quitter les lèvres du Prêtre d’Asgard, un petit rire de suivre ensuite à l’attention de Silas.

« - Et bien, vous ne lâchez vraiment pas, vraiment pas l’affaire. Leur nombre, je le connais, puisque je viens de vous citer leur nom au préalable. Enfin, sans m’être lancé dans le sujet des Sidhes, qui fatalement l’augmente. Mais après tout, peut-être que vous allez me surprendre, chevalier, votre information surprise m’intrigue. Allez y, je vous écoute, si je ne la connais pas, je vous en fournirais une autre d’une valeur équivalente. Concernant les oracles ou… autre chose. Les informations sont une monnaie dont je suis riche et la richesse ne fructifie que si elle est investie. »

Un nouveau sourire et sa coupe de vin se porta à ses lèvres.