[Fin mars 553] Les Hommes s'écroulent plus vite que les Piliers (Nessius)

« C’est elle l’héritière à ma connaissance. Son frère a disparu en mer lors d’une expédition. Tu as déjà eu à faire aux Tremere ? »

Il ne lui dévoilerait pas le reste, se cantonnant à la version officielle qu’Ea lui avait si généreusement vendue avant de finir par lui dire la vérité. Calypso n’avait pas besoin de tout savoir. Cela la protégeait autant que cela protégeait Ea. Après tout la Tremere était sans doute leur meilleure chance d’empêcher le Conseil d’obtenir les pleins pouvoirs tout en tendant vers la Méritocratie à laquelle tenait Nessius.

Devait-il dévoiler ses intentions à Calypso ? Peut-être. Après tout, elel était une des rares à qui il faisait réellement confiance. Il ne pouvait pas en dire autant pour le Dragon des Mers. Il la regarda avec gravité.

« Cette crise doit nous pousser vers l’avant. Si le Conseil a pu prendre le pouvoir, c’est que le Sénat a failli. Je pense qu’il faut renouveler ce dernier. Que les choses ne soit plus seulement une question de primauté des aînés mais des plus compétents au sein des familles. Et sans doute laisser les plus brillants des plébéiens avoir voix au chapitre… Il faut que ce soit le mérite qui permette d’accéder au pouvoir, pas l’ordre d’arrivée dans la famille. Je suis bien placé pour le savoir… »

Elle serait sans doute surprise par cette position. Après tout, il l’avait habitué à des positions plus conservatrices. Mais il avait passé quatre ans en dehors de la Cité. Quatre années qui avaient partiellement changé sa vision des choses. Mais il demeurait convaincu que seuls les meilleurs devaient diriger. Seulement, il avait pu constater que même parmi la plèbe, il y avait des gens capables. A condition qu’ils aient reçu l’éducation nécessaire.

« J’aimerai aussi que l’on développe l’éducation commune des patriciens. Que ce ne soit plus la charge des familles. Pour enterrer ces guerres claniques et ces allégeances qui pourrissent les fondements d’Atlantis. Des lieux où ils seraient formés ensemble. Et que des plébéiens méritants puissent intégrer. Pour permettre aux meilleurs d’exploiter pleinement leur potentiel. Et aux autres d’espérer pouvoir un jour s’élever. L’espoir est le meilleur moyen de garder le peuple sous contrôle, loin des révoltes et de l’agitation…»

Une leçon de réalisme ? Peut-être. Quoi qu’il en soit, il venait de lui exposer le fond de sa pensée. Il guettait la réaction de la jeune femme pour savoir jusqu’à quel point il pouvait compter sur elle.

«J’imagine qu’elle n’a pas réussi…»

Une évidence vu la suite des événements. Malheureusement, cela n’avait pas forcément fait de grande différence au final. Mais ça, Nessius se garda bien de le rajouter. Il était inutile de remuer le couteau dans la plaie. Sauf à vouloir enterrer Calypso prématurément. Et c’était à l’opposé des intentions de Nessius.

Il devait néanmoins se montrer déçu par le positionnement de la jeune femme. Il s’était imaginé qu’en tant que brillante patricienne de second rang, l’idée de méritocratie lui parlerait. Mais il avait vraisemblablement sous-estimé les chaînes que sa loyauté à l’une des huit maisons représentait.

Il parvint à cacher sa déception en restant le plus détaché possible. Pour autant, il ne put s’empêcher de réagir lorsqu’elle pointa du doigt son ignorance sur l’existence de ces académies.

« Oui. J’ignorais qu’elles existaient. Aucun membre de ma branche familiale n’y a été envoyée figures-toi. Preuve que ce n’est pas obligatoire et donc particulièrement inefficace…. De plus, tu es bien placée pour savoir que d’autres familles comme la tienne sont plus méritantes et honorables que certaines des huit… Pourquoi ne mériteraient-ils pas davantage d’honneurs et de responsabilités ?»

Le temps n’était sans doute pas propice pour ce genre de débat. Rentrer dans le détail, décortiquer les arguments de l’un et de l’autre… Nessius jugea que Calypso n’était pas en état. Et il la sentait encore trop fragile pour pouvoir la pousser dans ses retranchements malgré toute l’affection qu’il lui portait. La retraite lui sembla donc profitable. La laisser digérer la situation.

« Je vais te laisser te reposer. Je repasserai demain si tu veux… Je suis désolé de t’avoir embêté avec toutes ces histoires. Je… voulais juste être sûr que tu allais bien….»

Nessius se leva et enlaça longuement la jeune femme. Puis, avec douceur, il posa un baiser sur son front avant de se diriger vers la porte de la chambre et de l’ouvrir. Mais, avant d’en franchir le seuil, il tenait à lui adresser un dernier message.

«Si jamais tu me cherches hors du quartier du pilier central, j’ai un appartement de fonction à la capitainerie de l’Indien… Transmets mes amitiés à ta mère si jamais je ne la croise pas en repartant. Et Caly… Je suis heureux de t’avoir retrouvé. Tu m’as manqué…»

A ces mots, il franchit la porte et s’engouffra dans le couloir.

Citation :

RP terminé. Merci