[Event Marina - Début mai 553] Pour le futur d'Atlantis et son peuple

Alors que la créature squelettique était en train d'observer avec insistance le Pilier de l'Antarctique, sa gardienne en profita pour se glisser à ses côtés pour récupérer le corps brisé du Patriarche Mérinita. L'imposteur la remarqua, bien sur. Mais il la laissa faire. Elle ne pourrait pas l'emmener assez loin pour le mettre à l'abris, peu importe les efforts qu'elle fournirait.

Comme pour appuyer cette rude réalité, le garde à qui Séléna avait confié Cinéad s'effondra au bout de quelques pas. Dans un son strident, un flot d'énergie venait de frapper le Pilier Central en provenance du Pilier du Pacifique Nord. Et il en fut bientôt de même du Pacifique Sud, ainsi que de tous les autres. Un vortex se formait tout autour du Pilier Central, et les Atlantes présents pouvaient voir les différentes runes apparues sur les Piliers se reproduire également sur la pierre du symbole même de la puissance de Poséidon.
Le ciel s'assombrit. Au-dessus de leur tête, la voute océaniques, d'ordinaire calme et transparente, devint agitée. C'était comme avoir une mer en pleine tempête au-dessus de leurs têtes. Il y avait bien un espoir que ce cataclysme soit retenu par l'Antarctique... Mais au loin, on pouvait voir une nouvelle rouge se former aux pieds du dernier Pilier encore épargné. Lui aussi venait de tomber.
La fin faisait sonner ses premières et dernières trompettes.

Son courage brisé, et ses forces vidées par les énergies qui se déchainaient autour d'eux, le garde ne pouvait plus avancer. Il lui fallut être assisté par Rodolpho et Arhan pour éloigner l'ancien Légat du cœur de cette bataille. Le Marsyne adressa d'ailleurs à ce moment un hochement de tête entendu à Calypso pour l'assurer qu'il avait entendu sa demande, et que lui aussi voyait qu'il était plus urgent que jamais de se rendre aux Piliers.

* Nous allons nous en occuper au plus vite! Tenez bon! *

Les Sénateurs amenèrent Cinéad aux côtés de Nessius, contre les restes à du mur de glace à demi-effondré. La vassale des Mérinita ne perdit pas un instant pour passer à l'offensive, et décocher ses flèches et attaques. Mais si le projectile trouva sa cible et le givre se fixa effectivement sur le corps en putréfaction de son adversaire, aucun n'eut les effets escomptés. Comment pouvait-elle espérer affecter ce qui n'était pas vivant?
Cassandra pour sa part resta non-loin de Calypso, mais pour l'instant en retrait. Lentement, le crâne de la créature se tourna vers les deux femmes. Il était impossible d'y lire la moindre expression, mais les visages de cire qui l'entouraient se déformaient, laissant leur expression basculer subtilement de la terreur vers l'outrage.

« Misérables insectes... Vous pensez réellement avoir la moindre chance face à moi? »

La maigre jambe de l'être se leva et s'abattit sur le sol. Une immense onde d'énergie fut relachée en même temps, fracturant la pierre de la place atlante, et frappant tous les vivants qui se trouvaient aux environs. Après cette vague, qui n'était encore que le coup de semonce de la tempête à venir, un fil cosmique se forma entre les deux Marinas et le Muien. Leurs souffrances le nourriraient. Exalté par le délice de cette force vivante qui affluait en lui l'abomination écarta les bras.

« Je suis le grand Camazotz! Dernier Roi de Xibalba! Cinquième Nahual du Seigneur Okheanos! »

L'Onde de cet être n'avait de cesse d'augmenter pour venir écraser tous les Atlantes aux alentours. A ses pieds, dans les fractures formées par son coup, une intense lumière naquit, et un grondement secoua le sol.

« ET JE SUIS UN DIEU! »

Sur cette terrible révélation, le sol sous le dénomme Camazotz se souleva pour révélé un véritable torrent d'âmes en perdition qui s'éleva comme un pilier dans le ciel, hurlant et grinçant. Au sommet de cette tornade d'une vingtaine de mètres, le serviteur du Titan se tenait à rire aux éclats. Enfin libéré de ses chaines, il goutait à la joie de pouvoir massacrer ces misérables Atlantes qu'il avait dû si longtemps côtoyer!
Sous une impulsion de sa volonté, une multitude d'âmes se détachèrent de la tempête pour venir s'écraser en autant d'explosion au sol. Toute la zone fut couverte par ces projectiles sinistres, échos d'êtres vivants encore hurlants. Leurs effluves d'outre-tombe allaient ronger toute vie là où ils tombaient.

Et le terrible maitre ce cérémonie n'en avait pas encore terminé. Il leva sa main décharnée, et du sol jaillirent une forêts d'os géants qui cherchèrent à empaler tous ceux qui se trouvaient proches de Camazotz. Les corps inconscients encore sur place furent perforés de part en part, leur sang et leur peau se desséchant à vue d'œil. En seulement quelques secondes, le paysage avait intégralement changé. Les deux Marinas ne se tenaient plus dans leur cité chérie, mais sur un impitoyable et terrifiant champ de mort où nul vivant ne pourrait survivre plus de quelques instants.

Et maintenant, elles allaient découvrir le véritable visage de leur ennemi.
Un visage de sang, de peur, de mort... Et de sacrifice.

Tour de Combat n°1 :

Des brisures de glace ; cette collaboration forcée et les actions de la Lieutenante prenaient l’apparence d’un prévisible des plus navrants. Pour peu, les Lyumnades se retireraient, s’il possédait le rôle du leader. Hélas, il n’était rien de plus qu’un parmi tant d’autres. À l’écart, l’Atlante guettait, écoutait, ressentait et, surtout, patientait. Pour la première fois, les hommes s’agitaient pour autre chose que du vent. Il était grandement temps. Cependant, leurs belles paroles revenaient elles aussi à la charge, toujours plus inutiles que lassantes.
La créature n’en menait pas large également, bercée dans l’illusion d’une probable immortalité. De ce discours pompeux, il n’en suffisait pas plus pour comprendre de quoi il en retournait, la manière dont Camazotz fonctionnait et ce qu’il ressortirait de cet échange qui n’en était pas un. Toutefois, la Générale s’arma de cette patience légendaire qu’on lui attribuait, couplée à l’antipathie qu’elle engendrait systématiquement sur son passage. Ces exclamations excessives ne l’impressionnaient pas ou, plutôt, elle se moquait royalement de qui se trouvait en face : Cassandra ne faisait que son travail, le reste ne comptait pas. Si bien qu’elle ne chercha aucune protection, qu’elle provienne des Dieux, des esprits ou des autres Marinas. Que pleuve l’énergie des morts, que ce filet agaçant pompe sa vie, que ces os transpercent ; ce prétendu roi n’échappera pas à l’anéantissement, quoi qu’il leur envoie.

Le souffle écourté, le carmin et la fatigue sur les traits, la gardienne toisait l’adversaire sans même s’en cacher. Pouvait-on seulement le qualifier ainsi ? Lui qui se désignait prédateur, dirigeant et dieu ne trompait personne. Les imbéciles, peut-être, et encore.

— Et ?

Cet étalage n’était que de la poudre aux yeux et, s’il voulait danser, jouer avec les morts, Cassandra lui octroierait ce plaisir volontiers. Une fois l’accord passé, elle provoquera les flammes qui éveilleront sa mémoire et, avec elle, ceux qu’elle a emportés dans son sillage. Les visages, les voix, les gestes s’élèveront, les scènes ressurgiront d’autrefois. Insaisissables, ils s’infiltreront dans son esprit, le harasseront jusqu’à ce qu’il se perde : lui, l’auteur de leurs destins brisés, subira leur infinie colère. Sans autre, de nouvelles âmes s’ajoutèrent aux premières, mais ces derniers préféraient accabler, pleurer, maudire d’un différent biais. De leurs mots, ils emprisonnèrent ses bras, ses jambes : il ne s’en sortira pas si facilement, car les morts étaient du genre tenace.

Danse donc avec les morts, les âmes que tu aimes tant.

Tour de Combat n°1:

Camazotz observa les morts d'approcher de lui. Il ricanait. Cassandra avait voulu faire apparaitre ses propres esprits pour s'opposer à ceux commandés par le roi d'Outretombe... Mais son contrôle sur les mors étaient absolu. Son corps se déforma à nouveau, des protubérances apparaissant dans son dos pour rapidement prendre la forme de deux ailes chitineuses, semblables à celles d'une chauve-souris. D'un battement de ces appendices, les fantômes des Lyumnades furent dissipés. Ceux qui parvinrent à garder forme se collèrent à lui, mais commencèrent à disparaitre dans son corps. Il se nourrissait d'eux.
Les orbites vide de Camazotz se tournèrent vers l'instigatrice de ce vain assaut. Sa voix se fit moqueuse.

« Et toi? Qui es-tu supposée être? »

Une main squelettique se tendit vers le Général de l'Antarctique. Une Onde funeste la percuta, mais l'imposteur put sentir que ce n'était pas elle qui était visée. Plutôt l'illusion qui l'entourait. Cependant, le visage de Cassandra demeura. Sur son torse, la Marsyne pouvait le sentir : l'esprit de sa Scale continuait de tissait l'illusion pour ne pas la laisser vulnérable face au Dieu auto-proclamé.

« Tsk tsk tsk! Je le verrai bien en arrachant ton âme de ton corps. Ça, tu ne pourras pas le dissimuler. Seras-tu aussi hideuse que moi, une fois toutes tes illusions tombées? »

Cependant, alors qu'il fixait la mortelle avec ce qui aurait pu s'apparenter à de l'avidité, une étrange brume se leva, dissimulant les Lyumnades à son adversaire. L'attention du Muien se retourna vers l'autre jeune fille qui avait survécu à son assaut initial. Du sommet de sa tour de spectres, elle lui semblait ridiculement petite.

« Touchant. Si j'avais encore un cœur, ton petit discours aurait peut-être pu l'émouvoir! »

La détonation d'une flèche invisible décochée se fit entendre. Le projectile de froid toucha le corps de Camazotz, mais la réaction sembla quasi-inexistante. Comme si cet être était depuis longtemps étranger au concept de douleur. Il continua à parler sans même tenir compte de la blessure qui lui avait été infligé. Pourquoi s'en inquiéter? Grâce à leur propre énergie vitale, elle se refermait déjà...

« Mais face à une force écrasante, tous les serments du monde ne valent rien. Et surtout... Le temps ne vous sauvera pas. Krr krr krr... »

Les ailes membraneuses du monstre d'outre-tombe claquèrent, et il s'éleva au-dessus du puits des âmes pour lentement descendre dans la direction de l'impudente qui le défiait. Durant sa descente, des nuées de chauve-souris jaillirent des plis de ses membres et convergèrent, innombrables, sur la fine silhouette de la Nymphe. Sous ses pieds, la roche commençait à nouveau à se briser. Distraite par les chauves-souris, verrait-elle les multiples lames osseuses qui allait apparaitre sous ses pieds?
Et finalement, à l'issu de cet assaut, les longs doigts froids et putrides de Camazotz fondirent sur sa gorge. Il allait cueillir la vie de cette petite fleur lui-même.

Au-dessus de leurs tête, une nouvelle explosion eut lieu. Un nouveau rayon venait de partir du Pilier de l'Antarctique pour alimenter le vortex autour du Main Blade Winner... Mais à l'inverse, celui qui provenait du Pilier de l'Indien avait été interrompu. Que se passait-il?
Dans les flots déchainés de la voute océanique, une forme commençait à se dessiner...

« Il approche... »

Le murmure de Camazotz sonnait comme le dernier soupir d'un mourant.

Tour de Combat n°2 :

Pénible, mais prévisible. Cassandra préférait la rapidité aux interminables longueurs, cependant, il aurait été décevant que ce combat s’achève comme cela, si prestement. Dans tous les cas, ce dieu autoproclamé avait fait son temps et ses heures étaient comptées. Pour autant, un soupir s’échappa, feutré, couvert par le grabuge lié aux évènements autour du pilier, mais également de l’affrontement.

En outre, une brume, à l’image d’un déguisement, la dissimulait aux mirettes de l’adversaire ; un voile qui portait la signature des Hyades, une action utile, si tant est que les opposants cousent leur bouche. Ils étaient bavards, tous les deux, bien trop au goût des Lyumnades. Toujours plus de phrases pompeuses, de grands discours qui n’avaient pas leur place, des questions superficielles et des remarques légères. Fermez-la, s’impatientait une flamme nichée dans le noir.

Brandir leurs idéaux et leurs mots ne changerait pas le résultat. En cas de représentation médiocre, à défaut d’être en capacité d’en réécrire l’histoire, on modifiait les acteurs : aucun d’eux était irremplaçable, loin de là. Camazotz continuait pourtant de fabuler.

Cause toujours, pestait une tornade blanche accrochée à son esprit. Ce n’était qu’une bataille ennuyeuse portée par des ego. Alors, les assassins s’infiltrèrent derechef en quête d’une remembrance, d’une culpabilité ; ils frapperont, accableront ceux qu’ils estiment responsables de leur funeste destin : Camazotz, ici présent. Ainsi, ne restait qu’à faire son offrande, faire renaître les souvenirs de la sinistre Ker-Ys. Il s’agissait de la condition, pour que la destinée se mette en marche une nouvelle fois et, inlassablement, les âmes illusionnées tourmenteront encore.

Ce n’est pas la seule chose qui approche, dommage.

Spoiler:

Tour de Combat n°2:

Le combat faisait rage. Il avait tardé. Etait-il déjà trop tard ? Il espérait bien que non. Fonçant vers son Destin, le Naga avala à la vitesse de l’éclair les quelques mètres le séparant de l’ignominie au nom imprononçable. Ce dernier avait sciemment éludé son invective. Un manque d’éducation que le Naga ne put s’empêcher de faire remarquer avec un certain cynisme.

«Quel est votre nom déjà… Camatoz ? Camzatoz ? Ça s’écrit comment ? C’est juste pour les chroniques d’Atlantis. Quand il faudra donner le nom de l’étron que l’on a renvoyé chez son maître la queue entre les jambes…»

Attirer l’attention sur lui par la provocation. Un regard malicieux emplit de tendresse vint croiser le feu de glace dans les prunelles de Calypso. Un mélange d’admiration et d’excitation de pouvoir combattre à ses côtés. Il se garda bien de lui lancer un : « je t’ai manqué ma chérie ? ». Le temps n’était pas vraiment aux petites impertinences. D’autant que la Toreador Arkantea semblait avoir bien besoin de renfort. Pour autant, la Générale des Lyumnades ne semblait pas en reste. Il ne serait cependant pas trop de trois pour vaincre la créature.

Nessius observa en un éclair la situation. Les attaques du support d’Okhéanos semblaient avoir atteint aussi bien Cassandra que sa bien-aimée. C’est donc que ses attaques étaient capables d’atteindre plusieurs cibles simultanément. Ce qui ne constituait pas une bonne nouvelle. Il savait qu’il n’était pas en pleine possession de ses moyens. Et il semblait qu’il en soit de même pour ses deux alliées.

Nessius ferma les yeux un instant et son Onde améthyste se déploya avec une force et une détermination qui lui donnait une ampleur qu’il n’avait encore jamais dévoilé jusqu’à ce jour. Il se connecta à l’esprit de la Cité, à toute la sagesse des Océans.

«J’imagine que celui qui vient n’est pas là pour une visite de courtoisie ou pour un banquet, n’est-ce pas ? Et si l’on supprime le vaisseau, retrouvera-t-il son chemin depuis les Profondeurs ? Puisque c’est sans doute de ça qu’il s’agit. Ou d’une courtoisie dans ce genre…»

Il ne s’attendait pas réellement à une réponse. Juste à parvenir à gagner du temps. Celui dont il avait besoin pour se porter à l’attaque. Sans perdre une seconde, il joignit ses avant-bras devant lui, les mains sur les épaules avant de libérer sa première technique avec une discrétion des plus surprenantes. Elle ne ferait sans doute pas grand mal à son adversaire. Tout du moins pour le moment.

Tournant la tête vers Caly, il lui adressa un doux sourire avant que des vagues engourdissantes ne se dirigent vers leur ennemi commun pour l’assaillir.

«Tu aurais pu m’attendre pour commencer les réjouissances… Je ne savais pas que ton impatience s’étendait également au domaine martial…»

Un clin d’œil vint appuyer la petite boutade. Il n’avait pas pu s’en empêcher. Après tout, s’ils devaient mourir, autant que cela soit dans la complicité…

« Impertinente petite chienne...! »

Camazotz n'avait de toute évidence pas anticipé que la jeune Toréador puisse tenir tête à sa toute-puissance. Il avait voulu écraser un insecte... Et voilà que cet insecte avait au lieu de cela réussi à creuser la semelle de ses chausses pour venir lui mordre la plante des pieds!
Les lames de Calypso mordirent la chair putréfiée du Muien et un liquide brun à l'odeur nauséabonde coula de ses plaies. Les deux dagues trouvèrent leurs cibles, mais les orbites vides de l'être squelettique ne recelaient rien qui pouvait se percer. La force de son bras disparut, permettant à la jeune femme d'échapper à son étreinte mortelle. Le Dieu chtonien avisa son membre brisé, et le saisit de sa main encore valide pour l'arracher. Le membre séparé de son corps tomba rapidement en poussière.

Les esprits s'agitaient. En raison de la rage de Camazotz, principalement. Mais pas uniquement. Une autre volonté était à l'œuvre. Le crâne du Dieu tourna dans un angle qu'aucun vivant n'aurait pu imiter, et son regard sinistre se planta dans les pupilles de l'illusionniste. Il était difficile de dire si les attaques de Cassandra l'avaient affecté, mais bien vite un mur de fantôme se leva entre les Lyumnades et sa cible, faisaient taire par leur marée de hurlements les murmures insidieux et dissonants qu'elle avait voulu invoquer.

Et voilà qu'un nouveau Marina se mêlait à la danse. Avec toute la fougue et l'impertinence qui le caractérisaient. Son cosmos fut libéré comme une vague qui vint percuté la silhouette fragilisé de Camazotz. Par la quantité de leurs attaques, les trois guerriers de Poséidon semblaient finalement parvenir à affaiblir cet être inhumain. Cependant, quelque chose couvait...

« ASSEZ! »

Une onde de choc de son Onde mortifère balaya la zone pour venir disperser brumes, illusions et courants cosmiques. A nouveau, les différents protagonistes sentirent leur énergie vitale siphonnée et absorbé par cet avatar de la Mort. Cette fois, le sol noir sous leurs pieds s'enflammait également! Une nouvelle manifestation de la volonté du Dieu de pacotille de les dévorer. D'un battement de ses ailes, il s'éleva dans les airs. Un claquement de dents qui pouvait s'apparenter à un rire naquit de sa bouche. Camazotz riait! Ses attaques avaient beau faiblir et le sang de son corps couler, il se délectait de la dévastation qu'il causait, et de la douce ironie de ce jeune fou qu'il connaissait plus qu'il devait surement s'en douter!

« Nessius, Nessius, Nessius... Toujours aussi inconscient. Imagines-tu seulement à quel point te suivre partout était douloureux pour moi? A te regarder gesticuler en agitant devant tous ton arrogance et ta stupidité? »

D'un mouvement de ses ailes, tel un chef d'orchestre, la divinité impie dirigea le tourbillon d'âmes qui sortait toujours d ela plaie béante ouverte dans le sol pour le projeter vers ses ennemis. La multitude d'âmes éclatèrent, rongèrent, griffèrent! Certaines restaient accrochées à Nessius, en particulier. Il était la nouvelle proie qu'il comptait tourmenter... La voix du mort vivant raisonna au travers des spectres qui agressaient les vivants. Tous n'étaient qu'une extension de sa volonté.

« Mais dans ton idiotie tu m'as permis de retrouver ces connards du Secret et cette pute d'Aurora. Pour ça, au moins, je te suis reconnaissant... »

Un rire sinistre résonna alors que les échos qui tourmentaient Nessius récupérèrent partiellement leur visage humain. L'un d'eux lui été connu : Julius. Celui qu'il avait voulu aider. Les autres, peut-être Calypso les avait-elle croisé parfois, au détour d'un couloir chez les Mérinita, ou en train de s'entretenir avec Orpheus et Aurora. Les derniers du Secret des Abysses, réduits au silence à jamais, par la négligence du Naga.
Une nouvelle vague d'assaut naquit des ailes de Camazotz. Une nouvelle nuée de chauve-souris pour leur arracher le peu de forces qu'il leur restait! Alors qu'il déchainait ainsi les enfers sur les trois Marinas, l'envoyé d'Okheanos descendait lentement vers Nessius. Un plaisir sadique transparaissait alors sans mal dans sa voix rocailleuse.

« Par conséquent... Je te tuerai en dernier! Je ne suis pas un Dieu ingrat, après tout. »

Surement aurait-il voulu continuer, mais un bruit sourd et violent, comme un coup de tonnerre, déchira l'air. Le vortex qui entourait le Pilier Central venait de se transformer en fanal de lumière pour projeter son énergie directement vers la voute océanique. Le rituel touchait à sa fin. Au-dessus de leurs têtes, les vagues de la voute océanique avaient achever de constituer une forme... Un immense visage, qui regardait de haut la cité de Poséidon. Et de cette apparition, une voix fut émise, qui emplis l'air entier du Royaume sous-marin.

« Poséidon! Peuple d'Atlantis! L'océan au-dessus de vos têtes est désormais sous notre contrôle. Nous, Okheanos des Courants, vous laisserons une seule chance. Déposez les armes... Ou les flots vous emporterons, et vous serez à jamais effacés de l'histoire de ce monde! »

Un ultimatum. Le moment critique était arrivé. Au bord de la victoire, l'éternel ennemi de Poséidon et de son peuple leur offrait un geste de clémence. Une grognement sourd s'éleva. Il provenait de Camazotz, lui-même la tête tourné vers l'apparition du visage de son suzerain. Sa rage n'était pas encore satisfaite. Il aurait volontiers préféré jouer encore un peu avec ces insectes... Mais même lui se devait de se plier à la loi d'un pouvoir supérieur au sien.

« Mon Seigneur est magnanime... A genoux, chiens, si vous voulez vivre! »

Le crâne du Nahual était revenu vers les Atlantes à ses pieds. L'agitation dans ses membres permettaient de lire en lui comme dans un livre ouvert : il n'attendait qu'une occasion pour continuer cette danse macabre. Il espérait surement que les imbéciles devant lui se rebelleraient...

Tour de Combat n°3 :

Une apparition guère appréciée des Lyumnades, quand bien même cette dernière s’avérait être une alliée sur le papier ; l’arrivée du Naga était opportune dans ce combat, mais son intrusion n’était pas désirée pour autant. Toute son allure n’en menait pas large non plus, car force était de constater qu’il ne maîtrisait pas l’art du juste moment. Crachant un soupir las, l’Atlante envisagea d’agir comme s’il n’était, lui aussi, qu’une illusion. Camazotz, Nessius, Calypso et désormais ce cher Okheanos, tous possédaient un sens désastreux des priorités, en plus d’être des bavards invétérés. Une façon et des actions mal-placées, voilà ce qu’elle retenait de leurs histoires assommantes, qui plus est insipides.

S’ils avaient le temps de bavarder, qu’ils fassent leur travail. Correctement, de préférence.
La créature, par exemple, faisait preuve d’une gueule plus grande encore qu’un animal, pour un être voué à disparaître dans les minutes suivantes. Concernant le faux-serpent, cela n’avait rien d’étonnant. De nombreux soldats et haut-placés confondaient belles paroles, fiabilité et fidélité ; si le demi-reptile aimait enchaîner les mots aux enivrantes sonorités, crier haut et fort toute sa loyauté envers Poséidon, cela ne le rendait pas fiable de manière systématique. Plus, de son point de vue, et de ce qu’elle avait pu constater : Nessius ne l’était en aucun cas.

Les paupières plissées, Cassandra se prépara à encaisser tant bien que mal les attaques à venir. Or, une main l’attrapa dans la précipitation, manquant de la faire trébucher. Calypso ne manquait finalement peut-être pas tant de culot qu’il n’y paraissait de prime abord. Sans un mot, ni même un geste l’égard de celle qui se transforma en particules. Aussi, les illusions du passé s’emparèrent des deux Marinas pour leur faire parvenir leurs dernières forces, avant de quitter définitivement ce monde. Sans autre pourrait-elle considérer cela comme un ultime remerciement, tout en grinçant des dents ; elle n’en obtiendra pas d’autres.

Elles n’agissaient pas pour ça.

Somme toute, la boîte contenant les ultimes maux s’ouvrit, libéra des âmes chimériques plus en colère que jamais. Leurs ressentiments reprenaient le pas et n’étaient plus que des amas de haine et d’agressivité. Profitant de cette aura brumeuse et floue autour d’eux, causée en partie par le flot de mirages trop nombreux, Cassandra s’infiltra parmi les ombres pour l’atteindre, avant de s’éloigner derechef à une distance qu’elle estima convenable.

Parlez, rêvez si vous le souhaitez, mais cela ne réformera pas la réalité. Allez, que Nessius se montre un tant soit peu utile.

Tour de Combat n° Je suis perdue dans le décompte:

La fine équipe (Chiche !):

«C’était donc toi cette puanteur ? Et moi qui ait injustement soupçonné Endymion d’avoir fourré un hareng en décomposition quelque part dans mes affaires…»

Divinité ou pas, ce n’était pas son courage qui l’étouffait. Et Nessius n’allait pas se priver pour le lui faire remarquer.

«C’est drôle non ? Pour un soi-disant dieu tout puissant qui doit nous écraser comme des larves, non seulement tu te caches pour assurer une filature comme un vulgaire espion, mais en plus tu sers d'animal de compagnie à une divinité de seconde zone. C’est pathétique…»

Tout à sa morgue, le pantin semblait ignorer comment les Marinas pouvaient combattre. Le Naga eut un sourire sarcastique. Connaît ton ennemi. C’était une des rares paroles intelligentes que Néro avait pu lui adresser. Les techniques de son adversaires ne l'effrayaient pas. Et son aspect repoussant non plus.

L’avertissement d’Okhéanos, quant à lui, ne fit que renforcer la détermination du jeune Capitaine. Et c’était son sbire qui allait en mesurer les conséquences.

«Parce que ton maître croit réellement que nous allons courber l’échine ? Soit c’est une tentative désespérée face à une défaite imminente, soit il se mure dans des certitudes qui confinent à la stupidité. Voir les deux…»

Néanmoins, Nessius devait veiller personnellement à ce que ses paroles ne restent pas de vaines promesses. Il fallait se montrer réfléchi. Faire des choix stratégiques. Aussi Nessius bloqua la technique de l’esclave des Océans qu’il avait pu observer alors qu’il montait à l’assaut. Celle-ci ne lui ferait que peu de mal. Cependant, il devait bien reconnaître que les deux autres attaques étaient d’une puissance supérieure à ce qu'il avait envisagé. La suivante l’obligea à déployer un vortex pour qu’elle aille se perdre dans les Limbes mais il dut se résoudre à encaisser la troisième. C'était à ce prix qu'il pourrait contre-attaquer.

Un sourire carnassier s’afficha sur le visage du Naga en même temps qu'un mince filet de sang sur ses lèvres. Il était temps de lui rendre la monnaie de sa pièce.

«A mon tour désormais. Voyons à quel point tes paroles sont plus consistantes que les fantômes dont tu nous abreuves…»

Une brume s’éleva, pénétrant le corps de Camazotz. Il ne le sous-estimait pas pour autant. Nessius savait qu’il allait devoir tout faire pour durer. Car son ennemi avait certainement plus d’un tour dans son crâne. Il allait donc l’attaquer de toutes ses forces. Son Onde généra une bulle d’énergie qui entoura le putrifié avant de le prendre dans une explosion assourdissante. Cela suffirait-il à le neutraliser ?

« Bien! Vous avez donc opté pour la mort! Vous m'en voyez ravi! »

Les os et les dents de Camazotz craquèrent de ravissement. L'ultimatum avait été posé, et les Marinas avaient tous fait le choix de continuer à résister à l'inéluctable. Le Dieu de Xibalba avaient désormais la parfaite excuse pour tous les tuer. Les bravades des uns et les défis des autres lui importaient peu. S'ils croyaient encore en l'illusion de la victoire, ils ne seraient que plus simples à éliminer.

Si désagrément il y avait pour le Muien, cela ne venait pas de ses opposants, mais de ce qu'il se passait au loin. Fréquemment, son visage se tournait vers l'horizon. Six Piliers, teintés de carmin. Sept, auraient-ils dû être. Mais il était désormais visible qu'au Pilier de l'Indien, un incident était survenu. L'influence étrangère n'avait plus de prise sur celui-ci. Un son rageur gonfla dans le torse de l'être squelettique.

« Krrrrrk... Il semblerait que vos compagnons soient parvenus à libérer l'un des Piliers... Ce n'est pas grave. J'utiliserai le pouvoir des six autres pour le retirer de l'équation! »

Dans sa main réapparue l'orbe écarlate qu'il avait utilisé pour entamer cette grandiose apocalypse. Il la leva haut, vers le vortex au-dessus du Pilier Central, et manipula l'énergie qui affluait des six autres Piliers corrompus. Les runes du Main Blade Winner formèrent un cercle, et le nexus se plia pour progressivement former une pointe orientée droit vers l'Indien. Une attaque pour briser les étoiles, et les espoirs du peuple Atlante.
Mais quelque chose se produisit. Un des flux qui alimentait le vortex fut brisé brusquement. L'Arctique venait d'être libéré, et avec lui l'équilibre du vortex énergétique mis en péril. Une rune disparut, et les vents digne d'une violente tempête se déchainèrent. Camazotz poussa un cri. Une décharge d'énergie avait jaillit de l'orbe pour le forcer à la lacher. L'objet tomba au sol dans un son cristallin.

« Quoi? Encore un?! Mais que font ces imbéciles? »

Désarçonné par la douleur, la surprise, et la rage, la créature, trop sure d'elle, ne réagit aux attaques de ceux qu'il considérait comme inférieur que bien trop tard. Les esprits des Lyumnades le submergèrent, et les attaques du Naga eurent le champ libre pour pulvériser le corps de Camazotz de leurs vagues successives.

« AAAAAAAAAARGH!! »

Ses ailes se déchirèrent. Ses côtes se brisèrent. La cire qui formait ses visages fut dispersée. Ne resta finalement plus qu'un squelette branlant tenant tout juste debout. Son dernier bras valide s'agita vers ses adversaire. Il voulait leur dire quelque chose, mais sa mâchoire et sa gorge lui avaient été arrachés. Finalement, le reste de son corps s'écroula, et tomba en poussière.
Le Dieu était mort.

Mais ne l'avait-il pas toujours été?
Alors qu'ils pensaient surement l'avoir emporté, les Marinas purent sentir le sol sous leurs pieds vibrer. Le puit creusé par l'assaut originel de Camazotz se souleva pour laisser apparaitre le torse d'un gigantesque squelette. Il n'avait rien d'humain : des protubérances osseuses sortaient de son crane comme pour mimer les branches d'une couronne. Ses canines étaient longues et pointues. Et il possédait quatre bras...
Mais surtout, surtout... Toute l'énergie verdâtre qui l'habitait était identique à celle de l'adversaire qu'ils venaient de terrasser.

Les quatre mains du squelettes se réunirent devant lui. Les âmes des damnées et les fumerolles toxiques qui dansaient autour de l'avatar divin se réunirent au centre de ses paumes, et progressivement un corps humanoïde se formait... Camazotz se reforma sous leurs yeux, corps et âmes, os et cire, bras et ailes. Sa résurrection accomplie, le Muien se posa sur l'une des mains du squelette, et soupira.

« Aaaaaah... Cela faisait longtemps qu'on ne m'avait pas tué. Vos âmes méritent peut-être mieux que d'être achevées et dévorées, après tout. Je ferai finalement de vous mes serviteurs dans la mort... Où en étions non? Ah, oui! »

Les membres restant de l'immense apparition d'outre-tombe se levèrent, et s'abattirent. Toutes venaient écraser les zones où se trouvaient les petits Marinas. Ces insectes qui avaient pensé être capable de vaincre un être qui avait transcendé et conquis la mort ne méritaient que de disparaitre en réalisant l'étendue de leur impuissance.

Tour de Combat n°4 :

Sombre donc dans la folie ; le capitaine du Naga remarquera sans doute que ses actions indélicates, que ses mots d’une lourdeur incroyable seront désormais incapables de toucher les Hyades. Ce n’était pas le lieu, ni le moment et, toutes ses attentions couplées aux interminables monologues de Camazotz commençaient à endommager ses nerfs, à défaut d’entamer sa patience. Voilà qui arrangeait grandement les affaires des Lyumnades !

Tout cela sans compter sur l’impatience et l’agacement visible de la créature, signe que les évènements ne se déroulaient pas telles qu’elles avaient été prévues. Depuis le début de cet affrontement, tout n’était qu’un intérêt, qu’une conversation unilatéraux. En effet, l’Atlante n’avait jamais pris la peine de lui répondre, de donner une quelconque matière à ses délires, et ce n’était pas maintenant, alors que la fin approchait à grands pas, qu’elle changerait d’optique.

Qu’il meure, puis qu’il revienne à la vie ; alors ce souffle le quittera derechef, et cela autant de fois qu’elle l’estimait nécessaire. Qu’importait les peaux de sang qu’elle laisserait derrière elle et celles qu’elle avait d’ores et déjà perdu.

Une œillade sur une Calypso inconsciente ; une vision furtive sur Nessius qui ne tardera pas à perdre les pédales, puis son regard, imperturbable, retourna à son emplacement originel : son adversaire. Celui qui pensait l’être.

Les accords avaient été conclus dans le but de poursuivre son dessein ; les images se bousculèrent dans sa tête, celles des âmes, des guerres et des légendes meurtries. Il était temps pour elle et pour eux d’entrer dans la danse. Inlassablement, les âmes folles issues de l’imaginaire reprendront leur statut d’assassins pour accomplir les souhaits, la destinée inconnue du Dieu lui-même, en dépit du fait qu’ils le concernent. Les fantômes frapperont encore et encore, l’accableront dans un tourbillon fumeux de flammes jaunes et noires, jusqu’à ce que cette mort tant attendue lui parvienne enfin.

Elle ne sera pas douce, cependant.

Tour de Combat n° 5 !!!:

«CALY !!!!!»

Ce n’était pas un cri mais un rugissement. Décidément, le salopard avait de la ressource. Nessius s’était dit que c’était trop simple, trop facile de se débarrasser ainsi d’une raclure se faisant passer pour une divinité. Il avait à peine eu le temps de déployer son bouclier de protection pour se protéger au mieux de l’attaque qu’il venait de leur asséner avant de voir les Hyades prendre leur envol et atterrir dans le mur d’une maison de l’autre côté de la place.

Ne pas céder à la colère. Garder son sang-froid. Se servir de son cerveau même si son cœur hurlait de rage. Pour Atlantis. Pour Caly. Parce que si elle était morte, il était hors de question qu’elle le soit pour rien. Et il lui avait promis. Il irait la chercher aux Enfers s’il le fallait.

Mais d’abord, il devait mettre un terme aux agissements de l’étron d’Okheanos. Avant qu’il ne revienne à la vie et que l’attaque ne s’abatte, il avait pu l’observer. L’orbe au sol… Canalisait-elle les flux ? Avait-elle une fonction dans l’ensemble du processus ? Il n’avait certainement pas le temps de l’analyser ou de comprendre son fonctionnement.

Le Naga se releva. Il essuya du revers de la main le liquide carmin qu’il n’avait pu évacuer par terre et qui avait empli sa bouche. Une idée avait germé. Risquée. Peu importait les Lyumnades qui se ruaient à nouveau à l’assaut. Elles lui offraient juste le temps nécessaire pour effectuer ce qu’il désirait.

L’orbe semblant liée à l’énergie qui pervertissait les piliers, l’héritier Céléno Merinita s’en approcha pendant que le faux dieu devait avoir les yeux rivés sur le Général de l’Antarctique. D’un coup de pied puissant et rageur, il la brisa comme il aurait écrasé un simple insecte.

Puis, rattrapant cette marina qu’il détestait cordialement, il ne put s’empêcher une dernière bravade avant de lancer à nouveau son Onde à l’assaut du ressuscité.

«Tu es un pitoyable stratège…Tu sais que le coup de la résurrection, c’est déjà utilisé par quelqu’un d’autre, non ? Et avec bien plus de réussite que toi, je dirais… Parce que tu aurais quand même pu faire quelque chose au niveau esthétique… Tu es toujours aussi laid…»

A nouveau un sentiment d’engourdissement vint frapper Camazotz. Avant que Nessius ne joigne encore une fois ses avant-bras devant lui.

«Avec les compliments des Hyades, connard !!!»

La loi du Talion. Œil pour œil, dent pour dent. Sauf s’il leur réservait encore un mauvais coup…

« Et d'une... »

L'immense apparition squelettique avait retourné le sol déjà ravagé par cet affrontement d'une violence inouïe. En voyant la main de son avatar balayer Calypso, Camazotz eut un rire de satisfaction. Enfin, il avait pu réduire au silence cet horripilant insecte qui l'avait entravé pendant tout ce combat. Qui aurait pu croire que les Atlantes avaient du sang de cafard dans les veines?

Mais c'en était terminé. La protectrice des Mérinita était brisée, et les deux autres ne tarderaient pas à la suivre. La rage et la détresse difficilement camouflée de Nessius sonnèrent comme une douce mélopée aux oreilles inexistantes du seigneur de la mort. Tant de faiblesse qui cherchait à dissimuler derrière ses provocations de bas étages qui n'avaient aucune prise sur un être comme le Nahual. Tout comme son geste de destruction contre son outil sphérique, rien ne semblait pouvoir l'affecter. Il ne pouvait que se moquer des vaines tentatives de ces atlantes de mettre un terme à son existence, alors qu'il ne parvenaient même pas à appréhender celle-ci.

« Patience Nessius, patience. Je n'allais tout de même pas révéler ma véritable forme à des mortels dont l'âme ne serait pas assez forte pour en soutenir la vue! »

Camazotz pouvait sentir la pression et les Ondes des deux mortels monter. En préparation, il écarta les bras, et rappela à lui tous les spectres, fantômes, et émanations. Même l'immense squelette derrière lui se décomposa en nuage d'énergie pour venir tourbillonner autour du corps du demiurge. Le serviteur d'Okheanos se replia sur lui-même alors que se tissait autour de lui une sombre prison de cristal. Lorsque la marée d'attaques des deux Marinas fut lancée, elle s'écrasa telle les vague sur une surface invulnérable qui chancela à peine sous le choc.
Se tenait désormais devant eux un imposant et sombre cristal de cinq à six mètres de hauts, qui flottait dans les airs, à peine fissuré par toute la puissance qu'ils avai déployé. Au cœur de cette protection, la silhouette de Camazotz se composait et se décomposaient dans un cycle rapide de mort et de renaissance. Tel un cœur vivant, son Cosmos mortifère pulsait à intervalles régulières...

Un nouveau grondement se fit entendre en Atlantis. Un nouveau lien impie entre le Main Blade Winner et les autres Piliers venait de se rompre. Le Pacifique Sud, tout proche, venait de se libérer de ses entraves. Le vortex autour du Pilier Central s'affaiblissait, et il en allait de même de l'emprise du Titan des Courants sur le fief de son neveu.
Deux yeux brillants, à l'intérieur du cristal, s'ouvrirent. Mais ce ne fut pas pour s'intéresser aux suivants de Poséidon, non... Ce fut pour les lever au ciel avec une supplique inquiète.

« Non... Non, Seigneur, je peux encore vous apporter la victoire! »

Dans le ciel d'Atlantis, l'immense visage du Titan se délitait. La voute reprenait sa forme initiale, non sans que des trombes d'eaux tombent par moment sur la cité, répercussions de la lutte divine entre les deux seigneurs des Océans. La voix d'Okheanos retentit à nouveau sur toute la cité.

« Vous avez fait votre choix. Nous n'accepterons donc désormais plus ni amnistie, ni capitulation, ni négociation. Nous n'offrirons plus notre pitié, mais uniquement le don final de l'annihilation. Vos morts seront lentes, douloureuses... Et inutiles. Profitez de votre ultime répit. »

Semblant reculer pour se fondre dans les eaux, le Titans quitta la voute Océanique. Une tempête terrible l'agitait toujours, mais l'air ambiant d'Atlantis semblait néanmoins s'être allégé. La pression, et la menace, étaient retombés... Pour le moment.

Après avoir assisté à ce spectacle, Séléna et Nessius entendirent un bruit de chute. Quelqu'un venait d’atterrir sur le champ de bataille, à quelques mètres à peine du cristal qui renfermait Camazotz. L'homme à la peau sombre et au tatouages de sang avisa les deux Atlantes de ses yeux sans pupilles. Il portait sur lui un étrange agencement de pièce d'armure, et de ce qui ressemblait à la peau d'un fauve. Son arme et son bouclier étaient d'une facture qui leur était inconnue. Un manche métallique trop court pour être une lance, mais trop légère pour être une masse, et un bouclier en bois, petit mais assez épais, construit sur plusieurs couches... Et à la main, il portait ce qui semblait être un long caisson métallique en orichalque, sur lequel le sceau de Poséidon avait été gravé.
Après avoir détaillé les deux Marinas, il ne fut aucun mouvement hostile. Au lieu de cela, il se tourna vers le Nahual de la Chauve-Souris, et avec une moue de mépris, s'adressa à lui.

« Camazotz. Qu'attends-tu? »

« Silence, Xbalanque! Épargne-moi tes sermons et viens m'aider à achever ces deux insectes! Poséidon est toujours vulnérable! Si nous atteignons son Temple, nous pourrons... »

« Il ne le sera plus très longtemps. Une fois les ancres détruites, Il n'aura plus de raisons de rester isolé... Veux-tu vraiment être encore ici lorsqu'Il sortira de son antre? Tu n'as déjà plus que quatre Piliers sous ton contrôle... »

Un nouveau bruit sourd. Les regards se tournèrent à l'horizon. Cette fois-ci, c'était le Pilier de l'Antarctique qui venait de briser contact avec le vortex. Le dénommé Xbalanque revint vers Camazotz, corrigeant ses dernières paroles.

« Trois Piliers. »

A l'intérieur du cristal, un cri rageur s'éleva. Le seigneur de Xibalba fulminait. L'air sembla changer quelques secondes sous l'effet de son humeur, avant que la pression ne retombe.

« Krrrrrrrr... Si tu n'avais pas perdu ton temps avec cette STUPIDE tête... »

Les fractures sur la surface du cocon de Camazotz s'accentuèrent. Le temps de sa transformation s'achevait.

Alors que tout ceci se déroulait, à l'insu de tous, Séléna put sentir une voix arriver à elle au travers de son lien avec la créature qu'elle avait confié à Rodolpho. Directement dans sa tête, elle sentit le timbre du Sénateur, saccadé et irrégulier. Il voulut immédiatement aller à l'essentiel.

* Cassandra! Le Muien qui m'affrontait a pris la fuite et j'ai pu détruire le Pylone. Nellie est en vie, mais elle a été grièvement blessée... Je dois la conduire auprès d'un médecin! Pouvez-vous encore tenir bon face à cette créature? Vous faut-il de l'aide? *

Inquiet, Rodolpho semblait néanmoins avoir repris sous contrôle la situation au domaine des Marsyne. Quant à savoir s'il pourrait revenir à temps pour leur prêter main forte...

Spoiler:

Xbalanque:

Tour de Combat n°5 :

Inlassablement déblatéraient-ils leurs grands discours, leurs fariboles. Pourtant, leurs voix ne faisaient que canarder encore plus de fausses notes, sans même qu’ils s’en rendent compte. Ils lui en donneraient presque la migraine. Pas étonnant, cela étant : s’ils avaient mis autant d’énergie dans ce combat que dans leurs dialogues de sourds, peut-être celui-ci aurait-il pu s’achever plus tôt. Ces longueurs n’étaient pas bonnes ; voilà un moment déjà que sa chair criait.

Une plissure subreptice des paupières, et Cassandra entendit un brisement. L’orbe ne serait, visiblement, plus un problème pour l’instant, à moins que sa destruction n’entraîne toujours plus d’imprévus pénibles. La venue d’un partenaire, par exemple, car semblait-il que la vermine pullulait sur les territoires d’Atlantis, à commencer par celui-ci.

Au moins, les réactions exagérées du Naga correspondaient un minimum à ses attentes ; prévisibles, cette fois encore. Elle n’avait pas besoin d’une grande réflexion pour comprendre de quoi il en retournait, aussi futile que ce rapprochement puisse être : sa chute restait un déclencheur comme un autre, et les Lyumnades l’utilisait assurément à sa manière. Ils ne partiront pas si facilement.

Cause toujours, tonna le soleil rouge dans sa tête, accompagnant une multitude de mots et de tonalités. Ils se marchaient les uns sur les autres, fantômes, apparitions,… Ils troublaient la réalité des images qui frappaient son regard, engendrant un spasme dans son corps, à l’image d’une décharge. Évidemment. Si bien qu’elle peina à remarquer le message de Rodolpho dans le tas. Nellie, blessée. Le pylône de l’antarctique, brisé. À en juger par les comportements en face, cette dernière information était véridique. Hurlez donc, Vengeurs ! Et tandis que les âmes illusionnées reprenaient possession de la scène pour foudroyer le Dieu qui s’impatientait plus loin, l’Atlante tenta de rassembler ses idées.

Nellie… auprès d’un médecin, en sécurité… Un deuxième est arrivé… Observer… Sûrement… Assurer la fuite… Partir… Étrange… Sceau de P-… Détruire ancres… Trois piliers rest-… Con-… tinuez…

Difficile de maintenir une communication claire et précise dans ces circonstances, dans cet état. Entre ses propres informations saccadées et les interférences, ne lui restait plus qu’à espérer que le Sénateur parviendrait à lire à travers les bribes de phrases et de mots. Il n’était pas complètement stupide, cela devrait aller.
Xbalanque, aussi intriguant qu’il était, ne se manifestait pas pour rien. Probablement Nessius l’avait-il compris également. Peut-être pas. Dans tous les cas, il faudra qu’il s’active car, la mâchoire serrée – à défaut d’être capable d’en faire de même avec le poing, Cassandra était consciente qu’elle ne pourra arrêter une prochaine tentative éventuelle. Un échec rageant, frustrant, mais véridique et indiscutable.

Alors termine-moi ça et prouve-moi un peu cette fiabilité qu’on t’accorde soi-disant, Naga.

Tour de Combat n°6:

«Donc c’est ça la réponse d’un faux dieu… Se recroqueviller dans une carapace face à l’adversité… Avec des serviteurs tels que toi, ton maître n’a vraiment pas besoin d’ennemis…»

Il cherchait à gagner du temps, c’était évident. Mais il ne pouvait pas s’offrir le luxe de le laisser s’enfuir sans terminer ce qu’il avait commencé. Comment pourrait-il seulement garder la tête haute ? Non. Il devait venir à bout de cet ennemi. Tout du moins, tout mettre en œuvre pour y arriver. Il n’allait tout de même pas lui laisser l’opportunité d’aller soigner ses blessures comme un chien retourne en rampant auprès de son maître…

Mais c’était sans compter sur l’irruption d’un deuxième serviteur du seigneur des courants qui semblait tancer son frère d’arme. Un comble. L’objectif était donc de s’en prendre au temple de Poséidon. Si tel était le cas, ils avaient vraisemblablement échoué. Et le Naga se prit à espérer le réveil de son Seigneur et Maître. Pouvait-il décemment laisser son vieil ennemi piétiner son pré carré sans réagir ? Lorsque la voix d’Okhéanos résonna dans tout Atlantis, Nessius esquissa un sourire mauvais. Il s’adressa à nouveau aux deux âmes damnées qui lui faisaient face.

«On dirait que votre maître opte pour… comment appeler ça ? Une victoire différée ? Une retraite stratégique ? Dommage… Ta face de squelette ne sera plus là pour lui raconter la défaite que t’auront infligé trois serviteurs du Seigneur des Sept Mers… »

L’Onde de Nessius s’intensifia de nouveau. La même brume que précédemment fila en direction de son ennemi tandis qu’une gigantesque bulle l’engloba également avant d’exploser. Cette fois, il voulait croire qu’en plus des ultimes attaques des Lyumnades qui gisaient hors de combat au sol, les siennes viendraient à bout de l’énergumène.

«Va saluer les Enfers de ma part !!!»

A moins que son camarade ne décide de s’en mêler…

* Compris. Je vais essayer de vous envoyez de l'aide, mais ne prenez pas de risques inconsidérés! Vous m'entendez? Cassandra? Cassandra!! *

Séléna pouvait entendre la voix du Sénateur lui répondre et s'alarmer de ces sons qui disparaissaient. Loin de là, dans les rues de l'Antarctique, Rodolpho n'eut comme réponse que le silence, et ne pouvait qu'observer avec horreur la créature d'ombre invoquée par les Lyumnades se déliter alors que la force de sa créatrice l'abandonnait. La liaison était coupée.

Le dernier assaut commun du Naga et du Général tombé gonfla et ragea pour venir percuter avec une grande violence le cristal dans lequel leur ennemi s'était enfermé. Le second Muien ne fit pas un geste pour venir en aide à son camarade. Bien au contraire, le dénommé Xbalanque resta en arrière et croisa les bras en observant l'issue du combat. Les Ondes conjuguées des deux Marinas forcèrent la surface cristalline à se fissurer d'avantage, assez pou voir la structure commencer à se séparer...

« Des imbéciles jusqu'au bout... »

Les attaques des serviteurs de Poséidon semblèrent trembler, puis échappèrent à leur contrôle. Elles s'engouffrèrent dans les failles du cristal. Aspirées par le Nahual, les techniques ne firent plus qu'un avec lui et son cristal, et dans une vibration funeste une intense lumière les enveloppa. Dans un bruit assourdissant, la prison de cristal éclata, libérant ce qui semblait être des échos fantomatiques des attaques reçues. Une nuée de spectres en furie se jeta sur le corps des Lyumnades, tandis que Nessius devait lutter pour ne pas s'étouffer dans une bulle d'eau croupie et une brume verdâtre qui sapait ses forces.

Suite à cette violente contre-attaque, un corps humain descendit des airs où, quelques instants plus tôt, lévitait le cristal. L'aura de Camazotz était inchangée, mais cette fois son apparence semblait plus solide, plus réelle. C'était bien de la chair et des muscles qui, désormais, recouvraient son corps. Mais toujours sur lui pouvait se lire les stigmates de la mort : cette énergie d'un jade funeste qui pulsais sous sa peau, ces corps et visages torturés incrustés dans ses vêtements, et sous le voile et la lourde capuche qu'il portait, Nessius pouvait entrevoir un visage qui le rendait familier, nostalgique... Un visage qui semblait posséder les traits de tous les défunts de sa vie à la fois. Le simple fait de poser les yeux sur cette tête revenait à regarder droit dans l'abysse de la mort, et faisaient se retourner ses entrailles.

Camazotz, vraie forme:

Portant, aussi effrayante que fut cette silhouette, elle n'était pas l'image d'un parangon de vigueur. Sitôt qu'il eut touché le sol, Camazotz se courba et sembla peiner à trouver son équilibre. Une partie de son Cosmos s'échappait de sa peau, instable. Surement en forçant le Dieu à sortir précipitamment de son était de chrysalide, les Marinas l'avaient-ils mis dans un état bien plus affaiblis qu'il ne l'aurait souhaité.
Le sol devant le serviteur d'Okheanos se souleva pour faire apparaitre un long sceptre aussi, à l'apparence lugubre. Camazotz s'appuya sur lui pour garder sa contenance. Il porta ensuite son regard sur le Capitaine de l'Indien. Les yeux invisibles de la créatures provoquèrent d'intense sueurs froides dans son dos.

« Je t'avais bien dis que tu serais le dernier, Nessius. Maintenant, observe les conséquence de votre échec... »

La main du Nahual se tendit vers le corps du Général de l'Antarctique. Une lueur apparut entre ses doigts, et commença à envelopper la Scale des Lyumnades. Cependant, avant que le seigneur des morts puisse faire quoi que ce soit d'autre, une puissante main vint saisir sont avant-bras, et le serrer jusqu'à ce qu'on entendre les os commencer à céder.

« Cesse de jouer. Tu devras te contenter des âmes Atlantes que tu as déjà récupéré. N'en as-tu pas déjà assez? »

Les mots sifflés par Xbalanque exprimaient tout son dégout. Lui et Camazotz échangèrent un regard plein de ressentiment, jusqu'à ce que finalement la grande chauve-souris cesse son arcane. Le chasseur relâcha alors sa main en la rejetant d'un geste plein de mépris, et se détourna. Le métamorphe, lui, reporta sa colère et sa frustration sur Nessius.

« Remercie ta bonne étoile que je n'ai pas le temps d'en terminer avec toi. Lorsque nous nous reverrons, je serai enfin... entier. »

Le souffle de mort du Nahual alla jusqu'au Naga, mais le Muien ne fit rien de plus. Son plan était un échec, et de ce constat il ne pouvait que suivre les ordres qui étaient les siens. De nouveau, dans son deux, deux grandes ailes chitineuses apparurent, et d'un battement lui permirent de s'élever dans les airs. Xbalanque était déjà loin, et franchissait par des bons prodigieux des quartiers entiers d'Atlantis. Se mettant à voler à vive allure au ras des bâtiments, Camazotz l'imita. En quelques secondes, tous deux étaient déjà bien loin, se perdant dans la direction de l'Arche des 5 Pics. Une occasion pour Nessius de réaliser qu'il n'y avait désormais plus qu'un seul Pilier sous l'effet de la corruption...

Spoiler:

Tour de Combat n°6 :

«Sale fils de louve !!!»

Nessius s’était attendu à un dernier coup en fourbe et il ne s’était pas trompé. Uniquement sur la nature de ce dernier. Il n’avait pas su déceler immédiatement l’inimitié qui semblait transpirer des échanges entre les deux laquais du seigneur des Courants. Il pesta. Son esprit avait sans doute été trop préoccupé par le vol plané des Hyades et la colère qu’il avait senti monter au creux de ses entrailles.

Mais désormais les choses étaient limpides. Presque autant que le fait de voir ses propres attaques lui être renvoyées en plein visage. Il n’eut pas réellement le temps de réagir. Aussi se contenta-t-il d’encaisser ce retour en serrant les dents. Il ne perdait rien pour attendre.

Son regard se posa alors sur les Lyumnades qui gisaient au sol. Morte. Ce salopard avait terrassé Calypso mais aussi l’un des Sept Généraux. Le Naga fut à peine surpris de voir que l’apparence de la jeune femme avait changé. Une illusion permanente… Pas étonnant qu’il ait ressenti une certaine défiance vis-à-vis d’elle. Mais désormais, il était bien trop tard pour lever le malentendu. Ne restait plus que la vengeance et la détermination. Il le devait à Caly.

C’était sans compter sur le fait que l’ersatz divin tentait de fuir. Comme un bon chien en laisse qui cherche à retourner auprès de son maître la queue entre les jambes. Le Naga eut un rictus mauvais. Il pensait pouvoir s’en tirer à si bon compte ? En plus d’être d’une arrogance sans bornes, il le sous-estimait de toute sa suffisance. Et ça, le jeune Atlante ne le laisserait pas passer. Par fierté autant que par amour des Hyades et de la Cité.

«Et tu crois aller où comme ça, espèce de pourriture ambulante ? Tu penses que je vais t’en laisser te tirer à si bon compte ? Alors tu te fourres le doigt dans l’œil jusqu’au sphincter. Je vais te renvoyer à ton maître dans une jolie urne ornée du sceau du Seigneur des Sept Mers ! Dieu ou pas, ton crime contre Atlantis ne restera pas impuni… »

Il se lança donc à corps perdu à la poursuite de son ennemi. Le rattraper pour l’achever. Ou tout du moins essayer…

Spoiler:

Depuis combien de temps le capitaine du Naga avait lancé sa course ? Le vieil homme qui croiserait sa route n’en aurait aucune idée. Mais il n’avait pas eu le temps de quitter le pilier central. À vrai dire, Calum, et les civils qui l’accompagnent, devaient être dans le coin depuis quelque temps. Le vieux loup de mer était suffisamment sage pour ne pas s’approcher de ce monstre buveur d’âme, mais voyant le danger écarté, il était temps pour lui de sortir.

« - Bien, capitaine, je pense que, quoi que vous pourchassiez, il vous a malheureusement échappé. Et j’ai peur que nous n’ayons plus trop le temps pour ça. »

La présence d’un membre de l’amirauté semblait avoir rassuré un peu les civils inquiets. Mais le conseiller les rassuras de quelques mots qu’il leur adressa avant de retourner son attention vers Nessius. Avant d’entamer la conversation plus sérieuse, il demanda :

« - Je suppose que vous avez sécurisé le pilier central et que ces pauvres gens pourront s’y réfugier sans mal ? Et vous n’aurez pas une idée d’où est passé mon cher ami Endymion ? »

Si la première réplique du conseiller avait été posé et calme, la suivante semblait chargé d’un peu plus d’empressement. Après tout, la situation s’y prêtait bien. Mais il ne voulait pas rentrer dans les détails tant que les civils étaient encore autour d’eux. Après tout, la situation n’avait pas l’air bonne, ou du moins, le plus dur étaient devant eux. Ces gens n’avaient pas besoin de paniquer maintenant, ils venaient d’échapper à la mort de peu, du repos. Voilà ce à quoi ils avaient droit.

Citation :

Echec de la poursuite de Nessius, Camazotz parvient à s'échapper.

Raté. Il s’en était fallu de peu mais Nessius devait se rendre à l’évidence : il ne parviendrait pas à rattraper cette saloperie de Camazotz. Il avait perdu sa trace quand ce dernier avait quitté la zone du pilier central. Il laissa échapper un grognement de dépit avant de donner un coup de poing dans le mur le plus proche. Il n’avait plus qu’à coordonner le secours aux blessés et prendre soin des corps de ceux qui avaient péri sur le champ de bataille

Caly… Etait-elle encore en vie ? Il devait s’en assurer. Alors qu’il allait se rendre là où il lui semblait avoir vu le corps des Hyades s’encastrer dans un mur, il fut interpellé par un visage buriné par le temps, encadré de longs cheveux blancs et d’une barbe soignée. Calum O’Bannon… Ainsi, maintenant que tout danger était écarté et que certains avaient versé leur sang, les rats retrouvaient discrètement le navire. Néanmoins, se gardant bien de porter un jugement à l’encontre du vieillard, le Naga entreprit donc de mander deux gardes retrouver le corps de la jeune femme avant de prendre le temps et de répondre avec courtoisie aux questions de son interlocuteur.

«Les combats sont achevés, Sénateur O’Bannon. L’ennemi a pris la fuite. Néanmoins, je ne peux vous garantir que le pilier central soit absolument sécurisé. Il nous faut d’abord procéder à l’évacuation des blessés pour pouvoir sauver ceux qui peuvent l’être. Sans vouloir vous manquer de respect, patriarche, il est encore prématuré d’espérer pouvoir protéger ces gens ici alors que les fumées du combat ne sont même pas encore dissipées…»

Il y avait quelque chose de surprenant dans la démarche. Il y avait sans doute d’autres zones d’Atlantis moins dangereuses pour protéger des civils que de venir sur un champ de bataille alors que l’affrontement était à peine achevé. Surtout pour un membre du Conseil dont on ignorait les actions pendant l’attaque. Mais ce premier refus constituerait sans doute un premier éclaircissement. Si le Sénateur insistait, c’est qu’il avait forcément une idée en tête.

Mais avant toute chose, Nessius devait essayer de comprendre la situation en commençant par l’identité de ces gens. Mais d’abord devait-il avouer son ignorance quant au lieu où se trouvait Endymion. Même s’il avait à cette question, il avait quelques hypothèses à formuler.

«J’ignore où se trouve précisément le Général du Dragon des Mers mais je soupçonne que nous lui devons, d’une manière ou d’une autre, l’affaiblissement du vortex censé permettre à Okhéanos de mener son plan à terme. Moi aussi j’ai une question, si vous me le permettez, Sénateur. Qui sont ces gens ? »

Simple, direct, efficace.

Le vieux loup de mer adressa un sourire amusé au jeune garçon. Il devait avoir facilement deux… Peut-être même trois fois son âge. Alors des situations compliquées, Calum en avait déjà vu beaucoup. Il avait survécu à la précédente défaite d’Atlantis. Autrement plus grave que l’état dans lequel se trouvait la cité actuellement.

« - Ni la sécurité nul part ailleurs. C’est bien le seul endroit où je suis certain qu’il n’y a plus de combat. Ce qui en fait de facto, l’endroit le plus sur de la cité n’est ce pas ? »

Et sans vraiment attendre de réponse de la part de Nessius, il commença à donner quelques ordres. La troupe commença à avancer, organiser. L’expérience de capitaine de navire du Sénateur parlait ici. Il prit soin de mener la colonne, évitant les artères trop abîmé et contournant les bâtiments à risque. Il empruntait, quand il le pouvait les grandes rues dégagés. Son objectif était les bâtiments fortifiés du pilier central. Après tout, son rang de conseiller et pas seulement de sénateur, surpassé celui du capitaine du Naga de beaucoup. Il donna donc l’ordre aux gens d’avancer. La mine du vieux briscard se fit plus grave quand son interlocuteur lui avoua ne pas savoir précisément où était Endymion. Voilà qui compliquaient bien ses affaires. Après tout, c’est avant tout lui qu’il était venu chercher ici. Mais si, comme on venait de lui dire, il avait fait son travail, c’était absolument parfait ! La question suivante lui arracha par contre un mélange de surprise et d’incompréhension.

« - Et bien, ça ne se voit pas ? C’est une partie des habitants et serviteurs du quartier de l’Atlantique Sud que j’ai eu la chance de pouvoir amener avec moi avant que les choses ne dégénèrent vraiment. J’ai vu nos ennemis installer ces piliers d’Etrius et les choses ont ensuite dégénérés, comme partout ailleurs. Enfin, voyez bien qu’ils n’ont pas l’air de soldat.»

Et en effet, à ses côtés un parterre de civils : artistes, artisanats, serviteurs et simple atlante. À sa façon, l’O’Banon avait sauvé beaucoup de monde, bien qu’il ne soit plus dans la force de sa prime jeunesse, il avait fait plus que sa part.

Un raisonnement qui se tenait. Même si Nessius pouvait soupçonner qu’il y avait baleine sous corail, encore aurait-il fallu qu’il puisse le prouver. Las, ce n’était pas aux vieux crabes que l’on apprenait à marcher de guingois. Aussi se contenta-t-il d’opiner du chef d’un air entendu.

Mais ce n’était pas parce que le plan de Calum lui échappait peut-être encore qu’il fallait pour autant lui laisser les mains absolument libres. Après tout la Fujin n’était peut-être pas la seule à avoir été « remplacée ». Et apporter des civils atlantes avec soi pouvait constituer un formidable bouclier. Surtout que le pilier central était un point stratégique. N’était-ce pas là qu’était censé sommeiller le Seigneur Poséidon ?

Mais le Naga voulait d’abord savoir ce qui était arrivé aux Hyades. Aussi fallait-il qu’il gagne un peu de temps.

«Dans ce cas, laissez-moi donc vous accompagner pour garantir votre sécurité ainsi que celle des gens sous votre protection, Conseiller. Je n’ai certes ni l’aura ni la puissance du Dragon des mers, mais je suis un serviteur d’Atlantis et surtout de son peuple. Je ne sais si notre ennemi n’a pas encore une quelconque ruse dans son escarcelle. La vie de ces gens m’importe autant qu’à vous. Car j’imagine qu’il n’a pas dû être aisé d’atteindre le pilier central depuis l’atlantique sud en protégeant tout ce monde… Je vous demanderai juste quelques instants afin de pouvoir nous organiser au mieux…»

A ces mots, sans attendre l’acquiescement de l’ancien capitaine de navire, il interpella deux gardes à proximité.

«Gardes, je vais vous confier deux missions. La première est de retrouver les hommes chargés de retrouver la dépouille de la lieutenante des Hyades et de les informer qu’ils doivent ramener son corps dans la demeure des Toreador Arkantea, qu’elle soit morte ou vivante. Ils devront ensuite venir m’informer de la situation au pilier central. La seconde sera de trouver le Général du Dragon des Mers et de lui signaler que le Conseiller Calum O’Bannon requière sa présence au pilier central. »

Peut-être était-ce un piège. Mais Nessius n’avait d’autre choix que de procéder de la sorte. Si ce n’était pas le cas, le vieil homme avait certainement une excellente raison de solliciter la présence d’Endymion. Dans le cas contraire, ils ne seraient pas trop de deux si l’ennemi avait la même puissance que l’engeance qu’il venait d’affronter et avait balayé les Lyumnades et les Hyades.

Les deux gardes esquissèrent un signe de tête lorsque Nessius leur désigna la zone de recherche où devait se trouver Calypso, saluèrent et se lancèrent sans autre formalité dans les missions qui leur étaient confiées. Nessius se tourna alors vers le patriarche O’Bannon.

«Allons-y, Conseiller. Je vous suis. Menons ces gens en sécurité… »

Altruiste ou terriblement retors ? La suite éclairerait surement Nessius sur les véritables intentions du vieil homme.