[Mi mai 553] Verser le premier sang (PV Endymion-Adonis)

Cette première nuit à l'auberge ne fut pas des plus reposante, un simple regard par la fenêtre fissurée de la chambre... une rescapée dans tout ce fatras, me permit d'observer cette brume persistante dans le quartier de l'atlantique Nord... décidément ça n'aspire pas à la gaieté ! drôle d'idée que de toujours concevoir le repos éternel comme quelque chose de glauque, de froid et de mystérieux... alors que c'est la chose à la fois la plus simple et la plus assurée de toute autre en ce monde. Nous avons le droit de sourire de chanter et de danser à l'approche de l'inéluctable passage vers l'autre monde...
Et je ferme les yeux pensant un instant aux étoiles... m'habituerais-je de ne plus pouvoir les contempler ? Et dire que certains habitants de ce royaume n'ont jamais pu observer la beauté de ces astres luminescents parcourant le ciel noir de la nuit, comme une scène de spectacle offerte à qui ose lever les yeux et prendre le temps de se perdre... le temps de se perdre dans les longueurs du temps et ainsi plonger dans ses espaces infinis...

Un début de rixe dans la rue me tira de ma torpeur matinale, une vague histoire d'adultère... visiblement les problèmes du commun sont trait pour trait les mêmes qu'en surface... je décide donc de descendre l'écaille sur le dos et de commander un repas. Seul, je dévore ce que les mains travailleuses de la tenancière ont concoctées pour moi, puis je sors sans attendre mon reste pour explorer les alentours.
Les bras sagement croisés dans le dos je dépasse les deux hommes et cette femme qui s'étripent puis je marche... je marche longuement. Déambuler des heures durant à se perdre dans les rues d'une ville à semi en ruine il n'y a rien de mieux pour apprendre à la connaître. J'observe ci et là les habitations, les visages... Personne ne me parle et vice versa, seuls quelques regards sont échangés. Ceux-là sont mêlés de colère et d'incertitude, puis d'étonnement à la découverte d'un visage bienveillant.

Je m'assied sur une petite place ou jadis une fontaine se dressait, ne subsiste que son piédestal fraîchement balayé. Près de moi quelques anciens refont le monde, intarissables ils sont les voix frêles d'un présent dépassé, le passé comme compagnon de route ils parlent et tuent le temps en pensent à demain, mais demain est un bien qui ne leur est appartient déjà plus. Je regrette qu'aucun visage jeune ne le prenne "ce temps" d'écouter ces voix, celles qui ont forgé le présent à notre intention... et les échos de leurs cordes vocales se perdent à jamais au fond de cette brume... alors quelques traits de mélancolie se dessinent sur mon visage.

Le soleil rougit enfin à travers la voute, le destin m'appelle... et avec celui-là il ne vaut mieux pas être en retard si je ne veux pas le mettre en rogne !
Je me relève lentement et marche en direction du pilier. Il est si haut et imposant qu'il perce cette brume par sa stature titanesque. Encore une chose qui ne semble pas émerveiller mes confrères et qui pourtant... le mérite.

En me rapprochant de 'lui' un chant de marins familier sonnait à mes oreilles... faiblement d'abord puis de plus en plus distinctement ! Oui ! Mes pieds vont assurément dans la bonne direction ! Une forte appréhension germa dans mon cœur en franchissant l'énorme gueule squelettique avant de déboucher sur l'antre. Des âmes, comme lors de mon initiation voletaient tout autour de moi jusqu'à ce que mes yeux se posent enfin sur lui.

Un sourire gêné au coin des lèvres :

Me voici, Capitaine.

Au rappel du défi un frisson me parcourra, avant de ravaler mes peurs devant l'Onde grandissante du maître des lieux.
L'entraînement n'a pu combler le gouffre qui nous sépare mais je promet de faire de mon mieux et ainsi rendre hommage à ceux qui sont tombés pour Atlantis !

Je dépose délicatement la boîte qui renferme mon écaille et d'une caresse souple de la main la fait jaillir dans une gerbe de lumière azurée. Le cri rauque du monstre de Lusca résonna avec puissance au sein de l'antre, devançant ainsi le dragon.

En garde !

Face à face avec mon Capitaine et amant... un parfum de déjà vu que je ne regrettais absolument pas, et pourtant... il apparaît qu'il faut en passer par là pour devenir plus fort, prouver sa force et sa valeur au combat. Pour lui, pour Poséidon, pour les Atlantes... pour moi ! Il n'y a pas de peur à avoir je ne suis pas son ennemi, il ne combattra pas pour tuer mais pour me surpasser par sa puissance... tout en évaluant la mienne...
La dernière fois que nous nous sommes vus, et combattus, la scale de Lusca me fut remise... aujourd'hui qu'en sera-t-il ?

A l'époque déjà tu dépassais la simple mortalité aux yeux des hommes du commun, tu serais facilement passé pour un Dieu... si tes facultés se sont encore accrues c'est que tu dois être véritablement terrifiant à combattre. L'idée même de me mesurer à toi me fait peur mais... je le dois.

En prononçant ces mots je perçois cette fameuse brume monter tout autour de nous... l'annonce de la danse macabre des esprits qu'il domine... Je me tiens droit face à eux et les toise avec défi. Cette fois je suis prêt et ne me laisserai pas emporter par mes peurs !

La privation des 5 sens, sa technique de combat qu'il a déjà employer la fois précédente... il affectionne donc d'handicaper son adversaire pour mieux le clouer au sol et l'achever. C'est terriblement puissant et efficace et je n'ai rien pour le contrer...
le triangle d'or apparaît sur le sol, me projetant dans cette autre dimension avant de retomber lourdement contre le marbre lisse et froid du parterre de l'antre... l'odorat disparu ! Mais pas le temps de me lamenter que les attaques s'enchaînent ! Le rayon d'énergie ésotérique me heurta les côtes de plein fouet me faisant reculer de plusieurs mètres. J'étouffe un cri de douleur avant de percuter une colonne puis de retomber à terre.
Crachant un premier filet de sang :

Tu ne m'auras pas si facilement Capitaine !

Sans ménagement l'attaque suivante s'enchaine, je regarde à droite, à gauche, impossible de fuir...
Au secours...
Le pendu sort de l'une des deux cartes juchée au-dessus d'Endymion je me relève déjà difficilement... puis incante tout en devisant avec frayeur cette figure torturée.

Lusca Reduction !!!

Une vague d'énergie émane alors de mon corps tandis que mon Onde se transforme en une gigantesque bulle protectrice changeant, en son sein, l'humidité de l'air en rideaux d'eau afin de repousser l'assaillant.

Je n'ai aucunement peur en l'avenir, et tu le sais ! N'est-ce pas toi qui m'a dis un jour "pour être heureux demain, commence par l'être aujourd'hui" ? Et je suis heureux aujourd'hui !!!
Tu m'a changé en homme, et un homme n'a pas peur pour demain ! Il a peur pour sa famille, ses amis, sa cité... il se bat pour ses valeurs, il se bat pour ce qu'il aime, il affronte maints dangers sans jamais vaciller, et si il tombe il se relève encore et encore jusqu'à son dernier souffle. Un homme doit marcher vers son destin sans jamais se retourner. Là est ton enseignement capitaine, et je t'en remercie...

Mon regard devient mélancolique et plonge dans le sien alors que j'entame une mélopée dramatique accompagnée par quelques pas de danse, un tour, deux tours sur moi, l'Onde suit le mouvement par de fins rais de lumière et... *Clap* ! un claquement dans les mains propulse les filaments sous Endymion et font apparaître de nombreuses tentacules l'enserrant avec violence.

Puisque tu m'y contraints... je vais te montrer de quoi le nouveau lieutenant de Lusca est capable... Résiste donc à ça : Fangs circle !!!

En un éclair je me retrouve à une longueur de bras d'Endy et lui lance un uppercut tout en fureur et hargne. Un cri perçant résonne dans l'antre jusqu'au creux des âmes qui flottent dans les airs, Lusca se matérialise en d'innombrables cercles de dents de requin déchiquetant la chair sur son passage...
Un épais nuage de poussière embrase maintenant notre arène.
Il en faut bien plus que ça pour l'impressionner...

Tour de Combat n°1 :

Endymion qui prend ma première attaque de plein fouet ? l'ai-je surpris ou bien a-t-il délibérément voulu l'encaisser pour jauger de ma puissance ? Cette question restera sans réponse avant la fin du combat car a peine m'élançais-je pour le frapper de mon poing qu'une violente douleur au coude me transit, en un clignement de paupière je me retrouve de nouveau projeté dans cet autre monde que je commence à connaitre... quelle horreur d'être ainsi expulsé dans un monde sans vie, un monde sans odeur ni saveur, ou n'existe rien d'autre que le vide absolu et infini... Une fois de plus je retombe lourdement au sol... le coude toujours meurtri par une attaque venue de nul part, il est vraiment très fort ! C'est à ce moment là que je l'entends dans mon esprit, car aucun son ne me parvient plus. Ni le chant des marins, ni le bruit de mes os claquant sur le marbre. Rien, le vide...
Le visage tuméfié toujours contre le sol je déploie mon Onde pour me protéger de la sentence de Sa justice. Sentent cette énergie cosmique englober l'espace, des vagues émanant de moi viennent heurter cette colonne de ténèbres et l'amoindrissent. Je pare de mon poing levé les résidus cosmiques me parvenant, avant de sentir subitement mes forces m'abandonner par la danse mortelle de son étoile...

Impossible de parer autant de puissance, elle me surpasse tant et si bien que je cri, je cri en me tortillant de douleur, la vie me quitte et mes yeux pleins de larmes ne peuvent les retenir davantage !
Alors je réponds à ses mots dans mon esprit par des mots bien sonores à ses oreilles :
J'ai mal ! Arrête ! J'ai mal !!! Tu vas me tuer !

Et rien ne s'arrête, la douleur continue encore et encore si bien que mon corps prit de spams se crispe et se tord dans tout les sens jusqu'à ce que, visant de mes yeux à moitié révulsés son visage sans émotion je m'élance comme un chien fou la bave aux lèvres en sa direction. Obnubilé par le moyen de faire stopper cette douleur, je cours, j'attaque, je mords... il faut frapper, frapper encore et encore, Lusca à mon aide, le monstre des océans craint par les marins du monde se joint à moi contre le Dragon.

Je t'ai dis d'arrêter !!!

Mes coups sont innombrables et puissants comme ceux d'un animal sauvage luttant pour sa survie et se résout à attaquer sans relâche pour surpasser et impressionner un adversaire bien plus puissant. Le seul moyen, le noyer sous les attaques et lui montrer que si il veut ma peau, il l'aura certes, mais pas sans en payer lui-même un lourd tribu.
Puis, essouffler par tant d'énergie déployée je saute en arrière et pointe du doigt mon amant, capitaine et consul et en appelle une fois de plus à mon protecteur des mers pour l'empoisonner. Lui aussi connaîtra la douleur qui parcours mon corps, mes os et mes veines...

Toxic Attack !

Tour de Combat n°2 :

Le bras stoppé dans son élan contre son torse le contact froid avec son écaille me paralyse, si bien qu'une ombre ténébreuse s'empare de mon poing, du poignet, de mon avant-bras et enfin du bras tout entier. Son Onde est incommensurablement plus puissante que la mienne, je ne fais pas le poids pourtant, dans ma fureur bestiale j'arrive à percevoir ce qu'il me communique par esprit, sa voix au ton impartial résonne d'abord faiblement avant d'emplir l'espace vide comme un tambours de guerre annonçant l'assaut et dont le rythme s'accélère à mesure que la pression dans mon corps s'accentue.
Me ferais-je du mal à m'abandonner ainsi à mon animalité ? Je n'ai pourtant pas d'autre choix, ma force je la tire de ma rage si longtemps accumulée, comment pourrait-il en être autrement aujourd'hui ? Je me bat avec ce que j'ai, avec ce que je suis et je donne tout, y compris ma vie quand l'ardeur du combat l'exige.
Et me voilà propulsé en arrière, me prenant en pleine figure mes propres attaques ! Des plaies s'ouvrent et la morsure toxique de mon ami me fait plier les genoux jusqu’à les mettre à terre.
Ne suis-je bon qu'à perdre mon sang-froid à pleurnicher et à mourir tête baissée dans le combat ?

Je crache un long filet de sang et de bave par terre, joint en une flaque par quelques filets de sang perlant de mon corps meurtri.

A ses derniers mots je ferme les yeux prêtant ainsi le flanc à toute nouvelle opportunité d'attaque et joins les deux mains devant moi pour adresser une prière à Poséidon. Aussitôt plusieurs tentacules jaillissent du sol. Pointant la voute océaniques ces dernières se mettent à danser à l'unisson tandis qu'une aura bleu méditerranéenne émane de l'ensemble. L'une des tentacules se flétrie rapidement et tombe lourdement au sol puis une énergie bienfaitrice me régénère. Un grondement sourd résonne au cœur de l'antre aux oreilles des entendants curieux.

Je rouvre les yeux pour observer mon capitaine. Il souhaite me priver de mes sens, peut-être que la vue sera le prochain alors... je dois me nourrir au mieux de ce qu'ils ont encore à m'offrir avant qu'un voile noir ne me sépare de lui.

Commettre les mêmes erreurs m'est interdit.
Aujourd'hui encore je muris et j'apprends. Il faut bien en passer par là. Pour être stable sur ses pieds il faut être tombé de nombreuses fois, et là je tombe. L'important est de se relever !

Alors je me redresse face à lui et, avec un calme retrouvé j'effectue des bonds magistraux d'une rapidité d’exécution étonnante pour enfin me retrouver dans son dos et le frapper. Une nouvelle fois des milliers de crocs en de multiples cercles apparaissent tout autour de lui pour le lacérer. La poussière à peine retombée se remet à voleter dans un fabuleux nuage.

Fangs circle.

Si je veux lui prouver mon plein potentiel je ne dois pas y aller à l'économie, j'ai, je le sens, encore de la réserve est, bien que cela ne sera jamais suffisant, je peux offrir un spectacle qui le réjouira si tant est que le combat se prolonge.

Je vais souffrir c'est indéniable, et j'aurai envie de pleurer mais je dois arrêter ces gamineries... c'est indigne d'un lieutenant d'atlantis...
Indigne d'un lieutenant...
Indigne...
STOP !
Je dois me concentrer sur lui, sur ses forces et surtout ses faiblesses. Tout le monde possède des faiblesses et aussi fort soit-il, il à bien une faille à exploiter. Il faut que je la trouve tant que mes yeux me le permettent !

Tour de Combat n°3 :

Il encaisse mes attaques sans même esquisser la moindre surprise ni même la moindre envie de les bloquer, pourtant j'y mets toutes mes forces. Celles-ci pourraient terrasser une armée entière d'hommes, mais lui reste là impassible et se les prend de plein fouet comme si elles n'étaient que caresses sur sa peau. Voilà donc le réel fossé qui sépare l'élève du maître.
J'apprends depuis quelques mois la puissance qui sommeil en moi, et c'est la première fois que je combat en revêtant l'écaille qui me fut remise lors de cette soirée si particulière sur les bords de la mer Égée, cette fameuse soirée anniversaire, initiatique. Son énergie me permet d'encaisser les coups qui, sans elle, me seraient fatals mais elle ne sera pas suffisante pour gagner ce duel.
Je lui dois la fierté d'être accepté au sein de la grande famille des Atlantes, cette grande famille dans laquelle je devrais faire mes preuves pour mériter et affirmer ma place. Lui et Poséidon seront fier de moi !

C'est sur ces quelques pensées braves que je me fais emporter pour la troisième fois depuis le début de la rencontre dans ce monde obscur et terriblement effrayant pour y perdre mon bien le plus précieux : les sens. Et celui-ci est sans doute l'un des plus importants pour l'homme. La vue !
Je ressors de ce monde perdu, le voile noir de la mort est tombé irrémédiablement sur mes yeux et avec lui toute chance de l'emporter. Je ne suis plus un guerrier si je ne peux voir mon adversaire.
Sans la vue et sans ouïe, comment repérer celui qui me fait front ?

Un souvenir me revient soudainement alors que mon corps et mon esprit, entre deux eaux baignent dans l'incertitude et le désespoir.
Lorsque mon maître m'apprenait à sonder l'eau à la recherche de poissons à dévorer le midi. Un bandeau sur les yeux il m'enseignait à "ressentir" l'énergie émise par le vivant à travers ce qu'il appelait "l'Onde", cette énergie inhérente à chaque chose en ce monde, de la pierre inerte aux feuilles de la plante que l'on arrache à la terre, en passant par les poissons, les oiseaux, le gibier... et bien évidement nous.
A la recherche de cette sensation que j'ai su découvrir à l'époque, je déploie toute la largeur de mes poumons pour inspirer une bouffée d'air salvatrice et ainsi ordonner à mon cœur en émoi de s'apaiser un instant.
Cette concentration intense me fit entr'apercevoir l'Onde du rayon d'arcane émanant de son magicien. La vague d'énergie n'est pas dure à percevoir tant elle irradie à l'extrême au sein de l'antre du dragon des mers.
Je la prend toutefois de plein fouet, surpris par la vitesse et la puissance je heurte violemment une colonne, mon corps se recroqueville instinctivement et du sang coule abondamment à mes pieds...

Par réflexe je pare tant bien que mal la nouvelle attaque du pendu qui, à défaut d'être bloquée entièrement ne me prend pas complétement en traitre.
Il me saisi quand même par la cheville et me projette dans un autre monde fait d'horreur et de mort. Alors pour ne pas sombrer dans la folie je n'ai d'autre choix que de me répéter :
Pour Poséidon, pour Atlantis, pour Endymion... pour Poséidon, pour Atlantis, pour Endymion... pour Po...

Je ressors de là au bout d'un certain temps, seul la douleur de mes muscles et de mes os heurtant le sol me sort de la torpeur dans laquelle il m'initia. Le combat n'est pas terminé et je suis toujours vivant.

Je me relève avec la précarité d'un non-voyant découvrant pour la première fois cette cécité.
Impossible de recouvrer mes sens je sonde alors l'air à la recherche de sa présence, jusqu'à ce que, sûr de l'avoir enfin trouvé je lance par un mouvement de la main en sa direction :

Mortal rain

L'air se met à vibrer tout autour de nous alors que des gouttes d'eau se condense par millier. Si le spectacle est saisissant de beauté par cette formation de milliers d'étoiles en suspension dans l'air, je ne peux malheureusement pas l'observer... Soudain une première détonation et une goutte d'eau fuse à la vitesse de l'éclair vers Endymion jusqu'à percuter son écaille d'or avec une force terrible. Suivie de plusieurs dizaines, puis centaines d'autres détonations... Cette pluie d'étoile s'abat avec violence sur l'être qui se dresse au milieu de ce tombeau.
Sans attendre la fin de cet pluie mortelle je pointe du doigt mon amant et en appel à Lusca pour lui infliger une attaque empoisonnée qu'il n'a pas encore eu le plaisir de goûter.
Aussitôt des tentacules se matérialisent autour de lui et une piqûre hautement toxique se plante dans son dos, mais il n'a pas le temps de souffler que je saute à l'assaut avec une morsure sanglante.

Il ne me reste plus beaucoup de temps pour l'impressionner...
je n'abandonnerai pas le combat tant qu'il me reste l'once d'une force en moi !

Tour de Combat n°4 :

Le combat est rude, qui aurait pu imaginer un tel déferlement de puissance émanant du Dragon des mers ? Pas moi c'est certain, pour autant je me surprends non pas à faire jeu équivalant, mais à surmonter -presque- dignement à mon rang les épreuves qu'il m'oppose.
Le triangle d'or m'absorbe à nouveau, je ne peux le voir, mais je sens cet espace fait de vide infini me plonger encore davantage vers l'enfer. Si je ressors vivant de ce duel, j'aurai au moins fait front de tout mon être à ce châtiment divin.

De retour dans le monde réel je ne ressens plus aucune animosité, plus de colère ni de haine, j'ai peur, j'ai peur pour ma vie. Et le pire et que même si je voulais fuir je n'en aurais ni la force ni la possibilité.
Acculé jusque dans les tréfonds de mon âme, sentant l'Onde de mon amant se gorger de ma détresse et de mon impuissance et, préparant sa nouvelle charge d'attaques, je n'ai d'autre choix que de m'abandonner à Lusca. Si je n'ai aucune chance, peut-être que lui saura quoi faire...
Et je ferme les paupières de mes yeux aveugles, et entre dans une méditation profonde.

J'affronte aujourd'hui mon Destin, et j'en paye déjà lourdement le prix, lui aussi en son temps a cheminer sur cette route sinueuse. Il en va ainsi du vivant, qu'y pouvons-nous ? Rien. Acceptons-le et battons-nous pour nos idéaux, pour nos principes. Et quitte à mourir pour eux, sachons au moins mourir dignement pour sauver notre honneur.

En quelques secondes mon corps, porté par une énergie venant des abysses se relève, mon faciès arbore dès lors une expression de calme et de sérénité, puis bras en avant, plusieurs explosions d'encre d'un noir absolu jaillit de mes paumes, mes jambes me portent en quelques bonds hors de porté des attaques du général. Mon corps mu par une force divine agit de son propre chef et se métamorphose pour se dissimuler parmi le décor de l'antre. Invisible aux yeux de mon adversaire, je souffle en entendant ses attaques exploser non-loin de ma position.
Le peu de répit gagné par cette technique nouvelle me permet de sonder mon corps, et ce que j'y découvre n'est pas réjouissant. Le sang coule de toute pars, certains de mes os me font atrocement souffrir, et ses précédentes attaques absorbe encore mon énergie vitale en plus de me priver de mes sens.
Je ne tiendrais pas un autre assaut... que puis-je faire ?

Une fois la vague passée je sors de ma cachette. Poussé par l'énergie du désespoir j'avance tout en claudiquant tranquillement en sa direction et lui souris... par provocation ? Par fanatisme ? Non, par amour et fierté. Voilà le visage ému de l'amant qui, prêt à affronter son destin, s'amène en toute confiance vers celui qui su, un jour, transcender son existence et lui apprendre la définition du mot "aimer".
J'écarte les bras en croix, prêts à recevoir mon châtiment. Je n'ai rien de plus honorable à offrir que mon acceptation.
Alors :

Vas-y ! Achève-moi.

Tour de Combat n°5 :