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 Ma petite vie de Cardinal [solo][545 - date actuelle]

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Message Ma petite vie de Cardinal [solo][545 - date actuelle]   Ma petite vie de Cardinal [solo][545 - date actuelle] EmptyLun 23 Nov - 6:21
Là, à courir dans la boue, ballotté de part en part, à me frayer un chemin du mieux que je peux dans la mêlée. A mes côtés et dans mon dos, mes frères d'armes, avec tous un casque sur la tête, avec tous cette même course vers les hommes plus loin. Plus loin : les armées de l'Empire. Mieux équipée, plus grande, plus entraînée. Et pour nous séparer, cette centaine de mètres de sol boueux, alimenté par une pluie lourde et incessante. De la verdure ici et là, morte, noircie par le feu. Rien d'autre que nous, eux, et cette plaine désolée. Se poursuit la ruée des deux corps, qui avancent inexorablement l'un vers l'autre. Au bout de quelques secondes, les premiers cris de charge qui se font entendre d'un côté comme de l'autre. Les épées qui se lèvent au-dessus des têtes, les lances qui se jettent en avant, les haches qui volent. Quelque un sont touchés avant la rencontre, tombent, et emportent certains des leurs dans leur chute. Les autres contournent quand ils peuvent, piétinent lorsqu'aucun autre choix ne s'offre à eux. Puis le voilà. Le choc des armes, tonitruant. Les corps qui se heurtent, les boucliers qui cèdent, les lames qui se brisent entre elles, qui se fichent dans la chair. Le liquide carmin qui commence à couler ça et là, les bruits du métal frappé et de la viande découpée qui viennent dominer les cris toujours plus nombreux dans les deux camps.

Et au milieu de tout ça, moi.

Moi qui d'un coup, prends conscience du poids de ma lourde armure. Un regard vers mon bras armé, pour me rendre compte qu'il n'est pas plus grand que celui d'un enfant. Ça n'aura duré qu'une seconde. De cette seconde d'inattention, je n'aurais retiré que trois choses : le constat du poids de cet attirail bien trop lourd pour moi, le second constat que je n'ai pas la moindre idée de comment me servir de cette épée elle aussi bien trop lourde, et cet atrocement bien placé coup de masse. Mes côtes qui semblent céder sous la douleur, un cri à peine respiré puis sitôt regretté tant il fut insupportable à pousser. Je tombe au sol, sur le coup, en face d'une flaque d'eau. Un instant comme hors du temps, et je me vois dans le reflet. Mais pas le moi que je m'attendais à voir. Le moi de Carthage, l'enfant. Le même visage, ces mêmes traits enfantins, cette face de jeune noble bien dans sa soie et son satin. Ce moi, mais enveloppés dans l'habit du moi de l'Evasion. puis autour, ces gens, tous trop grands pour moi, trop expérimentés, trop... Adultes. Et je crie à l'aide, pour autant que ça me coûte de parler. Du sang qui s'échappe de ma bouche, et mon regard qui balaie la zone de combat, pour ne voir que l'indifférence des miens, ainsi que leur massacre. Trop occupés à assurer leur propre survie, plus que compromise selon toute vraisemblance. Plus loin en avant, les troupes Byzantines, avec peu de morts en leurs rangs, peu de difficulté à nous tuer tous, un par un. Tant bien que mal, je tente de me relever du mieux qu'il m'est possible, serrant les dents sous la souffrance. Une bonne dizaine de secondes pour me mettre debout, et lorsque je relève la tête vers devant moi, ce n'est que pour mieux voir le dernier frère Vandale tomber en même temps que je me relève. Je peine, mais arrive à me traîner vers lui. Lui hurler d'une voix sourde de se relever, de combattre, de ne pas me laisser. Finalement, je lui enlève le casque pour mieux juger de son état. Lorsque la pièce de métal est retirée de son crâne, un mouvement de recul instinctif précédé d'un hoquet de peur. Il... Il n'a pas de visage ? En lieu et place du nez, de la bouche, des yeux et des reliefs du visage, un espace vide, plane, une plaine de peau vierge et inexpressive. Incompréhension et peur dans le regard, un frisson quasi-perpétuel me parcoure. Mains tremblantes, respiration difficile et saccadée. La douleur lance toujours, et sans que j'y fasse attention, le sang coule de ma blessure, en de bien trop grosses quantités. Lorsque je remarque enfin que le sang encore chaud me quitte, il est trop tard : au-dessus de moi, les ombres Cuirassées qui se ressemblent, les signes distinctifs des armées de l'Empire présents sur leurs armures.

Semblables à des coquilles sans vie dans leurs grosses armures ouvragées, ils se rapprochent. Celui avec la plus lourde et la plus finement travaillée semble m'étudier un moment, avant de parler à l'homme sur sa droite, d'une voix comme venue d'une autre planète dans une langue je que ne peux comprendre. Quelques échanges, et une dernière fois, son heaume qui se penche vers moi, l'éclat de ses yeux qui brille à travers. Il clame une dernière phrase, sur un ton plus sec, dans des mots qui semblent plus directs et plus impératifs, le tout index pointé vers moi. De là, l'homme sur sa droite s'approche de moi, lame encore fraîche du sang de mes camarades. Il se pose au-dessus de moi, lame pointée vers mon torse, bras tendus haut au-dessus de sa tête. En un dernier réflexe pour ma survie, je tente de me dérober. Mais deux bottes viennent clouer mes bras au sol tandis qu'une paire de mains retiennent mes jambes. Je me débats, me tortille dans tous les sens, hurle à la mort, tant pour ma vie qu'à cause de ma blessure qui me lance comme jamais. Du sang qui commence à remonter le long de ma gorge. Des larmes qui me montent aux yeux. Tout part trop vite. Le soldat au-dessus de moi, tend ses bras un peu plus vers le haut le temps d'une demi-seconde, pour mieux les plonger vers le bas l'instant d'après. La lame qui se rapproche, si vite et si dangereusement que je peux presque me voir dans son tranchant avant qu'elle frappe.


Un éclat de voix qui vient rompre le silence nocturne, mon souffle coupé sous le coup de l'émotion. Mon torse porté en avant au réveil, et ma respiration plus rapide encore qu'il y a quelques secondes de ça. Le cœur tout aussi éprouvé, le rythme de ses battements rendu excessif et irrégulier. Le corps en sueur, un profond malaise ressenti d'un peu partout, mais surtout au niveau des côtes, là où j'ai pris le coup. D'un coup d'un seul, je reprends à peu prés mes esprits puis vérifie l'emplacement pour ne remarquer aucune blessure. Et également pour me rendre compte que j'étais là, dans mon lit, dans mes quartiers. Un soupir à la fois agacé et soulagé qui s'échappe de ma bouche, je reprends calme. Si même mes nuits me refusent ce repos dont j'ai tant besoin, je vais jamais tenir. J'ai, j'ai eu, et j'aurais toujours assez d'occasions de voir le champ de bataille une fois éveillé, pas besoin d'un supplément nuit agitées de ce côté. Surtout si c'est pour ajouter une composante surnaturelle au tout. Ces visages vides... Un frisson rien que d'y repenser. Ça m'arrive parfois, ce genre de songes. Parce que bien entendu, je n'ai pas le droit à ceux où celui qui gagne, c'est moi. Sûrement qu'il y a un message caché derrière, comme le disent certains à-propos des rêves. Heh, voyons le bon côté des choses, je me suis encore jamais pris celui où on se retrouve à poil en public sans avoir pourquoi. Tss. Me voilà qui me marre des conneries que je pense. Oui, c'est ça, prendre le tout à l'humour. C'est encore ce que je peux faire de mieux. Ironique, ce Cardinal de la Guerre qui sue à grosses gouttes sur des cauchemars qui promettent mort et désolation, hm ? Des fois, je me demande ce que Goran a vu en moi pour me confier sa Cuirasse. Le vieil homme a toujours été plus qu'une montagne de muscles, il y avait une logique, un plan derrière chacune de ses actions.. Ca, ou alors il a parié sur le mauvais cheval. Qui sait ! Toujours est-il que je suis toujours bien secoué, et que j'ai bien besoin de ce que je m'accorde tout le temps après chacun de ces mauvais songes : une bonne bouffée d'air frais.

Habillé d'une lourde cape pour mieux supporter cette nuit particulièrement froide, je m'en vais loin du Dédale, pour m'enfoncer dans la forêt adjacente, morne et sordide. Ah, qu'il est beau ce petit bout de Terre. Des grottes lugubres plus organiques que rocheuses, des forêts comme bloquées en Hiver, peuplées d'une faune des plus accueillantes, des villages pour la plupart de fortune, avec à peine un semblant d'ordre pour les faire tenir droit... Oui, pas de doute, bel endroit qu'est "Ma Maison". Mais passons. Quelques minutes de marche à travers les arbres, à m'aventurer toujours plus loin dans la forêt, pour tomber sur un petit Autel à peine encore debout. à ses pieds, de nombreuses bougies encore allumées, toutes dans un état d'usure bien différent les unes par rapport aux autres. Mais toutes allumées, toujours. Plus que miraculeux compte tenu du climat et du temps que certaines semblent avoir passé à se consumer ici. Je savais bien que je finirais par tomber sur l'endroit. La rumeur locale veut que c'était aux pieds de ce petit édifice de pierre que beaucoup venaient pleurer leurs morts jadis. Leurs morts sans tombes, pour x raison. De l'intérieur de ma cape, je sors une petite bougie, que j'allume grâce à l'une de celles déjà présentes. Cela fait, je la dépose au milieu de l'amas de bougies, dépose un genou à terre, puis plaque ma main droite au niveau de mon cœur. Cela fait maintenant quelques jours que j'avais eu cette conversation avec Borya, et je m'étais promis de rendre mes hommages à nos camarades morts en temps voulu. Je reste ici quelques minutes, dans un silence religieux, avec le léger crépitement des flammes et le vent pour seul fond sonore. Au bout d'un moment, une lourde bourrasque de vent se lève, et les Flammes, bien qu'elles vacillent, ne s'éteignent pas, pas une seule d'entre elles. Sur ce spectacle, j'ouvre les yeux, me lève, puis reprends le chemin du Dédale, sans me retourner, avec un sentiment de devoir accompli. Mes frères d'armes sont morts, oui. Leurs corps finiront par pourrir, leurs os par se réduire en cendres, et ils continueront d'exister à travers le souvenir de ceux qui leur ont survécu. Et quand eux-mêmes finiront par s'éteindre, il ne restera alors plus rien pour témoigner de leur existence, plus rien pour les lier à ce monde.

Rien, si ce ne sont les Flammes. Les Flammes, elles, ne s'éteignent jamais.
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