[Chapitre 1 Acte II] Groupe 05

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Groupe 5

Zvezdan
Lykeios

Les armées se déchaînent, d'un côté comme de l'autre. Chaque Dieu y va de sa démonstration de force, et comme il était à parier, s'il y en a bien un qui n'a pas eu à cœur de faire dans la demi-mesure, il s'agit bien d'Arès. Alors il s'y jette en personne, dans cette grande mêlée, accompagné de ses chiens de guerre, multitude hurlante prête à déferler sur ceux de Mu. Le choc de armes, la bataille, le Chaos, poussé à un extrême propre à ceux qui suivent le Dieu de la Destruction.

Et pour ajouter à cette déjà bien sanglante représentation, ce géant. Cette chose de chair et roche, qui doucement se détache du mur de chair pour devenir une entité à part entière, pour commencer sa lente et lourde marche vers la Tour. Hideuse, effrayante, monstrueuse, ce fragment de Dédale allait même pour partager de sa puissance impie.

Il l'observe approcher, Zvezdan, cette veine. L'air peu convaincu, il regarde la chose faire son œuvre, partager de son sang, une moue vaguement réticente au visage.

Et pourtant, lorsque les premières parcelles du fluide vital viennent à parcourir son corps, un spasme soudain. Une impulsion, un cri des entrailles. Un sentiment qu'il connaît, oui, mais qui arrive ici sans raison, et malgré tout avec une force rare.
La Rage. Non pas la sienne, justifiée, dirigée, mais celle du Chaos, aveugle, à ne faire aucune discrimination.

Tue.
Vas y, tue, fais ce que ton Dieu t'a appris a faire de mieux.
Qu'elles s'ouvrent, ces milles plaies, qu'elles saignent et s'évident sous tes coups.
Qu'ils souffrent, ces esprits, qu'ils se brisent et cèdent sous tes artifices.
N'es-tu donc pas bon qu'à ça ? Toi, Berserker. Toi, être humain.
C'est là, ça coule dans tes veines, ça éveille ce que tu t'évertues à anesthésier. En vain, depuis quelques temps.
En vain, de puis maintenant. Ne lutte donc plus, ça ne sert à rien. Va, Cardinal de la Guerre.
Va prêcher ce dont le Destin a décidé de te faire avatar parmi les mortels.

Et il y va. Avec en tête pour garder ce semblant de lucidité à son esprit cette seule consigne d'Arès : Rejoindre Velya. Le tout va être de se frayer un chemin jusqu'à la tour, ce en faisant couler le rouge partout sur son passage. Il le répand donc, le sang de ces quelques troupes entre lui et son objectif. Il pulse de ce Cosmos rougeâtre, hurle de ces voix de fureur manifestées dedans. Ses phalanges se rougissent des quelques malheureux passés devant la ligne droite de son trajet, ce point fixe à l'horizon qu'il darde sans jamais le quitter. Une routine, un automatisme, quelque chose de fait et répété en de très, trop nombreuses occasions. Ses mouvements pour tuer ne sont que le reflet de cette réalité souvent refoulée. Mais comme à Kiev, comme avec Thivan, comme cette dernière fois parmi ses hommes : Plus de ce mensonge. Pas alors que le contexte se prête si bien à assouvir ces pulsions sanguinaires. Mieux vaut ici, parmi la masse grouillante d'hostiles que parmi des connaissances, des.. amis. Une réflexion inconsciente, passée sous silence dans un esprit qui déjà a perdu beaucoup de sa faculté à penser autre chose que le meurtre. Il n'aide pas, oh non il n'aide pas à faire ressortir le meilleur des hommes, ce Cosmos d'Arès. Le sauvage, le vice, l'inavoué. Voilà ce qu'il fait éclater au grand jour. Alors le peu qu'il pouvait rester de cette nature légère et enjouée se tait maintenant totalement, au profit de ce qui hurle et ce qui massacre. Au moins le temps de cette bataille.

L'aura de Rage siffle un vent puissant tout autour du Cardinal, à souffler les adversaires au loin. Ses gestes s'ils sont mus par un pur instinct qui tient presque plus de celui d'une Bête que de celui d'un être humain ne manquent pas de cette expertise propre à celles qui ont longtemps vécu de la mort d'autrui. Il y avance, y perce, y fait son chemin, une route carmine jusque vers par-delà le mur, jusque vers la tour. Là-bas, moins de monde, moins de quoique ce soit pour exciter cette frénésie. Un effort de concentration et de volonté pour ne pas se rejeter dans la mêlée derrière. Non. Pas maintenant.

Maintenant, il faut plutôt grimper cette tour, ce jusqu'à y trouver Velya. Ce en prenant soin de ne pas se mettre soi-même à portée de l'ire destructrice du géant de chair, déjà affairé à détruire ce qui tombe sous son regard dans la tour. Une silhouette frénétique parcoure les étages, le regard nerveux, respiration courte et bruyante. De rapides coups de regard à chaque fois, et s'il n'y à rien à y trouver, la progression qui continue. Ce de longues secondes jusqu'à finalement le sentir. Ce Cosmos, différent, inhabituel à bien des niveaux.

Le sentir, puis bien assez tôt le voir. Un nouvel étage éventré, de nouveaux regards nerveux, et cette fois-ci, ces deux yeux couleur Abysse viennent se verrouiller sur quelque chose. Quelqu'un.Et quel quelqu'un.

Un grognement étouffé lorsqu'une Chlamyde finit par se dévoiler, habit d'une imposante silhouette musculeuse. L'ouvrage de métal si beau soit-il ramène le Cardinal à de bien sombres pensées, ça en cette méfiance accordée aux Oracles depuis les événements de Carthage, encore poussée à quelque chose de plus fort que de la simple méfiance depuis la venue de ces « Ombres » il y a quelques semaines de cela. Ces espèces de chiens arrogants... Il s'en rappelle, oui, de ces deux puissances prétentieuses, ceux-là même qui ont tués sont homologue de la Mort sur un simple caprice, à ensuite se revendiquer suivants d'Apollon comme pour signer l'affront de sa divine main.

- Tiens donc. V'la les illuminés qui ajoutent leur grain de sel à cette grande mascarade.

Une voix qui peine à cacher son fiel. Cherche-t-elle seulement à le faire ?

- Ceux qui prétendent éclairer là où leur lumière semble en fait plus prompte à aveugler.

Un pas en avant. Un éclat sauvage qui brille dans le regard, une fureur contenue mais palpable, exacerbée par l'influence d'Arès. Alors les deux fournaises pleines de haine se braquent sur la glace du regard d'en face.

- De bien sombres éclats de soleil... Tseh, oooh oui.

Un pressenti qui tend à se confirmer. Ce Cosmos, cette aura qui entour l'homme plus loin... Un cri de l'instinct, étouffé par les soixante autres hurlements de la colère. Alors il l'ignore, ce signal d'alarme. Et il continue à avancer, à darder de ce regard juge et méprisant.

- Toi et les tiens feriez bien de vite vous retirer avant de succomber d'abord à la folie d'Arès puis ensuite à son ire.

Ou alors allez-y donc, tentez le diable.J'attends que ça. Elle est palpable, cette envie de balancer son poing dans le visage de l'autre. Il ne sait rien de lui, rien de son grade parmi les suivants d'Apollon, n'a que ce pressentiment curieux et ce Cosmos atypique pour l'avertir d'un quelque chose de... Différent. Mais il se retient, en un dernier élan de lucidité, pour se rappeler que s'il s'agit bien d'Hélène de Jamir plus haut, que s'il a à se mesurer à elle... Oui, ce sera bien assez ardu comme ça sans en plus quelques blessures pour y ajouter.

Mais le regard, la stature et l'aura ne trompent pas. Mieux, ils crient cet appel au Rouge. Tseh. Dire que je vous ai fait confiance quand ces deux-là sont venus au Dédale pleins de leurs belles promesses pour assommer notre méfiance. Quel con.

Rien ne devait visiblement se dérouler comme prévu. Un mur de chair. Des Spectres, des Berserkers. Voilà qui était concret et prévisible, annoncé. Mais brusquement, la situation avait changé, mettant fin aux affrontements entamés pour plonger les différents adversaires dans une nouvelle strate de chaos. Une armée aux sombres dessines s'était mise en branle. La tour elle-même semblait vibrer d'une énergie nouvelle, par la présence d'un ennemi redoutable.

Même les Dieux se mettaient en marche à cette suite.

Son propre père ne tarda en effet pas à réagir, annonçant son arrivée imminente tout en dictant ses ordres à l'adresse des Oracles présents sur les lieux. Le conducteur du char solaire ne tarderait pas à faire montre de sa présence. De sa puissance. En témoignent cette ouverture créée dans le mur de chair ainsi que l'aura bienfaitrice déposée sur ses enfants.

Celle-ci cependant, bien qu'elle lui serait d'une grande aide, n'empêcherait pas une autre influence d'entrer en ligne de compte. Il la sentait s'instiller peu à peu. Mais Lykeios devait rester fixer sur ses objectifs. Pendant qu'Apollon en personne se porterait face aux sombres armées en compagnie de Célestia et d'Asclépios, l'Augure et lui-même se devraient de gravir le tour afin de récupérer les amphores dont le Dieu du Soleil avait besoin.

Mais cette tâche ne serait pas aisée... Le monstre faisait jusqu'à trembler les fondations de l'édifice, en balayant les étages avec aisance, tandis que la colère, une rage animale qu'il ne connaissait que trop bien, ne faisait que grimper encore et encore en son cœur. Le fil directeur de cette mission n'est pas perdu, toujours concentré sur cet objectif. Mais celui qui répugne au combat, à prendre une vie, le voilà qui se laisse à penser que faire tomber une proie sur son passage ne pourrait que participer positivement à cette quête. Abattre tout ce qui se présenterait sur son chemin. Rapidement, l'occasion allait se présenter...

Un Cosmos qui l'attire dans un étage dévasté pendant son ascension. S'avère être un bavard, qui annonce directement son affiliation. Se pose en ennemi, menace. Les lèvres du colosse se retroussent alors que d'un pas lent mais déterminé il approche. Un grognement plus canin qu'humain s'échappe de ses lèvres. Même s'il est en son corps d'homme, c'est le loup, la bête qui prend le dessus. Parvient juste à se raisonner assez que pour formuler une réponse succincte mais d'une clarté à toute épreuve.

- Tu parles trop, humain. Si tu souhaites que je parte... chasse-moi !

Et ses lèvres de s'étirer en un rictus mauvais alors que, tête légèrement baissée mais yeux levés droits dans sa direction, il jauge celui qui est désormais sa proie. Car en terme de chasse, il ne doute pas de son rôle en celle-ci.

Spoiler:

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Désolé pour l'attente, mais apparemment on attendait tous les deux que l'autre post ^^

Effectivement, l'heure n'était pas à la discussion. Les actes arriveraient bien vite. Bien sûr, il avait mis sa proie au défi de le chasser, mais le Loup de Delphes ne lui en laisserait pas l'occasion. Armé de ses crocs, ces lames jumelles tenues à la manière de tonfas, Lykeios prit une pose offensive, une froide détermination dans ses yeux de glace. Comme auparavant lorsqu'il affrontait les Spectres d'Hadès, une luminosité divine s'échappa de son dos pour rapidement s'installer sur la zone de combat. Une lumière solaire offerte par son père, et dont il escomptait bien utiliser pour vaincre ses ennemis. Car, alliance passée ou non, tous ceux qui se dresseraient sur le chemin menant aux amphores réclamées deviendraient irrémédiablement des ennemis à ses yeux, qu'il faudrait abattre vite et bien.

C'est donc justement sur cette partie du plan qu'il en était. Doublement béni par son père et aveuglé par l'ire que le Cosmos d'Arès instillait en lui, Lykeios se sentait quelque peu requinqué, comme si la fatigue du combat passé s'estompait un peu, se faisait oublier alors qu'une nouvelle rixe allait éclater ici même, dans cette étage dévasté. Dans cette tour qu'un monstre maudit se plaisait à ébranler les fondations. Il faudrait aller vite, car le temps était compté…

Le fils du Soleil se projeta alors vers son ennemi, son Cosmos pulsant et l'enrobant en une aura chaude et bienfaitrice. L'exact opposé de ce qu'il affichait sur son visage, ce qu'il se lisait dans ses yeux. L'exécuteur d'Apollon. Celui-qui-Croque. Une fois de plus, il allait remplir son rôle…

Ses lames se mirent à se voir concentrer de cette lumière divine, jusqu'à produire un violent éclat. Le moment que Lykeios allait choisir pour frapper, profitant de cette puissante lueur. Deux frappes se produisirent coup sur coup. L'une partait avec puissance vers le torse du Berserker, alors que l'autre, bien plus fourbe, visait le visage de sa victime. Ses yeux… Un loup ne fait pas de sentiment, et ne cherche qu'à abattre sa proie, quels que soient les moyens...

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Pas de souci, ça a pas mal cafouillé sur cette initiative, en effet xD

- Avec plaisir.

Il ne pouvait rêver meilleure réponse, ce Cardinal. Alors le peu de retenue conservée jusqu'ici peut enfin sauter, sans regret, sans risque. Ca le fait sourire, de voir l'Oracle premier agresseur. Alors quoi, on arrête le jeu des faux-semblants ? Sales bâtards hypocrites...

Humain, chasse. Le sourire aux lèvres du Cardinal s'étire encore. Joue donc le rôle de la bête sauvage, c'est parfait. J'en ai chassé à plus savoir quoi en faire, de ces prétendus prédateurs... Et il avance, cet animal fait homme. Sa posture se fait plus offensive, et pour y répondre, le Cosmos du Vandale s'intensifie, commence à l'entourer en un manteau de volutes rouges. Le reste de lucidité qui brillait dans son regard finit par s'évanouir au profit d'une lueur au moins aussi bestiale que celle de l'homme bête d'en face. Et même coupé de sa raison, même influencé par la Rage d'Arès, le guerrier d'Apollon continue de pulser de cette énergie contraire à ce que son visage comme ses gestes laisse transpirer. La mort aux griffes, une chaleur apaisante dans l'aura. Vous aimez définitivement trop la dualité, vous autres.

Ironique, venant du Vandale. Mais pas moins vrai pour autant. Il le voit arriver, ce colosse. Le perd de vue l'espace d'un instant, faute à cette lumière aveuglante. Regarder en face devient difficile. Un grognement part, irrité par ces lames trop lumineuses. Une gerbe de sang part, lacérée par ces lames trop acérées. Une large entaille en diagonale sur le torse, et au grognement s'ajoute une douleur sifflée d'entre les dents, mâchoire serrée face au coup, du sang qui vient rougir l'émail, à couler depuis les interstices. Puissant, dévastateur, le coup le force à reculer, et bientôt, une seconde lame baignée de lumière commence à s'approcher dangereusement de son visage.

Un pas en arrière du Cardinal, à reprendre son souffle. Un pas en avant de l'Oracle, prêt à asséner son coup. De nouveau, le bruit du sang qui éclabousse le sol.

Mais cette fois-ci, sans un râle de douleur de la part de Zvezdan. Pour cause, ce n'est pas son sang qui vient de couler. La lame de lumière ne trouve finalement à entailler que le visage d'un pauvre hère apparu d'un coup entre les deux adversaires, vestige du passé de l'Oracle. Un visage connu, même lorsqu'entaillé de la sorte. Un visage peut-être oublié, et sûrement surtout, un visage qui ne rappellera rien aux sens d'un homme pris par la frénésie d'Arès. Mais tout de même, le visage d'un qui est mort à cause du Loup fait Homme. Un visage qui hurle sa douleur, d'une voix criarde, désagréable et perçante. Qui insulte, qui jure et qui maudit.

Bientôt, une seconde vient lui faire écho dans le dos de l'enfant d'Apollon.

Puis une troisième. Sixième, Douzième. Bientôt, comme avec le Lion, comme avec le Pope, les fantômes du passé passent le voile de ce monde pour aller harceler leur bourreau une dernière fois. Pour réclamer Vengeance, pour demander pourquoi. Pour faire mal comme on leur a fait mal. Et ils sont là, à encercler la Bête, à s'en rapprocher dangereusement. En face d'elle, elle peut voir le Vandale, yeux braqués dans les siens, une haine froide imprimée sur le visage. Au moins aussi froide que ses yeux eux brûlent de fureur. Le sang coule de la large entaille, Cuirasse mordue à vif par la lame de plus tôt. Une main passe racler cette peau rougie, s'imbiber du rouge, se porter devant les yeux du Berserker. Ça renifle, ça sourit, ça se le passe sur le visage. Ça s'enivre, ça dévoile ces dents ensanglantées, ces dents faites crocs. L'instinct guerrier s'éveille, stimulé parce qui s'avère indiscutablement être un adversaire de taille. Il s'éveille, comme aidé par un influence extérieure. Peut-être qu'Arès l'a ressenti, ce vestige de raison que s'impose souvent le Cardinal. Sûrement. Et il a décidé de l'en débarrasser. L'influence de ce Cosmos chargé de folie belliqueuse se concentre sur Zvezdan un moment, s'y mêle, s'y fait empathe. Que la fureur Chaotique du Dieu guerrier rencontre la Haine viscérale du Cardinal de la Guerre. Que les deux ne fassent plus qu'un, en une furie cathartique, destructrice.

Au flot sanguin qui coule d'entre les dents s'ajoute une bave qui se sécrète peu à peu, qui coule, qui dégouline. Les yeux furieux le restent mais dans une proportion bien supérieure. Les poings se ferment, la mâchoire se serre, les naseaux s'échauffent d'une respiration plus nerveuse encore. Une chape de plomb s'abat d'un coup sur l'homme en face, une soudaine intensification du Cosmos de la Guerre. Un Cosmos chargé de fiel, d'un ressenti palpable, écrasant. Pour y répondre, comme galvanisés, les silhouettes acharnées tout autour de l'Oracle s'approchent d'un coup, chargent, hurlent leurs insultes de plus belle, décidées à frapper, griffer, mordre, tout ce qu'il faut pour faire mal. Le Vandale semble prendre une détente bien particulière, propre à celle d'un lanceur de javelot. Poing à demi-fermé, bras tendu vers son adversaire, il met tout le poids de son corps dans une soudaine avancée, et au summum de sa détente, l'habituelle lance de guerre fait son apparition entre ses mains, se retrouve projetée avec force vers sa cible. Sa touche, que ce soit le serviteur d'Apollon ou même un autre de ses agresseur, et le Cardinal en profite, remonte le long de cette chaîne de métal qui le relie à la lance pour l'enrouler autour de son poing au fur et à mesure de son avancée. Et la rage silencieuse qu'il garde depuis le début explose en un hurlement guerrier, se jetant dans la mêlée en une puissante droite au visage de l'Oracle. Sans perdre une seconde, il donne suite au coup, ouvre ce poing écrasé contre la tempe de sa cible pour le refermer en une main vicieuse sur l'oreille, la tordre en même qu'un genou plus bas se met de son côté à fuser vers les côtes. En une ultime bravade, cette main pleine du sang de l'entaille au torse de plus tôt essaie d'aller passer derrière la nuque du Colosse pour le tirer nez vers le front du Vandale, projeté en avant, saut à l'appui pour cueillir l’arête nasale.

Plus question d'y résister, à cet appel au Chaos. C'est finalement bien la seule chose capable de le sauver ici. Frapper plus fort, mieux encaisser, puiser dans ce que son Dieu lui offre et en tirer le meilleur. Ou y échouer et tomber.

Manipuler les esprits… Lykeios en est lui-même un maître, capable donc de voir au travers de ces illusions. Doué cependant, il ne peut pas enlever cela à son adversaire. Malgré ses esquives adroites, le Loup de Delphes n'était parvenu à se défaire que d'une partie des offensives adverses, quelques blessures critiques venant s'ajouter à celles déjà reçues face aux Spectres d'Hadès. Mais toujours le colosse tient debout, paraissant se moquer des coups autant qu'il ne prenait garde à ces fantômes de son passé qu'il ignorait tout bonnement. Ses mâchoires se contractent cependant. La douleur. La chaleur de son sang qui se répand. Il ne se permet de s'y attarder toutefois. Son père attend de lui qu'il poursuive ce combat, achève sa proie, récupère l'une des précieuses amphores. Aussi ne s'attardera-t-il pas sur ces sensations, impressions. Laissera juste la colère encore s'élever d'un cran…

Le moment de la riposte. Sa stratégie se veut toujours basée sur sa rapidité de déplacement et d'exécution. Son corps disparaît au milieu de ces images du passé. Un tas de victimes ordonnées par Apollon en personne, mais qu'importe. Son illusion s'efface donc, alors que Lykeios lui-même se retrouve déjà derrière son adversaire. Sa contre-attaque se voudra dès lors plus redoutable… Ses deux épées s'élèvent au dessus de sa tête, avant de s'abattre avec une violence inouïe dans le but simple mais efficace de le démembrer, purement et simplement. Mais dans ce qui paraît être une simple double attaque au corps-à-corps, un hurlement lupin se fait entendre, tandis qu'une croix d'énergie se crée afin de dévorer l'essence même du Cardinal. Il doute cependant que cela puisse suffire à le terrasser aussi rapidement dans l'affrontement, mais s'il est ainsi capable de l'affaiblir par assez, ce pourrait être une prise de position capitale afin d'obtenir potentiellement une victoire qu'il espérait écrasante. Sans doute est-ce là qu'un emportement prématuré, le combat serait sans doute plus serré que cela...

La douleur s'estompe, disparaît. Ou plutôt non, elle reste, mais ne devient qu'une donnée secondaire. Le sang coule, la vie s'en va doucement, mais peu importe, ce cœur continuera bien à battre de furie longtemps après qu'il ai dû cesser de jouer le rythme de la vie à cause de quelques blessures létales. Oui, la mort perd bien de son emprise sur l'esprit embrumé d'un Berserker abandonné au don de son Dieu. Et fatalement, sur le corps aussi. Alors même que le rouge coule de la large plaie au torse, celle-ci semble se refermer à vitesse ahurissante.

Un rire nerveux entre deux souffles courts et irréguliers, le Cardinal constate la chose plus par instinct que de façon consciente. Conscience... La sienne est maintenant muselée par un trop puissant Cosmos, mise au second plan par un trop fort sentiment. Ne reste que cet homme-loup et cette idée qui tourne, qui murmure, siffle, hurle, rugit : Tue-le.

Comme tu les as tués eux. Et l'espace de quelques secondes, en un interlude hors du temps, elles se rappelles à sa mémoire, ces nombreuses mises à mort. Non pas celles pour lesquelles il cultive honte et regrets, mais celles lorsque la Bête était en contrôle. Celles où il n'y avait que cette fascination morbide, cette envie de voir le couler le sang de son prochain, et ce à profusion. Ces visages figés lors des dernières secondes avant l'ultime souffle, à peine assez fort pour passer la frontière des lèvres, puis claquer en un vent froid contre le visage de Zvezdan. Un souvenir multiple, une scène jouée et rejouée. En tant que Vandale, en tant que Cardinal. En tant que spectateur, auteur et metteur en scène de la Guerre. Bras armé tout autant que victime, dégoût et attrait. Le second qui s'impose ici comme une vérité absolue, écrase le premier pour n'en laisser qu'une ruine invisible.

La vision se poursuit, s'étend aux sens. L'odeur de l'hémoglobine aux narines, le son de la chair déchirée, le contact d'une peau maculée de rouge, le goût jusqu'au palais... Et les images, les souvenirs. Une myriade de visages. Un paysan, un barbare, un soldat byzantin. Un Pégase, un Grand Pope. Des faces couvertes de carmin, pâles, yeux vides de l'étincelle de vie. Vestiges d'un passé plus ou moins proche. Finalement, le visage d'un homme-loup. Tout aussi pâle, tout aussi rougi, tout aussi vide de vie. Fragment d'un futur plus ou moins proche.

L'idée et là, soufflée à l'oreille, de cette voix souvent ignorée. La succube Guerre, tentatrice avide de massacre. Elle sait souffler à l'oreille du Cardinal, elle sait exploiter ce genre de faille, comme aujourd'hui. Aujourd'hui, rien ne sera fait pour s'opposer à la volonté de madame. Bien au contraire. L'idée creuse, s'installe, se répète en un murmure fou. Et bientôt, ça hurle de plusieurs voix, ce jusqu'à ce qu'il agisse. Ca crie de cette cacophonie intérieure, audible que du Vandale mais pourtant si forte : Tue-le, tue-le, TUE-LE.

Une ombre dans le dos. Massive, mobile, lupine. Une silhouette humanoïde dont pourtant se devine toute la sauvagerie à peine contenue. Rapide, très, trop rapide. Si bien que pas le moindre mouvement n'est engagé pour tenter quelconque parade. Il est mille fois trop tard pour ça. Non, s'il faut parer ici, ce sera une fois de plus par la voie des artifices. Des artifices pourtant si prompts à prendre vie et consistance..

Alors une fois de plus, le coup frappe, une fois de plus, quelqu'un d'autre que le Cardinal. Cette fois-ci, non pas la chair nue d'un pauvre hère démuni, mais le lourd bouclier d'acier d'une silhouette armurée, apparue s'interposer entre l'Oracle et sa cible. Plus grande de trois têtes par rapport au bras armé d'Apollon, le colossale guerrier apparaît comme un guerrier au traits indistincts, drapé de la mort et de la sauvagerie guerrière du peuple Vandale, de ça comme de leur armes et équipement typique. Là encore, vestige du passé, celui du Berserker plutôt que celui de l'Oracle. Les deux lames sont alors bloquées. Pourtant... Pourtant un genou manque de se poser à terre lorsque le coup porte. Celui de la Guerre. Comme si le coup avait porté, à sa façon... Les sourcils de froncent, un nouveau grognement s'échappe. Et ce Cosmos hurlant propre à l'avatar de la Guerre commence à se former autour de son bras droit en un agglomérat opaque, instable, sifflant d'une énergie dangereuse. Dans son dos, le colosse armuré repousse vigoureusement d'un coup de bouclier, tandis que son autre bras lui se lève haut dans le ciel, prêt à frapper fort, déchirer la chair et le sol de cette imposante lame.Il apparaît bien dangereux, ce mirage. Plus qu'il ne le devrait. Comme investi d'une aura de terreur, il s'impose danger imminent, force crainte par instinct.

Pourtant, si son bras s'abaisse, le coup n'ira jamais trouver cible. Alors même qu'en un beuglement guttural, il va pour trancher en deux l'Oracle, le grand soldat disparaît, traversé par le plus chétif Cardinal, ce poing invisible sous trop de Cosmos de serré à sa hanche. Le soldat mirage disparaît en une poussière de rêve, le poing armé s'avance vers le visage de l'envoyé d'Apollon en un geste rapide, précis, calculé.

Et avec ce poing, pas seulement la douleur de quelques phalanges, mais aussi la folle souffrance d'un esprit brisé.

Victoire de Zvezdan.

Lykeios fuit le combat.

Le gagnant récupère une Amphore et quitte la Tour de Jamir.