[Mi-Avril 553] The house of the rising sun [PV Argus]

Argus acquiesça. Elle était fière d'elle d'avoir réussi à ne pas rougir durant cette conversation - le fait de n'avoir pas compris l'allusion pendant une bonne partie avait sans doute aidé. A présent, il était trop tard pour reculer.
Elle but malgré tout une gorgée de thé, avec un regard vers la tasse de Kaleb pour vérifier qu'elle n'était pas vide.

Cette fois-ci, la blague d'Argus déclencha un rire chez Kaleb et la jeune fille rougit, de fierté en revanche. Elle progressait en humour et elle comptait bien continuer sur cette voie.
Puis Kaleb redevint sérieux. Argus acquiesça le long de son discours, mais les mots ne résonnaient pas en elle. Oui, bien sûr, elle savait que le désir existait, pour avoir vécu sans filtre dans la nature et au milieu des adultes.
Cependant, elle ne l'avait jamais ressenti, elle ne pouvait que constater son existence en tant qu'observatrice extérieure. Et pour l'instant, il ne lui semblait pas que cela lui manquait. Elle était très bien pour l'instant, à grandir au Sanctuaire pour apprendre à trouver tous ses antidotes et devenir la meilleur version d'elle-même, le meilleur Chevalier qu'elle pouvait être, déployer ses ailes et, en même temps, laisser à son enfant intérieur tout le loisir de rattraper les années d'enfance qui lui avaient été volées.

Si, je pense tu as raison. Ce que tu dis est logique. Et puis Athéna ne nous l'a jamais interdit, pas comme cet étrange culte que j'ai vu un peu et qui grandit en ce moment...

En fait Athéna ne leur posait que peu de restrictions dans la manière de vivre leurs vies - à part la règle du masque. Argus ne comprenait pas comment une autre divinité pouvait se permettre de s'immiscer ainsi dans la vies privées des humains, leur donner de telles règles dénuées de logique et, surtout, elle ne comprenait pas pourquoi les humains s'y soumettaient aussi facilement.

L'atmosphère redevint plus sérieuse quand Kaleb révéla quel était l'antidote qui lui manquait. Aussitôt, le visage d'Argus redevint grave. A nouveau, elle acquiesça. Elle comprenait - non elle ne comprenait pas, elle n'avait jamais ressenti cette émotion. Mais elle pouvait imaginer le poids du manque que ressentait Kaleb.
Et aussitôt, il lui sembla injuste qu'une personne aussi lumineuse que lui reste condamné à une telle solitude. Il y avait une lueur déterminée dans les yeux d'Argus, quand elle proposa :

Si tu veux, je t'aiderai à chercher, et on trouvera cette personne !

«Un culte étrange ? Est-ce du culte du dieu unique auquel tu fais référence ?»

Kaleb plissa les yeux comme s’il cherchait à dissiper le voile sur les mots que venait d’employer Argus. Savait-elle ce que l’on racontait à ce sujet ? Que ce culte était une idée d’Athéna pour apporter son rêve de raison et de paix aux dormeurs ? Mais était-ce seulement à cela qu’elle faisait référence ou bien à une autre croyance dont Kaleb ignorait encore l’existence ?

La Vierge considérait la croyance dans la théorie de la création du culte du dieu unique par Athéna avec circonspection. Après tout, sa famille n’était-elle pas chargée, depuis plusieurs générations de veiller sur l’Arche d’Alliance dans laquelle se trouvait les Tables de la Loi ? Mais ce que Silas avait pu lui expliquer l’avait néanmoins interpellé. Il faudrait qu’il tire cela au clair. Mais l’heure n’était pas à ce genre de considérations.

Lorsq’Argus lui proposa de chercher avec lui le grand Amour, Kaleb ne pu s’empêcher de sourire. Une réaction toute innocente qui montrait à quel point la jeune femme restait encore une petite fille dans son esprit et dans son cœur. Ce genre de considérations ne semblait pas encore l’effleurer. Aussi la Vierge se montra-t-il tout aussi enfantin dans sa réponse.

«Tu crois que je pourrais le trouver derrière une grosse pierre, une statue ou une colonnade ? Ou derrière un masque d’argent, qui sait…»

Une manière détournée d’évoquer les femmes chevaliers. Après tout, il croyait que parfois les choses ne se produisaient pas par hasard. Et que la Nature, dans son infinie sagesse, pouvait mettre sur sa route les personnes dont il aurait besoin pour illuminer le chemin.

«J’espère juste ne pas la rater… Ce serait bien triste que de ne pas connaître nous-même ce sentiment que les humains que nous protégeons s’évertuent à cultiver… »

Argus acquiesça d'abord silencieusement. Dire du mal des autres en lui plaisait pas, mais pourtant elle pensait ses interrogations, elle peinait à comprendre leur logique. Et rester seule dans son coin avec ses incompréhensions, avec ses questions, ne l'aiderait pas à avancer dans sa compréhension des autres, nécessaire à l'empathie qui lui est demandée envers tous les endormis.

Oui, les chrétiens. Je ne comprends pas pourquoi ils disent que les plaisirs terrestres sont mauvais. Pourquoi certains d'entre eux se frappent pour se punir... Après, je ne les connais que de loin, peut-être que j'ai des idées fausses sur eux. Je ne veux pas les mépriser, mais je dois les comprendre et je crois que ça va me demander un peu plus d'efforts.

Argus ignorait tout de la naissance de cette nouvelle religion, aussi ne ragit-elle pas aux sous-entendus de Kaleb. Pas un seul instant n'avait-elle envisagé que cela soit une intervention d'Athéna, tant le christianisme lui semblait différent de la vie au Sanctuaire. Tant ces deux mondes lui semblaient opposés. Après tout, croire en Athéna ne revenait-il pas à croire en Zeus, en Hadès, en Poséïdon et en tous ces autres dieux dont il fallait tenir compte sur l'échiquier géopolitique, alliés d'hier et ennemis de demain, leurs armées rôdant parmi les Endormis ? Or le christianisme ne condamnait-ils pas tous ceux qui croyaient à une autre divinité que celui pour laquelle ils prêchaient ?
Aussi, Argus ignorait tout de la genèse du christianisme, du fait que le Nouveau testament faisait suite à Ancien, du contexte judéo-chrétien qui lui avait servi de terreau... Tout cela lui semblait trop étrange, trop nouveau, trop différent.

Le sourire de Kaleb réchauffa un peu le coeur d'Argus. S'il souriait c'est qu'il ne souffrait pas encore trop à cause de ce point - du moins pas en ce moment exact. La jeune fille sourit en retour :

Si elle t'épie derrière une pierre ou une colonnade, tu as déjà beaucoup de chances.

Quant à la référence au masque, Argus ne pensa pas un instant qu'il puisse s'agir d'elle, notamment parce qu'elle-même ne portait pas le sien en ce moment, elle ne se cachait donc pas derrière. Cependant, elle répondit avec un peu plus de sérieux :

Ce serait sans doute plus facile non ? Quelqu'un du Sanctuaire serait sans doute quelqu'un avec qui tu pourrais plus facilement passer du temps.

Ou quelqu'un qui risquait de mourir prématurément. Mais d'un autre côté, aimer un civil n'était-ce pas prendre le risque de le mêler à des guerres et des dangers qui ne le concernent pas et prendre le risque d'en faire un dommage collatéral ?
L'Oiseau de Paradis ne dit rien de ces interrogations, elle supposait que Kaleb s'était déjà suffisamment torturé avec lui-même.

La dernière phrase de Kaleb sonna particulièrement juste aux oreilles d'Argus.

C'est vrai. Je prie Athéna pour qu'elle fasse que vos deux routes se rencontrent bientôt.

« Je ne crois pas que les choses soient aussi simples… Néanmoins, il est vrai qu’ils mettent les plaisirs terrestres sur le dos des forces primitives, sur l’aspect animal de notre humanité qu’ils voudraient « domestiquer »… Je crains qu’en réalité, ils ne donnent une connotation religieuse à des choses qui appartiennent intrinsèquement à notre nature humaine et qu’ils peinent à contrôler…»

C’était une des données qui avait amené Kaleb à considérer la foi de ses pères avec beaucoup de circonspection. Cette capacité à renier une partie de ce qui faisait la nature humaine, à vouloir l’étouffer, la passer sous silence sous couvert d’indécence. L’être humain était un équilibre et refuser de le percevoir dans son intégralité, le priver de sa dimension physique était une erreur fondamentale à ses yeux.

Pour autant, ce rigorisme rencontrait un certain nombre d’adeptes. Certaines personnes aimaient la souffrance comme s’ils étaient persuadés que cette dernière les mènerait au-dessus de la masse. Lorsqu’Argus évoqua la possibilité qu’une jeune femme puisse déjà épier Kaleb en toute discrétion, ce dernier esquissa une moue dubitative

« Hum… Je ne sais pas si je dois trouver cela flatteur ou m’en inquiéter… Aurais-tu des informations que j’ignore à ce sujet ?»

Une personne du Sanctuaire ? Oui, l’Oiseau de Paradis avait raison. Ce serait bien évidemment plus simple. Il ne serait pas obligé de lui mentir ou, du moins, de lui cacher une grande partie de la vérité. Mais c’était aussi accepter de pouvoir perdre cette personne prématurément au combat et réciproquement.

« Oui… Même si je ne suis pas sûr que l’Amour soit quelque chose de simple dans notre cas en raison de la nature de notre engagement. Même si Athéna nous y encourage, j’imagine que plus d’un chevalier a dû s’y brûler les ailes. Mais ce n’est pas comme si c’était une décision rationnelle, pas vrai ? »

Il jeta un regard par la fenêtre. Le temps lui était compté. Il devrait bientôt rejoindre Silas pour quitter le Sanctuaire. Il avait laissé les instructions nécessaires à Kalia et Eireen. Une nouvelle mission s’annonçait. Une de celles qui n’étaient pas gagnées d’avance.

« Je vais devoir te laisser. Le devoir m’appelle. Je pars en Francie avec Silas. Et toi ? Tu as un programme pour les jours à venir ? Une mission pour laquelle tu as été appelée ? »

Citation :: Désolée pour le retard :s

Argus acquiesça, attentive aux explications de Kaleb. Il mettait des mots sur le ressenti qu'elle avait eu en entendant parler d'eux, en les entendant parler, et il en expliquait des raisons. Il mettait des mots sur ce qui la mettait mal à l'aise. Mais pour autant, elle ne se contenterait pas de les juger sans savoir.

Mais... Sais-tu pourquoi ils font cela ? Pourquoi ils perdent autant de temps et d'énergie à tenter de domestiquer quelque chose qui ne peut pas l'être, par essence? C'est comme vouloir faire changer la course du Soleil !

En tout cas, dès qu'elle aurait accès aux livres en provenance du Mont Etoilé, elle chercherait si des textes parlent de cette nouvelle religion. Avec un peu de chance, elle trouverait dans l'immense savoir du Grand Pope de quoi comprendre ces gens et leur nouvelle pensée, qui semblait prendre une puissance toujours plus grande autour de la Mare Nostrum.
Dans tous les cas, il s'agissait d'une entité à ne pas ignorer, et la jeune fille était certaine que ses supérieurs avaient déjà pris les décisions qui s'imposaient. Elle voulait seulement comprendre.

Argus baissa la tête quand Kaleb lui demanda si elle avait plus d'informations et rougit un peu : encore une fois, elle avait raté son trait d'humour.

Non, je suis désolée, c'était juste une blague. C'est... Je voulais dire que si quelqu'un en est déjà à t'épier depuis derrière une pierre ou une colonne, c'est que tu as déjà beaucoup de chances avec cette personne !

Décidément, les blagues perdaient toute leur saveur quand on les expliquait. Elle se resservit du thé et des dattes pour camoufler son malaise.

L'heure était venue pour Kaleb de partir. Spontanément, Argus sortit un petit carré de tissus d'un tiroir, enveloppa dedans quelques dattes et les tendit au Chevalier d'Or. Sans doute pas grand-chose pour lui qui vivait dans le luxe de son temple, mais un gage de son amitié.

Je n'ai jamais visité cette contrée, cela doit être passionnant ! Mais pas de mission de mon côté, seulement un entraînement avec Mehry, et sans doute d'autres par la suite !

Citation :

Aucun soucis. L’IRL avant tout

«J’ignore le pourquoi du comment. Je sais juste qu’ils espèrent dans une après-vie de félicité et de paix, particulièrement pour ceux qui ont souffert dans cette existence. Pour expier une faute originelle. Une façon étrange de poser son rapport à la vie…»

Si on ne lui avait pas révélé que ce dogme avait été poussé par Athéna elle-même pour faire évoluer l’être humain vers un monde d’ordre et de raison, Kaleb l’aurait sans doute attribué au sombre monarque tant la mort et la souffrance semblait au cœur de la chrétienté.

«Nous verrons bien… Mais j’avoue que j’aurais des regrets si je devais quitter cette existence sans jamais avoir aimé. Mais pour l’instant, il m’est d’avis que personne ne m’épie derrière une colonnade. Nous avons tous beaucoup à faire. Et peu le temps pour une partie de cache-cache. A mon grand regret… »

Il adressa un clin d’œil malicieux à la jeune fille pour lui faire comprendre que, bien qu’il ait répondu sérieusement à sa remarque, il avait saisi le trait d’humour qui se trouvait derrière. Puis, tout en se levant, il s’empara délicatement des dattes que lui tendait l’Oiseau de Paradis.

«Merci pour le thé. Et pour les dattes. Je les partagerais en route avec Silas. Je ne connais pas non plus la Francie. Les gens de l’empire continuent à les considérer comme des barbares et s’évertuent à dire que cette partie du continent s’est enfoncée dans les ténèbres depuis qu’il n’y a plus d’empereur à Rome. Je ne suis pas certain que les choses soient aussi simples… »

Il jeta un œil dubitatif par la fenêtre de l’humble logis qu’occupait la chevalier de bronze. Puis, sans autre forme de procès, il s’approcha délicatement de la jeune femme et lui fit l’accolade.

«J’espère que ton entraînement sera instructif. Je ne doute pas que tu sauras montrer à l’Ophiucus combien notre passe d’arme et ta première mission t’ont permis de t’aguerrir. Je reviendrais te voir dès que je serais de retour au Sanctuaire. Prends soin de toi, Argus.»

Tranquillement, d’un pas mesuré, le chevalier d’or de la Vierge franchit le seuil de la demeure, se dirigeant vers le point de rendez-vous convenu avec les Gémeaux.

Citation :

RP terminé. Merci

Une après vie de paix... Argus fronça les sourcils quelques instants, pensive : personne ne leur avait donc parlé d'Hadès et des Enfers ? Puis elle se ressaisit : ils n'avaient aucune raison de connaître la vérité, encore moins d'y croire. Pour preuve tous ces Endormis qu'elle avait eus à côtoyer et qui considéraient l'Olympe comme une fable. Elle soupira.

Une faute originelle ? C'est étrange comme concept... Un peu comme Prométhée qui a volé le feu ? Il faudra vraiment que je me renseigne sur leurs croyances...

Si seulement les Endormis n'avaient pas à rester Endormis... Si seulement on pouvait leur montrer la vérité, ils arrêteraient de mener guerre sur guerre au nom de leurs divergences de religion et de se torturer pour des croyances fausses...

Argus tiqua. Si Kaleb lui-même disait ne jamais avoir aimé... Cela voulait-il dire qu'il n'avait jamais été intéressé par personne ? Argus devint très pensive. A attendre que son âme soeur arrive sans avoir personne en vue, n'était-ce pas contre productif ? N'y avait-il pas justement toute une phase d'interaction avec ladite personne, qui devait se montrer déterminante ?
Décidément, c'était compliqué. C'était l'un des points pour lesquels elle appréciait de pouvoir profiter encore de son enfance. Elle n'avait pas envie de se prendre la tête avec tout ça dès maintenant. Et heureusement qu'elle était Chevalier, quand elle voyait les filles de son âge, à Rodorio, commencer à être fiancée...
Cependant, elle jugea cette question indiscrète et ne sut comment la poser avec humour. Alors, au vu de l'échec de ses précédentes blagues, elle choisit de se taire.

Argus acquiesça d'un sourire aux remerciements de Kaleb, se leva avec lui et l'accompagna jusqu'à l'extérieur.

Merci à toi, déjà pour ces discussions très agréables, et pour toutes ces informations que tu m'as données. J'irai parler à Gawa dès que je le pourrai, merci beaucoup ! Et je ferai honneur à notre entraînement !

Après l'accolade et un au-revoir de la main, Argus rentra chez elle, se préparant à rencontrer la Serpentaire.

Citation :: merci à toi !!

Re: [Mi-Avril 553] The house of the rising sun [PV Argus]

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