[Mi mai 553] - Les premiers mots d'involution

Ces derniers jours avaient été… difficile pour le vieux lion. À vrai dire, il devait gérer les derniers préparatifs d’une attaque imminente qui verrait les siens en position de faiblesse. Mobiliser les troupes de l’empire avait été facile, il existait des régiments pour ça. Mais maintenir le contrôle et les hommes en état d’alerte sur une terre éloigné, accompagné de locaux à la loyauté achetable ne rendait pas la chose tranquille. Ces citadelles, trop proches du Dédale, étaient une erreur stratégique aux yeux du vieux lion. Mais il comprenait parfaitement pourquoi la déesse et son prédécesseur les avaient fait conduire. Ces morceaux de pierre seraient le parfait moyen de tenir les chiens de guerre en laissa un certain temps. Le temps de se refaire de cette guerre sur deux fronts qu’avait été l’Italie. Reste à voir si au final, ces tours ne seraient pas un cadeau destiné à Arès, bien involontairement. Et qu’au final, elles représenteraient une belle épine dans le pied de l’Empire. C’était probable, mais le risque en valait la chandelle.

On frappa rapidement à la porte de son cabinet de travail. La nuit venait de tomber et la journée avait été trop courte. Il s’attendait à devoir encore gérer un petit problème ou voir une énième missive mais, il fut surpris de voir se présenter devant lui une des prêtresses de la déesse. Le vieux lion se leva et la jeune fille n’eut pas grand-chose à dire. La maîtresse de la sagesse voulait parler à sa voix. Alors, le vieux lion se leva et mit en route. Il adressa quelques mots à la jeune femme sur le chemin :

« - Tu devrais trouver le temps d’aller voir ton frère. Paros a eu quelques… soucis dernièrement, ta présence lui ferais du bien. »

La jeune fille sourit alors, d’un mélange d’affections sincères et d’amertume profonde. Le sacerdoce des prêtresses n’était pas de tout repos et elle aussi, avait du consentir à quelques sacrifices. Le reste du trajet se fit en silence et Childéric monta quatre à quatre les marches du temple de la déesse. Il prit une profonde inspiration avant de pénétrer définitivement dans le lieu. Il y avait toujours quelque chose d’étrange dans cet endroit. La présence de la déesse, même de loin, y était écrasante, omniprésente même. Il salua la jeune prêtresse d’un signe de tête et se mit en route vers la pièce d’où il pouvait sentir la vibrante présente d’Athéna. Il s’avança devant la salle et sa voix forte raisonna lui demandant de rentrer dans la pièce. Le vieux lion posa le genou à terre et le temps d’un ou de battements de coeur, il resta ainsi avant qu’elle ne lui ordonne de se relever…

Les yeux pers de la déesse de se poser dans ceux de son sa voix. Difficile de saisir ce que ses yeux peuvent voir et malgré lui, le guerrier se raidit un peu. Un sourire ensuite qui se dessine sur le visage de cette femme pourtant habituellement impassible. Elle parle peu, car les mots sont source de pouvoir. Le verbe est la véritable force qui marque les dessins du monde.

« - La guerre gronde. J'entends monter le son des tambours. »

Et elle n’a pas besoin de dire. Pour qu’il comprenne. Il semblerait que d’une façon ou d’une autre, la bataille prévue ne tarde pas. Elle peut presque suivre du doigt les différents chemins qu’emprunte la réflexion de sa voix. C’est l’une des raisons qui justifie son choix : cette façon qu’il a de ne jamais se laisser emporter par le flux des évènements mais de chercher à chaque fois cela lui est possible, un moyen de répondre.

« - Mobilisez l’armée Grand Pope. Je vous fais pleinement confiance pour la suite à donner aux évènements. De même que les décisions qui devraient être prises dans le chaos de la bataille. »

Un silence ensuite.

« - Je sais ce que vous pensez de ces citadelles, mais la défense de ces forteresses est nécessaire. Néanmoins, il est déplorable que notre frère se soit plutôt tourné vers sa nature de voleur que de marchand. Mais il s’en mordra les doigts. Pour notre autre frère et bien, il est difficile de le jauger, maintenant plus que jamais. »

Elle se tait de nouveau. Sa voix n’avait pas émis la moindre once d’émotion en prononçant ce qui ressemblait à une sentence envers celui en qui elle avait eu tort d’avoir confiance. Les intérêts ne sont pas les garantis les plus stables.

« - Vous mènerez les armées à ma place. Mais ne vous inquiétez pas, je ne vous oublie pas. »

L’expression de la déesse avait fait tiquer le Pope. Elle le remarqua bien que ce fut assez léger. Il avait bien appris les leçons qu’elle lui avait transmises.

« - Vous avez à faire maintenant, mon ami, je ne vous retiens pas plus longtemps. »

Childéric de lui adresser un salut militaire et de prendre congé. Les journées à venir s’annonçaient longues… très longues.