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 Scythès - Gold Saint du Cancer [Terminée]

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ScythèsScythèsArmure :
Cancer
Message Scythès - Gold Saint du Cancer [Terminée]   Scythès - Gold Saint du Cancer [Terminée] EmptyJeu 17 Sep - 20:38
Scythès
Qui est-il ?
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    Nom : Scythès
    Date de naissance : 28 Juin 522
    Âge : 28 ans
    Sexe : Masculin
    Armure demandée : Gold Cloth du Cancer


Comment est-il ?

    Apparence :

    Le Chevalier d’Or du Cancer est, de par son apparence, classé dans la catégorie des «étrangers » au sein de l’Empire. Bien que les hommes viennent de toute part du monde jusqu’à Constantinople, le peuple de Scythès n’était pas particulièrement apprécié. Les nomades des steppes avaient longtemps été considérés comme des barbares par les grecs. Connus pour leur maitrise des chevaux et leur amour pour le pillage, ils s’étaient taillé une solide mais mauvaise réputation chez les romains. Scythès a cependant un physique atypique, même parmi les scythes. Il le doit probablement à la partie de ses aïeux s’étant mélangé avec les huns, peuple venu de l’Est et aux traits plus asiatiques. Ainsi, ses cheveux sont noirs, là où les scythes de souche les ont plus généralement blonds. Sa peau est mate, bruni par le soleil et les années passés sous son éclat. Il est d’une taille moyenne, approchant du mètre quatre vingt. Ses traits sont fins, tout comme son corps, qui n’en est pas moins endurci par les années de labeur et d’entrainement. Il se laisse régulièrement pousser la barbe et porte souvent un bouc, de la même couleur que ses cheveux. Enfin, ses yeux sont d’un brun qui vire clairement vers le jaune, trait particulièrement rare pour être souligné. Il a également une cicatrice sur son œil gauche de bas en haut, des suites d'une blessure lors d'un duel.

    Ainsi, Scythès n’est peut être pas une personne vers qui on irait volontiers. Le chevalier peut sembler froid, inamicale, ce qui peut être clairement déstabilisant pour quiconque veut le côtoyer. Son regard est triste, vide, comme ci il portait la misère du monde sur ses épaules. Le sérieux et l’implication qu’il affiche dans l’exercice de ses fonctions égale la distance avec laquelle il traite la plupart des gens. On pourrait presque le qualifier de hautain si on ne le connaissait pas. Même s’il n’en est rien, toujours est-il qu’il préfère se tenir à distance des gens et ne pas s’attacher inutilement. Si la souffrance peut se lire sur son corps, c’est parce qu’il la connait, et il ne désire pas en ajouter plus encore en créant des liens qui un jour se briserait, comme tous les autres.

    Lorsqu’il se déplace en dehors du Sanctuaire, Scythès porte assez souvent une tunique à capuche grise foncé, de la fourrure de loup ornant une épaule. Le reste du temps, il porte son armure. L’armure d’Or du Cancer est une armure entièrement faite d’or blanc. Les parties de son armure, acérée comme des lames, rappellent le totem qu’elle incarne. Fait du même or blanc et rappelant lui aussi sa constellation, le casque emblématique des Chevaliers d’Or du Cancer. Une cape bleue finalise la tenue officielle de Scythès. En revanche, en temps de paix et lorsque le chevalier garde sa maison, il s’autorise une simple toge, rouge ou bleu. Le plus modeste des accoutrements.

    Enfin, comme tout Chevalier d’Or se doit d’être préparé au combat, Scythès l’est tout autant. Des années d’entrainements ont endurcis son corps et perfectionnés ses techniques. Le Chevalier du Cancer maitrise le pouvoir des âmes et de l’autre monde. Ses techniques et son cosmos sont lié à ces âmes et à la mort. Il est donc particulièrement dans son élément aux portes de l’autre monde ou dans son temple, où les âmes abondent.  Cela dit, et au delà des pouvoirs liés à son cosmos, Scythès est également enrichi de l’apprentissage des armes, principalement l’arc et le glaive. C’est également un excellent cavalier.

    Psychologie :

    Comment définir un homme ? Les qualités sont un point essentiel pour essayer de définir quelqu’un. Comme tout homme, Scythès a des qualités, du moins des traits de caractère qui lui sont propres. La première chose que remarqueront ceux qui côtoieront le chevalier est son calme. Scythès apprécie particulièrement le calme et la paisibilité, ce qui peut expliquer l’impression de distance qu’il donne. Parfois perdu dans ses pensées, réfléchissant, il peut donner l’impression d’un désintérêt de sa part, ce qui n’est pas vrai. Il est profondément investi par sa tâche et ses devoirs, et particulièrement à l’écoute de quiconque a besoin d’aide. Egalement, le courage ne lui manque pas, tout comme la détermination d’accomplir ce qui doit être fait. Scythès n’est pas homme à abandonner, que ce soit sa mission ou ses amis.

    On ne peut cependant pas parler des qualités d’un homme en omettant ses défauts. Aucun homme n’est parfait, les chevaliers d’or n’échappaient pas à la règle. Le premier défaut qui viendrait à l’esprit, qui est plutôt un handicap, et que Scythès est un grand solitaire. Habitué à vivre seul de par sa vie, à bouger très souvent et à ne pas s’attacher, le chevalier apprécie particulièrement la solitude. Non pas qu’il ne soit pas sociable ou n’aimerait pas côtoyer des gens en réalité, il n’est juste pas habitué à ça. Le travail de gardien de maison n’aidant pas spécialement. Seule la compagnie de ses âmes l’a toujours réconforté. Autre défaut, Scythès peut se montrer particulièrement imprudent par moment. Peut être un trait de caractère issu de son peuple, toujours est-il qu’il ne craint pas de mourir. Accomplir quelque chose qui lui tient à cœur peut parfois le pousser à prendre des risques démesurés, parfois inutiles. Enfin, il sait se montrer inflexible et imperturbable. En accord avec l’apparence qu’il donne souvent, il sait mettre ses sentiments de côté pour accomplir son but ou sa mission.

    Car oui, Scythès à un but. Et pas des moindres. Comme bien souvent dans sa vie, le scythe se donnait des objectifs semblant inatteignables. Bien avant même d’être chevalier d’or, Scythès s’était promis de tout faire pour ôter toute la tristesse de ce monde. D’aider ceux qui en avaient le besoin, de ne pas laisser la mort prendre des vies sans lutter. Ce « code » l’avait suivit tout au long de sa vie, et l’obtention de son armure n’avait en rien changé ses objectifs. Bien au contraire, on lui avait donné les armes pour agir. Et son action et son rôle dans le monde passait avant tout par la protection d’Athéna, la seule qui serait capable de mettre fin au châtiment eternel que réservait Hadès à tout les mortels.

    L’un des principaux traits de Scythès depuis qu’il est chevalier d’or est par conséquent la loyauté. A Athéna, au Grand Pope, au Sanctuaire et à ses frères. Il est conscient de l’honneur qui lui a été fait, et sa volonté de servir n’est égal qu’a son respect pour la Déesse et son représentant. Il mourrait plutôt que de trahir, ses intérêts se trouvant intouchables n’étant pas matériel. Seul Athéna peut accorder la paix aux siens qui souffrent aux Enfers, la paix à tous les hommes. Elle et sa mission sont par conséquent sa raison de vivre.


Son Histoire


    CHAPITRE 1 : La gloire de nos père

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    Année 454, Nord de la Grèce, Empire Romain d’Orient.

    Une main effleura lentement l’herbe, une caresse aussi douce que celle du vent. Le genou au sol, l’homme se mit à penser qu’il était rare de la voir si belle. Ici, loin de chez eux, tout semblait plus beau, plus clinquant, plus agréable… Le temps l’était d’ailleurs tout autant. Le soleil était haut dans le ciel, et éclairait sans mal l’étendue de la plaine qui se trouvait devant lui. Au loin se distinguaient quelques maisons, dans le plus traditionnel style romain. Il était en plein cœur de la campagne, et l’endroit semblait tellement paisible en cet instant. L’homme profita du calme ambiant, perturbé de temps à autres par des voix et hennissements venant de derrière lui. Il fut interrompu par un autre homme, s’adressant à lui dans une langue que les locaux ne comprendraient pas.


    - Khan. Rugila...

    A l’entente de son prénom plus que de son titre, Rugila se redressa, comme reprenant ses esprits. L’homme qui s’adressait à lui devait avoir environ le même que le sien. Ils avaient vu passés plus d’une trentaine d’hivers, si ce n’est quarante. Il était vêtu d’une armure légère, ne protégeant pas plus que l’essentiel. Un carquois dans le dos et l’arc composite à la main, le visage fatigué, il semblait avoir vu la guerre depuis bien trop longtemps. Le soldat reprit alors, voyant qu’il avait capté l’attention de son ami.

    - Mon frère, les hommes s’impatientent. Ils en ont assez d’attaquer des domaines reculés, de vivre de petites rançons et de réconforts éphémères. Tu dois les guider vers quelque chose de plus grand. Nous sommes des guerriers, Rugila, et si Tengri le veut, nous mourrons au combat.

    Les hommes des steppes n’avaient jamais crains de mourir, c’était un fait. La mort faisait partie intégrante de la vie, et ils apprenaient très vite à la côtoyer comme une vieille amie plutôt que d’en avoir peur.  Les guerriers semblaient parfois empressés de la trouver, en tout cas de la provoquer, dans leur quête d’accomplir de grandes choses. De graver leur nom dans l’Histoire. Mais comment pourraient-ils y arriver aujourd’hui ? Quelle gloire trouveraient-ils dans leurs morts ? Rugila savait qu’ils n’étaient plus qu’une poignée, une infime partie de l’armée qui avait autrefois traversé ces terres pour aller jusqu’en Italie. L’heure était au repli, à la survie, et non pas aux sorties macabres dont personne ne revient.

    - Donne l’ordre d’attaquer le domaine. Prenez tout ce qui se vend et demandez une rançon pour les habitants.  Tuez les autres et brulez les terres.

    L’homme acquiesça, l’air légèrement déçu que Rugila n’ait pas répondu à ce qu’il lui avait dit. Alors qu’il se retournait, le Khan reprit.

    - Ce soir, les derniers Khans se réunissent pour décider de l’avenir de la guerre. Si les Khans pensent de la même façon que toi, alors une fois encore nous ferons trembler l’Empire. Alors, tu trouveras, pour toi et notre peuple, la mort que tu cherche tant.

    Il révoqua son ami d’un signe de la tête. Il n’y avait aucune amitié dans sa voix en cet instant. Le soldat n’avait pas le poids des vies de ces hommes entre ses mains. Rugila connaissait leurs forces, il savait qu’ils ne ressortiraient pas vivant d’un nouvel affrontement avec les forces romaines. De tout son cœur, il savait qu’il était temps de rentrer au pays. Il fallait que les Khans l’entendent, se rangent de son côté. C’est confiant dans cette pensée qu’il regarda, sans bouger, ses cavaliers chevaucher à toute allure vers les maisons romaines,  prêt à y rependre la mort. Cette après midi pourrait bien être la dernière qu’ils aient à passer à se battre, en tout cas sur cette terre, dans cette guerre. Rugila l’espérait réellement.

    ***

    La nuit était tombée sur le campement. Les yourtes étaient disposés aléatoirement sur la plaine, des enclos sommaires pour les chevaux se trouvant un peu partout autour et au sein même du campement. Il était de petite taille, adaptés au nombre de guerriers qui restaient après les précédentes défaites. La troupe n’était qu’une petite parcelle des vestiges de l’armée hun, dirigé par Attila puis par ses fils. Le conquérant Hun avait, dans sa longue chevauchée vers l’Ouest, était rejoint par des petits Khans des steppes eurasiennes. Rugila était de ceux la. A vrai dire, il n’y avait rien à refuser. Soit on se battait pour Attila, soit on mourrait et le khanat était directement assimilé à la troupe du chef des Huns. A l’époque, le choix était évident, et les promesses de richesses et de gloire étaient pour le moins alléchantes.

    Des richesses et de la gloire, il y en à eu. Les guerriers des steppes furent craint jusqu’en Italie, au même cœur du royaume romain d’Occident. Cela dura un temps. A la mort d’Attila, le gros de l’armée se fragmenta en plus petits groupes. Les troupes barbares et nomades non hunniques commencèrent à déserter, les fils du chef de guerre préférant se disputer les restes de l’Empire. La défaite de Nedao cet année menée par l’ensemble des fils termina de dissoudre l’armée. Rugila était donc l’un des cinq Khans que constituait leur petite force, fragment de l’ancienne puissante armée hunnique. Les Khans restant n’étaient pour la plupart pas des huns, seul l’un d’entre eux avait combattu avec Attila depuis bien plus longtemps. Les autres venaient principalement du même endroit, dans les steppes au nord de la Mer Noire, et étaient donc plus des Scythes que des Huns. C’est ce qui favorisa leur regroupement. Cependant, les deux peuples s’entendaient parfaitement sur nombre de sujet, et les scythes aimaient tout autant la guerre que leurs cousins de l’Est.

    Lorsque Rugila arriva au centre du campement, près du grand feu où étaient réunis les Khans, il constata que presque tous étaient présents. Seul un autre d’entre eux manquait à l’appel, qui ne tarderait pas à arriver selon ses hommes. Parmi les trois déjà présents, Vund et Erekan, deux Khans scythes étaient assis sur ce qui semblait être des buches, tout deux à une extrémité du feu. Debout au centre, Ernakh, le Khan hun, commençait déjà à s’adresser aux hommes et tenter de réveiller leur courage. L’arrivée de Rugila ne le dérangea pas, et alors que celui prenait place autour du feu et près de ses hommes, Ernakh reprit son discours.


    - Comme je le disais quand nous étions entre gens sensés, quelle gloire y à t’il à piller des fermes, de pauvres paysans en échange de quelques minables piécettes… Lorsqu’Attila nous dirigeait, tous se prosternaient devant nous. Tous nous craignaient. Regardez-nous aujourd’hui. Regardez-vous.

    Son regard était dirigé vers Rugila, qui avait bien compris depuis le début que toute cette mise en scène se jouerait entre lui et le Hun.

    - Voila des semaines que nous fuyons, apeurés, pendant que nos ennemis se moquent de nous, dorment à point fermés, certains de notre défaite. Mes frères, je ne veux plus courir. Affrontons les, une fois encore. Si nous nous unissons, nous pouvons les vaincre à nouveau. Par Tengri il faut vous battre !

    - Nous battre pourquoi ? La mort ? Nous ne pouvons pas les vaincre ! Nous ne sommes plus qu’une poignée, sans ravitaillement ni renforts, harassés et épuisés. Ils nous ont déjà vaincus, ils connaissent nos tactiques. Aussitôt nous attaquerons, ils se replieront sous leurs remparts et feront pleuvoir les flèches sur nous. Nous pourrons piller les fermes, bruler les terres, mais à quoi bon ? Nous ne pouvons pas gagner, plus maintenant. Tu enverrais tous ses hommes à leur mort, conscient qu’elle est certaine… ?

    Les hommes dans l’assemblée ne parlaient plus, bien que quelques chuchotements d’accord puissent se distinguer. Ernakh défiait Rugila du regard, comme profondément outré qu’il ait osé remettre en question son choix. Il n’était pas le genre d’homme à pouvoir être influencé, et c’était peine perdue de le convaincre. Sans plus se soucier du discours de Rugila, il reprit aussitôt le sien.

    - Soyez tous témoin de la lâcheté de ce Khan. Ce Khan qui doute encore de notre force, de notre courage, après tout ce que nous avons traversé. Tengri, le Ciel Eternel, reconnaitra les siens ! C’est sa volonté, mes frères ! Nous ferons bruler les villes romaines une fois encore, et tous se prosterneront et craindront notre fureur ! Aux armes, cavaliers ! En avant ! A l’aube, les romains hurleront !

    Le Hun avait exhorté les hommes avec tellement d’entrain, en bousculant certain pour les remuer, que bientôt tous s’étaient mis en marche vers les chevaux, allant cherchant les armes au passage. On ne pouvait discuter la volonté divine, après tout. C’est avec désespoir et avec crainte que le Khan Rugila vit ses hommes partir eux aussi vers leurs montures, décidé à mener un terme à cette guerre, dans la victoire ou dans la mort.

    ***

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    L’aube se levait sur les plaines. Devant eux se trouvaient les remparts d’une ville romaine d’orient. Solidement défendue, des hommes postés à chaque segment de rempart, arc à la main. Ils avaient été prévenus de l’avancée de l’armée, et quand bien même les cavaliers se déplaçaient rapidement, la défense avait été il semblerait tout aussi efficace. La maigre armée qui était sorti pour escorter les villageois jusqu’aux remparts était rentré en sécurité dans l’enceinte de la ville une fois la tâche accomplie. Ce que Rugila avait prévu était en train de se produire. Les romains ne se rendraient pas, et savaient comment les contrer. La seule arme de siège dont disposaient les cavaliers étaient des échelles, et les troupes en haut des remparts se feraient un plaisir de cueillir quiconque se montrerait un peu trop aventureux. Pour le reste des cavaliers bloqués devant les remparts, les tours et archers suffiraient à en venir à bout. La défaite semblait certaine.

    Quand bien même, le Khan hun exhorta l’ensemble de l’armée à passer à l’attaque. Il fut le premier à partir aux devant des murailles, ainsi ses hommes le suivirent aussitôt, très vite suivi par l’ensemble de l’armée dans un mouvement de masse. La chevauchée fut longue, les cavaliers, archers experts, parvinrent à tuer quelques hommes sur les remparts avant leur arrivée jusqu’à eux. Une fois en bas, ils se contentaient de faire des mouvements en cercle afin d’être plus difficilement touchable. Cela n’empêcha cependant pas nombre d’entre eux de mourir. Le premier Khan à tomber fut Vund, transpercé d’une flèche qui le fit tomber de sa monture. Il fut très rapidement rejoint par Uldin, le khan qui s’était fait remarquer par son absence lors du conseil, mais qui était néanmoins bien présent aujourd’hui pour son dernier combat. Une flèche eut tout aussi facilement raison de lui. Les hommes qui atteignirent les remparts se mirent à déployer des échelles, tout en commençant à les escalader. Ernakh prit rapidement la suite et se mit à son tour à monter, tout en invitant plus d’homme à faire de même. Déjà certains de ceux qui avaient atteint les hauteurs retombaient de tout leur poids sur le sol, mourant sur le coup si les blessures ne les avaient pas tués avant. Il ne fallut pas attendre longtemps avant de voir le Khan hun tomber à son tour, un coup d’épée lui ayant transpercé le ventre.

    La panique était totale dans l’armée, et les hommes survivants, voyant leurs frères mourir, se ralliaient aux deux khans qui survivaient. Ceux qui tentaient de fuir étaient harcelés de flèches, et ne parvenaient pas à aller très loin. Leur nombre ne cessa donc de diminuer, les survivants se regroupant de plus en plus au niveau des portes, comme pour sortir d’un piège qu’ils s’étaient eux même tendus. C’est à ce moment que les portes s’ouvrirent. Pas pour leur salut, mais pour libérer la mort. Une première volée de flèche fit tomber la première rangée de cavaliers. Rugila reçut l’une des flèches dans l’épaule, ce qui lui valut aussitôt d’être rappelé vers l’arrière par ses hommes. Et peu importait, car instinctivement, tout les chevaux faisaient volte face, alors même que la seconde volée de flèche continuait à semer la mort. Les lanciers suivirent et sortirent par la porte principale en rang, avançant inexorablement vers les derniers survivants. Rugila et Erekan, dans un dernier élan de bravoure, et pour ne pas faire preuve de lâcheté durant leurs derniers instants, exhortèrent tous les survivants à lancer l’assaut sur le mur de pique. La bataille était perdue, il n’était plus temps de reculer. La petite Horde chargea donc vers les lignes ennemies, les lances transperçant la poitrine des chevaux, les cavaliers tombant tour à tour de monture, Rugila comprit. La fin du combat fut brutale et sanglante. Les hommes à pied se battirent cœur et âme pour leur vie, mais chaque seconde qui passait voyait un nouveau frère mourir sous les coups romains. Le Khan vit Erekan se faire transpercer à son tour, puis s’écrouler sur le sol inerte. Il ne distinguait plus rien, plus aucun visage autour de lui. Il savait que sa vie s’achevait ici. Il mourrait en vrai guerrier des steppes, l’épée à la main. Son seul regret fut ne pas pouvoir connaitre son fils, Ruhas, né quatre années plus tôt. Il gardait l’espoir qu’il grandirait loin et épargné des flammes de la guerre. Lui n’avait pas su l’éviter. Cette triste fatalité le frappa soudainement lorsqu’une épée romaine surgit de sa poitrine, lui transperçant le dos. Rugila tomba un genou à terre, puis l’autre. C’est à cet instant qu’il distingua de nouveau les visages. Ses frères, les hommes avec qui ils s’étaient battus durant tant d’années. Il les avait dirigé, avait suivi Attila, et avait mené ses hommes à la gloire autant qu’à leur perte. Il revoyait en cet instant tout les visages, tous les regards vides de ses hommes qu’il avait abandonnés. Ces hommes qui jamais ne reverraient leur famille et qui avait tout donné pour les ambitions d’autres. Ainsi, c’est à la fin de la sienne que Rugila se surprit à apprendre la valeur de la vie. Si les choix étaient à refaire, surement aurait-il voulu faire autrement. Il n’y avait plus qu’à espérer que ses descendants ne feraient pas les mêmes erreurs.  Il s’accrocha à cette pensée, de tout son cœur, jusqu’à ne plus sentir rien d’autre que le goût du sable poussiéreux dans sa bouche.



    CHAPITRE 2 : La loi des steppes

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    Année 522, Steppes Nomades.

    C’est au début de l’été de l’année 522 que Scythès vit le jour. Sixième enfant d’un père venant de fêter ses cinquante années, celui-ci n’était plus ce qu’il était autrefois. La guerre et les pillages lui avaient couté chère, comme à trop de nomades, et on l’avait amputé de la jambe droite des suites d’une blessure infecté il y à de ça une vingtaine d’année. Il n’avait dès lors plus jamais participé aux combats, se contentant de vivre au rythme des saisons et des pâturages. Il avait cependant pris goût à la lecture, et avait appris au cours de ses vingt dernières années à lire le grec. Les livres n’étaient finalement pas si difficiles à se procurer que cela pour qui se donnait la peine, et il aimait passer du temps à apprendre et s’instruire. Ce qui contraste fortement avec ses aïeux cependant. Bleda n’avait jamais réellement aimé la guerre, et il aurait aimé pouvoir convaincre ses fils d’être du même avis. C’était cependant peine perdue, tant les deux premiers fils, nés d’une première épouse mort d’une maladie il y à bien des années, ressemblaient à leur grand père Ruhas. Fils de Rugila, un ancien khan, il avait à son tour voué sa vie à la guerre, ce qui lui avait valu de ne pas connaitre son fils de la même façon que son père. Bleda comptait bien ne pas échouer là où son père et son grand père n’avaient pas eu cette chance, et il s’estimait déjà bien heureux d’avoir pu voir grandir ses trois premiers fils, ainsi que ses deux filles. La chance le frappait encore en ce jour du 28 juin, car un nouveau fils de sa deuxième épouse venait de voir le jour. Une nouvelle chance de briser le triste destin que connaissaient bien trop de famille des steppes.

    C’est donc entouré de sa famille que Scythès passa ses premières années dans ce monde. Lui et sa famille ne restaient jamais bien longtemps au même endroit, comme le veut leur mode de vie. Ainsi, quand le premier hiver arriva, ils furent contraints de se déplacer vers le sud, vers les vallées alluviales marécageuses pâturés à cette époque de l’année. Lorsque l’été s’approcherait, ils partiraient de nouveau vers le nord, attendant jusque là que la neige fonde pour libérer les pâtures. L’enfant apprit donc très vite l’essentiel de la vie d’un scythe. D’abord en apprenant à vivre avec son environnement, à la manière de ses ancêtres. Les chevaux, moutons et bovins devinrent vite des compagnons privilégiés pour lui, tant ils les côtoyaient chaque jour. Les juments leur apportaient le lait, base de leur alimentation, quand les moutons et bovins leur fournissaient la laine, le cuir et en de rares occasions la viande. Ainsi rien ne se perdait, et la mère et les sœurs de Scythès s’attachaient à ce que jamais aucun membre du clan ne manque de quoi que ce soit. Les frères, quant-à eux, vivaient de petites excursions, de modestes pillages aux frontières byzantines du sud ou chez les barbares du nord, ou encore se reconvertissaient en marchand pour vendre les produits que leur famille fabriquait. Ils étaient tout deux devenus des guerriers honorables et talentueux, et leurs succès, bien que finalement maigres, les incitaient à aller toujours plus de l’avant sans crainte d’adversaire à leur mesure.

    Évidemment, la venue d’un nouveau petit frère fut de nouveau l’occasion de jouer leur rôle et de lui apprendre les bases de la vie d’un guerrier des steppes. C’est ainsi que l’on plaça Scythès sur un cheval, et ce dès ses toutes premières années. On disait parfois qu’un scythe apprenait à monter avant d’apprendre à marcher. Ce n’est évidemment pas exactement le cas, mais la réalité s’en approche. On les habituait en tout cas au contact avec le noble animal, comme pour débuter les prémices d’un lien qui durerait toute une vie. De la même manière, on mettait très vite un arc dans les mains des jeunes garçons. Arme emblématique des peuples scythes, ils en étaient rapidement devenu les plus grands représentants, et apprenaient à le manier aussi bien pied à terre qu’à cheval. Que ce soit pour la chasse ou pour la guerre, l’arc était l’arme de base de tout nomade. Scythès ne dérogea donc pas à la règle, et suivit son entrainement avec patience et talent, sans en montrer plus d’intérêt que nécessaire cependant. Ce n’était pas que Scythès n’aimait pas les armes ou le mode de vie guerrier des nomades, mais au fils des années, il en était venu à se demander l’intérêt d’apprendre à manier à la perfection des outils destinés à distribuer la mort. La mort, il l’a craignait. D’autant plus lorsqu’elle lui prit sa mère au cours de sa quatrième année. Au bonheur de son père, il se mit à apprécier ses enseignements. Instruit et curieux du monde qui l’entoure, Bleda avait transmis son gène à son fils, et très vite les heures passées à parler des peuples qui vivaient au delà des steppes ne se comptèrent plus. Il lui très apprit très tôt à lire et à écrire, tout en lui enseignant dans le même temps la langue que parlaient leurs voisins romains du sud, ceux la même que leurs aïeux avaient combattu avec tant d’ardeur.

    Les années passèrent donc au rythme des saisons. C’est au cours de la huitième année de sa vie que le premier d’une longue suite d’événement qui la bouleverserait arriva. Baïko et Baïan, ses deux frères ainés, partirent comme à leur habitude en excursion vers le nord, jusqu’aux frontières slaves. Si habituellement ces excursions n’étaient que des formalités, les deux hommes rentrant rapidement jusqu’au foyer avec quelques objets précieux qu’ils pourraient revendre ailleurs, cette fois ce passa différemment. Attendus ou pas, toujours est-il qu’une embuscade leur fut tendu, et seuls les chevaux revinrent jusqu’à leur famille. Les deux hommes furent probablement tués là bas, et jamais on n’entendit de nouveau parler d’eux. Cette perte fut particulièrement difficile pour Bleda, leur père, qui tenait déjà difficilement depuis la mort de sa seconde épouse. Seul avec quatre enfants, sans l’aide des ainés pour tenir le foyer, l’âge sembla soudain le rattraper en quelques semaines. L’homme qui d’ordinaire ne pouvait déjà bouger sans difficulté ne quittait plus la yourte, ses cheveux virèrent au blanc et ses traits se durcirent. Au bout de trois ans, il n’était plus qu’une ombre, un pâle reflet de l’homme souriant qu’il était. C’est à ce moment, et à l’âge de soixante et une années que Bleda s’éteignit.

    Le dernier frère de Scythès, Batuta, devint alors le chef de la famille. Agé de seize ans, c’est à lui qu’incombait la lourde tâche de protéger ses sœurs et son frère, de parvenir à leurs besoins et à ceux du troupeau. La tâche semblait monumental pour lui qui n’avait jusqu’alors jamais réellement eu de responsabilité, qui était encore il y à quelques années dans l’insouciance de l’enfance. Le corps de leur père à peine enterré, il fallait prendre une décision, car l’hiver venait. Cela signifiait pour eux de se déplacer vers le sud, avec tout le troupeau, où le climat serait plus clément. C’est alors instinctivement, sans vraiment savoir ce qui les attendait, que Batuta aidé de son frère démonta la yourte et rassembla l’ensemble des moutons, bovins et chevaux. La tâche fut longue et difficile, leur père et leurs frères étaient parvenu à s’en sortir honorablement, tout en se faisant respecter des voisins qui ne leur cherchaient pas querelle. Ils avaient donc pu, au cours de leur vie, amasser une quantité certaine d’or et agrandit considérablement le troupeau. Cependant, tout ça paraissait aujourd’hui bien vaste pour les quatre enfants livrés à eux même.

    Ils n’attendirent pas longtemps avant de se mettre en route vers le sud, en direction de la Mer Noire. La route serait longue et difficile, et ils ne pouvaient pas réellement compter sur autre chose que les réserves que la famille avait amassées avant l’hiver, en prévoyance de ce voyage. Les premiers jours se passèrent sans incident, bien qu’ils ne fussent pas faciles pour autant. Ils eurent le temps de prendre conscience de la tâche qui se trouvait devant eux, et la perte récente de leur père n’aidait en rien. Cependant, s’il avait connu la suite des évènements, Scythès aurait chéri ce moment plus que nul autre. Arrivé à la moitié du chemin, toujours au cœur des steppes, le troupeau fut repéré par un cavalier. Il ne tarda évidemment pas à en venir un autre, puis encore un, jusqu’à ce qu’une troupe considérable de cavaliers se tiennent devant eux. Ces hommes, voyant que le troupeau n’était gardé que par des enfants, décidèrent de se l’approprier, comme il était peu étonnant de le faire dans les steppes. Batuta n’était en rien un guerrier. Il n’avait appris à manier les armes qu’aux côtés de ses frères, tout comme Scythès. Jamais il n’avait eu l’occasion de se battre dans un vrai combat, où même de prendre une vie. Cependant, il était un scythe, petit fils de Ruhas, lui-même fils de Rugila, et dans son sang il le savait, il ne pouvait se rendre. Il ne pouvait faire cette honte à ses ancêtres, il fallait se battre. Le jeune homme dégaina alors l’épée de son père, une vieille épée qui n’avait plus servi depuis bien trop longtemps. Celle-ci sembla presque trop lourde pour lui, mais quand bien même, il la porta avec force et courage, ne montrant en rien comme ses bras le faisaient souffrir de la tenir en garde.

    La réaction des hommes ne fut probablement pas celle que Batuta espérait. Ils se mirent à rire de bon cœur,  sans montrer de réelle animosité. Celui qui semblait être le chef de la petite troupe descendit alors de sa monture, puis s’approcha du jeune homme d’un pas calme mais décidé. D’un geste tout aussi calme, il abaissa l’épée de Batuta de sa main gantelé, jusqu’à ce que le jeune homme qui ne savait pas comment réagir laisse la pointe toucher le sol. Le capitaine des cavaliers sourit alors de nouveau à l’ainé, puis porta un bref regard vers Scythès. Bref, mais qui ne dura que trop longtemps pour le jeune garçon, tant l’homme avait un côté dérangeant. Celui-ci commença alors à se retourner, le regard vers ses hommes qui avaient gardé leur sourire depuis le début de la scène. Scythès n’eut alors le temps de voir que la main droite du capitaine aller vers son fourreau. Il voulu crier à son frère de fuir, mais aucun son ne sortit de sa bouche. L’homme sortit son épée, accompagnée d’un son strident. Tout en se retournant et en levant l’arme, il l’abattit brusquement sur le cou de Batuta, qui fut pratiquement tranché en deux sur le coup. Le corps du frère de Scythès s’écrasa faiblement sur le sol, les cris de ses sœurs masqués par les rires des cavaliers qui reprirent de plus belle. Encore et toujours, aucun son ne parvenait à sortir de la bouche du jeune garçon de onze ans. Ses pieds se mirent à bouger instinctivement à l’approche d’autres hommes qui descendaient à leur tour de cheval et s’approchaient de lui et de ses sœurs. La sœur la plus éloignée de lui, Iara, fut la première à être capturé par l’un des hommes, et aussitôt il l’a porta jusqu’à sa monture pendant qu’elle se débattait. La seconde, Khlada, eut le temps de se diriger vers son frère, et les deux enfants purent se prendre la main. Ensemble, ils coururent à toute hâte dans la plaine, mais un cavalier les rattrapa bien vite et attrapa sa sœur dans sa course, pour la mettre directement sur son cheval. Il repartit aussitôt vers ses partenaires, qui riaient déjà en voyant deux des leurs bander leur arc. Le premier tira la première flèche au loin, en direction de Scythès. Celle-ci atterrit à quelques pas de lui, pas assez loin pour atteindre le petit qui criait aussi vite qu’il n’avait jamais couru. Le second soldat tenta sa chance à son tour, et la flèche arriva quelques mètres devant Scythès, qui courait de façon incertaine sans savoir où aller. Il n’en n’était que plus difficile à atteindre, et bien vite les hommes se lassèrent. Ils décidèrent de le laisser s’enfuir, se disant qu’il mourrait quoi qu’il arrive, seul dans la steppe. Et de toute façon, ils avaient le butin, et autant dire qu’on ne tombait pas sur un tel cadeau tout les jours. Ainsi débutèrent les moments les plus difficiles de la vie de Scythès.


Et vous, qui êtes vous ?

    Age : 23 ans
    Quelle est votre expérience des forums RP : Quelques forums il y a longtemps et récemment sur SSND
    Comment avez-vous connu le forum : SSND ^^



Dernière édition par Scythès le Mer 23 Sep - 12:22, édité 13 fois
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Cancer
Message Re: Scythès - Gold Saint du Cancer [Terminée]   Scythès - Gold Saint du Cancer [Terminée] EmptyJeu 17 Sep - 20:39
Scythès

La suite de son histoire


    CHAPITRE 3 : La mort pour fardeau

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    Impossible de dire combien de temps le jeune scythe avait couru, seul dans les steppes. Pas une seule fois il n’avait osé se retourner, les hennissements des chevaux et les cris de leurs cavaliers résonnaient encore si fort dans sa tête qu’il aurait pu les penser juste derrière lui.  Ce n’est que lorsqu’il fut à bout de force qu’il s’écroula dans l’herbe légèrement humide. Toujours moins que ses joues cependant, qui n’avaient cessé d’être irrigués de larmes depuis le début de sa fuite. Scythès s’endormit alors à cette place, sur le ventre, ne parvenant plus à bouger, son corps à bout de force.  

    Les premières lueurs du soleil réchauffant sa joue réveillèrent Scythès. Le vent soufflait une légère brise sur la plaine, faisant danser les pâturages dans un rythme irrégulier. Le décor était magnifique et paisible, contrastant totalement avec toute la tristesse et tous les morts qui hantaient ces terres depuis si longtemps. Aussi loin que son regard portait, le jeune garçon était seul. Il n’avait aucune idée d’où allaient, ses maigres provisions, principalement du lait de jument, de l’eau et de la viande séchée dans un sac lui permettrait de se nourrir quelques jours, guère plus. Il ne pouvait rester là, et malgré son jeune âge il le savait. Il devait réagir et survivre. Scythès décida donc de se remettre en route vers le sud, se disant que les cavaliers qui avaient enlevé ses sœurs devaient certainement se diriger eux aussi dans cette direction, comme tous les autres nomades. Ainsi, il pourrait trouver de l’aide et tenter de les libérer. C’est donc guidé par le soleil qu’il partit vers le sud, le cœur lourd et l’esprit empli de pensées envers sa famille et ses morts.

    Les premiers jours de son périple lui ouvrirent de nouveau les yeux sur l’étendue de la tâche. Traverser les steppes, seul, était évidemment particulièrement difficile, qui mettrait à mal même un homme dans la force de l’âge. A son jeune âge, et quand bien même il avait passé toute sa vie à voir sa famille dompter ces terres,  l’épreuve paraissait impossible à surmonter. Le froid, qui arriva plus rapidement que prévu, ne fit que confirmer ce fait à Scythès. S’il avait pu passer les premiers jours à se nourrir de ses réserves et de fruits et baies qu’il avait pu trouver, les nuits se montraient de plus en plus difficiles à surmonter. Très vite, le jeune homme ne pensait plus qu’à trouver un endroit où s’abriter afin de ne pas mourir de froid.

    Son vœu fut étonnamment rapidement exaucé. Alors qu’il cherchait des baies ou quoi que ce soit d’autre pour remplir un peu son sac, Scythès tomba sur une yourte semblant abandonné, au bord d’un ruisseau. En quête d’un abri, il n’hésita pas longtemps avant d’aller voir ce qu’elle renfermait. La poussière semblait avoir pris possession des lieux depuis longtemps. A l’intérieur, quelques objets de la vie courante, les choses habituelles que l’on pouvait trouver dans un habitat. Au fond de celui-ci, un squelette semblait encore occuper les lieux. Assis et recroquevillé contre le bord du lit, impossible de dire ce qui avait bien pu tuer celui qui vivait ici. Toujours est-il que l’endroit semblait être passé inaperçu jusque là.  C’était une chance inespérée, et il n’hésiterait pas à la saisir. Scythès se fit rapidement une petite place dans les lieux, l’eau abondante et le terrain propice pour trouver de quoi manger lui permettant de survivre quelque peu à l’hiver. Du moins pendant les premiers temps, quand le froid n’est pas encore trop dur à supporter.

    Scythès ne déplaça pas le squelette qui vivait ici. A vrai dire, il n’avait pas osé. Il se sentait comme un invité ici, il n’était pas chez lui, et ne se serait pas permis de l’en sortir. C’est à cette époque que les premiers signes d’une force inconnue se manifestèrent chez le jeune nomade. Alors que sa solitude était à son paroxysme, il pu peu à peu, au fil du temps, sentir comme une présence venant du squelette. Sans qu’il ne puisse l’expliquer, une proximité les unissait. A certains moments, il jura même apercevoir une sorte de lueur bleuté émaner des ossements, et se balader librement dans la yourte, observant le garçon. Aucune animosité de sa part, pas plus n’en venait de Scythès, qui trouvait là la compagnie qu’il ne pouvait avoir. Comme dans un climat de confiance, ce que le jeune scythe appellera l’âme du mort se manifesta de plus en plus souvent, cherchant comme le contact avec lui. Ne sachant comment réagir devant le phénomène, Scythès tenta d’abord de communiquer, sans succès. Il devina ensuite que l’âme du mort devait être enfermée dans ces lieux, et qu’il fallait l’en libérer. Lui montrer la sortie vers les pâturages, afin qu’elle puisse monter jusqu’au Ciel Eternel et rejoindre Tengri. Mais l’âme se contentait de le suivre, disparaissant de temps à autre, et réapparaissant comme par enchantement autour de lui alors qu’il l’a pensait partit au loin. Scythès finit par se contenter de la laisser le suivre, appréciant sa compagnie, qui fut la seule durant bien longtemps. Non pas qu’il ne croisa personne, cependant. A vrai dire, il lui arriva parfois lors de ses excursions, d’observer d’autres lueurs bleutées, perdus dans la nature. Lorsqu’il s’en approchait, celles-ci disparaissaient, comme apeurés. Le jeune garçon se rassura de leur présence, s’habituant chaque jour un peu plus à côtoyer les morts. Il trouvait dans ces morts la force de rester en vie.

    La fin du long hiver arriva enfin. Avec lui le son des cavaliers qui remontaient vers le nord, se permettant de plus en plus d’excursions car l’hiver devenait de nouveau plus doux. Lorsqu’il les entendit au loin la première fois, Scythès hésita. Sa première réaction fut de rester cacher, les évitant à tout prix, quand bien même l’esprit qui l’accompagnait depuis un moment maintenant semblait insister pour aller à leur rencontre. En effet, sa première et dernière rencontre avec des cavaliers au cœur des steppes lui avait valu la mort de son frère, l’enlèvement de ses sœurs, et la capture de tout leur bien. Il n’était pas décidé à remettre de nouveau sa vie entre les mains d’hommes dont il n’avait pas confiance.

    Seulement quelques jours passèrent avant d’entendre de nouveau les hennissements des chevaux. Une fois de plus, l’âme de la yourte semblait insistante pour aller à leur rencontre, sans que Scythès ne sache pourquoi. Et à vrai dire, peu importait. De son petit âge, il avait néanmoins appris à se débrouiller et à peser un tant soi peu le pour et le contre d’une situation. Il n’avait rien à perdre, le seul réel inconvénient était de trouver la mort. Encore que la survie n’était pas sur en restant ici. Par contre, et c’est ce qui lui occupait l’esprit depuis tout ce temps, il devait trouver de l’aide pour sauver ses sœurs, dans l’espoir qu’elles soient toujours en vie. Il fallait savoir, il fallait essayer. La décision fut donc prise rapidement, délaissant la yourte et prenant ses quelques affaires dont il aurait l’utilité. L’âme du squelette n’était visiblement pas rattachée aux ossements, car l’esprit se montra capable de s’en éloigner aussi loin que les jambes de Scythès le portaient. Quelque part, ils s’étaient attachés l’un à l’autre, c’est du moins ce que le jeune nomade aimait croire.

    Une plaine séparait Scythès des cavaliers. D’où il était, il ne pouvait distinguer que deux hommes à cheval, sur une colline qui surplombait la zone. Bien qu’il ne puisse pas voir ce qui se cachait derrière, le jeune garçon supposa que deux hommes en cachaient surement quelques autres, et la scène lui rappela, non sans crainte, sa dernière rencontre avec des étrangers. Scythès n’eut pas le loisir de s’annoncer lui-même, se faisant bien vite remarquer marchant seul sur la plaine. L’un des deux hommes souffla dans une sorte de cor, et quatre autres cavaliers sortirent de derrière la colline pour rejoindre les deux précédents. Une fois retrouvés, c’est tous ensemble qu’ils se mirent à chevaucher vers le garçon.  Le temps ne fut pas long avant qu’ils n’arrivèrent à sa portée, et ils eurent le temps de voir que Scythès était ce qu’il leur montrait, un garçon seul et ayant passé un hiver bien trop rude. Evidemment, dans les steppes, les hommes n’étaient pas tous mauvais. Les hommes qui se trouvaient devant lui en étaient la preuve. Ils ne posèrent aucune question, se contentant d’observer le jeune garçon avec peine durant quelques secondes. L’un d’eux s’avança, et d’une poigne solide le porta jusqu’à sa monture. Les six hommes repartirent sans mot dire vers la colline, un bruit ambiant s’entendant de plus en plus fort à mesure que l’on s’en approchait. Lorsqu’ils arrivèrent en haut, Scythès comprit en un instant ce qui était la cause de tout ce bruit.

    Des centaines de personnes, un nombre encore plus grand de chevaux et de moutons. Tout le nécessaire à la fabrication des yourtes étaient attelés au dos des bovins, qui avançaient d’un pas long et monotone, au rythme du vent. Des enfants étaient bien installés au dessus des chariots et jouaient ensemble, quand ils n’étaient pas simplement en train de courir au milieu de tout ça. Devant lui se trouvait tout un Khanat qui se déplaçait, et remontait s’installer vers le nord maintenant que les températures se faisaient plus agréables. Il était temps de voir d’autres personnes, de commercer avec les barbares du nord, vendre ce qu’on avait pu trouver au sud durant l’hiver. Ainsi était faite la vie des nomades, et pour la première fois depuis longtemps, Scythès se sentit appartenir à un tout, sentit qu’il n’était pas seul. Et ce même si, et il le savait aujourd’hui, il ne serait plus jamais seul.

    Les cavaliers déposèrent Scythès auprès de plusieurs femmes, des mères de familles visiblement, qui ne tardèrent à le prendre en pitié et à prendre soin de lui. Lui mettant à manger dans la bouche tout en le harcelant de questions, les femmes ne laissaient pas un instant au jeune garçon, qui restait silencieux. Une fois de plus, il se montra incapable de parler devant les évènements, se contentant d’observer tout ça, avec respect et curiosité. Au bout de quelques jours, les gens du Khanat n’avaient toujours pas eu l’occasion d’en apprendre énormément sur le garçon, si ce n’est qu’il avait passé l’hiver seul, dans une yourte pas très loin de l’endroit où on l’avait trouvé. Cela finit par éveiller la curiosité du Khan, qui se demanda comment un garçon de cet âge avait pu survivre seul durant l’hiver. On le convoqua alors, et non sans lui rappeler les respects à observer devant un homme de sa stature, on le présenta à lui. Le chef de ce clan était un homme d’une bonne cinquantaine d’année, n’ayant visiblement jamais eu à se plaindre de la faim au vu de sa corpulence. Ses cheveux blonds et ses yeux bleus lui confirmaient une pure ascendance scythe, contrairement aux cheveux noirs de Scythès qui laissait présager quelques origines hunniques chez ses aieux. Rugila, son arrière grand père, avait en effet pris pour épouse une courtisane de la cour d’Attila, avant de trouver la mort quelques années plus tard. Toujours est-il que le Khan tout comme Scythès était originaire de ces terres, et ce depuis bien longtemps. La première impression que le Khan donnait à ceux qui le côtoyaient était celle d’un bon vivant, le sourire et le rire facile. Cependant, s’il avait pu rester Khan jusqu’à un âge si avancé, ce n’était probablement pas sans raisons. L’homme devait être un grand guerrier, et l’était probablement encore. Dans tout les cas, il avait acquis le respect de ses pairs, et cela suffisait pour rester maitre d’un clan.

    Lorsque le jeune garçon lui fut présenté, le Khan s’empressa de se lever de ce qui lui servait de trône, un siège d’assez belle facture que les nomades avaient probablement obtenus lors d’un pillage chez leurs voisins byzantins. Sa taille n’était guère impressionnante, mais Scythès put sentir la force de ses mains lorsque le Khan le releva alors qu’il avait mis un genou à terre, comme on lui avait conseillé. Il s’empressa de lui poser des questions sur ce qui l’avait amené à survivre seul à l’hiver, et comment il s’y était pris. Il parvint à dénouer la parole du jeune garçon par la confiance qu’il inspirait, et celui-ci lui raconta le peu de secret qu’il avait pour survivre, bien qu’omettant volontairement le soutien que lui avaient apportés les âmes qu’il avait rencontré. Lorsque le vieux chef se mit à parler de sa famille, le silence reprit de nouveau le jeune garçon. C’est avec acharnement qu’il parvint enfin à lui arracher ce qui lui était arrivé. Quand le vieil homme comprit de qui parlait Scythès, des regards s’échangèrent tout autour d’eux, la mine basse, la colère dans les yeux. Le Khan lui apprit que les hommes qui avaient tué son frère et capturés ces sœurs étaient des cavaliers de l’autre Khanat qui vivait sur ces terres, et qu’ils avaient eux aussi perdus bien des fils et des frères contre ces gens. Il lui assura qu’un jour, eux même prendraient leur revanche sur ce Khan, et l’invita à rester parmi eux jusqu’à ce que ce moment arrive. L’hiver venait de passer, beaucoup d’homme étaient mort lors de précédents pillages et batailles contre les autres clans, et les jeunes garçons devaient devenir des hommes, Scythès comprit.

    C’est de cette façon que durant les quatre années qui suivirent, et ce jusqu’à ses seize ans, Scythès vécu pour la première fois en véritable communauté. A mesure que son corps grandissait, ses bras devinrent plus forts, et c’est à force d’entrainement qu’il devient un guerrier talentueux, en plus d’un homme fait. Fidèle aux enseignements de son père Bleda, il avait poursuivi ses études autant que possible, perfectionnant sa maitrise du grec. Sa préférence allait toujours au savoir et calme, bien qu’il n’hésite pas à prendre les armes pour ce qui lui est chère. Toujours est-il qu’il était terrible d’ôter une vie, et aussi longtemps qu’il vivrait, il ne tuerait jamais sans que cela ne soit nécessaire. Bien assez de gens mourraient, chaque jour, pour en ajouter encore à la triste liste. La mort n’était pas nécessaire, mais se battre l’était. Son seul objectif était resté de libérer ses sœurs, et cela faisait maintenant deux années, depuis ses quatorze ans, que Scythès poussait le Khan à prendre les armes et attaquer le Khanat rival. Le souvenir de Iara et Khlada, et l’incertitude de savoir si elles étaient en vie le hantaient chaque nuit. Il devait savoir, qu’elle qu’en soit le prix.


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    Alors qu’il allait bientôt atteindre ses dix-sept ans, et voyant que le Khan n’avait toujours pas l’intention de préparer quoi que ce soit, Scythès décida qu’il n’était plus temps d’attendre. Il alla à la rencontre du vieux Khan, qui en quatre ans avait pris dix sur son visage. Il ne se leva pas de son trône cette fois, sans doute moins enthousiaste que naguère à la vue du jeune homme. Il savait pour quoi il venait, la détermination se lisait sur son visage. Il le savait, et n’était pas prêt à lui donner. En effet, plus le temps avait exercé son inexorable emprise sur ses vieux os, plus le Khan s’était dis qu’il serait risqué de tenter une attaque de cette envergure sur ce clan. Que peut-être serait-il préférable pour lui, et ses fils, de le laisser rejoindre Tengri dans la paix et d’attendre que son ainé hérite, sans tumulte. Qu’il n’était pas prêt à sacrifier tout les hommes du Khanat dans une attaque qui serait peut être un échec. Ce n’était évidemment pas les réponses que Scythès souhaitait entendre, et il avait le pressentiment que s’il n’agissait pas maintenant, ses sœurs ne passeraient pas un hiver de plus. Difficile de dire ce qui à poussé à cet instant Scythès a défier le Khan en duel. Sur le moment, il ne se souciait pas des conséquences, tout ce qu’il voulait c’était sauver ses sœurs et se venger des hommes qui avaient tué son frère. Il savait que d’autres dans le clan pensaient la même chose, et étaient contre la politique du Khan de ne pas se venger par le sang. Il pourrait les inciter à partir en guerre, tout ce qu’il devait faire, c’était remporter le duel.

    A l’annonce du duel, le vieux Khan esquissa un sourcil, intrigué. Sans doute étonné de voir le jeune garçon qu’il avait recueilli quelques années plus tôt se dresser aujourd’hui contre son autorité. Il n’eut en tout cas pas le temps de répondre, car Batak, son fils ainé et héritier présomptif du clan s’interposa. Celui-ci était un homme d’une trentaine d’année, plus grand que son père et pas moins costaux. L’expérience des combats se lisait sur son visage, et ses jambes légèrement arqués indiquaient qu’il avait passé toute sa vie sur un cheval. C’était un guerrier, l’héritier presque légitime quand le Khan avait un fils de cette stature. Batak annonça que son père était trop vieux pour se battre dans un duel, et que sa place était tout autant discutée par celui-ci. Il représenterait donc son père dans ce combat, et serait garant de leurs vies. Le sourire revint au visage de Belik, son père, visiblement heureux de la tournure des évènements. Scythès ne pouvait évidemment pas refuser, la demande était légitime. Bien que Belik sache que si son fils remportait le duel, rien ne l’empêcherait s’il le voulait de prendre son trône, il était plus puissant que lui, c’en était la preuve.

    C’est ainsi que Scythès mit sa vie en jeu. On donna une épée aux deux guerriers, et sans plus de cérémonies, le duel s’engagea devant la yourte du Khan, alors que des membres du clan s’approchaient de plus en plus nombreux pour assister à la scène. Scythès était jeune mais déterminé. Son entrainement et sa rapidité lui permirent de prendre l’avantage devant la lenteur et la stature de son adversaire. Un avantage qui ne dura guère, quand Batak décida que le spectacle était terminé et qu’il cessait de s’amuser. Ses coups s’avéraient dur et brutaux, quand ceux de Scythès ne semblaient pas avoir d’impact. Très vite, Scythès se retrouva face au sol, le gout de la terre et du sang dans la bouche. L'un des coups du puissant guerrier était passé tout prêt de lui fendre le crane, le coup n'ayant pu toucher que l’œil gauche du jeune homme qui avait esquivé tant bien que mal. S’il continuait à se relever, ce n’était pas sans mal, mais il ne pouvait abandonner, il n’avait pas le choix. C’est alors qu’il vit l’âme du squelette de la yourte apparaitre près de lui, ainsi que d’autres qui visiblement assistaient à la scène au dessus des gens. Les autres personnes autour semblaient ne pas les remarquer, ne pas pouvoir les voir. Scythès ne saurait expliquer ce qui se passait en cet instant, le fait de ressentir une sorte de force, la même qui lui avait permis, juste comme un feu à l’intérieur, de survivre à l’hiver et à la faim. Elle était bien plus forte en à ce moment, il en ressentait la puissance sur son corps, et bien qu’elle soit inexpliquée, elle lui permit de retourner faire front contre Batak.

    Alors que quelques minutes plus tôt l’héritier du Khanat parvenait à repousser les coups du jeune d’une seule main, il dut rapidement se résoudre à tenir son arme de toute sa force pour parvenir à bloquer les attaques. Et encore, cela ne suffisait pas, et le petit homme qui se dressait devant lui semblait avoir une force bien supérieure à ce que ne lui permettait son petit corps. Plus Scythès prenait l’avantage, plus il laissait la sauvagerie prendre le dessus, si bien qu’il ne se rendit pas compte du moment où l’épée cessa de frapper l’acier pour toucher la chair. L’épée le frappa deux fois de haut en bas, et le jeune scythe ne s’arrêta que parce que le corps de Batak venait de tomber de tout son poids vers l’arrière. Il lui avait donné une mort semblable à celle de son frère, sans même le chercher. Il savait que ce duel était forcément un combat à mort, seulement il n’avait pas vraiment réalisé jusqu’ici. Le long silence de l’assemblée et le sang sur ses mains l’aidèrent à se rendre compte.

    A l’entrée de la yourte, Belik tremblait. La situation s’était retourné si rapidement qu’il n’avait pas du se rendre compte de ce qui venait de se produire. Son fils ainé venait de mourir sous ses yeux et gisait encore à terre devant lui. Quelques secondes passèrent sans que personne n’ose dire mot, comme par respect envers celui qui venait de mourir, où par respect envers un nouveau chef. Des hommes sur le côté rompirent alors le silence pour s’approcher d’un pas décidé vers Belik. Ils le prirent par les bras pour l’emmener vers Scythès, qui n’avait pas bougé depuis qu’il avait abattu Batak.  L’un des deux hommes frappa l’ancien khan dans les jambes pour le faire poser genoux à terre, et annonça respectueusement au jeune homme qu’il devait prendre sa tête. Il avait perdu le duel, Tengri en avait décidé ainsi. Il rejoindrait son fils mort pour leur honneur, et sauverait le sien en acceptant sa mort. La décision de quitter cette terre fut plus facile à prendre pour l’ex Khan que celle de prendre sa vie ne le fut pour Scythès. Prendre la vie d’un homme était déjà une tâche bien assez difficile, devoir en prendre une de plus et condamner le reste de sa famille comme le veut la coutume n’était que de la cruauté gratuite. Cependant, comment gagner le respect des hommes, si ce n’est en respectant la tradition. En devenant le Khan légitime par le sang. Il ferma alors les yeux un instant, n’osant accorder à l’homme qui allait mourir son dernier regard.  L’épée s’abattit d’un coup net sur son cou, proprement et rapidement. Ce n’était plus un coup d’enfant, mais bien un coup d’homme qui venait de prendre cette vie. Il avait fais son premier choix, celui de défier ceux qui l’avaient accueillis pour sauver les siens. Il n’y avait plus de retour en arrière possible.

    Le sang de Belik coulait encore que sa famille fut réunie devant la yourte et devant les corps inertes de leur père et frère. L’un des hommes du Khanat, favorable à l’attaque et à Scythès, le prit à partit pour le conseiller. Les autres fils de Belik étaient des guerriers respectés, certains hommes du clan leur étaient fidèles. S’il choisissait de tuer toute la famille, alors il n’aurait plus aucun rival pour contester son titre, et tous les hommes se plieraient à une attaque. C’était la seule et bonne solution, on ne pouvait prendre le risque de perdre des hommes. Ainsi Scythès eut rapidement à prendre une seconde décision. Comme celle de défier le Khan en duel, elle fut prise rapidement, sans réfléchir. Scythès accorda au reste de la famille la vie sauve, et le droit de rester sur ces terres et dans le clan. Les filles et épouse du Khan seraient bien traités, et les fils participeraient à l’attaque pour sauver les sœurs de Scythès. Lorsque le marché leur fut proposé, la famille des défunts n’osaient le croire. A aucun instant ils n’auraient espérés avoir la vie sauve, et c’est plein de remerciement que le fils le plus âgé serra la main de celui qui venait de tuer son père et son frère. Du moins, c’est ce qui semblait être.

    Scythès était jeune. Pas sans expérience, mais jeune, et malgré tout déjà lasse de voir des vies se perdre inutilement. Ce n’était pas de la bonté de cœur, juste un fait. Toute vie avait de la valeur, et prendre celle d’enfants, de jeunes hommes et de mère endeuillés ne servaient aucune cause. Seulement parfois, les décisions qui paraissent les plus justes ne sont pas celles qui sont récompensés. Alors que l’on laissa passer une nuit pour mettre en place les préparatifs de l’attaque, Scythès fut réveillé par l’un des cavaliers de son Khanat. Il le supplia de sortir de sa yourte et de venir voir au dehors. La surprise fut de taille. La moitié des hommes avait déserté le Khanat, prenant autant de chevaux et de moutons qu’ils étaient. A leur tête, les fils de Belik, qui profitèrent de l’occasion et de la loyauté de certains hommes pour leur père pour prendre la fuite, probablement en attente d’une revanche.

    Sans la moitié de la force armée du Khanat, les chances de l’attaque s’amoindrirent considérablement. Ils étaient deux fois moins nombreux selon les derniers rapports, et ils avaient à faire toute la route qui les séparait de leurs terres. Malgré ça, et malgré les protestations de certains hommes, Scythès décida de partir tout de même vers la guerre. Le véritable but de l’attaque était de se venger de ce clan, et de récupérer ses sœurs, non plus de les vaincre. Il fallait tout tenter, il n’avait pas fait tout ça pour rien. C’est ainsi que le Khanat de Scythès se mit en marche vers l’Est et vers la guerre.

    Le voyage se fit sans embuche. La majeure partie du Khanat fut arrêté non loin du campement du clan ennemie, mais toujours assez pour ne pas être inquiétés ou repérés. Les femmes, les enfants, les anciens et les animaux restèrent à l’abri du danger, alors que tout les hommes ayant l’âge de tenir un arc se préparait à un nouveau voyage dont ils ne reviendraient peut être pas. Les au revoir étaient difficiles à regarder quand beaucoup seraient en faite des adieux. A seize ans seulement, il tenait leur vie entre ses mains. Il leur demandait de payer le prix le plus chère qui soit pour sauver ses sœurs, lui qui voulait éviter la mort. Il voulait en tout cas, et ce à tout prix, éviter celles de ses sœurs.

    Le soleil se couchait lorsque les deux armées se retrouvèrent face à face sur la steppe, devant le campement du Khan Galan.  Comme prévu, l’armée ennemie était bien plus grande, presque de deux fois leur nombre. Les batailles entre guerriers des steppes se résumaient souvent à de courte chevauchés suivis d’échange de flèches, avant de revenir en arrière poursuivi par les ennemis. Ce petit jeu pouvait durer assez longtemps, mais se trouvait toujours moins brutal que la suite ordinaire d’une bataille. L’armée ennemie, plus nombreuse, avait évidemment l’avantage dans ce type de combat, ainsi la véritable chance de réussite tenait à tenir le contact avec l’adversaire, afin de semer assez de désordre pour permettre à Scythès de sauver ses sœurs. C’est le plan qui fut choisi et qui fut respecté. Les cavaliers de Scythès ne tardèrent pas à rompre les traditionnelles échanges d’avant combat pour surprendre l’adversaire et engager la mêlée. Comme espéré, le désordre et la panique gagnèrent vite l’ensemble du champ de bataille, et bientôt chacun ne s’intéressait qu’à sauver sa peau et à trouer celle de celui d’en face.  Scythès profita du moment. Accompagné de quatre de ses hommes, il s’introduit dans le campement et ils commencèrent chacun de leur côté à fouiller les yourtes.

    Il ne fallut pas longtemps à l’un des hommes pour siffler, signal qu’il avait trouvé quelque chose. Il rapporta alors à Scythès que deux jeunes femmes, un peu plus vieilles que lui, se trouvaient enchainés dans une yourte à proximité de celle du Khan Galan. Il devait avoir le cœur net, il se hâta d’aller vérifier par lui-même, se mettant dans le même temps à découvert. Quand bien même il ne les avait pas vu depuis maintenant cinq ans et qu’elles avaient visiblement grandis, Scythès reconnu immédiatement les visages de Iara et Khlada. Un brasier s’alluma dans son cœur au même instant, et il se précipita vers elles pour les prendre dans ses bras. Le réconfort ne fut pas de longue durée, car très vite les hommes de Scythès l’alarmèrent que des gens approchaient. A peine une seconde était passé que des cris de douleurs s’entendirent. Scythès n’eut alors d’autres choix que celui de lâcher ses sœurs et de voir ce qui se passait, non sans leur promettre de revenir et qu’il allait les sauver. Lorsqu’il sortit de la yourte, déjà deux de ses hommes étaient mort. Deux d’entre eux se battaient toujours peu loin de la yourte contre une bande bien plus nombreuse, probablement détaché depuis l’armée principale. Les deux derniers tenaient un point de repli pour repartir, tout en se battant eux aussi contre plusieurs soldats. Comprenant la situation, il repassa un instant dans la yourte pour encourager ses sœurs à partir et à prendre la fuite pendant qu’il était temps. Seulement, les deux jeunes femmes, terrorisés, n’osaient pas bouger, et ce malgré les suppliques de leur frère. Alors qu’un homme l’attaqua, il dut s’éloigner de l’entrée de la yourte afin de laisser la place à ses sœurs de sortir, en espérant qu’elles en trouvent la force. Elles la trouvèrent. Cependant, les deux hommes ne pouvaient tenir aussi longtemps contre bien plus nombreux qu’eux, et comme l’armée principale, ils étaient tombés. Les hommes de Galan interceptèrent les deux jeunes femmes en pleure, et les tenant par les cheveux, les mirent à genoux. Scythès termina de vaincre son adversaire, prenant soin de ne pas lui porter de coup fatal, et lâcha son épée lorsqu’il tourna le regard vers ses sœurs, genoux à terre. Si on lui avait laissé le choix, en cet instant, il n’aurait pas hésité une seule seconde à donner sa vie pour sauver la leur. Ce choix, on ne lui laissa pas. Comprenant que c’est ce qu’il venait chercher ainsi que la source de cette attaque, l’un des hommes, sourire aux lèvres, trancha la gorge de Khlada, qui ne put crier contrairement à sa sœur et son frère. Alors qu’il courait vers elles, les deux hommes de Scythès restés en arrières l’interceptèrent et le tirèrent vers la sortie. Il eut beau se débattre, la force de ses hommes ne céda pas, tout comme la cruauté de ses ennemis. Le soldat trancha la gorge de Iara, qui s’écroula sans plus de cérémonie malgré les cris de rage de Scythès.

    Le jeune scythe ne se souvint que difficilement du retour au campement. Un nombre infime de ses hommes avaient survécus, et c’était sa faute. Ses sœurs étaient mortes, et c’était également sa faute. Si ce n’est son cheval qui le portait, il se serait depuis bien longtemps laissé mourir dans la steppe. Son seul souvenir fut les âmes, un nombre incalculable d’âme qui les suivirent durant tout le trajet du retour. Impossible de dire si ce n’était qu’une vision, un rêve provoqué par le deuil ou la réalité. Pas à cette époque, en tout cas. Mais la vie de Scythès ne faisait encore que commencer, et nombre de choses prendraient du sens plus tard. Aujourd’hui, il était plus seul que jamais, pas plus vivant que les âmes qu’il voyait. Cependant, tout comme l’hiver dans la steppe, les jours de malheurs avaient une fin, et bientôt le soleil rayonnerait de nouveau.


    CHAPITRE 4 : L’éveil

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    Le retour au campement fut particulièrement difficile. Sa détermination à attaquer et les vies que cela avait coutées lui valurent le mépris de certaines personnes, qui lui reprochaient évidemment toute la tristesse du camp. Ils étaient bien sûr dans leur droit, comment leur reprocher. Scythès lui-même en portait toute la culpabilité, et de nouveau le silence reprit une grande place dans sa vie. Il ne savait que faire, ayant tant de vie à protéger, un poids qu’il n’avait désiré porter. Il n’avait jamais voulu devenir Khan ou diriger quoi que ce soit. Il n’avait rien désiré d’autre que de sauver ses sœurs…

    Le jeune homme prit la décision qui lui sembla la plus logique. Il informa le Khanat qu’il partait chercher une nouvelle vie vers le sud, loin du Khanat de Galan et du malheur de ces terres. Que quiconque souhaitait tenter sa chance était libre de le suivre, et qu’il renonçait à son titre de Khan, au profit de qui le désirait. L’un des deux guerriers qui avaient sauvés Scythès lors de la fameuse attaque s’avança très rapidement, soutenu du regard et par des hochements de tête de ses camarades. Quelques hommes, bien que peu nombreux, s’avancèrent quant-à eux vers Scythès pour partir avec lui vers le sud. Il ne fallut que le temps de rassembler les familles ainsi que les affaires de chacun, et de nouveau une petite troupe se détachait du campement, laissé dans les mains d’un nouveau Khan.

    La route fut longue, bien que moins éprouvante que ce qu’il avait déjà du traversé jusque là. Au loin se dressaient les immenses murailles de Constantinople. Jamais de toute sa vie Scythès n’avait vu un tel spectacle. Et à croire le regard d’autres personnes de leur petit groupe, il n’était pas le seul. En effet, il avait passé la totalité de sa vie dans la steppe, chez lui, et jamais il n’avait eu l’occasion de voyager au-delà. Bien que son père lui ait raconté lors de ses leçons l’existence de telles cités, Scythès avait, maintenant que l’une d’elle était devant ses yeux, du mal à croire que des hommes puissent bâtir de telles bâtiments. Il connu alors son premier réconfort depuis la mort de ses sœurs. Sa curiosité gagna sur le reste, et il voulait découvrir ce que renfermait cette endroit et comment vivaient les gens.

    La petite troupe rentra dans la cité sans rencontrer de soucis. Bien qu’elle farouchement protégés par des gardes un peu partout, les gens qui étaient avec Scythès ne semblaient pas dangereux, principalement des femmes, des enfants. Il ne devait pas être rare pour les gardes de voir des scythes allaient et venir pour commercer, et vendre ce qu’ils trouvaient au nord ou les objets d’orfèvrerie qu’ils fabriquaient, art dont les scythes étaient maitres. Le groupe décida de se séparer d’un commun accord, Scythès n’étant plus Khan et plus maitre de leur vie à son grand réconfort. Ses premiers instants se passèrent à visiter les rues et allées marchandes, profiter de toutes les senteurs et couleurs, ainsi que de la présence des gens. Cette ville était immense, et en chaque endroit, un nombre incalculable de visage. Il n’avait jamais connu ça.

    L’entrée de Scythès dans l’Empire Byzantin se fit donc sans tumulte, au contraire de sa vie qui ne fut que bien trop mouvementé jusque là. Les premiers instants ne furent pas facile pour autant, il s’agissait toujours de survivre, mais ce n’était en rien semblable à un hiver seul dans la steppe. Il apprit au fil du temps à apprendre comment se sentir seul au milieu d’une infinité de personnes, une autre sorte de solitude. La mort, elle, était toujours présente. Les effusions de sang étaient bien moins présentes que chez lui, mais la mort se faisait plus lente, plus cruelle encore. Si l’on prêtait l’œil un peu plus longuement, au delà des apparences, des gens mourraient de faim sous le regard d’autres qui les ignoraient. D’autres pleuraient des êtres chers, seul et abandonnés, sans qu’une main ne vienne les aider. D’autres hommes encore se battaient entre eux comme des vautours, se volant les uns les autres, n’hésitant pas à se servir de la violence, tant que tout reste dans l’ombre. Mais Scythès autant que Tengri voyait la souffrance. Il avait appris à la haïr, chaque jour durant, et autant que possible il aida les personnes qu’il pouvait, aussi bien qu’il en était capable. Les âmes bleutées ne cessèrent pas de lui apparaitre avec le temps, ou même ici. La mort et la tristesse était présente, partout en ce monde, et même dans la cité la plus resplendissante sur terre. Il fallait la combattre, contrecarrer ses plans, protéger les vivants et les âmes.  C’est en ce petit objectif, car il n’avait rien, qu’il basa sa futile existence. Futile, car il n’était rien en ce monde. Un étranger qui dormait dans la rue, un mauvais voleur qui redistribuait la moitié à ceux qui comme lui avait faim. Il n’était pas intéressé par l’or comme beaucoup de gens de son peuple, et n’éprouvait guère de plaisir à amasser ou garder plus que le nécessaire. Il se débrouillait, vivait au jour le jour, apprenait à comprendre ce peuple qui ne lui plaisait finalement pas plus que le sien.

    Une longue année passa pour arriver en l’année 540 de notre ère, Scythès avait alors dix-huit ans. Si aujourd’hui, le jeune scythe devrait donner une année qui fut un tournant dans sa vie, il choisirait probablement celle-ci. Scythès errait donc, à cette époque, toujours dans les rues de Constantinople. Il avait commencé à se faire connaitre parmi les petites gens, ou plutôt la caste encore en dessous, principalement les mendiants, voyous et toutes sortes d’escrocs. Bien qu’il n’éprouve aucune sympathie pour ce type de personne, il était parfois dur d’être remarqué au milieu de la masse. Les gens marginaux se faisant alors remarquer par les autres marginaux. On n’avait pas tardé à l’approcher pour qu’il réalise des petits travails, de toute sortes, parfois un peu brutal. Bien qu’il soit particulièrement attaché à ce que personne ne perde la vie, arranger quelques affaires en intimidant quelques personnes ne le dérangeait pas. Il se servait de ses atouts, faute de mieux, et il était vrai que la vie dans son pays l’avait pour le moins endurci. L’argent qu’il gagnait lui servait à se nourrir, lui et d’autres mendiants qui avaient la chance de le trouver à ce moment la. La ville avait, visiblement, quelque peu entachés ses principes, et bien qu’il garde toujours en son cœur la volonté de faire le bien et d’empêcher la souffrance des gens, comme trop souvent dans sa vie, la tâche paraissait colossale. Comment aider, quand on est rien ?

    S’il ne trouva pas la réponse à cette question, Scythès trouva bien plus important. Le moyen de devenir quelqu’un, et un véritable sens à sa vie. C’est de nuit, sur le port de Constantinople que Scythès rencontra Vitellius. Du moins, c’est le nom qu’il présenta. L’homme vint à sa rencontre alors que le scythe était assis sur l’un des embarcadères, jouant du doigt avec une âme qui passait par la, le regard perdue, s’imaginant l’autre côté de la Mer Noire.  Il ne regrettait pas son pays, il n’y avait plus rien pour lui la bas. Seulement, parfois le silence des steppes lui manquait. Ici, il y avait toujours du bruit, toujours des gens. Même la nuit n’était pas source de réconfort, la pression ne partait jamais, comme s’il devait encore porter le poids et la tristesse du monde sur ses épaules. L’homme s’assit alors à côté de lui, d’abord sans rien dire. Quand Scythès daigna porter le regard vers lui, il fut surpris par un certain éclat, une brillance. C’est alors qu’il la vit. L’armure d’or. Il avait entendu plusieurs histoires dans sa vie qui parlaient de telles armures. Bleda, son père, était le premier à lui avoir fait récit d’armure entièrement faite d’or, que les grands seigneurs de guerre scythes portaient au combat, signe de leur gloire et de leur pouvoir. La seconde fois qu’il en entendit parler, ce fut ici même, à Constantinople. Des bruits de ruelles, des choses qu’il entendait par ci par la, étant donné qu’il ne parlait pas vraiment aux gens préférant l’éviter. Toujours est-il qu’il entendit plusieurs fois parler de chevaliers d’or, quelque part dans l’empire. Si jusque la, il avait toujours pensé que ce n’était que des histoires, d’autant plus qu’on leur prêtait toute sorte de pouvoirs étranges, en voir une devant lui le força à s’en convaincre. Ils existaient.

    Scythès fut surpris que l’homme débute la conversation en parlant des âmes, regardant celle qui trainait autour du jeune homme depuis un bon moment. Jusqu’ici, il n’avait jamais connu personne qui les voyait également. Ou alors, personne ne s’en souciaient. Toujours est-il que cet homme, lui, les voyait. Il lui expliqua leur provenance, lui disant qu’elles étaient des âmes errantes, perdus, et qu’il fallait les guider vers la paix. Une lumière bleue jaillit de son doigt, éclairant brièvement les alentours, et fit disparaitre l’âme aussitôt. Quand Scythès se soucia de ce qu’il avait pu lui faire, il lui expliqua qu’il l’avait mené vers la porte des enfers. Ainsi, elle cesserait d’errer pour l’éternité. Le moment dura longtemps, l’un de ses rares instants où quelqu’un parvenait à réellement capter l’attention de Scythès, à lui dénouer la parole. Lorsqu’ils eurent terminés de parler, une décision semblait avoir été prise. Le scythe suivrait Vitellius jusqu’au Sanctuaire, où il débuterait son entrainement, bien que tardif, sous son enseignement.

    Le voyage jusqu’au Sanctuaire fut une nouvelle fois pour Scythès l’occasion de s’émerveiller du monde. Alors qu’il traversait la Grèce aux côtés de son nouveau maitre, il entendait des histoires sur des peuples qui vivraient au delà d’une l’immense étendue d’eau. Des animaux fantastiques et énormes y vivraient, et l’Empire avait emprise même jusque là. Là où aucun cheval scythe n’avait jamais chevauché. Il se promit, quelques parts en lui, de visiter le monde et son infinité, un jour. Peut être y trouverait t’il quelque part un peu moins de tristesse qu’il en avait vu jusqu’ici. Mais aux dire de son maitre, le malheur était présent partout en ce monde. On ne pouvait pas vaincre la tristesse et la mort, juste apporter la paix à leurs âmes en les menant jusqu’à leur nouveau royaume. Tout cela paraissait encore bien vague dans l’esprit de Scythès, qui n’avait toujours vu que Tengri, le Ciel Eternel comme souverain de l’univers. Aujourd’hui, on lui apprenait que tout cela n’était rien, une invention d’homme. Que les Dieux existaient, et qu’ils étaient nombreux. Vitellius et les siens servaient Athéna. Aucun d’entre eux ne l’avaient jamais vu, mais Scythès eu tôt fait de comprendre que le chevalier d’or donnerait sa vie pour elle. Il y avait ainsi quelques sujets qui avaient l’air d’enflammer Vitellius. Son amour pour Athéna et sa haine des autres Dieux étaient de ceux là.

    Le chevalier d’or du Cancer était un homme d’une bonne trentaine d’année. Né et ayant grandi dans le sud de l’Italie, il avait suivi un entrainement classique dans le Sanctuaire pour obtenir une armure. Très vite, ses capacités au dessus de la masse furent remarquées, et son prédécesseur le prit sous son aile en tant que disciple, comme il le faisait aujourd’hui pour Scythès. Les élus du Cancer avaient toujours eu la particularité de pouvoir voir les âmes invisibles des morts. C’était un fait qui se déclarait généralement très tôt, mais sans entrainement, le lien qui unissait les morts et ces hommes ne dépassait pas ce stade. Avec de la pratique et l’enseignement adéquat, il était possible d’apprendre à manipuler ces âmes, d’en faire des alliés. De les sauver tout comme les détruire. Le véritable but de l’existence des chevaliers du cancer était de guider les âmes jusqu’au royaume des morts.  Cela passait avant toute chose par la faculté à y envoyer ces âmes. Puis, plus tard, même des hommes.


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    Lorsqu’ils arrivèrent au Sanctuaire, Vitellius avait déjà eu le temps d’apprendre à Scythès l’essentiel de la mythologie et de leur histoire. Comme à son habitude, le jeune scythe avait été avide de savoir, et les questions ne s’étaient pas fais rare sur le chariot qui les avaient menés jusqu’à son nouveau foyer.  Il attendait avec grande impatience de pouvoir enfin voir de ses yeux les douze maisons dont lui avait parlé Vitellius. Evidemment, il ne fut pas déçu, tant un rien l’impressionnait. Cependant, l’imposante et majestueuse structure aurait impressionné n’importe quel homme. Ce qui ressemblait à douze temples grecque se succédaient les uns après les autres tout en montant vers le ciel, de façon à ce qu’on ne puisse pas arriver à une maison sans passer par la précédente. Le procédé était ingénieux, et il se demanda aussitôt ce qui se cacha dans la toute dernière maison, la plus haute de toute. Son maitre lui répondit alors que lui-même n’avait jamais pu y entrer, et qu’il en apprendrait plus un jour, lorsqu’il aurait accompli son entrainement. Un entrainement qui ne tarda pas à débuter.

    Le parcours classique d’un prétendant à une armure dans le Sanctuaire se résumait souvent à se mêler aux autres, à s’entrainer ensemble, puis à remporter son armure dans un tournoi, sorte d’examen final. Pour Scythès, ce fut différent. Son maitre ne le força pas à se mêler aux autres, ne se souciant que de son entrainement et de ce qu’il lui demanderait de faire. Scythès, de son côté, resta le plus à l’écart possible des autres. Il n’avait aucune envie d’avoir à se battre contre des adolescents qui n’avaient rien connu de la vie. Il n’avait pas envie de se battre tout court, ou de prouver quoi que ce soit à quelqu’un d’autre que son maitre, ou lui-même. L’apprentissage qu’on lui promulgua au sujet des âmes et de sa faculté à les contrôler lui donna l’outil pour accomplir l’objectif qu’il s’était donné. On lui enseignait à être fort, à devenir puissant, pour pouvoir protéger les faibles. A guider les âmes errantes et malheureuses vers le repos, afin qu’ils puissent trouver la paix. C’étaient les armes nécessaires à enlever un peu de tristesse à ce monde, et c’était à présent sa seule volonté. S’il n’avait pu le faire pour lui et sa famille, pour son Khanat ou pour son peuple, il le ferait pour tous les autres.

    La technique qui consistait à envoyer des âmes ou des gens dans l’autre monde, à la porte des enfers, se nommait Seki Shiki Meikai Ha. Pouvoir emblématique des Chevaliers du Cancer, celui-ci leur servait aussi bien à donner la mort qu’a donner la paix. Puis, n’était ce pas la même chose, finalement ? C’est bien dans la mort que chaque souffrance cessait, il le savait. Quelle vie aurait pu avoir ses sœurs si elles étaient restées captives du Khanat de Galan ? Une vie de tristesse et de souffrance, sans aucun doute. Peut-être dans certains cas, la mort était plus douce que la vie… Et pourtant, il fallait la préserver. C’était son devoir d’homme, ce serait son devoir en tant que chevalier. La mort n’était qu’un autre chemin, plus doux, il fallait vaincre le malheur et la tristesse.

    L’apprentissage du Seki Shiki Meikai Ha fut particulièrement long et difficile, comme pour tout chevalier de cet astre. Scythès, fidèle à ses habitudes, décida de s’isoler non loin du Sanctuaire, à l’abri des regards, afin de pouvoir s’entrainer. Sa détermination était implacable, et il ne manquait pas de talent. Sa proximité avec les âmes ne faisant que faciliter son apprentissage. Ce n’est qu’au bout de la seconde année, au rythme des visites régulières de son maitre lorsqu’il n’était pas en mission pour l’Empire, que Scythès parvint à maitriser la technique. Du moins une partie. Le jeune scythe avait réussi à attirer un certain nombre d’âmes à ses côtés au cours de ses voyages. Certaines d’entres elles, qui avaient disparu quand il les avait approché, avaient en réalité élu domicile non loin de lui, et sans qu’il ne le sache comment, toutes ces petites âmes sortaient tour à tour, par moment, quand elles voulaient bien apparaitre. Il se plaisait à croire d’en reconnaitre quelques une, comme celle de la yourte où il avait passé l’hiver, ou encore celles de ses sœur ou de son frère. Elles lui permettaient de garder leur présence auprès de lui, comme ci pour toujours elles le veillaient. Ce fut sur l’âme de la yourte qu’il accomplit la première fois la technique. Le Seki Shiki Meikai Ha se matérialisait par une décharge d’énergie blanche, crée par le cosmos. Cette décharge enveloppait les corps en ouvrant un portail vers l’autre monde, envoyant les âmes dans l’antichambre de la mort. Lorsque Scythès y parvient la première fois, il eut enfin de faire le bien, d’avoir sauvé quelqu’un, un ami qui l’avait soutenu depuis tellement longtemps. Aujourd’hui, il lui rendait la pareil. Sa joie était telle que le jeune homme ne tarda pas à vouloir reproduire la technique, afin de sauver les autres âmes qui l’accompagnaient. Il essaya alors d’en envoyer un autre au royaume des morts avant de, à sa grande surprise, tomber de fatigue. L’utilisation de son cosmos avait puisé dans son énergie, et il se retrouvait incapable de bouger le moindre muscle, comme lorsqu’il était petit et avait fuit les bandits qui avaient tué son frère. C’est ainsi qu’il s’endormit, satisfait d’avoir maitrisé la technique et accompli son devoir, le premier d’une longue série.

    Lorsque Vitellius revint d’une de ses missions et alla visiter Scythès, celui-ci lui apprit alors qu’il était parvenu à envoyer plusieurs âmes dans l’autre monde, parfois même plusieurs par jour avant de s’épuiser. Le chevalier d’or apprécia le zèle de son protégé, et lui proposa une nouvelle leçon. Tout en lui rappelant que le Seki Shiki Meikai Ha pouvait également servir à tuer quelqu’un et prendre son âme, Vitellius utilisa sa technique sur le jeune homme. Une matérialisation bleutée de son corps s’envola alors, son enveloppe charnelle tombant sur le sol, face contre terre, sous son regard médusé. Il ne comprenait pas ce qui se passait, une fois encore où venait de lui ôter toute parole. Il se sentit calme, en paix, et transporté. Lorsqu’il reprit le contrôle de son âme, il pu voir où il se trouvait. Une plaine aride et désolé, toute vie semblant l’avoir quitté aussi loin que son regard portait. Seul se deux choses se démarquaient alors.  La première : son maitre, dans son armure d’or blanc, son corps en parfait état. La seconde, et la plus marquante, des files entières d’âmes, marchant inlassablement dans la même direction, le regard vide et sans vie. Lorsque Scythès se soucia de savoir qui ils étaient, son maitre lui expliqua alors la raison d’être de cet endroit. La véritable raison. Toutes ses âmes étaient les morts qui avaient trouvés leur chemin eux même jusqu’aux Enfers, et marchaient jusqu’à son entrée, où ils resteraient pour l’éternité. Il emmena alors Scythès jusqu’au puits des enfers, son entrée. Le spectacle fut terrifiant. Toutes les files d’âmes menaient implacablement vers cet immense précipice, tour à tour, chacun d’entre eux sautaient dans ce trou, la tête la première, dans une chute qui lui paraissait éternelle. Il demanda évidemment ce qu’il y avait en bas, et si l’on pouvait en ressortir. La réponse ne fut pas celle auquel il s’attendait.

    Les Enfers étaient le monde crée par le Dieu Hadès, ennemi eternel d’Athéna. Un monde crée pour punir les hommes de leur péché. Les morts y étaient réparties dans différentes prisons, où il subirait un supplice pour la nuit des temps, correspondant à leur péché. C’était le lieu où tous les mortels finissaient, un lieu de souffrance et de tristesse infini. Lorsqu’il comprit alors, la réaction de Scythès ne se fit pas attendre. Il frappa de toute ses forces son maitre, son cosmos brulant comme jamais il n’avait brulé jusque là. Il le frappa pour lui avoir menti, pour ne pas lui avoir dis la véritable nature de ce lieu. Il y avait envoyé des âmes à la souffrance éternelle, des amis, et il s’en voulait affreusement. Evidemment, la force du jeune homme, bien que futur chevalier, n’était rien en comparaison de celle d’un chevalier d’or. Mais Vitellius comprenait sa peine. La même qu’il avait un jour ressenti lorsque lui aussi avait compris cette dure fatalité. La mort était implacable, universelle. On ne pouvait la vaincre. Il s’était résolu à sa mission, comme bien d’autres avant lui, et portait son fardeau quand bien même cela l’avait un jour attristé. Le seul moyen de vaincre ce triste sort réservé à l’humanité, était de vaincre Hadès, et ainsi briser les prisons et son monde. Ce salut reposait en Athéna. En sa chevalerie. En les futurs chevaliers de demain dont Scythès faisait partie. C’est ce que Vitellius expliqua à Scythès, qui ne l’avala que bien difficilement. Il le supporta du moins assez pour se remettre à son entrainement, avec bien plus de vaillance encore. Si la victoire et la fin de ce monde de douleur étaient entre les mains d’Athéna, alors il donnerait tout pour avoir la force de la protéger.

    Les années passèrent encore, alors que la vie Scythès semblait aujourd’hui toute tracée. Son maitre Vitellius ne parvint jamais à lui insuffler la même philosophie en ce qui concernait les âmes. Il s’était convaincu que les âmes qui erraient et qui l’accompagnaient ne souffraient pas, elles, et que les envoyer au supplice plus tôt ne faisaient que servir le Seigneur des Enfers. Bien souvent, il les garda à ses côtés comme autrefois, ce que son maitre apprit à respecter au fil du temps. Les âmes étaient des alliés pour Scythès, et les autres techniques qu’il apprit à maitriser avec les années allaient dans ce sens. Le Seki Shiki Kisōen était une technique qui se servait des âmes pour les faire attaquer l’adversaire et l’incinérer. Bien qu’il n’eu jamais besoin de s’en servir, c’était une technique qu’il maitrisait, et ses entrainements au combat depuis tant d’années avec un chevalier d’or lui avait permis de s’y essayer. La seconde technique, le Seki Shiki Konsō Ha, consistait à faire exploser les âmes de l’intérieur, détruisant ce qui se trouve autour d’eux. C’aurait pu être une technique que le scythe n’aurait jamais accepté d’utiliser, si certaines âmes n’étaient pas véritables mauvaises. Si la plupart que l’on rencontrait étaient pacifiques, certaines âmes affamées pouvaient se nourrir de leurs semblables, aveuglés par la haine. Leur destruction était alors une libération.

    Scythès n’avait pas beaucoup changé lorsque l’année 545 arriva. Il préférait toujours la solitude à la compagnie des autres élèves, bien qu’il en ait rencontré quelques uns. Ses années d’entrainement ne furent pas facile dans ce sens, car bien souvent Vitellius avait du retrouver Scythès, lassé de rester au même endroit trop longtemps. Il ne partait cependant jamais si loin, gardant sa mission bien ancrée dans sa tête. Sa détermination et son assiduité avaient fait de lui un puissant prétendant chevalier, dépassant sans doute le niveau de certains chevaliers d’argent accomplis. L’enseignement de Vitellius y était pour beaucoup, et bien qu’il lui ait appris toutes ses techniques et l’éveil au septième sens, sa présence et ses conseils lui donnait l’impression d’avoir chaque jour toujours plus à apprendre. Seulement, la vie est parsemée de mort, et les années de paix ne durent jamais éternellement. Cette année sonna le début de la guerre contre le Pontifex d’Arès Maximus et ses Bersekers. Vitellius, connaissant bien la région de Rome où étaient établis les Bersekers et étant l’un des douze chevaliers d’or, fut envoyé sur place pour en apprendre d'avantage sur la menace. Seule son armure revint au Sanctuaire. Ainsi Scythès perdit l’être le plus chère qui lui restait.

    C’est le Grand Pope lui-même qui lui annonça la nouvelle. Le jeune scythe avait vu l’armure de son maitre revenir, dispersé, jusqu’à sa maison. C’est à cet endroit qu’il s’était dirigé aussitôt, vers la lueur réconfortante de l’armure d’or. C’est un homme de 23 ans endurci par la vie que rencontra Bélisaire. Il ne pleurait plus les morts, il connaissait la fatalité, l’ultime chemin de la vie. Vitellius l’avait préparé à cette perte, comme à toutes les autres. La paix n’avait pas de prix, il fallait se battre pour la préserver, quoi qu’il en coute. C’est ce qu’il avait fait, il avait donné sa vie pour la paix et pour Athéna. Il incombait à quelqu’un de reprendre le fardeau de passeur des âmes, d’honorer l’armure qui sans le savoir avait toujours guidé sa vie. L’armure l’appelait, et lui était destiné. Mais l’héritage ne se produisit pas avant sa rencontre avec le grand Pope. Celui-ci était au courant de l’existence de l’apprenti de Vitellius, et connaissait ses souhaits de succession. Selon le défunt chevalier, Scythès était prêt à assumer la charge. L’impression que fit le grand dirigeant de la chevalerie d’Athéna fut celle d’un tourbillon de feu dans une gangue de glace. Un certain charisme et une stature qui imposait le respect. Respect auquel il eu droit de la part de Scythès dès cette première rencontre. Bélisaire était un grand homme, selon Vitellius, et il n’avait pas hésité à donner sa vie à ses côtés. En sa mémoire, Scythès n’hésiterait pas à donner la sienne dans le même but. Le Pope annonça l’évidence, bien qu’ils sachent tout deux que le retour de l’armure était clair, comme pour officialiser la chose. Il continua sur les devoirs qui incombent aux chevaliers, et la garde de cette maison. Enfin, que l’armure d’or du Cancer avait choisi son nouveau porteur, et que Scythès devait maintenant d’accepter son destin.

    La réponse ne s’énonça pas avec des paroles, l’armure répondit à sa place. Celle-ci, qui quelques secondes plus tôt avait l’apparence d’un crabe, vint partie par partie se placer sur le corps de Scythès, qui sentait en chaque fragment toute la puissance qu’elle lui offrait. Il ne fallut qu’un bref instant pour que Scythès soit paré de l’ensemble de l’armure d’or blanc du Cancer. Cette armure qu’il avait tant respecté lorsqu’elle protégeait son maitre, aujourd’hui c’était lui qu’elle avait choisi, et il en éprouvait une immense fierté. C’est ainsi que débuta la nouvelle vie de Scythès, Chevalier d’Or du Cancer et Gardien de la 4eme Maison du Sanctuaire. Il accompagna le Grand Pope Bélisaire lui-même, et la bataille dura 7 jours et 7 nuits dans la ville de Rome. A la fin, nombre de vies étaient perdu. Le Pope Bélisaire avait vaincu le Pontifex Maximus, la paix était revenue.



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ScythèsScythèsArmure :
Cancer
Message Re: Scythès - Gold Saint du Cancer [Terminée]   Scythès - Gold Saint du Cancer [Terminée] EmptyJeu 17 Sep - 21:46
Scythès

La suite de son histoire


    CHAPITRE 5 : Entre la vie et la mort

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    Année 550, Maison du Cancer, Sanctuaire.

    La nuit était calme au Sanctuaire. La lune éclairait de tout son plein les douze Maisons, si bien que l’on pouvait sans mal y voir jusqu’à la campagne environnante, tout aussi calme que la nuit. Le Chevalier d’Or du Cancer se trouvait là, debout, à veiller. Il n’y avait rien à veiller, en réalité, en ce début de deuxième moitié de siècle. Scythès s’était fait à l’idée de rester le plus souvent possible dans sa Maison, en bon gardien d’Athéna, mais il avait encore du mal à ne pas avoir le ciel au dessus de sa tête. Le silence l’apaisait, et observer l’immensité du Ciel lui faisait trouver la paix. Cela faisait maintenant cinq ans qu’il avait pris ses fonctions en tant que Chevalier d’Or, et encore plus longtemps qu’il avait délaissé ses vieilles croyances Tengri. Cependant, quelque part en lui en subsistait quelque chose. Les âmes ne méritaient pas de finir si profondément sous terre, enterrés et oubliés. Il devrait monter au Ciel, loin de toute la souffrance, afin que l’on puisse à jamais les admirer en tant qu’étoiles. Peut-être qu’un jour, une fois que le mal serait vaincu, les âmes seraient libre d’aller y trouver la paix…

    Le Chevalier d’or fit alors demi-tour, quittant le seuil de sa maison pour y entrer. Très vite, des âmes apparurent, sortant des recoins cachés de sa maison. Si la salle principale de la Maison du Cancer avait un jour pu être sombre et triste, ce n’était plus le cas tant que Scythès en était le nouveau gardien. Comme répondant à un signal qui leur dirait qu’elles pouvaient se montrer, toutes les âmes se dirigèrent vers Scythès, virevoltant autour de lui. Peu à peu, certaines d’entre elles, jusqu’à leur totalité, se dirigèrent vers le plafond pour s’y disperser.  En quelques instants, l’ensemble de la pièce était éclairé d’une douce lumière bleutée, les âmes au plafond semblable à autant d’étoiles. Il avait fait venir le Ciel dans sa maison, et c’est ainsi qu’il s’endormait paisiblement, terminant une journée de plus comme Gardien du Sanctuaire.

    Les années passés depuis l’obtention de son armure, Scythès était resté fidèle à lui-même. Comme on lui avait demandé, il avait essayé de rester le plus souvent possible au sein de sa Maison, afin d’en garder les lieux. S’il avait pu s’y faire au bout de 5 ans, les premiers temps furent néanmoins difficiles. Il n’était pas rare que Scythès, se sentant oppressé de rester si longtemps dans le même lieu, ne quitte sa demeure en même temps que les saisons. Cela lui permit de voyager, de visiter les lieux qu’il s’était promis de visiter. Il eu ainsi l’occasion d’aller au-delà de la mer, jusqu’en Afrique. Puis il retourna en Italie et à Rome, lieu où son mentor et nombre de ses frères avaient perdu la vie. Et il alla même jusqu’aux terres celtiques, bien au-delà. Il était avide de savoir, et il se sentait avoir honoré son père qui l’était tout autant grâce à ce pèlerinage. Il était aussi revenu par moment dans les steppes, voir ce que son peuple devenait. Cependant, le monde ne changeait pas vraiment en terre nomade. La vie restait la même, seul  les Khans changeaient. Le Khan Galan était probablement mort depuis, son Khanat ayant disparu où changer de nom par conséquent. Il n’entendit plus parler non plus de ses anciens sujets, du temps où il eut un bref pouvoir dans ce pays. A vrai dire, les Khans scythes avaient pour la plupart disparu sous l’avancée d’un nouveau Khaganat Avar, un peuple semblable au sien venu de l’Est. Mais peu lui importait désormais, cette vie était passé. Seul l’air pur et le calme des immenses steppes lui manquaient.

    Ainsi, il avait parcouru le monde, mais nulle part il ne trouva une terre sans tristesse ni souffrance. Athéna était la clé pour les sauver. Il l'avait vu de ses yeux à l'aube de la guerre contre Arès, et il savait que le moment venue, il donnerait sa vie pour elle. C’était leur ultime devoir, et Scythès n’était pas homme à discuter le devoir.  Le moment venu, il serait prêt à se battre. A vrai dire, il attendait ce moment avec impatience. Il sentait un changement dans l’air, une tension palpable. Comme il l’avait déjà vécu certaines fois au cours de sa vie. Les âmes étaient agités, il l’était alors aussi. Comme ci il savait ce qu’il avait à faire, Scythès se prépara dès son réveil à un voyage. Il prit sur lui le stricte nécessaire, la Pandarox Box de sa constellation sur le dos. Il ne portait qu’une simple toge rouge, son corps bruni par le soleil le faisant directement passer pour un étranger pour ceux qui le voyaient. Cependant, nombre d’entre eux le connaissaient aujourd’hui. Il n’était plus le vaurien scythe des rues qui volait pour se nourrir et qui n’existait pas. Il avait un rôle aujourd’hui, une place dans ce monde.

    Il traversa la Grèce sur son cheval, repassant par chaque endroit qu’il avait un jour traversé lors de différentes périodes de sa vie. Des terres que même ses ancêtres avaient un jour foulé, probablement pas pour les même raisons. Il passa en terre slave, puis longeant la Mer Noire, jusque dans les terres avars. Il ne s’y arrêta pas, et sans se soucier de personne, il avançait. Il se rappela le petit garçon apeuré qui avait tant bien que mal survécu à l’hiver sur ces terres. Scythès avait instinctivement dirigé son cheval jusqu’à la yourte qui l’avait un jour abrité. De ce lieu ne restait que les vestiges d’un feu, éteint depuis bien longtemps. La yourte avait été démonté et probablement monté ailleurs. Il ne restait rien de cette époque, plus un objet, plus une personne. Toute cette vie semblait derrière lui, comme s’il n’était plus le même homme.

    L’endroit était parfait, son voyage était terminé. Son dernier voyage, la dernière fois qu’il verrait sa terre natale. Scythès se dirigea vers une colline, sur laquelle se trouvait un rocher assez étendu pour surplomber la plaine. Escaladant assez facilement la pierre, le chevalier d’or arriva rapidement en haut, l’immensité de la steppe s’ouvrant à lui. Il posa la boite qui renfermait son armure, et s’avança alors lentement vers le bord de la pierre, comme profitant de chaque instant. Le vent soufflait sur sa peau, il en ressentait la fraicheur et les secousses sur chaque partie de son corps. Sa toge volait derrière lui, alors qu’il étendait ses mains sur les côtés, comme pour profiter pleinement de la caresse du vent. Il n’y avait que lui, la steppe et le ciel. Il s’imprégnait une dernière fois de sa terre, gardant un souvenir de chaque sensation, de chaque couleur. Pour la première fois de sa vie, il savait qui il était, et connaissait son devoir. Sa place était dans la Maison du Cancer, à servir Athéna et sa volonté. Cette vie était derrière lui. Comme renonçant jusqu’à sa culture nomade, il se promit de ne plus jamais quitter le Sanctuaire sans que ce ne soit pour son bien. Il vouait dès lors sa vie à Athéna et à sa Chevalerie. Pour ses ancêtres, sa famille, et son maitre. Scythès honorerait leur nom par sa vie.


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NorahNorahArmure :
Flûtiste d'Hamelin - Patron de la Musique
Message Re: Scythès - Gold Saint du Cancer [Terminée]   Scythès - Gold Saint du Cancer [Terminée] EmptyJeu 1 Oct - 2:16
Bon bah, on va faire dans les formalités: bienvenue à toi sur le forum.

Sacrée fiche. Je pense que tu disposes du plus grand nombre de pages words pour ta prez, je ne me tromperais pas si je le disais.  Laughing

L'histoire: Sympathique, vraiment. Le contexte change clairement de ce qui a pu être utilisée jusque-là, enfin, de ce que j'ai eu l'occasion de voir. On a une histoire, puis une période d'entre-deux et enfin un entraînement.

T'as utilisé un contexte qui change un peu, et petit point personnel que j'aime bien retrouvé quand on parle de Constantinople: tu nous as clairement démontré une civilisation avec sa pauvreté et surtout, son talent pour le commerce. Bon, c'est un détail un peu personnel, mais ça m'a fait plaisir de voir ça. °°

Bon sinon le reproche, c'est bien parfois les quelques fautes qui trainent ici et là, mais rien de bien grave.

Bref, amuses-toi bien sur le forum en tout cas, et félicitation pour ta validation.

Bref, tu as donc ma validation, 5 points d'Eveil et 18 PC
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